S. f. (Histoire naturelle, Minéralogie) creta ; c'est une pierre calcaire, plus ou moins friable, qui s'attache à la langue, colore les mains ; sa couleur est blanche, cependant elle varie quelquefois en raison des matières minérales étrangères qui y sont jointes. Les parties qui composent la craie, sont comme farineuses, et faciles à détacher les unes des autres.

Les Naturalistes sont partagés sur la formation de la craie. Henckel dans son traité de lapidum origine, pense qu'elle est la terre primitive, terra primogenea, telle qu'elle est sortie des mains du Créateur. Neumann et quelques autres ont cru que la craie se formait par une espèce de décomposition du silex ou de la pierre à fusil. Ces derniers se fondent sur ce que les pierres à fusil noires se trouvent très-souvent dans des couches de craie, et sont environnées d'une écorce qui y ressemble très-fort. Mais de tous les sentiments sur cette formation, il n'y en a point qui approche plus de la démonstration, que celui de ceux qui ne regardent la craie que comme formée des débris de coquilles. En effet, pour peu qu'on considère les parties qui la composent, on y découvrira toujours des vestiges de coquilles qui en forment le tissu. Quelques auteurs ont rejeté ce sentiment, fondés sur ce qu'il n'était point possible d'imaginer que des coquilles eussent pu former des montagnes aussi considérables que le sont celles qu'on trouve remplies de craie ; mais si l'on fait attention à l'énorme quantité de coquilles qui sont renfermées dans le sein de la terre, et aux couches immenses qu'on en trouve, la surprise cessera, et l'on verra qu'il n'y a rien de plus naturel que la formation que nous venons d'assigner à la craie. Cela posé, la craie doit son origine à la terre animale.

Les principales propriétés de la craie, sont de faire effervescence avec tous les acides, et d'être changée en chaux par l'action du feu ; propriétés qui lui sont communes avec toutes les terres ou pierres calcaires, qui ont d'ailleurs la même origine : et c'est à ces deux qualités que l'on doit reconnaître la craie ; c'est par elle qu'on la distinguera d'une infinité d'autres substances argilleuses et talqueuses, &c... à qui les Naturalistes ont donné mal-à-propos le nom de craie, à cause d'une ressemblance légère et extérieure qu'elles ont avec la craie véritable dont nous parlons. Voyez l'art. CALCAIRE.

M. Wallerius compte huit espèces de craie : 1°. la craie blanche : 2°. la craie d'Angleterre, qui fait une effervescence considérable avec l'eau froide : 3°. la craie d'un blanc-sale : 4°. le lait de lune : 5°. le guhr ou la craie coulante : 6°. la craie en poussière : 7°. la craie rouge : 8°. la craie verte ; mais toutes ces différentes espèces ne diffèrent entr'elles que par le plus ou le moins de liaison de leurs parties, par la couleur, et par d'autres qualités purement accidentelles.

Quoique la craie n'ait pas beaucoup de solidité, on ne laisse point que de s'en servir avec succès pour bâtir ; et tout le monde sait que presque toute la ville de Reims en Champagne est bâtie de cette espèce de pierre.

Personne n'ignore les usages de la craie pour le dessein, pour la fertilisation des terres ; et l'on trouvera dans la Lithogéognosie de M. Pott, pag. 17 et suiv. les différents effets qu'elle produit dans le feu, lorsqu'on la fait entrer en fusion avec des matières vitrifiables. (-)

CRAIE, (Matière médicale) La craie est un alkali ou un absorbant terreux, qu'on peut employer comme succédanée du corail, des yeux d'écrevisse, de la magnésie, etc. Voyez ABSORBANT.

On trouve dans la pharmacopée de Bate une décoction simple et une décoction composée de craie : la première a beaucoup de rapport avec le decoctum album Sydenhami, qui est beaucoup plus en usage parmi nous. Voyez DECOCTUM ALBUM. (b)

CRAIE DE BRIANÇON, (Histoire naturelle, Minéralogie) c'est une pierre talqueuse, grasse au toucher, qui parait composée de petites lames ou de feuillets ; ce qui ne l'empêche point d'être assez solide et compacte. Sa couleur est ou blanche, ou tirant sur le verd ; elle est réfractaire au feu, et ne se dissout point dans les acides.

On peut voir par ce qui a été dit à l'art. CRAIE, que c'est très-improprement qu'on a donné ce nom à la substance dont nous parlons, puisqu'elle n'est point soluble dans les acides, et ne se réduit point en chaux par l'action du feu, qui sont les deux caractères distinctifs de la craie.

Les Tailleurs se servent de la craie de Briançon pour tracer des lignes legeres sur les étoffes.

Quelques médecins ordonnent la craie de Briançon comme absorbant, ou comme astringent ; mais il parait qu'elle ne peut nullement remplir ces vues, puisque c'est une substance talqueuse, insoluble dans les acides des premières voies, et incapable par conséquent de passer dans l'oeconomie animale, en s'unissant aux humeurs. (-)

CRAIE, (Marine) vaisseau Suédais et Danois à trois mâts, sans hunier.

CRAIE, mettre en craie, c'est un terme de Plumassier, qui signifie plonger les plumes dans de l'eau chaude, où l'on a détrempé du blanc d'Espagne.

CRAIE, (Fauconnerie) infirmité qui survient aux oiseaux de proie ; c'est une dureté des émeus si extraordinaire, qu'il s'y forme de petites pierres blanches de la grosseur d'un pais, lesquelles venant à boucher le boyau, causent souvent la mort aux oiseaux, si l'on n'a soin d'y remédier. Comme ce mal est causé par une humeur seche et épaisse, il faut l'humecter et l'atténuer en trempant la viande des oiseaux dans du blanc d'œufs et du sucre candi battus et mêlés ensemble.