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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chirurgie
terme de Chirurgie, déchirement d'une partie à l'occasion d'une extension violente à laquelle elle n'a pu prêter. Les tendons trop tendus peuvent se casser ; on donne le nom de rupture à cet accident. M. Petit a donné à ce sujet plusieurs observations à l'académie royale des Sciences, année 1722 et suiv. et a traité cette matière dans son livre des maladies des os.

La rupture du tendon d'Achille est celle qui arrive le plus fréquemment ; c'est aussi cet accident qui fait le principal sujet des mémoires de M. Petit. Cette rupture est complete ou incomplete . La possibilité de la rupture complete par un seul effort est prouvée par beaucoup de faits ; il suffit pour qu'elle arrive, que la partie tendineuse n'ait pu résister à la force avec laquelle elle était tirée en-haut par la portion charnue, et en-bas par le poids du corps. M. Petit donne l'observation d'un sauteur qui se rompit complete ment les deux tendons d'Achille en sautant sur une table élevée de trois pieds et demi ; il n'y eut que les bouts des pieds qui portèrent sur le bord de la table ; ils n'y appuyèrent qu'en glissant, et qu'autant qu'il fallait au sauteur pour se redresser ; c'est dans cet effort qu'il se cassa les deux tendons. Cet accident peut arriver en montant à cheval ou en carrosse. On a des exemples de fracture de l'os du talon par la seule rétraction du tendon d'Achille dans un faux pas ; et les Praticiens savent que la contraction forcée des muscles extenseurs de la jambe est capable de casser transversalement l'os du genou. Voyez ROTULE. Si les os, comme il est prouvé, peuvent se casser par des causes si légères en apparence, comment les tendons résisteraient-ils lorsque les muscles seront obligés d'agir non-seulement pour résister au poids du corps, mais même pour le relever avec force ? La fracture complete du tendon d'Achille n'est suivie d'aucune douleur, pourvu qu'il n'y ait aucun désordre aux environs. On se sent sous la peau un espace à mettre trois doigts, formé par l'éloignement des bouts cassés, et le malade ne laisse pas d'étendre son pied par l'action des muscles jambier et péronier postérieur.

La rupture incomplete de tendon d'Achille occasionne beaucoup de douleurs ; on y sent une cavité qui descend et s'élève en-dehors lorsqu'on plie le pied, et qui au contraire remonte et s'enfonce lorsqu'on étend le pied ; et l'inflammation qui s'empare sur le champ de la partie, ne tarde guère à faire des progrès considérables.

La cure de la fracture complete du tendon d'Achille s'obtient facilement par le concert de l'art et de la nature. L'art y est absolument nécessaire pour rapprocher les bouts éloignés des tendons, et pour les maintenir rapprochés pendant que la nature travaille à la réunion. Voyez CALUS.

Pour faire la première opération, on fait coucher le malade sur le ventre, on lui fait plier le jarret, on pousse le gros de la jambe vers le talon, et on approche le talon vers le gras de la jambe, et étendant le pied jusqu'à ce que les deux bouts du tendon cassé se touchent. Pendant qu'on fait tenir les parties en cet état, on trempe une double compresse dans l'eau-de-vie, avec laquelle on entoure le lieu blessé : on applique une autre compresse plus épaisse, large de deux pouces, longue de deux pieds et demi, postérieurement depuis le jarret jusques et par-delà les orteils, couvrant le gras de la jambe, le talon et la plante du pied ; on assujettit cette compresse avec une bande longue de quatre aunes et large de deux doigts ; on commence à faire trois ou quatre tours à l'endroit de la rupture, on porte ensuite la bande obliquement sur le pied, pour passer en-travers sous la plante, et venir faire une croix de saint-André sur le coup-du-pié, en croisant le jet oblique qu'on y a porté. Quand on a fait ainsi trois ou quatre circonvolutions obliques de dehors en-dedans, et de dedans en-dehors, et passant sous le pied et croisant par-dessus, on remonte en faisant des circulaires jusqu'en-dessus du gras de la jambe : on fait tenir alors le globe de la bande par un aide, et on renverse les deux bouts de la compresse longuette, lesquels ne sont point engagés. Le bout du côté du jarret doit être renversé vers le talon, et celui de la plante du pied doit être renversé au côté du jarret. On les assujettit l'un à l'autre avec des épingles ; et avec le reste de la bande on passe et on repasse plusieurs fois par-dessus en différents endroits de la jambe et du pied, mais sans serrer. Ces deux bouts ainsi renversés à contre-sens l'un de l'autre, et assujettis par la bande, retiennent le pied dans son dernier degré d'extension ; de manière que les bouts des tendons sont non-seulement rapprochés, mais se touchent et se poussent mutuellement. On prescrit au malade le régime convenable : on le fait saigner deux ou trois fois selon qu'il est plus ou moins pléthorique (voyez PLETHORE), et on fait humecter l'appareil avec l'eau-de-vie de quatre en quatre heures. On peut lever l'appareil au bout de dix à douze jours, pour examiner ce qui se passe : on le rapplique, et ordinairement la réunion est parfaite au bout de trente à quarante jours.

Les ruptures incomplete s des tendons étant accompagnées d'inflammation et de douleur en conséquence de l'inégale traction des fibres tendineuses, voyez DOULEUR, exigent des saignées en plus grand nombre, et les malades ne guérissent pas toujours sans accident comme dans la rupture complete ; parce qu'il se fait communément adhérence des tendons à leur gaines, ce qui ôte cette facilité à glisser, qui rend ces organes si propres au mouvement.

M. Petit a imaginé un appareil très-commode pour la réunion du tendon d'Achille, et qui est moins embarrassant que celui que nous venons de décrire d'après lui. Voyez PANTOUFLE. (Y)




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