Cette plante se met en bordure à deux ou trois pieds de distance, et se peut tondre. Elle donne de la graine difficîle à vanner ; c'est pourquoi on la renouvelle tous les deux ans en sevrant les vieux pieds. (K)

* La grande absinthe a donné dans l'analyse chimique, n'étant pas encore fleurie, du phlegme liquide, de l'odeur et du goût de la plante, sans aucune marque d'acide, ni d'alkali : il était mêlé avec l'huîle essentielle, ensuite une liqueur limpide, odorante, qui a donné des marques d'un acide faible et d'un alkali très-fort : enfin une liqueur purement alkaline et mêlée de sel volatil, de sel volatil urineux concret, et de l'huile, soit subtile, soit grossière.

La masse noire restée dans la cornue calcinée au feu de reverbere, on a tiré de ses cendres par la lixiviation du sel fixe purement alkali.

Les feuilles et les sommités chargées de fleurs et de graines, ont donné un phlegme limpide de l'odeur et du goût de la plante, avec des marques d'un peu d'acidité d'abord, puis d'un acide violent, enfin d'un acide et d'un alkali urineux avec beaucoup d'huîle essentielle ; une liqueur roussâtre empireumateuse, alkaline, et pleine de sel urineux ; du sel volatil concret ; de l'huile, soit essentielle et subtile, soit puante et grossière.

De la masse noire restée dans la cornue et calcinée au feu de reverbere, on a tiré des cendres qui ont donné par la lixiviation du sel fixe purement alkali. La comparaison des éléments obtenus et de leur quantité, a démontré que les feuilles ont plus de parties subtiles et volatiles que les fleurs et les graines ; qu'elles ont beaucoup moins de sel acide et d'huîle que les sommités ; d'où il s'ensuit que les feuilles contiennent un sel ammoniacal et beaucoup d'huîle subtile, et que l'on rencontre dans les sommités un sel tartareux uni avec un sel ammoniacal : mais il est vraisemblable que son efficacité dépend principalement de son huîle essentielle, amère et aromatique ; et que quoiqu'elle paraisse la même dans les feuilles et les sommités, cependant elle est plus subtile, plus développée et plus volatîle dans les feuilles à cause de son union intime avec les sels volatils.

On l'ordonne dans la jaunisse, la cachexie, et les pâles couleurs : elle tue les vers, raffermit l'estomac ; mais elle est ennemie des nerfs comme la plupart des amers. On en tire plusieurs compositions médicinales ; voyez celles qui suivent.

ABSINTHE (vin d ') : Prenez des sommités de deux absinthes fleuries et récentes, mondées, hachées ou rompues, de chacune quatre livres ; de la canelle concassée, trois gros : mettez le tout dans un barril de cent pintes ; remplissez le barril de moust récemment exprimé de raisins blancs : placez le barril à la cave, laissez fermenter le vin ; et la fermentation finie, remplissez le tonneau de vin blanc ; bouchez-le, et gardez le vin pour votre usage.

Vin d'absinthe qui peut se préparer en tout temps. Prenez feuilles de deux absinthes séchées, de chacune six gros ; versez dessus vin blanc quatre livres ; faites-les macérer à froid dans un matras pendant vingt-quatre heures ; passez la liqueur avec expression, et filtrez ; vous aurez le vin d'absinthe que vous garderez pour votre usage. (N)