(Histoire naturelle, Minéralogie) c'est ainsi qu'on nomme dans la Minéralogie l'opération par laquelle la nature combine un métal ou un demi-métal avec du soufre, ou avec de l'arsenic, ou avec l'une et l'autre de ces substances à-la-fais. Par cette combinaison l'aspect du métal est entièrement changé ; on n'y voit plus ni éclat, ni ductilité, ni malléabilité, en un mot le métal n'est plus reconnaissable, et la combinaison totale prend une forme entièrement étrangère au métal qu'elle contient. Alors on dit qu'un métal est minéralisé, c'est-à-dire qu'il est dans l'état de mine ou de minerai. C'est ainsi que l'argent qui est métal blanc, lorsqu'il est combiné avec de l'arsenic et avec une petite portion de fer, prend la forme d'un amas de crystaux rouges qui sont quelquefois transparents comme des grenats ; c'est ce que l'on nomme la mine d'argent rouge. Dans cette mine, l'argent et une portion de fer sont minéralisés avec l'arsenic. L'argent combiné avec une portion de soufre, devient une substance d'un gris-foncé, flexible comme du plomb, et si tendre, que l'on peut la tailler avec le couteau : alors on dit que dans cette mine l'argent se trouve minéralisé avec le soufre.

Le plomb uni ou minéralisé avec le soufre, affecte une forme cubique que l'on nomme galêne ou mine de plomb. Ce même métal combiné avec de l'arsenic, forme quelquefois des croupes de crystaux d'un beau verd ou d'un beau blanc, que l'on nomme mines de plomb vertes ou blanches. Voyez PLOMB.

L'étain est minéralisé par l'arsenic, et la masse qui résulte de leur union est en crystaux polygones. Voyez ÉTAIN.

Le cuivre et le fer minéralisés soit avec le soufre, soit avec l'arsenic, prennent une infinité de formes différentes, qui les rendent méconnaissables à ceux qui n'ont point les yeux accoutumés à les voir dans l'état de mine. Voyez CUIVRE et FER.

Quant à l'or, jusqu'à-présent on ne l'a point encore trouvé minéralisé ; on le rencontre toujours sous la forme et sous la couleur qui lui sont propres. Cependant comme nous ne connaissons point toutes les productions de la nature, on ne peut point décider si l'or est absolument incapable d'être minéralisé. Voyez OR.

Les demi-métaux sont, ainsi que les métaux, susceptibles de la minéralisation, c'est-à-dire, ils peuvent être combinés avec le soufre et avec l'arsenic, de manière à prendre une forme entièrement différente de celle qui leur est propre. C'est ainsi que l'antimoine combiné avec le soufre, forme une masse composée de stries ou d'aiguilles que l'on nomme antimoine crud. L'arsenic combiné avec le soufre, forme une masse feuilletée jaune ou rouge, que l'on appelle orpiment, voyez ORPIMENT. Le cobalt se montre aussi sous plusieurs aspects différents ; il en est de même du zinc, qui est méconnaissable dans la calamine et dans la blende, qui sont ses mines ordinaires. A l'égard du bismuth, on le trouve toujours sous la forme qui lui est propre, et on ne l'a point encore rencontré minéralisé.

Le mercure est minéralisé avec le soufre, et alors il forme une masse d'un beau rouge que l'on nomme Cinnabre. Voyez CINNABRE.

Les métaux qui ne sont point minéralisés et que l'on trouve sous la forme qui leur est propre, se nomment métaux natifs ou metaux vierges. Voyez NATIF et VIERGE.

La Chimie est parvenue à imiter la nature dans un grand nombre de minéralisations ; c'est ainsi qu'en combinant du mercure avec du soufre, on fait un vrai cinnabre. En combinant de l'argent avec de l'arsenic, et joignant un peu de safran de mars à ce mélange, on fait une combinaison semblable à la mine d'argent rouge. On fait pareillement avec l'argent et du soufre, une combinaison semblable à la mine d'argent vitrée, à la mine d'argent noire, etc. cela dépend du plus ou moins de soufre que l'on fait entrer dans la combinaison. Personne n'ignore qu'en combinant du régule d'antimoine avec du soufre, il résulte une masse striée semblable à l'antimoine crud. M. Rouelle connait un tour de main au moyen duquel il donne au plomb la forme cubique et feuilletée que ce métal prend dans la galene ou dans la mine la plus ordinaire. Il y a lieu de croire que l'on pourrait parvenir de même à imiter la plupart des minéralisations que la nature opere. La voie de l'analyse et de la récomposition est assurément la plus sure pour connaître avec exactitude les substances que la nature fait entrer dans la combinaison des corps, d'où l'on voit la nécessité de la Chimie pour démêler les mystères de la Minéralogie. Voyez MINERALOGIE ; et voyez MINE et MINERAI. (-)