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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Minéralogie
NATRON ou NATÈR, s. m. (Histoire naturelle, Minéralogie) c'est un sel alkali fixe, tout formé par la nature, qui se trouve ou dans le sein de la terre, ou qui se montre à sa surface ; c'est surtout en Egypte, en Syrie, dans l'Assyrie, dans l'Asie-mineure et dans les Indes orientales, que l'on rencontre le natrum. Les voyageurs nous apprennent qu'en Egypte surtout, il s'en trouve un amas immense dans un endroit que l'on appelle la mer séche, l'on en tire tous les ans une quantité prodigieuse qui se débite dans tout le levant ; on s'en sert pour faire du savon, et pour blanchir le linge. C'est un sel de cette espèce que l'on trouve encore abondamment aux environs de Smyrne, où on l'emploie à faire du savon. Voyez SMYRNE terre de.

Le natrum tel qu'il se trouve dans la terre, est ordinairement d'un blanc rougeâtre et en masses informes ; il est mêlé de particules terreuses et d'une portion plus ou moins grande de vrai sel marin. Quelquefois on le trouve sous la forme d'une poudre blanche, qui se montre à la surface de la terre ; quelquefois il forme une espèce de croute feuilletée et friable. Ce sel est légèrement caustique sur la langue, il fait effervescence avec tous les acides, comme les sels alkalis tirés des végétaux ; il fait du savon avec les huiles, et mêlé avec du sable, il entre en fusion et fait du verre, d'où l'on voit que ce sel a tous les caractères des sels alkalis fixes, tirés des cendres des végétaux. Cependant il en diffère à d'autres égards ; quand il a été purifié par la dissolution, l'évaporation et la crystallisation, il forme des crystaux en paralélépipédes quadrangulaires oblongs, aplatis par les extrémités ; cette figure peut venir du sel marin avec qui il est très-communément mêlé. Un autre phénomène singulier du natrum, c'est que lorsqu'il est sous une forme seche et concrete, il fait une effervescence très-forte avec tous les acides, au lieu qu'il n'en fait aucune même avec les acides les plus concentrés, lorsqu'il a été mis parfaitement en dissolution dans l'eau, et lorsque la dissolution est devenue claire.

Quelques auteurs disent, que le natrum contient une portion d'alkali volatil, cela peut venir des végétaux pourris dont quelques particules se joignent à lui accidentellement, mais l'alkali volatil ne doit point être regardé comme faisant une des parties constituantes de ce sel.

M. Rouelle ayant reçu des échantillons du natrum d'Egypte, a eu occasion d'en faire l'examen. Il a trouvé qu'il y en a de deux espèces, l'un est le plus parfait et le plus pur, c'est un alkali fixe que ce savant chimiste regarde comme précisément de la même nature que le sel de soude, qui lui-même est l'alkali qui sert de base au sel marin, voyez SOUDE. Le natrum de la seconde espèce est mêlé de sel marin et de sel de Glauber ; et par conséquent est un alkali fixe impur. Suivant Hérodote, les anciens Egyptiens se servaient de natrum dans leurs embaumements, ils y laissaient séjourner les corps morts pendant longtemps, afin de les dessécher avant que de les embaumer. Voyez les mémoires de l'académie des Sciences année 1750.

Le natrum ou sel alkali minéral dont nous parlons, diffère des autres sels alkalis fixes, tirés des cendres des végétaux, par les mêmes côtés que la soude ; combiné avec l'acide vitriolique il fait du vrai sel de Glauber ; il se dissout plus facilement dans l'eau que les autres alkalis fixes ; il n'attire point l'humidité de l'air comme eux, et il est beaucoup moins caustique. Voyez SOUDE.

Il parait indubitable que le natrum qui vient d'être décrit, est le sel que Dioscoride, Pline et les anciens connaissaient sous le nom de nitrum. La description qu'ils en donnent ne convient nullement au sel que nous appelons nitre aujourd'hui, et ses propriétés annoncent un vrai alkali fixe. L'Ecriture-Sainte sert à prouver cette vérité ; Salomon compare la gaieté d'un homme triste à l'action du nitre avec le vinaigre : et Jérémie dit, que quand le pécheur se laverait avec du nitre, il ne serait point purifié de ses souillures. On voit que ces effets ne peuvent s'appliquer qu'à un sel alkali fixe, et non à un sel neutre, connu des modernes sous le nom de nitre. Voyez NITRE.

Ce qui vient d'être dit dans cet article suffit pour faire connaître la nature du natrum, et pour faire sentir le peu de fondement de ce que des voyageurs peu instruits nous ont rapporté de sa formation. Quelques-uns ont voulu nous persuader que ce sel était produit par une rosée qui causait une espèce de fermentation et de gonflement dans la terre et qui en faisait sortir le natrum ; on sentira aussi l'erreur dans laquelle sont tombés plusieurs Naturalistes modernes, qui ont pris pour du natrum du vrai sel marin ou sel gemme, et d'autres sels qu'ils ont trouvé dans quelques fontaines et dans quelques terrains. La description qui vient d'être donnée suffira pour faire reconnaître le vrai natrum partout où on en pourra trouver.

Quant à la formation de ce sel, on pourrait conjecturer avec assez de vraisemblance, qu'il doit son origine au sel marin dont le terrain de l'Egypte est surtout rempli, la chaleur du climat a pu dégager une portion de l'acide de ce sel ; en sorte qu'il ne reste plus que sa base alkaline, qui est encore mêlée d'une partie de sel marin qui n'a point été décomposée. (-)




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