S. m. (Histoire naturelle, Minéralogie, chimie et Métallurgie) en latin zincum, speauter, marcassita aurea, spelter, cadmia metallica, etc.

C'est un demi-métal qui, à l'extérieur, est un peu plus blanc que le plomb, quand ce métal a été quelque temps exposé à l'air ; mais à l'intérieur il est rempli de facettes bleuâtres. Il a de la tenacité et souffre les coups de marteau jusqu'à un certain point, ce qui fait qu'on ne peut point le pulvériser. Il entre promptement en fusion et avant que de rougir, après quoi il s'allume, et fait une flamme d'un beau verd clair, ce qui prouve qu'il est très-chargé de parties inflammables ; par la déflagration il se réduit en une substance légère et volatile, que l'on nomme fleurs de zinc. Mais le caractère qui le distingue, c'est surtout la propriété qu'il a de jaunir le cuivre.

Ce n'est que depuis peu d'années que l'on connait la nature du zinc ; rien de plus inexact que ce que les anciens auteurs en ont écrit. Le célèbre Henckel a lui-même méconnu cette substance, il l'a regardée comme un avorton minéral. D'autres ont regardé le zinc comme une composition, et ont été jusqu'à donner des procédés pour le faire. Becher dit que c'est une substance minérale, qui tient le milieu entre l'antimoine, la marcassite et la cadmie. M. Lemery confond le zinc avec le bismuth ; d'autres ont dit que c'était une espèce d'étain. Actuellement on est convaincu que le zinc est un demi-métal, qui a des propriétés qui lui sont particulières, qui a des mines qui lui sont propres.

Il n'existe point dans la nature de zinc natif, c'est-à-dire, tout pur, et sous la forme métallique qui lui est propre ; c'est toujours par l'art qu'on le tire des mines qui le contiennent, et alors même ce n'est point par la fusion ; c'est par la sublimation qu'on l'en retire.

La principale mine du zinc, et qui contient plus abondamment ce demi-métal, est la calamine ; c'est au zinc qu'elle renferme qu'est dû. la propriété de jaunir le cuivre, et de faire ce qu'on appelle le laiton, ou le cuivre jaune. Voyez CALAMINE et LAITON.

La calamine varie pour la couleur, il y en a de blanche, de jaune et de rougeâtre ou brune, suivant qu'elle est plus ou moins mêlée de parties ferrugineuses ou d'ochre.

La blende est aussi une vraie mine de zinc, que l'on peut en tirer par la sublimation, et qui peut être employée à faire du cuivre jaune. Le zinc n'est point seul dans la blende, il s'y trouve aussi des parties ferrugineuses, des parties sulfureuses et arsenicales, et même quelquefois une petite portion d'argent, qu'il est très-difficîle d'en tirer. Il y en a plusieurs espèces ; 1°. la principale ressemble assez à la galene ou mine de plomb ordinaire ; c'est-là ce qui est cause que les Allemands lui ont donné le nom de blende, qui signifie ce qui aveugle, parce que sa ressemblance avec la mine de plomb, la rend très-propre à tromper les mineurs. 2°. La blende que l'on nomme en allemand horn-blende ou pech-blende, blendée cornée, ou semblable à de la poix. 3°. La blende rouge, elle est d'une couleur plus ou moins vive ; il y en a qui est d'un rouge de rubis, et qui ressemble à la mine d'argent rouge. 4°. Il y a des blendes grises de différentes nuances. Toutes ces blendes sont de vraies mines de zinc, qui contiennent tantôt plus, tantôt moins de ce demi-métal. M. de Justi ajoute à ces substances une nouvelle mine de zinc différente des précédentes, c'est un spath, d'un gris clair, tirant sur le bleuâtre, composé de feuillets oblongs, et assez pesant, qui se trouve à Freyberg en Misnie, et qui lorsqu'on l'expose au feu, donne une sublimation de zinc ; il lui a donné le nom de spath de zinc. Le même auteur observe, avec raison, que M. Wallerius a trop multiplié sans fondement les mines de zinc dans la minéralogie.

Outre cela, l'on trouve du zinc dans le vitriol blanc qui, quoique rarement, se trouve tout formé par la nature dans les souterrains des mines de Goslar ; il est ou en stalactite, ou en crystaux, ou sous la forme d'un enduit ou d'une efflorescence. Ce vitriol est formé par la combinaison de l'acide vitriolique et du zinc ; il est quelquefois composé de zinc pur, mais souvent il participe du fer, du cuivre, et des autres substances qui sont mêlées avec lui dans la mine. Ce vitriol se fait aussi artificiellement à Goslar, ou au Ramelsberg ; on fait griller la mine de plomb mêlée de mine de zinc qui se rencontre dans ce pays : on y verse ensuite de l'eau, après l'avoir mise dans des auges : on y laisse séjourner cette eau, afin que les parties impures aient le temps de se déposer ; après quoi on décante la dissolution, que l'on met dans des chaudières de plomb pour la faire évaporer, et on finit ensuite par la faire crystalliser ; on fait ensuite calciner, dissoudre, et crystalliser de nouveau ce vitriol blanc : on le met dans les moules triangulaires, et il est alors propre à entrer dans le commerce. La plupart des auteurs ont fait sur le vitriol blanc, des conjectures aussi peu fondées que sur le zinc même, dont ils ne connaissaient nullement la nature ; pour se convaincre que c'est le zinc qui sert de base à ce vitriol, on n'aura qu'à le dissoudre dans de l'eau : on mettra de l'alkali fixe dans la dissolution, et il se précipitera une substance blanche qui mêlée avec de la poussière de charbon, et distillée dans une cornue de verre, formera dans le col de la rétorte, un sublimé propre à jaunir le cuivre ; ce qui est le caractère distinctif du zinc. Voyez VITRIOL. Ce vitriol contient souvent des particules de fer, de cuivre, de plomb, etc. avec lesquelles il est mêlé dans la mine de Goslar.

Nous avons déjà fait remarquer que ce n'est point par la fusion que l'on tire le zinc des substances minérales qui le contiennent, ce n'est qu'accidentellement qu'on l'obtient, la facilité avec laquelle l'action du feu le brule et le réduit en chaux, fait qu'on ne peut guère le retirer sous la forme qui lui est propre. Près de Goslar, dans les fonderies des mines de Ramelsberg, on traite, comme nous avons dit, un mineral qui contient du plomb, du cuivre, de l'argent, et beaucoup de zinc ; la partie intérieure, l'estomac dont on ferme le fourneau à manche, est fait d'une pierre assez mince : on la mouille afin de la rafraichir, et pour qu'il s'y attache un enduit qui n'est autre chose qu'une chaux de zinc, que l'on appelle la cadmie des fourneaux. Voyez CADMIE. On met aussi au fond du fourneau, une certaine quantité de poudre de charbon, afin que le zinc que la chaleur fait fondre et sortir de la mine, ait une retraite qui le garantisse de la trop grande violence du feu, qui ne manquerait point de le calciner et de le dissiper : il s'attache aussi dans la cheminée des fourneaux, une suie ou un enduit qui est très-chargé de zinc, on la détache, et il est propre à faire du cuivre jaune : d'où l'on voit que c'est sous la forme d'un sublimé ou d'une chaux, que l'on obtient la plus grande partie du zinc.

Pour tirer le zinc de la blende, on commencera par la faire griller, jusqu'à ce que tout le soufre que cette mine contient soit dégagé : alors on mêlera huit parties de cette blende grillée, avec une partie de poudre de charbon : on mettra ce mélange dans une cornue de terre bien garnie de lut, que l'on exposera à feu nud pendant environ quatre heures ; le zinc se sublimera sous la forme d'une poudre blanche ou grise dans le col de la cornue.

Pour réduire cette chaux, c'est-à-dire pour lui donner la forme métallique, on en mêle quatre parties avec une partie de charbon en poudre : on met le tout dans un creuset frotté avec de la cire, on presse le mélange, on couvre le creuset d'un couvercle que l'on y lute bien exactement afin que rien n'en sorte : on met le creuset au fourneau de verrerie, et aussitôt qu'il est parfaitement rouge, on le vide, de peur que le zinc réduit, ne vint à s'allumer si le feu était continué trop longtemps. Cette réduction peut encore se faire en mêlant la chaux de zinc, avec du flux noir et un peu de suie, ou bien des os noircis, par la calcination ; on mettra le tout dans un creuset fait d'une terre calcaire, et qui ne soit point vernissé ; on couvrira le mélange d'une bonne quantité de charbon en poudre, on adaptera au creuset un couvercle qui le ferme exactement, et l'on observera la même chose que dans l'opération qui précède.

Nous allons maintenant examiner la propriété du zinc ; celle qui le caractérise surtout, est de jaunir le cuivre plus ou moins selon la quantité qu'on en fait entrer ; ce n'est que le zinc qui est contenu dans la calamine, qui lui donne cette propriété, ainsi qu'à la cadmie des fourneaux, qui n'est qu'une sublimation ou une suie dans laquelle le zinc abonde ; sur quoi cependant on doit remarquer un phénomène fort singulier, c'est que le laiton ou le cuivre jaune fait avec la calamine, devient très-ductile, aulieu que celui qui est fait avec le zinc seul, est aigre et cassant. M. Zimmerman croit que cette différence vient de ce que dans la calamine le zinc est uni avec une plus grande portion de terre, et de ce que le travail se fait d'une manière différente ; en effet, lorsqu'on fait du laiton avec de la calamine, la combinaison se fait par la voie de la cémentation, dans des vaisseaux fermés, et au moyen d'un mélange de charbon en poudre, au-lieu que lorsqu'on fait le cuivre jaune avec le zinc tout pur, une portion considérable de ce demi-métal, se brule et se réduit en chaux. Si l'on combine la chaux de zinc, ou la cadmie, ou le zinc lui-même, de la même manière que la calamine, on aura aussi un cuivre jaune très-ductîle ; cependant il faut observer que la calamine exige un feu plus violent, et de plus de durée, pour communiquer sa partie colorante au cuivre, que le zinc seul.

Une partie de zinc alliée avec trois parties de cuivre, forme une composition d'un beau jaune, que l'on appelle tombac ; c'est aussi le zinc qui allié avec le cuivre, forme les alliages que l'on nomme similor, pinchbeck, métal du prince Robert, etc. on peut aussi faire différentes compositions semblables à l'or, en mêlant ensemble quatre, cinq, ou six parties de cuivre jaune, avec une partie de zinc ; ces alliages sont cassants, mais pour y remédier, on peut joindre un peu de mercure sublimé à la fin de l'opération ; on peut aussi faire entrer un peu d'étain bien pur dans l'alliage. Il faut toujours observer de commencer par faire fondre le cuivre jaune avant que d'y mettre le zinc, lorsqu'on voudra faire ces sortes de compositions.

Le zinc dissout tous les métaux et demi-métaux, à l'exception du bismuth. Il se combine par la fusion avec tous les métaux, mais il les rend aigres et cassants ; il les décompose, il facilite leur fusion et leur calcination, et les volatilise, effet qu'il produit sur l'or même ; il augmente la pesanteur spécifique de l'or et de l'argent, du plomb et du cuivre, mais il diminue celle de l'étain, du fer, et du régule d'antimoine ; fondu avec la platine, il devient plus dur. Lorsqu'on voudra unir le zinc avec les métaux imparfaits, il faudra couvrir le mélange qu'on aura mis dans le creuset, avec du verre pilé, ou des cailloux pulvérisés mêlés avec de la potasse, pour prévenir la dissipation ou la calcination : on dit que les Anglais mettent une partie de zinc sur six cent parties d'étain, pour le rendre plus dur et plus sonnant. M. Zimmermann nous apprend que si l'on fait fondre du zinc avec du plomb, et que l'on forme des balles à fusil de cet alliage, on ne pourra jamais tirer juste avec ces balles.

Le zinc s'amalgame avec le mercure, l'amalgame est au commencement assez fluide, mais peu-à-peu il devient plus dur ; mais l'amalgame sera très-fluide si on commence par fondre le zinc avec du plomb, et si ensuite on le triture avec le mercure ; mais le zinc se dégagera sous la forme d'une poudre, si on triture cet amalgame dans l'eau, parce que le plomb a plus d'affinité que lui avec le mercure.

Tous les dissolvants agissent sur le zinc ; cependant l'acide vitriolique très-concentré, ne le dissout point, il faut pour cela qu'il soit affoibli. L'acide nitreux le dissout avec une rapidité étonnante, et par préférence à tous les autres métaux ; dans cette dissolution il se fait une effervescence très-violente. L'acide du sel marin dissout aussi le zinc, si on met cette dissolution concentrée en digestion avec de l'esprit de vin bien rectifié, l'huîle du vin se dégagera. L'acide du vinaigre dissout aussi le zinc ; pendant que la dissolution s'opère elle répand une odeur très-agréable, et il se forme un sel astringent. Le zinc se dissout pareillement dans le verjus, dans le jus de citron, et dans les acides tirés des végétaux.

Le zinc est soluble par l'alkali fixe et l'alkali volatil dissout dans l'eau et à l'aide de la chaleur. Un mélange de sel ammoniac, avec de la limaille de zinc humectée d'un peu d'eau, s'échauffe, répand des vapeurs, et finit par s'enflammer.

Le soufre n'agit point sur le zinc, ainsi l'on peut s'en servir pour dégager ce demi-métal des autres substances métalliques avec lesquelles il peut être uni ; le foie de soufre le dissout parfaitement.

Le zinc a la propriété de précipiter toutes les dissolutions métalliques.

Nous avons déjà fait remarquer que le zinc s'enflamme dans le feu, alors il se dissipe sous la forme d'une substance légère et blanche, que l'on nomme laine ou coton philosophique ; cette substance ressemble à ces fils que l'on voit voltiger dans l'air en été, dans les jours sereins. La tuthie, le pompholix, le nihil album, les fleurs de zinc, ne sont que des chaux de zinc à qui on a jugé à propos de donner des dénominations singulières.

Le zinc a la propriété du phosphore ; si on triture une chaux de zinc, on voit qu'elle répand une lumière verdâtre ; on trouve à Scharffenberg en Saxe, une blende rouge, qui pareillement triturée est phosphorique, ce qui vient du zinc qu'elle contient.

De toutes les propriétés de cette substance, on doit en conclure que le zinc est un demi-métal, qui contient une terre métallique blanche, et beaucoup de principes inflammables. Quelques auteurs regardent sa terre métallique comme un peu arsenicale ; en effet le zinc a des propriétés qui indiquent assez d'analogie entre lui et l'arsenic : en effet le zinc jeté sur des charbons ardents, répand une odeur pénétrante, qui a quelque rapport avec l'odeur d'ail de l'arsenic ; il répand comme lui une lumière phosphorique. Le zinc colore le cuivre en jaune, l'arsenic le blanchit ; l'un et l'autre rendent les métaux plus faciles à entrer en fusion, et leur enlèvent leur ductilité. M. Zimmermann rapporte une expérience par laquelle il prouve encore plus l'analogie du zinc et de l'arsenic. Il dit que l'on n'a qu'à faire fondre ensemble une partie d'or avec trois parties de zinc, on pulvérisera la composition qui résultera ; on mettra cette poudre dans une cornue bien luttée avec de la chaux vive, on donnera le feu par degrés ; la plus grande partie du zinc se sublimera en chaux, ou sous la forme de fleurs ; mais selon lui la partie arsenicale restera jointe avec l'or, qui aura bien la forme d'une poudre jaune, mais qui n'aura aucune de ses propriétés métalliques. Si on met ce résidu dans un matras, et que l'on verse par dessus six fois autant d'eau forte, il s'excitera une effervescence violente, et il en partira une vapeur qu'il serait très-dangereux de respirer ; après quoi l'or restera sous la forme d'une poudre grise, effet qui est produit par la substance arsenicale qui est contenue dans le zinc.

La propriété que le zinc a de colorer le cuivre en jaune, n'a point échappé aux alchymistes, et quelques-uns d'eux n'ont point manqué d'en conclure que c'était cette substance qui devait leur fournir la matière colorante qu'il faut introduire dans les métaux, pour les convertir en or. (-)

ZINC, (Pharmacie et Matière médicale) des diverses substances appartenant à ce demi-métal (Voyez ZINC Chimie), celles que les pharmacologistes ont adopté sont deux de ces chaux : savoir, le pompholix, nihil album, on fleurs de zinc, et la tuthie, et sa mine propre ou pierre calaminaire.

Ces matières sont principalement employées dans quelques préparations officinales destinées à l'usage extérieur, et elles sont employées pour la seule vertu qu'elles possèdent : savoir, la vertu dessicative à un degré éminent : c'est à ce titre que le pompholix entre dans l'onguent diapompholigos, la tuthie dans l'onguent de tuthie, la pierre calaminaire dans l'onguent dessicatif, dans l'emplâtre styptique, l'emplâtre manus dei, etc. la tuthie et la pierre calaminaire ensemble, dans l'emplâtre oppodeltock, etc.

La tuthie, ou le pompholix, font la base des collyres dessicatifs, soit liquides, soit sous forme de poudre tant officinaux que magistraux. Ces remèdes ne s'emploient point intérieurement. (b)