Le même Père est le premier qui ait introduit le mot alleluia dans le service de l'église : pendant longtemps on ne l'employait qu'une seule fois l'année dans l'Eglise Latine ; savoir, le jour de Pâques : mais il était plus en usage dans l'Eglise Grecque, où on le chantait dans la pompe funèbre des saints, comme S. Jérôme le témoigne expressément en parlant de celle de sainte Fabiole : cette coutume s'est conservée dans cette Eglise, où l'on chante même l'alleluia quelquefois pendant le carême.

Saint Grégoire le grand ordonna qu'on le chanterait de même toute l'année dans l'Eglise Latine ; ce qui donna lieu à quelques personnes de lui reprocher qu'il était trop attaché aux rits des Grecs, et qu'il introduisait dans l'église de Rome les cérémonies de celle de Constantinople : mais il répondit que tel avait été autrefois l'usage à Rome, même lorsque le pape Damase, qui mourut en 384, introduisit la coutume de chanter l'alleluia dans tous les offices de l'année. Ce decret de S. Grégoire fut tellement reçu dans toute l'Eglise d'Occident, qu'on y chantait l'alleluia même dans l'office des Morts, comme l'a remarqué Baronius dans la description qu'il fait de l'enterrement de sainte Radegonde. On voit encore dans la messe mosarabique, attribuée à S. Isidore de Séville, cet introït de la messe des défunts : Tu es portio mea, Domine, alleluia, in terrâ viventium, alleluia.

Dans la suite l'Eglise romaine supprima le chant de l'alleluia dans l'office et dans la messe des Morts, aussi bien que depuis la septuagésime jusqu'au graduel de la messe du samedi-saint, et elle y substitua ces paroles, laus tibi, Domine, rex aeternae gloriae, comme on le pratique encore aujourd'hui. Et le quatrième concîle de Tolede, dans l'onzième de ses canons, en fit une loi expresse, qui a été adoptée par les autres Eglises d'Occident.

Saint Augustin, dans son épitre 119 ad Januar. remarque qu'on ne chantait l'alleluia que le jour de Pâques et les cinquante jours suivants, en signe de joie de la résurrection de Jesus-Christ : et Sozomene dit que dans l'église de Rome on ne le chantait que le jour de Pâques. Baronius et le cardinal Bona se sont déchainés contre cet historien pour avoir avancé ce fait : mais M. de Valais, dans ses notes sur cet auteur, montre qu'il n'avait fait que rapporter l'usage de son siècle. Dans la messe mosarabique, on le chantait après l'évangile, mais non pas en tout temps ; au lieu que dans les autres Eglises on le chantait, comme on le fait encore, entre l'épitre et l'évangile, c'est-à-dire au graduel. Sidoine Apollinaire remarque que les forçats ou rameurs chantaient à haute voix l'alleluia, comme un signal pour s'exciter et s'encourager à leur manœuvre.

Curvorum hinc chorus helciariorum

Responsantibus ALLELUIA ripis,

Ad Christum levat amnicum celeusma :

Sic, sic psallite, nauta vel viator.

C'était en effet la coutume des premiers Chrétiens, que de sanctifier leur travail par le chant des hymnes et des pseaumes. Bingham, orig. ecclésiast. tome VI. lib. XIV. cap. XIe §. 4. (G)

ALLELUIA, s. m. (Histoire naturelle) en latin oxis, herbe à fleur d'une seule feuille en forme de cloche, ouverte et découpée. Il sort du calice un pistil qui est attaché au fond de la fleur comme un clou, et qui devient dans la suite un fruit membraneux, oblong, et divisé le plus souvent en cinq loges qui s'ouvrent chacune en-dehors par une fente qui s'étend depuis la base du fruit jusqu'à la pointe. Chaque loge contient quelques semences enveloppées chacune d'une membrane élastique, qui la pousse ordinairement assez loin lorsqu'elle est mûre. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

ALLELUIA, (Jardinage) oxytriphillon. Cette plante ne graine point, et ne se multiplie que par de grandes trainasses ou rejetons qui sortent de son pied, de même qu'il en sort des violettes et des marguerites. On replante ces rejetons en Mars et Avril, et on leur donne un peu d'eau. Cette plante croit naturellement dans les bois, et aime l'ombre. (K)

ALLELUIA, (L') Médecine, est d'une odeur agréable, et d'un goût aigrelet : il est bon pour desaltérer, pour calmer les ardeurs de la fièvre, pour rafraichir, pour purifier les humeurs : il fortifie le cœur, résiste aux venins. On s'en sert en décoction, ou bien on en fait boire le suc dépuré.