Ces deux mots ont encore dans un usage plus ordinaire, une idée commune qui les rend synonymes. Il ne faut pas alors chercher de différence entr'eux, qu'en ce qu'admettre semble supposer un objet plus intime et plus de choix ; et que recevoir parait exprimer quelque chose de plus extérieur et de moins libre. C'est par cette raison qu'on pourrait dire que l'on est admis à l'Académie Française, et qu'on est reçu dans les autres Académies. On admet dans sa familiarité et dans sa confidence ceux qu'on en juge dignes ; on reçoit dans les maisons et dans les cercles ceux qu'on y présente ; où l'on voit que recevoir dans ce sens n'emporte pas une idée de précaution qui est attachée à admettre. Le Ministre étranger est admis à l'audience du Prince, et le Seigneur qui voyage est reçu à sa Cour.

Mieux l'on veut que les sociétés soient composées, plus l'on doit être attentif à en bannir les esprits aigres, inquiets, et turbulents, quelque mérite qu'ils aient d'ailleurs ; à n'y admettre que des gens d'un caractère doux et liant. Quoique la probité et la sagesse fassent estimer, elles ne font pas recevoir dans le monde ; c'est la prérogative des talents aimables et de l'esprit d'agrément.