S. m. (Histoire naturelle, Minéralogie et Chimie métallique) M. Axel-Français Cronstedt, de l'académie royale des Sciences de Stockholm, a inséré dans les tomes XIII. et XVI. des mémoires de cette savante académie une dissertation sur une nouvelle substance minérale, trouvée dans une mine de cobalt, située à Faerila en Helsingie, dont il a tiré une matière réguline qu'il regarde comme un nouveau demi-métal, inconnu jusqu'à lui, et qu'il a nommé nickel, parce qu'il se tire de la mine que les Allemands nomment kupfernickel.

La mine dont on tire le nickel est d'une couleur blanche comme de l'argent dans la fracture récente, cependant cette couleur est quelquefois plus obscure, elle tire aussi souvent sur le rouge jaunâtre. Après avoir été exposée à l'air pendant quelque temps, elle se couvre d'un enduit verd ; si alors on la lave avec de l'eau, elle la colore en verd ; cette eau mise en évaporation forme des cristaux oblongs, quadrangulaires, rabattus par deux ou trois côtés, qui ont de la ressemblance avec le vitriol. En calcinant ce sel vitriolique, on obtient un résidu d'un gris clair qui, fondu avec trois parties de flux noir, donne une régule de 50 livres sur un quintal de résidu. Ce régule a un oeil jaunâtre à l'extérieur, mais si on le casse, il est blanc comme de l'argent dans l'intérieur, il est composé de feuillets et de lames comme le bismuth. Ce régule se dissout dans l'acide nitreux, dans l'esprit de sel et dans l'eau régale, il donne une couleur verte à ces dissolvants, il ne se dissout point ni dans l'acide vitriolique, ni dans l'acide de vinaigre, et ne s'amalgame point avec le mercure. Cette substance est souvent mêlée d'une portion de fer, mais quelque expérience que M. Cronstedt ait fait, il n'a point pu y découvrir de cuivre.

La mine qui fournit cette substance lorsqu'on la calcine, commence par répandre une fumée purement sulphureuse ; en continuant la calcination, la fumée blanchit et a une odeur arsénicale. En poussant plus loin encore cette calcination, la mine se couvre d'un enduit qui est semblable à des petits rameaux d'un verd clair, qui, fondus avec une matière inflammable, donnent une substance réguline semblable à celle qui a été décrite ci-dessus. Ce régule calciné devient d'un beau verd, et prend de nouveau la forme de rameaux.

De toutes ces propriétés, M. Cronstedt en conclut que cette substance doit être regardée comme un nouveau demi-métal, qui diffère entièrement du cobalt et du bismuth. De plus il croit que le nickel entre pour la plus grande partie dans la composition que les Allemands nomment speiss, qui se dépose au fond des pots dans lesquels on a fait le saffre, c'est-à-dire le verre bleu coloré par le cobalt.

Le nickel a beaucoup de disposition à s'unir avec le soufre. Cette substance n'entre en fusion qu'après avoir rougi. Sa pesanteur spécifique est à l'eau environ comme 8 1/2 est à un.

Le nickel s'allie avec l'or ; il ne s'allie point avec l'argent. Il s'unit facilement avec l'étain, moins aisément avec le plomb. Il s'unit avec le cuivre, mais encore plus aisément avec le fer. M. Cronstedt croit que c'est le soufre qui facilite son union avec ce dernier métal.

L'arsenic a beaucoup de disposition à s'unir avec le nickel, et ne s'en dégage qu'avec beaucoup de peine. Il en est de même du cobalt et de l'antimoine crud, du régule d'antimoine, du bismuth, avec lesquels le nickel se combine : mais cette substance ne s'unit point avec le zinc.

La chaux qui résulte de la calcination de cette substance ne se vitrifie point sans addition, ni même lorsqu'on la mêle avec du verre, mais le régule du nickel colore le borax d'un brun clair, et cette espèce de verre, lorsqu'on continue à le chauffer, devient violet et transparent comme celui qui a été mêlé avec de la magnésie ou manganese.

Il parait qu'il faudrait encore faire des expériences ultérieures pour nous convaincre, si ce régule de nickel, dont parle M. Cronstedt, est un demi-métal particulier, ou si on doit plutôt le regarder comme une combinaison de fer, d'arsenic, de bismuth, de cobalt, et même de cuivre et de soufre. C'est au temps à fixer là-dessus nos incertitudes. (-)