M. Gray a trouvé qu'une plume frottée avec les doigts, acquit par cela seul un tel degré d'électricité, qu'un doigt, auprès duquel on la tenait, devenait, pour elle un aimant ; qu'un cheveu qu'il avait trois ou quatre fois ainsi frotté, volait à ses doigts, n'en étant éloigné que d'un demi-pouce ; qu'un poil et des fils de soie étaient par ce même moyen rendus électriques. L'expérience fait voir la même chose sur des rubans de diverses couleurs et de quelques pieds de long, la main les attire quand ils sont frottés : imprégnés de l'air humide, ils perdent leur électricité ; mais le feu la leur redonne.

Le même philosophe dit que les étoffes de laine, le papier, le cuir, les coupeaux, le parchemin, sont rendus électriques par l'attrition.

Il y a même quelques-uns de ces corps que l'attrition seule rend lumineux. Voyez PHOSPHORE.

ATTRITION se prend aussi quelquefois pour le frottement de deux corps qui, sans user leurs surfaces, ne fait que mettre en mouvement les fluides qu'ils contiennent : ainsi on dit que les sensations de la faim, de la douleur, du plaisir, sont causées par l'attrition des organes qui sont formés pour ces effets. (O)

ATTRITION, en Théologie, c'est une espèce de contrition, ou une contrition imparfaite. Voyez CONTRITION.

Les Théologiens scolastiques définissent l'attrition, une douleur et une détestation du péché, qui nait de la considération de la laideur du peché et de la crainte des peines de l'enfer. Le concîle de Trente, sess. XIV. chap. IVe déclare que cette espèce de contrition, si elle exclut la volonté de pécher, avec espérance d'obtenir pardon de ses fautes passées, est un don de Dieu, un mouvement du Saint-Esprit, et qu'elle dispose le pécheur à recevoir la grâce dans le sacrement de pénitence. Le sentiment le plus reçu sur l'attrition, est que l'attrition dans le sacrement de pénitence ne suffit pas pour justifier le pécheur, à moins qu'elle ne renferme un amour commencé de Dieu, par lequel le pécheur aime Dieu comme source de toute justice. C'est la doctrine du concîle de Trente, sess. VI. chap. VIe et de l'assemblée du clergé de France en 1700.

Les Théologiens disputent entre eux sur la nature de cet amour, les uns voulant que ce soit un amour de charité proprement dite, les autres soutenant qu'il suffit d'avoir un amour d'espérance. Voyez AMOUR et CHARITE.

Il est bon de remarquer que le nom d'attrition ne se trouve ni dans l'Ecriture ni dans les Peres ; qu'il doit son origine aux Théologiens scolastiques, qui ne l'ont introduit que vers l'an 1220, comme le remarque le P. Morin, de Poenit. lib. VIII. cap. IIe n°. 14.