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Catégorie : Minéralogie
S. f. (Histoire naturelle, Minéralogie) en latin minera, gleba metallica. Dans l'histoire naturelle du règne, on appelle mine toute substance terreuse ou pierreuse qui contient du métal ; c'est ainsi qu'on appelle mine d'or toute pierre dans laquelle on trouve ce métal. Mais dans un sens moins étendu, on donne le nom de mine à tout métal qui se trouve minéralisé, c'est-à-dire combiné avec le soufre ou avec l'arsenic, ou avec l'un et l'autre à la fois ; combinaison qui lui fait perdre sa forme, son éclat et ses propriétés. Voyez MINERALISATION.

C'est dans cet état que les métaux se trouvent le plus ordinairement dans les filons ou veines métalliques, alors on dit que ces métaux sont minéralisés, ou dans l'état de mine ; au lieu que quand un métal se trouve dans le sein de la terre sous la forme qui lui est propre, on le nomme métal natif ou métal vierge.

Il y a souvent plusieurs métaux qui sont mêlés et confondus dans une même mine, c'est ainsi qu'on trouve rarement des mines de cuivre qui ne contiennent en même temps une portion de fer ; toutes les mines de plomb contiennent plus ou moins d'argent. Voilà précisément ce qui cause la difficulté de reconnaître les mines au simple coup-d'oeil, il faut pour cela des yeux fort accoutumés, quelquefois on est obligé même de recourir au microscope, et souvent encore c'est sans succès, et l'on est forcé de faire l'essai de la mine, quand on veut être assuré de ce qu'elle contient. Ces essais doivent se faire avec beaucoup de précaution, Ve que le feu peut souvent volatiliser et dissiper plusieurs des substances contenues dans une mine, et par-là l'on ne trouve plus des métaux qui y étaient auparavant très-réellement renfermés. Cela vient de ce qu'en donnant un feu trop violent, non-seulement le soufre et l'arsenic se dégagent et se dissipent, mais encore ils entraînent avec eux les parties métalliques, qui sont dans un état de division extrême dans les mines.

Dans les dénominations que l'on donne aux différentes mines, on doit toujours consulter le métal qui y domine ; quelque naturelle que soit cette observation, elle a été souvent négligée par la plupart des Minéralogistes ; dans les noms qu'ils ont donnés à leurs mines, souvent ils se sont réglés plutôt sur le prix que la convention a fait attacher à un métal qui s'y trouvait accidentellement et en petite quantité, que sur le métal qui y était le plus abondant ; c'est ainsi que nous voyons souvent qu'ils donnent le nom de mines d'argent à de vraies mines de plomb, dont le quintal fournit tout-au-plus quelques onces d'argent contre une très-grande quantité de plomb ; c'est avec grande raison que M. Rouelle reproche cette faute à la plupart des auteurs ; ce savant chimiste observe très-judicieusement que, pour parler avec l'exactitude convenable dans l'histoire naturelle, une mine de cette espèce devrait être appelée mine de plomb contenant de l'argent, et non mine d'argent. La même observation peut s'appliquer à un grand nombre d'autres mines qui ont été nommées avec aussi peu d'exactitude, et l'on sent que ces dénominations sont très capables d'induire en erreur les Naturalistes, qui doivent plutôt s'arrêter à la nature qu'à la valeur des métaux contenus dans une mine.

C'est dans les profondeurs de la terre que la nature s'occupe de la formation des mines ; et quoique cette opération soit une de celles qu'elle cache le plus soigneusement à nos regards ; les Naturalistes n'ont pas laissé de faire des efforts pour tâcher de surprendre quelques-uns de ses secrets. Quelques auteurs, parmi lesquels se trouve le célèbre Stahl, craient que les métaux et les mines qui sont dans les filons, ont été créés dès les commencements du monde ; d'autres au contraire craient avec plus de raison que la nature forme encore journellement des métaux, ce qu'elle fait en unissant ensemble les parties élémentaires, ou les principes qui doivent entrer dans leurs différentes combinaisons, c'est-à-dire les trois terres que Becher a nommées terre vitrescible, terre onctueuse et terre mercurielle, dont, suivant lui, tous les métaux sont composés. Voyez l'article METAUX. Quoi qu'il en sait, on ne peut douter qu'il ne se forme journellement des mines nouvelles, soit que les métaux existent depuis l'origine du monde, soit qu'eux-mêmes soient d'une formation récente et journalière.

Les deux grands agens, dont la nature se sert pour la formation des mines, sont la chaleur et l'eau. En effet, sans adopter les idées chimériques d'un feu placé au centre de notre globe, il est constant, d'après les observations des Minéralogistes, qu'il règne toujours un air chaud dans les lieux profonds de la terre, tels que sont les souterrains des mines ; cette chaleur est quelquefois si forte que pour peu qu'on s'arrête dans quelques-uns de ces souterrains, on est entièrement trempé de sueur ; par-là les eaux salines, qui se trouvent dans la terre, sont mises en état d'agir sur les molécules métalliques et minérales ; elles sont peu-à-peu divisées, atténuées, mises en dissolution et en digestion : lorsque ces particules sont assez divisées, la chaleur de la terre en réduisant les eaux en vapeurs, fait qu'elles s'élèvent et entraînent avec elles les parties métalliques, tellement atténuées qu'elles peuvent demeurer quelque temps suspendues dans l'air avec les vapeurs qui les entraînent ; alors elles voltigent dans les cavités de la terre, dans ses fentes et dans les espaces vides des filons ; les différentes molécules se mêlent, se confondent, se combinent ; et lorsque par leur agrégation et leur combinaison elles sont devenues des masses trop pesantes pour demeurer plus longtemps suspendues en l'air ; elles tombent par leur propre poids, se déposent sur les terres ou les roches qu'elles rencontrent ; elles s'attachent à leurs surfaces, ou bien elles les pénètrent ; les molécules s'entassent peu-à-peu les unes sur les autres : lorsqu'il s'en est amassé une quantité suffisante, leur agrégation devient sensible ; alors si les molécules qui se sont déposées, ont été purement métalliques sans s'être combinées avec des molécules étrangères, elles formeront des métaux purs, ou ce qu'on appelle des métaux vierges ou natifs ; mais si ces molécules métalliques, lorsqu'elles voltigeaient en l'air, ont rencontré des molécules d'autres métaux, ou de soufre ou d'arsenic, qui ont été élevées par la chaleur souterraine en même temps qu'elles, alors ces molécules métalliques se combineront avec ces substances ou avec des molécules d'autres métaux, pour-lors il se formera des mines de différentes espèces, suivant la nature et les proportions des molécules étrangères qui se seront combinées. Telle est l'idée que l'on peut se faire de la formation des mines. A l'égard des pierres ou roches sur lesquelles ces combinaisons s'attachent ou déposent, elles se sont appelées minières. Voyez MINIERE, MINERALISATION et EXHALAISONS MINERALES.

Ainsi, quelle que soit l'origine primitive des métaux, soit qu'ils existent depuis la création du monde, soit que par la réunion de leurs parties élémentaires ils se forment encore tous les jours, l'expérience nous prouve qu'il se fait de nouvelles mines. En effet, nous voyons que la nature, dans l'intérieur de la terre ainsi qu'à sa surface, est perpétuellement en action ; quoique nous ne soyons pas en état de la suivre pas-à-pas, plusieurs circonstances nous convainquent qu'elle récompose d'un côté ce qu'elle a décomposé d'un autre. Nous voyons que tous les métaux imparfaits souffrent de l'altération et se décomposent, soit à l'air, soit dans les eaux ; l'un et l'autre de ces agens se trouvent dans le sein de la terre ; ils sont encore aidés par la chaleur ; les eaux chargées de parties salines agissent plus puissamment sur les substances métalliques et les dissolvent ; ce qui a été altéré, dissout et décomposé dans un endroit, Ve se reproduire et se récomposer dans un autre, ou bien Ve former ailleurs de nouvelles combinaisons toutes différentes des premières : cela se fait parce que les molécules qui formaient la première combinaison ou mine, sont élevées et transportées par les exhalaisons minérales, ou même cette translation se fait plus grossièrement par les eaux, qui après s'être chargées de particules métalliques les charrient en d'autres lieux où elles les déposent. Nous avons des preuves indubitables de ces reproductions de mines. On trouve dans la terre des corps entièrement étrangers au règne minéral, tels que du bois, des coquilles, des ossements, etc. qui y ont été enfouis par des révolutions générales, ou par des accidents particuliers, et qui s'y sont changés en de vraies mines. C'est ainsi qu'à Orbissau en Bohème, on trouve du bois changé en mine de fer ; en Bourgogne on trouve des coquilles qui sont devenues des mines que l'on traite avec succès dans les forges et dont on tire de très-bon fer ; et les ouvrages de minéralogie sont remplis d'exemples de la reproduction de mines de fer, et d'autres métaux. C'est ainsi que nous voyons que dans des souterrains de mines abandonnées, et où depuis plusieurs siècles les travaux ont cessé, quand on vient à y travailler de nouveau, on retrouve assez souvent de nouvelles mines qui se sont reproduites sur les parois des rochers des galeries. En Allemagne on a trouvé une incrustation de mine, qui s'était formée sur un morceau de bois provenu d'une échelle ; elle contenait huit marcs d'argent au quintal. M. Cronstedt, de l'académie royale de Suède, a trouvé dans les mines de Kungsberg en Norvege, une eau qui découlait par une fente d'une roche, et qui avait formé un enduit ou une pellicule d'argent sur cette roche. Voyez les Oeuvres physiques et minéralogiques de M. Lehman, tom. I. pag. 380. mss. ainsi que le tom. II. du même ouvrage. Tous ces faits prouvent d'une manière incontestable que les mines sont sujettes à des altérations et à des translations continuelles ; c'est aussi pour cette raison que l'on rencontre assez fréquemment des endroits dans les filons qui sont entièrement vides, et où l'on ne trouve plus que les débris des mines qui y étaient autrefois contenues ; ce qui donne lieu à l'expression des Mineurs, qui disent alors qu'ils sont arrivés trop tard. Voyez FILONS.

Nous avons lieu de croire que la nature opère très-lentement la formation des mines ; mais elle n'agit point en cela d'une manière constante et uniforme. Les productions qu'elle fait de cette manière doivent être variées à l'infini, en raison de la nature des molécules qu'elle combine, de leur quantité, de leurs différentes proportions, et du temps et des voies qu'elle emploie, des différents degrés d'atténuation et de division des substances, etc. de-là cette grande multitude de corps que nous présente le règne minéral, et cette différence prodigieuse dans le coup-d'oeil que nous offrent les mines. En effet les mines varient pour le tissu, pour la couleur, pour la forme, et pour les accidents ; il y en a quelques-unes qui sont d'une figure indéterminée, tandis que d'autres ont une figure régulière, semblable à celle des crystaux ; quelques-unes sont opaques, d'autres ont un peu de transparence. On ne s'arrêtera point ici à décrire ces sortes de variétés, d'autant plus que l'on trouvera aux articles de chaque métal et demi-métal l'aspect que présentent leurs mines. On peut dire en général que les métaux dans l'état de mine, ont un coup-d'oeil tout différent de celui qu'ils ont lorsqu'ils sont purs.

Ce sont les filons et les fentes de la terre qui sont les attéliers dans lesquels la nature s'occupe le plus ordinairement de la formation des mines ; comme à l'article FILONS on a suffisamment expliqué leur nature, leurs propriétés, nous ne répéterons point ici ce que nous en avons déjà dit. Voyez FILONS ou VEINES METALLIQUES. Nous nous contenterons seulement d'observer ici que suivant la remarque de M. Rouelle, constatée par les observations que M. Lehman a publiées dans son Traité de la formation des couches de la terre, les mines en filons ne se trouvent que dans les montagnes primitives, c'est-à-dire dans celles qui paraissent aussi anciennes que le monde, et qui n'ont point été produites par les inondations, par le séjour de la mer, par le déluge universel, ou par d'autres révolutions arrivées à notre globe. Voyez MONTAGNES.

Les mines ne se trouvent point toujours par filons suivis ; souvent on les rencontre dans le sein des montagnes par masses détachées, et formant comme des tas séparés, dans des pierres dont les creux en sont remplis ; ces sortes de mines s'appellent mines en marons ou mines en roignons. M. Rouelle les nomme minerae nidulantes. Voyez MARONS.

D'autres mines se trouvent quelquefois par fragments détachés dans les couches de la terre, ou même à sa surface ; ce sont ces sortes de mines que les Anglais nomment shoads ; il est très-visible qu'elles n'ont point été formées par la nature dans les endroits où on les trouve actuellement placées, elles y ont été transportées par les eaux qui ont arraché ces fragments des filons placés dans les montagnes primitives, et qui après avoir été roulées comme les galets, les ont portées et rassemblées dans les couches de la terre, qui ont elles-mêmes été produites par des inondations. Ces mines par fragments peuvent quelquefois conduire aux filons dont elles ont été arrachées : nous avons dit à l'article ÉTAIN, que cela se pratiquait surtout en Cornouaille pour retrouver les filons des mines d'étain ; ces shoads ou fragments sont roulés et arrondis ; outre la mine on y trouve encore des fragments de la roche ou minière, à laquelle la mine tenait dans le filon. Il y a lieu de croire que c'est ainsi que se sont formées toutes les mines répandues en particules déliées que l'on trouve dans des couches de terre et de sable dont on les retire par le lavage ; ce sont ces mines que les Allemands nomment seifenwerck ou mines de lavage. Cela peut encore nous faire comprendre comment il se fait que l'on trouve dans le lit d'un très-grand nombre de rivières, des particules métalliques, et surtout du sable ferrugineux mêlé de petites particules ou de paillettes d'or. Il y a lieu de conjecturer que ces particules ont été détachées des montagnes où il y a des filons, par les rivières mêmes ou par les torrents qui s'y déchargent.

Enfin il y a encore un état dans lequel on trouve les mines de quelques métaux, ce sont celles qui ont été formées par transport, telles sont les ochres, les mines de fer limoneuses, la calamine, quelques mines de cuivre : suivant M. Rouelle, ces sortes de mines ne doivent leur formation qu'à des vitriols qui ont été dissouts et entrainés par les eaux, et qui étant ensuite venus à se décomposer, ont déposé la terre métallique que ces vitriols contenaient, qui par-là a formé des bancs ou des lits. Ce savant chimiste observe avec raison qu'il n'y a que le fer, le cuivre et le zinc qui soient susceptibles de se vitrioliser, d'où il conclut qu'il n'y a que ces trois substances métalliques que l'on puisse rencontrer dans cet état dans les couches de la terre. Il est certain que plusieurs mines de fer que l'on traite avec beaucoup de succès se trouvent dans cet état, c'est celui de la plupart des mines de fer de France, et la mine de fer que les Suédais et les Allemands appellent minera ferri palustris, ou mine marécageuse et limoneuse, parait être de cette nature. La calamine, qui est une ochre chargée de zinc, parait aussi avoir été formée par la décomposition du vitriol blanc. L'ardoise ou la pierre schisteuse, qui est devenue une mine de cuivre, telle que celle que l'on rencontre en quelques endroits d'Allemagne, doit ce métal à la décomposition d'un vitriol cuivreux. (-)

MINES, fodinae metallicae, ou metalli fodinae, (Histoire naturelle Minéral. arts) on nomme ainsi les endroits profonds de la terre, d'où l'on tire les métaux, les demi-métaux, et les autres substances minérales qui servent aux usages de la vie, telles que le charbon de terre, le sel gemme, l'alun, etc.

La nature, non contente des merveilles qu'elle opère à la surface de la terre et au-dessus de nos têtes, a encore voulu nous amasser des trésors sous nos pieds. Le prix que les hommes ont attaché aux métaux, joint aux besoins qu'ils en ont, leur ont fait imaginer toutes sortes de moyens pour se les procurer. En vain la Providence avait-elle caché des richesses dans les profondeurs de la terre ; en vain les a-t-elle enveloppées dans les rochers les plus durs et les plus inaccessibles, le désir de les posséder a su vaincre ces obstacles, et ce motif a été assez puissant pour entreprendre des travaux très-pénibles malgré l'incertitude du succès.

Itum est in viscera terrae,

Quasque recondiderat stygiisque admoverat umbris,

Effodiuntur opes, irritamenta malorum.

On a Ve dans l'article MINE, minera, qui précède, que les métaux ne se présentent que rarement sous la forme qui leur est propre ; ils sont le plus communément minéralisés, c'est-à-dire masqués, et pour ainsi dire rendus méconnaissables par les substances avec lesquelles ils sont combinés ; voyez MINERALISATION. Il faut donc de l'expérience et des yeux accoutumés pour distinguer les substances qui contiennent des métaux ; en effet, ce ne sont point celles qui ont le plus d'éclat qui sont les plus riches, ce sont souvent des masses informes qui renferment les métaux les plus précieux, d'où l'on voit que les travaux pour l'exploitation des mines supposent des connaissances préliminaires qui doivent être très-étendues, puisqu'elles ont pour objet toutes les substances que la terre renferme dans son sein. Voyez MINERALOGIE. Parmi ces connaissances, une des plus importantes est celle de la nature des terrains où l'on peut ouvrir des mines avec quelque apparence de succès.

C'est ordinairement dans les pays de montagnes, et non dans les pays unis, qu'il faut chercher des mines. Les Minéralogistes ont observé que les hautes montagnes, qui s'élèvent brusquement et qui sont composées d'un roc très-dur, ne sont point les plus propres pour l'exploitation des mines ; lorsque par hasard on a rencontré un filon métallique dans une montagne de cette nature, on a beaucoup de peine à le suivre, et souvent il n'est pas d'une grande étendue. D'un autre côté, les terrains bas sont trop exposés aux eaux, dont on a beaucoup de peine à les débarrasser. On donne donc la préférence, quand on le peut, aux montagnes ou aux terrains qui s'élèvent en pente douce, et qui retombent de la même manière ; le travail y devient plus facile, et peut être plus longtemps continué.

Mais la découverte d'un terrain commode ne suffit point ; il faut que les espérances soient fortifiées par d'autres circonstances et par un grand nombre d'indications. Avant que de songer à établir des mines dans un pays, il faut s'assurer si le terrain contient des filons ou des veines métalliques ; les personnes versées dans la Minéralogie, ont observé que plusieurs signes pouvaient concourir à annoncer leur présence.

D'abord les endroits des montagnes où il ne vient que très-peu d'herbe, où les plantes ne croissent que faiblement, où elles jaunissent promptement, où les arbres sont tortueux et demeurent petits, semblent annoncer des filons. On observe pareillement les terrains où l'humidité des pluies, des rosées disparait promptement, et où les neiges fondent avec le plus de célérité. On peut s'assurer par la vue et par l'odorat des endroits d'où il part des exhalaisons minérales, sulphureuses et arsénicales ; tous ces signes extérieurs, quoique souvent trompeurs, commencent déjà à faire naître des espérances. On considère ensuite la couleur des terres, celles qui sont métalliques sont aisées à distinguer ; quelquefois elles sont chargées de fragments de mines, qui ont été détachés par les torrents des filons du voisinage. Les sables des rivières des environs doivent encore être examinés ; souvent ils contiennent des parties minérales et métalliques, qui ont été entrainées par les ruisseaux et par les torrents. On peut regarder au fond des ravins, pour voir quelle est la nature des pierres et des substances que les fontes des neiges et les pluies d'orage arrachent et entraînent. Il est encore important d'examiner la nature des eaux qui sortent des montagnes, pour voir si elles sont chargées de sels vitrioliques ; et l'on considérera leur odeur, les dépôts qu'elles font. Quoique tous ces signes soient équivoques, lorsqu'ils se réunissent, ils ne laissent point de donner beaucoup de probabilité qu'un terrain renferme des mines.

Nous ne parlerons point ici de la baguette divinatoire, dont on a la faiblesse de se servir encore dans quelques pays pour découvrir les mines ; c'est un usage superstitieux, dont la saine physique a désabusé depuis longtemps. Voyez BAGUETTE DIVINATOIRE.

On pourra se servir avec beaucoup plus de certitude et de succès, d'un instrument au moyen duquel dans de certains pays on peut percer les roches et les terres à une grande profondeur ; c'est ce qu'on appelle la sonde des mines. Voyez SONDE. On en verra la figure dans les Planches de Minéralogie, qui représentent le travail des mines de charbon de terre.

Mais si l'on veut établir le travail des mines dans un pays où l'on sait par tradition, et par les monuments historiques, qu'il y en a déjà eu anciennement, on pourra opérer avec plus de sûreté ; surtout si l'on découvre des débris, des scories et des rebuts d'anciens travaux : alors on saura plus certainement à quoi s'en tenir, que si on allait inconsiderément ouvrir des mines dans un canton qui n'a point encore été fouillé.

Quelquefois les mines se montrent même à la surface de la terre, parce que leurs filons étant peu profonds, ont été dépouillés par les eaux du ciel qui ont entrainé les terres ou les pierres qui les couvraient ; ou parce que les tremblements de la terre, les affaissements des montagnes et d'autres accidents, les ont rompus et mis à nud.

Il faudra encore faire attention à la nature de la roche et des pierres dont sont composées les montagnes où l'on veut établir ses travaux. Une roche brisée et non suivie rendrait le travail couteux et incommode, par les précautions qu'il faudrait prendre pour la soutenir et pour l'empêcher d'écrouler ; joignez à cela que les roches de cette nature fournissant des passages continuels aux eaux du ciel, détruisent peu-à-peu les filons de mines qui peuvent y être contenus.

On considérera aussi la nature des pierres et des substances qui accompagnent les mines et les filons. Les Minéralogistes ont trouvé que rien n'annonçait plus surement un minerai d'une bonne qualité, que la présence de la pierre appelée quartz, qu'un spath tendre, la blende, quand elle n'est point trop ferrugineuse, une terre fine, tendre et onctueuse, que les Allemands nomment besteg, ainsi que les terres métalliques et atténuées qui remplissent quelquefois les fentes des rochers, et que l'on connait sous le nom de guhrs.

C'est dans les filons, c'est-à-dire dans ces veines ou canaux qui traversent les montagnes en différents sens, que la nature a déposé les richesses du règne minéral. Nous avons suffisamment expliqué leurs variétés, leurs dimensions, leurs directions, leurs inclinaisons et les autres circonstances qui les accompagnent, à l'article FILONS, auquel nous renvoyons le lecteur. On a aussi développé dans l'article MINE (minera), les idées les plus probables sur leur formation ; nous ne répéterons donc pas ici ce qui a été dit à ce sujet, nous nous contenterons de faire observer qu'il ne faut point toujours se flatter de trouver une mine d'une même nature dans toutes les parties d'une montagne ou d'un filon ; souvent elle change, totalement quelquefois : lorsqu'on aura commencé par trouver du fer, en continuant le travail, on rencontrera de l'argent ou des mines de plomb. Le célèbre Stahl rapporte, dans son Traité du soufre, un exemple frappant des variations des mines ; il dit qu'à Schneeberg, en Misnie, on exploitait avant l'an 1400, une mine de fer ; à mesure qu'on s'enfonçait en terre, la mine devenait d'une mauvaise qualité ; cela força à la fin les intéressés d'abandonner cette mine. Le travail ayant été repris par la suite des temps, on trouva que c'était l'argent qui y était en abondance, qui nuisait à la qualité du fer que l'on tirait de cette mine, et l'on obtint pendant 79 ans une quantité prodigieuse de ce métal précieux ; au bout de ce temps cette mine se trouva entièrement épuisée, et fit place à du cobalt ou à de l'arsenic. Les Mineurs disent ordinairement que toute mine riche a un chapeau de fer, c'est-à-dire qu'elle a de la mine de fer qui lui sert de couverture.

Après avoir exposé quels doivent être les signes extérieurs qui annoncent la présence d'une mine, nous allons décrire les différents travaux de leur exploitation, tels qu'ils se pratiquent ordinairement. Le premier travail s'appelle la fouille, il consiste à écarter la terre supérieure qui couvre la roche ; lorsqu'on est parvenu à cette roche, on la creuse et on la détache avec des outils de fer, des ciseaux bien trempés, des maillets, des leviers ; et quelquefois lorsqu'elle est fort dure, on la fait sauter avec de la poudre à canon. Souvent au bout de tout ce travail on ne rencontre qu'une fente de la montagne, ou une vénule peu riche, au-lieu du filon que l'on cherchait ; comme cela ne dédommagerait point des peines et des frais de l'exploitation, on est obligé de recommencer la même manœuvre, ou fouille, dans un autre endroit ; et l'on continue de même jusqu'à ce qu'on ait donné sur le vrai filon. Les souverains d'Allemagne, dans la vue de favoriser le travail des mines, ont accordé de très-grandes prérogatives à ceux qui fouillaient pour découvrir des filons ; non seulement on leur donnait des gratifications considérables lorsqu'ils découvraient quelque filon, mais encore on leur accordait la faculté de fouiller dans les maisons, dans les jardins, dans les prairies des sujets, en un mot par-tout, à l'exception des champs ensemencés : et il était défendu, sous peine d'une amende très-considérable, de les troubler dans leur travail, ou de s'y opposer. Les fouilles qui avaient été faites devaient rester ouvertes, et il n'était point permis de les combler ; cela se faisait pour instruire ceux qui pourraient venir ensuite chercher des mines aux mêmes endroits.

Après qu'en fouillant, on s'est assuré de la présence d'une mine, ou d'un filon, on forme des bures ou puits ; ce sont des trous carrés, qui descendent en terre, ou perpendiculairement ou obliquement : ces puits ont deux côtés plus longs que les deux autres, c'est-à-dire forment des carrés longs. On les revêtit de planches, assujetties par un châssis de charpente : cela se fait pour empêcher l'éboulement des terres et des pierres, qui pourraient blesser les ouvriers, et même combler les fosses : cette opération s'appelle cuvelage. Parmi les Planches de Minéralogie, on en trouvera une qui représente une coupe d'un souterrain de mine ; on y verra des puits revêtus de la manière qui vient d'être décrite.

Sur la longueur du carré long qui forme le puits, on prend un espace pour y former une cloison de planches, pratiquée dans l'intérieur du puits ; cette cloison ou séparation, Ve d'un des petits côtés à l'autre ; elle partage le puits en deux parties inégales : la partie la plus spacieuse est destinée à la montée et à la descente des sceaux ou paniers que l'on charge du minerai qui a été détaché sous terre, ou des pierres inutiles dont on veut se débarrasser : la partie la plus étroite est destinée à recevoir les échelles que l'on place perpendiculairement dans les puits, et qui servent aux ouvriers pour descendre dans leurs ateliers souterrains. On multiplie ces échelles, mises au bout les unes des autres, en raison de la profondeur qu'on veut donner à son puits. Directement au-dessus du puits, on place un tourniquet ou bouriquet ; c'est un cylindre garni à chaque extrémité d'une manivelle ; autour de ce cylindre s'entortille une corde ou une chaîne, à laquelle sont attachés les sceaux ou paniers destinés à recevoir le minerai : deux ou quatre ouvriers font tourner ce cylindre. Mais lorsque les fardeaux qu'il faut tirer de la terre sont trop considérables, ou lorsque les puits sont d'une trop grande profondeur, on se sert d'une machine à moulettes que des chevaux font tourner ; c'est un arbre ou essieu placé perpendiculairement, au haut duquel est une lanterne autour de laquelle s'entortille la chaîne de fer, à laquelle sont attachés les sceaux ou paniers : cette chaîne est soutenue par deux cylindres, ou par des poulies qui la conduisent directement au-dessus du puits. Des chevaux font tourner cette machine qui est représentée dans la figure que représente la coupe d'une mine ; on la couvre d'un angard ou cabane de planches, pour la garantir des injures de l'air ; cet angard sert en même temps à empêcher la pluie ou la neige de tomber dans le puits.

On forme quelquefois plusieurs puits de distance en distance, les uns servent à l'épuisement des eaux, d'autres servent à donner de l'air dans le fond des souterrains, comme nous aurons occasion de le faire voir plus loin.

Lorsque le premier puits est descendu jusques sur le filon, on forme une espèce de repos ou de salle, afin que les ouvriers puissent y travailler à l'aise, et l'on creuse des galeries, c'est-à-dire, des chemins souterrains qui suivent la direction du filon que l'on a trouvé ; c'est dans ces galeries que les ouvriers détachent le minerai de la roche qui l'enveloppe, et en allant toujours en avant, à force de détacher du minerai ils se font un passage. Ces galeries doivent être assez hautes et assez larges pour qu'un homme puisse s'y tenir debout, et y agir librement, pour y faire aller des brouettes, dont on se sert pour transporter le minerai jusqu'à l'endroit où on le charge dans les paniers. Pour empêcher que la roche dans laquelle les galeries ont été pratiquées ne s'affaisse par le poids de la montagne, on la soutient au moyen d'une charpente, c'est ce qu'on appelle étrésillonner ; cela se fait de différentes manières, que l'on peut voir dans la Planche qui représente la coupe d'une mine. Quelquefois même on soutient les galeries par de la mâçonnerie, ce qui est plus solide, et dispense des réparations continuelles qu'on est obligé de faire aux étais de charpente que l'humidité pourrit très-promptement dans les souterrains.

Comme le filon que l'on exploite a quelquefois dans son voisinage des vénules, des fentes et des rameaux remplis de minerai qui viennent s'y rendre, on est obligé de faire des boyaux de prolongation aux deux côtés des galeries pour aller chercher ce minerai ; on étaye ces boyaux de même que les galeries. On fait aussi très-souvent des excavations sur les côtés des puits et des galeries, que l'on nomme des ailes, afin de détacher les masses de minerai qui peuvent s'y trouver, et pour découvrir les fentes et vénules qui vont aboutir au filon principal.

Lorsque les galeries ont été formées et bien assurées, et lorsque le filon a été découvert et dépouillé de la roche qui l'environne, les ouvriers en détachent le minerai ; cela se fait avec des marteaux pointus des deux côtés, et d'autres outils bien trempés. Quand la roche est fort dure, on y fait des trous avec un outil pointu qu'on nomme fleuret ; on remplit ces trous d'une cartouche ou d'un pétard, auquel on met le feu avec une méche soufrée, parlà on fait un effet plus grand et plus prompt que les ouvriers ne pourraient faire à l'aide de leurs outils. Quelquefois pour attendrir la roche, on amasse auprès d'elle quelques voies de bois que l'on allume ; alors les ouvriers sortent des souterrains, de peur d'être étouffés par la fumée et par les vapeurs dangereuses que le feu dégage de la mine, par ce moyen le feu fait gerser la roche qui se détache ensuite avec plus de facilité ; cependant il est plus avantageux de se servir de la poudre à canon, parce que cela évite une perte de temps considérable.

Lorsque l'épaisseur du filon le permet, on y forme des espèces de marches ou de gradins, les uns au-dessus des autres, et sur chacun de ces gradins est un ouvrier qui est éclairé par sa lampe qui est auprès de lui, et qui détache du minerai sur le gradin qui est devant. Voyez la Planche de la coupe d'une mine.

Les galeries se continuent, tant que l'on voit apparence de suivre un filon ; il y a dans quelques mines de Misnie où l'on travaille depuis plusieurs siècles, des galeries ou chemins souterrains qui ont plusieurs lieues de longueur, et qui vont d'une montagne à l'autre. On sent que dans ce cas on est obligé de multiplier les puits qui descendent de la surface de la terre, tant pour tirer le minerai, que pour renouveller l'air et pour épuiser les eaux.

Comme souvent dans une même montagne il y a plusieurs filons placés au-dessus les uns des autres, on est encore obligé de faire plusieurs étages de galeries, et l'on forme sur le sol de la première galerie des puits qui conduisent à la seconde, et ainsi de suite en raison de la quantité de galeries ou d'étages que l'on a été dans le cas de faire. Il faut observer, que ces puits souterrains ne soient point placés précisément au-dessous des premiers, c'est-à dire, de ceux qui descendent de la surface de la terre ; cela incommoderait les ouvriers qui y travaillent. Ces puits sont revétus comme les premiers, et ils n'en diffèrent qu'en ce qu'ils ne vont point jusqu'au jour. On y place aussi des tourniquets, et quelques-uns servent à l'épuisement des eaux. On peut se faire une idée de leur arrangement, en jetant les yeux sur la Planche de la coupe d'une mine.

Lorsque les mines sont très-profondes, et que les galeries ont été poussées à une grande longueur, il deviendrait très-pénible et très-couteux de s'occuper à tirer les pierres inutiles qui ont été détachées de la montagne. Pour éviter ce transport, on les jette dans les creux et les cavités qui ont été épuisées de minerai ; quelquefois même on forme des planchers à la partie supérieure des galeries pour les recevoir, et l'on a trouvé que souvent au bout d'un certain temps, ces pierres brisées avaient repris du corps et étaient devenues chargées de minerai.

Quand les choses sont ainsi disposées, il faut songer à prévenir ou à remédier aux inconvénients auxquels les mines sont exposées. La principale incommodité vient des eaux qui se trouvent dans le sein de la terre, et que les ouvriers font sortir des réservoirs ou cavités où elles étaient renfermées, en perçant avec leurs outils les roches qui les contenaient ; alors elles sortent avec violence et quelquefois en si grande quantité, que l'on est souvent forcé d'abandonner l'exploitation des mines au moment où leur produit devenait le plus considérable ; c'est aussi un des plus grands obstacles que l'on ait à vaincre, et ce qui constitue souvent dans les plus fortes dépenses. On a différents moyens pour se débarrasser des eaux ; on pratique ordinairement sur le sol des galeries, des espèces de rigoles ou de petits canaux qui vont en pente, et qui conduisent les eaux dans des réservoirs pratiqués dans des endroits qui sont au-dessus du niveau de ceux où l'on travaille ; là ces eaux s'amassent, et elles en sont tirées par des pompes mises en mouvement par des machines à moulettes, tournées par des chevaux à la surface de la terre ; on multiplie les corps de pompes en raison de la profondeur des endroits dont on veut épuiser les eaux. Ces pompes ou machines sont de différentes espèces ; on trouvera leur description à l'article POMPES DES MINES.

Rien n'est plus avantageux pour procurer l'épuisement des eaux des mines, que de faire ce qu'on appelle une galerie de percement. C'est un chemin que l'on fait aller en pente, il prend sa naissance au centre de la montagne, et se termine dans quelque endroit bas au pied de la montagne, par-là les eaux se dégorgent, soit dans la plaine, soit dans quelque rivière voisine. Cette voie est la plus sure pour se débarrasser des eaux, mais on ne peut point toujours la mettre en pratique, soit par les travaux immenses qu'elle exige, soit par la position des lieux, soit par la trop grande profondeur des souterrains, qui quelquefois vont beaucoup au-dessous du niveau des plaines et des rivières voisines, d'où l'on voit qu'il faut beaucoup de prudence et d'expérience pour pouvoir lever cet obstacle. Dans les mines d'Allemagne, les entrepreneurs d'un percement ont le neuvième du minerai, qui se détache dans la mine qu'ils ont débarrassée des eaux.

Un autre inconvénient funeste des mines vient du mauvais air qui règne dans les souterrains ; cet air déjà chaud par lui-même, le devient encore plus par les lampes des ouvriers ; il est dans un état de stagnation, et lorsque le soleil vient à donner sur les ouvertures des puits, il règne quelquefois une chaleur insupportable dans ces souterrains. On doit joindre à cela des exhalaisons sulfureuses et arsénicales, ou moufettes qui partent du minerai que l'on détache, et qui souvent font périr subitement les ouvriers. Voyez EXHALAISONS MINERALES. Il est donc très-important de remédier à ces inconvéniens, et d'établir dans les fonds des mines des courants d'air, qui emportent les vapeurs dangereuses et qui mettent de l'air frais en leur place. Nous avons déjà remarqué, que l'on faisait pour cela des puits de distance en distance, mais il est important que ces puits ne soient point de la même longueur que les autres, parce que s'ils étaient exactement de la même longueur, l'air qui est un fluide ne se renouvellerait point ; au lieu qu'en faisant attention à cette observation, les différents puits feront la fonction d'un syphon, dans lequel l'eau dont on le remplit sort par la branche la plus courte, tandis que cette eau reste si les deux branches du syphon sont égales ; il en est de même de l'air qui est un fluide. C'est pour cette raison que les mineurs avisés allongent par une trompe de bois un des puits, lorsque la position peu inclinée de leurs galeries ne permet pas de rendre la longueur des puits assez inégale.

Autrefois on se servait aussi de grands soufflets qui poussaient de l'air dans les souterrains, au moyen de tuyaux dans lesquels ils soufflaient ; mais de toutes les inventions pour renouveller l'air des mines, il n'en est point de plus sure que de placer près de l'ouverture d'un puits un fourneau, au travers duquel on fera passer un tuyau de fer, que l'on prolongera dans les souterrains par des planches, dont les jointures seront exactement bouchées. Par ce moyen, le feu attirera perpétuellement l'air qui sera dans l'intérieur de la terre, et il sera renouvellé par celui qui ira y retomber, par les autres puits et ouvertures.

Telle est en général la manière dont se fait l'exploitation des mines ; elle peut varier en quelques circonstances peu importantes dans les différents pays ; mais ce qui vient d'être dit suffit pour en donner une idée distincte. On voit que ce travail est très-pénible, très-dispendieux, sujet à de grand inconvénients et très-incertain. Il est donc important de ne s'embarquer dans ces dépenses et ces travaux qu'avec connaissance de cause, et après avoir pesé mûrement toutes les circonstances. Le monde est plein de faiseurs de projets qui cherchent à engager les personnes peu instruites dans des entreprises, dont ils savent seuls tirer du profit. Il vaut mieux ne point commencer à travailler, que de se mettre dans le cas d'abandonner son travail ; il faut débuter avec économie, et ne le faire qu'après s'être assuré par des essais exacts, de ce qu'on a lieu d'attendre de ses travaux, voyez ESSAI. Cependant il ne faudra point oublier que les travaux en grand de la Métallurgie ne répondent presque jamais exactement aux produits que l'on avait obtenus par les essais en petit ; ces derniers se font avec une précision que l'on ne peut point avoir dans le travail en grand. Il n'y a qu'un petit nombre de personnes qui soient vraiment instruites dans la science des mines, il faut beaucoup de lumières, de connaissances et d'expériences pour y faire les améliorations dont elle est susceptible. Le plus grand nombre ne suit qu'une routine prescrite par les prédécesseurs. Voyez MINERALOGIE.

Comme le travail des mines doit nécessairement être suivi des travaux de la Métallurgie, on ne doit point entreprendre l'exploitation d'une mine sans avoir examiné si le pays où l'on est fournira la quantité de bois nécessaire, tant pour les charpentes des souterrains qui demandent souvent à être renouvellées, que pour les travaux des fonderies qui en consument une quantité très-considérable : on sent que l'entreprise deviendrait trop couteuse s'il fallait faire venir le bois de loin. Il n'est pas moins important de voir si l'on trouvera dans son voisinage, des rivières, des ruisseaux, parce que l'on a besoin d'eau pour les lavoirs, les bocards, pour faire aller les soufflets des fonderies, et même pour faire aller les pompes qui tirent les eaux des souterrains ; cela épargne la main d'œuvre.

Si l'exploitation des mines est une entreprise ruineuse lorsqu'elle se fait trop légèrement, elle est très-avantageuse lorsqu'elle se fait avec connaissance de cause. Personne n'ignore les revenus immenses que les mines produisent à la maison électorale de Saxe, à la maison de Brunswick et à la maison d'Autriche, sans compter un grand nombre d'autres princes d'Allemagne, qui en tirent des profits très-considérables. C'est par ces motifs que les souverains d'Allemagne ont donné une attention particulière à cette branche importante du commerce de leurs états ; ils s'intéressent ordinairement eux-mêmes dans les entreprises des mines, et ils ont établi des colléges ou des conseils uniquement destinés à veiller non-seulement à leurs propres intérêts, mais encore à ceux des compagnies qui font l'exploitation des mines. Ils ont accordé de très-grands privilèges pour exciter et encourager ces travaux si pénibles et si couteux ; ils n'ont point cru faire une grâce à leurs sujets en leur permettant de se ruiner, et ils ne leur accordaient pas des concessions pour un temps limité, méthode très-propre à empêcher qu'on ne fasse de grandes entreprises en ce genre, parce que ce n'est souvent qu'au bout d'un grand nombre d'années de travaux inutiles que l'on trouve enfin la récompense de ses peines. Il serait à souhaiter que la France ouvrant les yeux sur ses véritables intérêts, remédiât à ce que ses ordonnances ont de défectueux à cet égard ; elle mettrait par-là ses sujets à portée de travailler à l'exploitation des mines, que l'on trouverait en abondance, si l'on était encouragé à les chercher ; cela fournirait des ressources à des provinces qui n'ont d'ailleurs point de commerce, ni de débouché pour leurs denrées, et qui abondent de bois dont elles ne peuvent trouver le transport. Schroeder a regardé le travail des mines comme une chose si avantageuse pour un état, qu'il ne balance point à dire qu'un prince doit les faire exploiter dans son pays même sans profit, parce que par-là il occupe un grand nombre de bras qui demeureraient aisifs, il occasionne une circulation de l'argent parmi ses sujets, il se fait une consommation des denrées, et il s'établit des manufactures et du commerce. Comme depuis quelques années on a envoyé des jeunes gens en Saxe et dans les mines de Hongrie pour s'instruire dans les travaux de la Minéralogie et de la Métallurgie, il parait que le gouvernement a dessein de s'occuper de cette partie si importante du commerce, et l'on doit se flatter qu'il mettra à profit les lumières qui ont été acquises par les personnes qu'il a fait voyager dans cette vue.

Quand on veut établir des mines dans un pays où l'on n'en a point encore exploité, il est à propos de faire venir, à force d'argent, des ouvriers d'un pays où ces travaux sont cultivés ; les habitants apprendront d'eux la manière dont il faut opérer, et peu-à-peu on se met en état de se passer des étrangers. Il faut aussi que le souverain encourage les travailleurs par des franchises et des privilèges qui leur fassent fermer les yeux sur les dangers qui accompagnent la profession de mineur et sur la dureté de ce travail. En effet, le travail des mines était un supplice chez les romains ; la santé des ouvriers est ordinairement très-exposée, surtout dans les mines arsenicales, où il règne des exhalaisons empoisonnées. Ceux qui travaillent en Saxe dans les mines de cobalt, ne vivent point longtemps ; ils sont sujets à la phtisie et à la pulmonie ; cela n'empêche point les enfants de courir les mêmes dangers que leurs pères, et de passer la plus grande partie de leur vie enterrés tout vivants dans des souterrains où ils sont privés de la lumière du jour, et continuellement en péril d'être noyés par les eaux, d'être blessés par l'écroulement des rochers, par la chute des pierres et par une infinité d'autres accidents. En 1587 la fameuse montagne de Kopparberg en Suède écroula tout d'un coup, parce que les grandes excavations qu'on y avait faites, furent cause que les piliers qu'on avait laissés ne purent plus soutenir le poids de la montagne : par un grand bonheur ce désastre arriva un jour de fête, et personne ne se trouva dans les souterrains qui renfermaient ordinairement plusieurs milliers d'ouvriers. Comme en Suède on a senti l'importance dont le travail des mines était pour ce royaume, on n'a rien omis pour adoucir la rigueur du sort des mineurs ; ceux qui ont eu le malheur d'être blessés, ou d'être mis hors d'état de travailler, sont entretenus aux dépens de l'état, dans un hôpital fondé en 1696, et on leur donne 18 thalers par mois. Voyez Nauclerus, de fodinis cuprimontanis.

La Providence a répandu des mines dans presque toutes les parties de notre globe, il y a peu de pays qui en soient entièrement privés ; mais certains métaux abondent plus dans quelques contrées que dans d'autres.

En Europe les mines les plus connues sont celles de Suède, surtout pour le cuivre et le fer ; le travail s'y fait avec le plus grand soin, et attire toute l'attention et la protection du gouvernement. La mine d'Adelfors donne de l'or. La Norvège a aussi des mines que le roi de Danemark, actuellement regnant, parait vouloir faire travailler. La Russie et la Sibérie ont un grand nombre de mines, dont quelques-unes ont été mises en valeur par les soins de Pierre le grand. Suivant le rapport de M. Gmelin, la plupart des mines de Sibérie ont cela de particulier, qu'elles se trouvent à la surface de la terre, au lieu que dans presque tous les autres pays elles ne se rencontrent qu'à une certaine profondeur sous terre. La Pologne contient surtout des mines inépuisables de sel gemme, sans compter celles de plusieurs métaux.

L'Allemagne est depuis plusieurs siècles renommée par ses mines, et par le grand soin avec lequel on les travaille. C'est de ce pays que nous sont venues toutes les connaissances que nous avons sur les travaux des mines et de la Métallurgie. Tout le monde connait les fameuses mines du Hartz, appartenantes à la maison de Brunswick. Les mines de Misnie se travaillent avec le plus grand soin. Albinus rapporte dans sa Chronique des mines de Misnie pag. 30. qu'en 1478 on découvrit à Schneeberg un filon de mine d'argent, si riche, que l'on y détacha un morceau d'argent natif, sur lequel le duc Albert de Saxe dina dans la mine avec toute sa cour, et dont on tira 400 quintaux d'argent. La Bohème a des mines d'étain et d'autres métaux. La Carniole et la Styrie ont des mines de mercure, de fer et de plomb, etc. La Hongrie et la Transilvanie ont des mines d'or très-abondantes.

La grande-Bretagne était fameuse dans l'antiquité la plus reculée par ses riches mines d'étain, situées dans la province de Cornouailles ; elle ne l'est pas moins par ses mines de charbon-de-terre ; on y trouve aussi du plomb, du fer et du cuivre. Malgré ces avantages, les Anglais ne nous ont donné aucun ouvrage digne d'attention sur les travaux de leurs mines.

La France possède aussi un grand nombre de mines ; mais jusqu'à présent elle ne s'est encore occupée que très-foiblement de cette partie de ses richesses : cependant on travaille avec beaucoup de soin les mines de plomb de Pompéan en basse-Bretagne. Celles de saint-Bel et de Chessy en Lyonnais, s'exploitent avec succès. On pourrait tirer un plus grand parti qu'on ne fait de celles qui sont dans les Pyrénées. Pline dit qu'il se trouvait de l'or très-pur dans les Gaules. On a travaillé pendant assez longtemps à sainte-Marie-aux-Mines ; mais l'exploitation en parait entièrement cessée depuis quelques années. Quant aux mines de fer, on les exploite très-bien en Bourgogne, dans le Nivernais, en Berry, en Champagne, dans le Perche, etc.

L'Espagne était autrefois très-renommée par ses mines d'or et d'argent ; suivant le rapport de Strabon, de Tite-Live, et de Pline, les Carthaginois et les Romains en ont tiré des richesses immenses. Ces mines sont entièrement inconnues aujourd'hui ; celles de l'Amérique ont fait perdre de vue les trésors que l'on avait à sa portée. Actuellement on ne travaille avec succès en Espagne, que la mine de cinabre d'Almaden, bourg de la Manche. En Catalogne on trouve des mines de cuivre et de sel gemme, et en Biscaye on trouve des mines de fer, dont on vante beaucoup la qualité. On dit qu'en Aragon, près d'Aranda, il se trouve une mine de cobalt, d'une qualité supérieure à toutes les autres.

L'Asie renferme des mines d'or et de pierres précieuses très-abondantes ; c'est surtout l'Inde qui contient des trésors inépuisables en ce genre. Il y a tout lieu de croire que c'est dans l'Inde que l'on doit placer l'ophir, d'où l'Ecriture-sainte nous dit que Salomon tirait une si grande quantité d'or. En effet, M. Poivre, voyageur éclairé, qui a été dans ces pays ; nous apprend que les Indiens donnent encore aujourd'hui en leur langue le nom d'ophir à toute mine d'or. Le Japon renferme beaucoup d'or et de cuivre de la meilleure qualité. Les diamants et les pierres précieuses se trouvent dans les royaumes de Golconde, de Pégu, de Bisnagar, de Siam, etc. On rencontre aussi de très-grandes richesses dans les îles de Sumatra, de Ceylan, etc.

Les parties de l'Afrique qui sont connues, fournissent une grande quantité d'or. On en trouve abondamment dans le Sénégal, sur la côte de Guinée, au royaume de Calam et de Congo, etc. On regarde les royaumes d'Ethiopie, d'Abyssinie et de Sofala, comme très-riches en or. Dans la plupart de ces pays, l'or se trouve à la surface de la terre, et l'on ne se donne point la peine de fouiller dans les montagnes pour le tirer.

Personne n'ignore combien l'Amérique a ouvert un vaste champ à la cupidité des Espagnols, qui ont fait la découverte de cette partie du monde, si longtemps inconnue aux Européens. Le Pérou, le Potosi et le Mexique ont mis leurs conquérants en possession de trésors immenses, qu'une mauvaise politique a dissipés avec plus de promptitude qu'ils n'avaient été acquis. Ces richesses sont devenues funestes à leurs possesseurs, par les colonies nombreuses qu'ils ont fait sortir de l'Espagne ; par-là elle est devenue déserte et inculte, et ses habitants se sont plongés dans l'indolence et l'oisiveté.

Aujourd'hui les mines du nouveau monde, quoique beaucoup moins abondantes qu'autrefois, fournissent encore des richesses très-considérables aux Espagnols, qui les répandent parmi les autres nations, dont leur indolence les a rendus dépendants pour presque tous les besoins de la vie. On peut en dire autant des Portugais ; ils ne semblent tirer l'or et l'argent du Bresil et des Indes orientales que pour enrichir les Anglais, dont, faute de manufactures, ils sont devenus les facteurs. Ces deux peuples sont une preuve bien frappante que ce n'est point l'or seul qui peut rendre un état puissant et redoutable. Une nation active et libre finit toujours par dépouiller celles qui n'ont que des richesses. (-)

MINE, (Géographie) partie de la terre où se forment les métaux, les minéraux, et même les pierres précieuses. L'on sait assez qu'il y a des mines d'or, d'argent, de cuivre, de fer, d'étain, de plomb et autres ; des mines d'antimoine, de soufre, d'alun, de vitriol, de cinnabre, d'arsenic, et autres ; enfin des mines de diamants, d'émeraudes, de rubis, de topazes, de cornalines, et d'autres pierres précieuses, orientales et occidentales.

Comme les mines appartiennent à la Géographie, c'est à elle en parcourant la terre, à les indiquer, à en donner des cartes et des listes ; mais on manque encore de bons mémoires pour remplir cette tâche. Voici donc seulement les noms de quelques-unes de ces mines, dont je ne puis faire ici qu'une nomenclature aussi courte que seche.

Almaden. Mine de vif-argent en Espagne, dans l'Andalousie, qui rapporte au roi tous les ans près de deux millions de livres, et la perte de bien des hommes.

Alsace. Mines de cette province, dont on a parlé au mot ALSACE.

Andacoll. Mines d'or et d'argent dans l'Amérique méridionale, au Chili, à dix lieues vers l'est de la ville de Coquimbo. Ces mines sont si abondantes, qu'elles pourraient occuper trente mille hommes. Les habitants prétendent que la terre est oréadice, c'est-à-dire que l'or s'y forme continuellement ; il est de vingt-deux à vingt-trois carats, et l'on y travaille toujours avec profit quand l'eau ne manque pas.

Bambouc. Le pays de Bambouc en Afrique abonde en mines d'or ; mais les negres n'ont aucune connaissance ni de la fécondité ou stérilité des terres qui peuvent produire de l'or, ni de l'art d'exploiter les mines. Leurs recherches se terminent à sept ou huit pieds de profondeur en terre ; et dès qu'ils s'aperçoivent qu'une mine menace de s'ébouler, au lieu de l'étayer ils la quittent. Ils sont sages de penser ainsi.

Biscaye. La Biscaye, province d'Espagne, abonde en mines de fer.

Bisnagar. Auprès de cette ville, dans les états du grand-mogol, sont des mines célèbres de diamants, dans les montagnes voisines ; et les diamants qu'on en tire sont les meilleurs qu'on porte en Europe.

Bleyberg. Mine de plomb dans la haute Carinthie. On a travaillé à cette mine pendant plus de mille ans. Les puits en sont très-profonds ; mais la neige des montagnes y est fort redoutable quand elle vient à fondre.

Bohcne. Mine de sel en Pologne à dix lieues de Cracovie. On le tire comme la pierre des carrières, à la lueur des chandelles ou des flambeaux.

Le Brezil. On sait assez combien ce vaste pays de l'Amérique méridionale est fécond en mines de diamants, de rubis et de topazes.

Candi. Ce royaume dans l'île de Ceylan, a des mines d'or et d'argent, et de pierres précieuses, auxquelles le roi ne permet pas qu'on travaille.

Carthagène. On trouve dans le voisinage de cette ville d'Espagne, au royaume de Murcie, des mines d'alun d'une grande fécondité.

Castamboul. Mines de cuivre très-abondantes dans la Natolie, à dix journées de Tocat, du côté d'Angora.

Cerro de sancta Innès. Montagne qui fait partie de la Cordelière, remarquable par ses mines d'aimant, dont elle est presque toute composée.

Chemnitz. Mines d'argent en Misnie auprès de la ville de Chemnitz. Elles sont fameuses, et appartiennent à l'électeur de Saxe.

La Chine. Pays riche en mines de toutes sortes de métaux et de minéraux ; mais la loi défend d'ouvrir les mines d'or et d'argent.

Chemnitz. Mines d'or en Hongrie, au voisinage de la ville de Chemnitz. Il y a plus de 1100 ans qu'on y travaille. Cette mine a neuf milles anglais de longueur, et jusqu'à 170 brasses de profondeur. On trouve encore dans les montagnes de Chemnitz une célèbre mine de vitriol, qui a 80 brasses de profondeur.

Congo. Le royaume de Congo dans l'Ethiopie occidentale, a des mines d'or qui enrichiraient ses rais, s'ils n'aimaient mieux les tenir cachées, de peur d'attirer chez eux les étrangers qui viendraient les égorger, pour se rendre maîtres des sources de ce précieux métal une fois connues.

Copiapo. Mines d'or de l'Amérique méridionale au Chili, découvertes au milieu du dernier siècle. Comme leur richesse y a attiré du monde, on a pris les terres des Indiens sous prétexte d'établir ceux qui feront valoir ces mines.

Coquimbo. Mines de cuivre dans l'Amérique méridionale au Chili, à trois lieues N. E. de Coquimbo. Ces mines fournissent depuis longtemps les batteries de cuisine à presque toute la côte du Chili et du Pérou.

Cordilière. La montagne de la Cordilière dans l'Amérique méridionale au Chili, a entr'autres minéraux des mines du plus beau soufre qu'il y ait au monde ; on le tire tout pur, sans qu'il ait presque besoin d'être manié.

Cornouaille. Le pays de Cornouaille en Angleterre abonde en mines d'étain, qui est le plus beau et le plus parfait de l'univers.

L'île de l'Elbe sur la côte de Toscane, a des mines de fer abondantes, mais faute de bois, il faut porter la matière ailleurs pour la travailler.

Le Frioul. En Italie dans l'état de Venise, il a dans ses montagnes des mines précieuses de vif-argent Voyez IDRIA.

Glashitten. Mine d'or en Hongrie à quelques lieues de Chemnitz. Cette mine était très-riche, mais on l'a perdue, et on n'a pas pu en retrouver l'entrée.

Guancavelica. Mine de vif-argent en Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Lima, à 60 lieues de Pisco. Voyez GUANCAVELICA.

Guingui-Faranna. Mine d'or en Afrique, au royaume de Combre-Gondon, près de la rivière de Falème. C'est un endroit tout semé pour ainsi dire de mines d'or, à ce que prétend le P. Labat.

Le Hainaut. Ce pays abonde en mines de charbon de terre et de fer, qui n'est pas d'une qualité inférieure à celui de Suède.

La Hongrie. Ce pays ne manque pas de mines d'or, d'argent, et de vif-argent, assez abondantes.

Le Japon. On trouve dans ce vaste royaume des mines d'or considérables, mais surtout de cuivre et de soufre. L'empereur s'attribue un droit absolu sur toutes les mines de son empire.

Kabia-Gora. Mine d'un soufre admirable en Russie, sur la route de Moscou à Astracan, auprès de Samara, à l'ouest du Volga.

Lipes. Mines d'argent dans l'Amérique méridionale au Pérou, environ à 60 lieues de Potosi. Elles fournissent beaucoup d'argent depuis longtemps.

Masulipatan. Cette ville des états du Mogol a dans son voisinage une mine très-riche en diamants.

Pachuca. Mine de l'Amérique septentrionale au Méxique, à environ six lieues de México. Il y a dans cet endroit quantité de diverses mines ; les unes sont exploitées, les autres en réserve, et d'autres abandonnées.

Le Pérou. Tout le monde sait que ce royaume abonde en mines d'or et d'argent. On trouve une mine de sel inépuisable à 18 milles de Lima.

Phiruscou. Mine de Turquaise en Perse à quatre journées de Méched.

Saint Cristofle de Lampanguy. Montagne de l'Amérique méridionale au Chili, à 80 lieues de Salparaiso, féconde en plusieurs sortes de mines. L'or de cette montagne est de 21 à 22 carats.

Sicile. La Sicîle a des mines de fer, d'alun, de vitriol, de salpètre, et de sel, qui renait à mesure qu'on le tire.

Siderocaps. Mine d'or très-riche en Europe, dans la Jamboli. Elle appartient au grand-seigneur.

Sierra Morena. Mines d'argent en Espagne dans la nouvelle Castille, au pied de la montagne.

La Silésie. Ce pays a des mines de pierres précieuses de différentes espèces, mais toutes tendres.

La Suède. Ses mines de fer et de cuivre sont si abondantes, qu'on assure qu'elles pourraient fournir presque toute l'Europe de ces deux métaux. Elles sont principalement dans le pays de Gotland et de Vermland.

Tamba-Aoura et Netteco. Mines d'or en Afrique au pays des Mandingues, sur le Sanon, à 30 lieues E. de la rivière de Falème. Ces mines seraient d'une richesse surprenante pour un peuple qui saurait les exploiter.

Tortose. Mines d'argent, de fer et de jaspe, en Espagne, dans la Catalogne, au territoire de Tortose.

Valparaiso. Mine d'or dans l'Amérique méridionale au Chili ; mais comme les eaux y manquent en été, on ne peut y travailler que quelques mois de l'année.

Velika. Grande mine de sel en Pologne, à deux lieues de Cracovie. M. le Laboureur en a fait une description fabuleuse.

Visapour. La ville de Visapour en Carnate, dans les états du Mogol, a dans son voisinage des mines de diamants de la plus grande beauté. Le grand Mogol les fait travailler pour son compte.

Uluk-Tag. Montagne d'Asie aux frontières de la Russie et de la Sibérie. Ses mines produisent le meilleur fer de Russie, et peut-être du monde. On le connait sous le nom de fer de Sibérie. (D.J.)

MINE, (Art militaire) par mine on entend dans l'art militaire une espèce de galerie souterraine que l'on construit jusque dans les endroits qu'on veut faire sauter, et au bout de laquelle on pratique un espace suffisant pour contenir toute la poudre nécessaire pour enlever ce qui est au-dessus de cet espace.

Le bout de la galerie ou l'espace où l'on met la poudre pour charger la mine, se nomme la chambre, ou le fourneau de la mine.

L'objet des mines est donc de faire sauter ce qui est au-dessus de leur chambre. Pour cela il faut que la poudre qui y est renfermée, trouve plus de facilité à faire son effort de ce côté que vers la galerie ; autrement elle ne pourrait enlever la partie supérieure du fourneau.

Pour obliger la poudre à faire son effort par la partie supérieure de la chambre de la mine, on remplit une partie de la galerie de maçonnerie, de fascines, de pierres, et de pièces de bois, de distance en distance, qui s'arcboutent les unes et les autres, etc. On met le feu à la mine par le moyen d'un long sac de cuir appelé saucisson, qui Ve depuis l'intérieur de la chambre de la mine jusqu'à l'ouverture de la galerie, et même au-delà ; et afin que la poudre n'y contracte point d'humidité, on le met dans une espèce de petit canal de bois appelé auget. Le diamètre du saucisson est d'environ un pouce et demi.

Le feu étant mis au saucisson, se communique à la chambre de la mine ; la poudre y étant enflammée, fait effort de tous côtés, pour donner lieu à la dilatation dont elle est capable ; et trouvant partout une plus grande résistance que vers le haut de la chambre de la mine, elle fait son effort vers la partie supérieure, et elle l'enlève avec tout ce qui est dessus.

Observations et principes pour le calcul des mines. Pour que la mine produise l'effet qu'on s'en propose ; il faut qu'elle soit chargée d'une quantité de poudre suffisante. Une trop petite charge ne ferait que donner un petit mouvement aux terres sans les enlever ; et même cette charge pourrait être si petite, qu'elle ne leur en donnerait qu'un insensible qui ne se communiquerait point du-tout à la partie extérieure ou à la surface du terrain. D'un autre côté, cette charge trop forte ferait employer de la poudre inutilement, et causer quelquefois plus d'ébranlement et de désordre que l'on n'en désire. Pour éviter tous ces inconvéniens, il faut savoir :

La quantité de poudre nécessaire pour enlever un pied cube de terre. Il y a des terres de différentes sortes, les unes plus lourdes et les autres plus légères ; les unes sont tenaces et les autres dont les parties peuvent être plus aisément séparées. Il est besoin de connaître ce qu'il faut de poudre pour enlever un pied cube de chacune de ces espèces de terre.

Il faut connaître le solide de terre que la poudre enlevera, et taiser sa solidité pour savoir la quantité de poudre dont la mine doit être chargée.

Le solide de terre que la mine enleve, se nomme son excavation, et l'espèce de creux qu'il laisse dans l'endroit où il a été enlevé, se nomme l'entonnoir de la mine, nom qui lui a été donné à cause de son espèce de ressemblance avec l'instrument que nous appelons entonnoir.

C'est de l'expérience que l'on peut prendre les connaissances dont nous venons de parler. Elle seule peut apprendre qu'elle est la quantité de poudre nécessaire pour enlever un certain poids, de même que la figure de l'entonnoir de la mine, ou ce qui est la même chose, du solide qu'elle fait sauter.

Les différents terrains, suivant les auteurs qui ont parlé des mines ; peuvent se rapporter à quatre principaux :

Au sable fort qu'on appelle aussi tuf.

A l'argille ou terre de potier, dont on fait les tuiles.

A la terre remuée ou terre maigre.

A la vieille et à la nouvelle maçonnerie ;

Le pied cube de tuf pese 124 livres ;

Celui d'argille, 133 livres ;

Celui de sable ou terre remuée, 95 livres.

A l'égard du poids du pied cube de maçonnerie, on ne peut guère le fixer précisément, parce qu'il dépend de la nature des différentes pierres qui y sont employées.

On prétend que, pour enlever une taise cube de sable ou tuf en terre ferme, il faut environ 11 livres de poudre ;

Que pour enlever une taise cube d'argille aussi en terre ferme, il faut 15 livres de poudre ;

Que pour une taise cube de sable ou terre remuée, il faut au-moins 9 livres de poudre ;

Et qu'enfin pour une taise cube de maçonnerie, il faut 20 ou 25 livres de poudre, si la maçonnerie est hors de terre, et 35 ou 40 livres, si la maçonnerie est en fondation.

En supposant ces expériences faites avec tout le soin et toute l'exactitude possibles, il n'est pas difficîle de connaître la quantité de poudre dont on doit charger une mine, lorsque l'on connait la valeur du solide de terre qu'elle doit enlever.

Ce solide a d'abord été pris par un cône renversé A F B, Pl. IX. de fortif. fig. dont la pointe ou le sommet F était au milieu de la chambre de la mine ; ensuite par un cône tronqué, comme C A f B D C ; mais M. de Valière, cet officier général si célèbre par sa grande capacité dans l'Artillerie, et principalement dans les mines, ayant examiné ce solide avec plus d'attention, a trouvé que sa figure différait un peu du cône tronqué ; qu'elle approchait davantage de celle d'un solide courbe appelé paraboloïde par les Géomètres, et que la chambre ou le fourneau de la mine se trouvait un peu au-dessus de l'excavation ; parce que la poudre en s'enflammant, agit aussi sur le fond des terres du fourneau, et que par conséquent elle doit les presser ou les enfoncer de quelque chose.

La coupe ou le profit du paraboloïde formé par l'excavation de la mine, est la ligne courbe A D B, appelée parabole ; elle est de la même nature que celle que décrit une bombe, et en général tout autre corps jeté parallèlement ou obliquement à l'horizon. Le fourneau C se trouve placé dans un point de l'espace enfermé par cette courbe qu'on appelle son foyer. Voyez PARABOLE et PARABOLOÏDE.

On peut considérer le paraboloïde comme une espèce de cône tronqué dont la partie supérieure serait arrondie en forme de calotte, et les côtés un peu en ligne courbe.

Dans plusieurs expériences qui ont été faites anciennement à Tournay, pour observer le solide formé par l'excavation des mines, on a remarqué que la perpendiculaire C E, Pl. IX. de fortific. fig. 6. élevée du fourneau à la superficie du terrain, était égale au rayon du cercle de la partie extérieure de l'excavation, c'est-à-dire de celui de l'ouverture de l'entonnoir. Cette ligne perpendiculaire au-dessus du fourneau, laquelle exprime la hauteur des terres à enlever, est appelée ligne de moindre résistance, parce qu'elle représente le côté où la poudre trouve la moindre résistance en sortant du fourneau. On a trouvé aussi dans les mêmes expériences que le rayon du petit cercle qui répond au fourneau, était la moitié du rayon du grand cercle ou de l'ouverture de la mine.

La Géométrie fournit des moyens ou des méthodes pour trouver la solidité des cônes tronqués, de même que celles des paraboloïdes. Ainsi supposant la ligne de moindre résistance connue et l'excavation de la mine, un cône tronqué ou paraboloïde, on trouvera la quantité de taises cubes que contient chacun de ces corps, et par conséquent la poudre dont le fourneau doit être chargé pour les enlever.

Pour rendre ceci plus sensible, nous allons l'appliquer à un exemple, et nous supposerons, pour simplifier le calcul, que l'excavation de la mine est un cône tronqué. Le peu de différence qu'il y a entre le taisé du paraboloïde et celui du cône tronqué, fait que l'on peut, sans erreur bien sensible, donner la préférence à celui de ces deux corps dont le taisé est le plus simple ; et c'est le cône tronqué qui a cet avantage.

Sait Pl. IX. de fortif. fig. 7. F le fourneau ou la chambre d'une mine ; F C, la ligne de moindre résistance de 10 pieds ; C B, le rayon du plus grand cercle de l'excavation, égal à la ligne de moindre résistance, et par conséquent aussi 10 pieds ; F G, le rayon du plus petit cercle du cône tronqué, égal à la moitié de celui du grand cercle, c'est-à-dire de 5 pieds.

Cela posé, pour trouver la solidité du cône tronqué A D G B, il faut d'abord trouver celle du cône entier A E B ; et pour cela, il faut connaître son axe EC ; on imaginera une perpendiculaire G H, tirée de G sur C B, qui sera parallèle à F C ; et à cause des deux triangles semblables C H B, E C B, l'on viendra à la connaissance de la ligne entière C E ; car l'on aura H B est à H G comme C B est à C E. H B est la différence de C B à C H égale F G, ainsi C H sera de 5 pieds, et par conséquent aussi H B. H G est égale à C F, ainsi H G est de 10 pieds ; en sorte que si dans la proportion précédente à la place des lignes H B, H G, C B, on met leur valeur, on aura 5 est à 10, comme 10 est à C E, qu'on trouvera de 20 pieds ; si l'on en ôte C F de 10, il restera F E qui est l'axe ou la hauteur du petit cône qui sera aussi de 10 pieds, on trouvera la solidité du cône total en multipliant la superficie du cercle de sa base par le tiers de sa hauteur C E, et l'on aura pour sa solidité 2100 pieds cubes. On retranchera de cette solidité celle du petit cône, que l'on trouvera être de 262 pieds cubes, il restera pour la solidité du cône tronqué A D, G B, 1838 pieds cubes, c'est-à-dire, environ 8 taises cubes et demie.

Cela fait, si l'on suppose que pour enlever une taise cube de terre, dans laquelle on veut pratiquer la mine, il soit besoin de 11 livres de poudre, il faudra multiplier les taises de l'excavation par le nombre des livres de poudre qu'il faut pour enlever chaque taise, c'est-à-dire, que dans cet exemple, il faudra multiplier 8 taises et demie par 11, et le produit 93 livres et demie donnera la quantité de poudre dont il faudra charger la mine dont il est ici question. On augmente cette quantité de quelque chose, afin que l'effet de la mine se trouve plutôt plus grand que plus petit, et pour remédier aux différents accidents qui peuvent arriver aussi à la poudre dans le fourneau et retarder son activité.

Si l'on avait voulu calculer l'excavation de cette mine, dans la supposition du paraboloïde, on aurait trouvé pour sa solidité 1890 pieds cubes qui valent huit taises trois quarts cubes ; c'est-à-dire, que cette solidité se trouverait environ d'un quart de taise plus grand que dans la supposition du cône tronqué, ce qui n'est pas ici un objet fort important.

Lorsque l'on sait la quantité de poudre dont la mine doit être chargée, il faut trouver quelle doit être la grandeur ou la capacité de la chambre de la mine ; qu'on fait ordinairement de forme cubique.

On peut connaître aisément cette capacité par le moyen de la Géométrie, et pour cela il faut savoir la pesanteur d'un pied cube de poudre. On a trouvé qu'elle était d'environ 80 livres ; ainsi, lorsqu'une mine doit être chargée de 80 livres de poudre, il faut que la chambre soit d'un pied cube. On la fait cependant d'environ un tiers plus grande que l'espace que doit occuper la poudre ; parce que, pour empêcher que la poudre ne contracte de l'humidité dans la chambre ou le fourneau, on la tapisse, pour ainsi dire, par-tout, de sacs à terre, de planches, de paille, etc. Voyez CHAMBRE et FOURNEAU.

Sait donc la mine dont on vient de trouver la charge, pour trouver la capacité de sa chambre, nous supposerons qu'aux 93 livres et demi que le calcul a données, on ajoute 7 livres et demi, on aura 100 livres pour sa charge complete .

Présentement, si 80 livres de poudre occupent un pied cube, 100 livres en occuperont un pied et un quart de pied, ajoutant à cela trois quarts de pied pour les sacs à terre, la paille et les planches qui doivent être dans la mine, on aura 2 pieds cubes pour la capacité totale de la chambre. Ainsi il ne s'agit plus que de trouver le côté d'un cube qui contienne 2 pieds cubes, qu'on trouve par approximation être d'environ un pied trois pouces. Ainsi donnant pour base à la chambre un carré dont le côté soit de cette quantité ; et faisant sa hauteur aussi de la même quantité, on aura la chambre de la grandeur demandée. Il est bon d'observer que l'exacte précision n'est pas d'une nécessité absolue dans ces sortes de calculs.

On ajoute ici une table calculée par M. de Valière, qui contient la quantité de poudre dont les mines doivent être chargées, depuis un pied de ligne de moindre résistance jusqu'à 40.

Nous avons observé que la poudre en agissant également de tous côtés, fait son plus grand effort vers celui qui lui oppose le moins de résistance. Ainsi on peut la déterminer à agir vers un côté quelconque, en lui donnant plus de facilité à s'échapper par ce côté que par les autres.

Sait figuré, Pl. IX. de fortif. fig. 8, la coupe ou le profil d'un rempart de 30 pieds de haut ; si l'on plaçait la chambre de la mine dans les terres du rempart D, en sorte que la ligne de moindre résistance C D se trouvât moindre que la distance B D, c'est-à-dire que celle du fourneau à la partie extérieure du revêtement ; il est évident que la mine ferait son effort vers C et non vers B. Mais dans l'attaque des places, on les emploie pour détruire les revêtements où elles font des efforts considérables. Il faut donc pour cela que la chambre de la mine soit placée de manière à produire cet effet, c'est-à-dire comme en A, où la distance A B est plus petite que celle de toutes les autres parties extérieures du rempart et du revêtement au fourneau A. Nous avons supposé dans cet exemple la hauteur du revêtement B K de 30 pieds ; ainsi l'on place le fourneau à la distance de 12 ou 15 pieds du côté extérieur du revêtement ; l'effort de la mine se fera selon H A I ; et comme la partie I du terrain résistera à cet effort, il se fera totalement vers B K, et il renversera ainsi le revêtement dans le fossé. On trouvera la quantité de poudre nécessaire pour produire cet effet, comme nous l'avons indiqué ci-devant, en taisant le solide H A I, et en multipliant chaque taise de sa solidité par 20 ou 25 qui est la quantité de poudre dont il est besoin pour enlever une taise cube de maçonnerie. Après quoi l'on réglera aussi la grandeur de la chambre, relativement à la quantité de poudre qu'elle doit contenir, et à ce qu'on a enseigné précédemment à ce sujet.

On voit dans la Pl. VIII. n °. 2. c'est-à-dire, dans la seconde Pl. VIII. fig. 12. les différents outils dont se servent les Mineurs. Voici les noms de ces outils, avec les lettres qui les désignent dans la planche qu'on vient de citer.

A, sonde à tarière de plusieurs pièces, et vue de plusieurs façons.

B, sonde pour des terres.

C, grandes pièces dont une à pied de chèvre.

D, petite pince à main.

E, aiguille pour travailler dans le roc, pour faire de petits logements de poudre pour enlever des roches, et accommoder des chemins, et faire des excavations dans le roc.

F, drague, vue de deux côtés.

G, beche.

H, pelle de bois ferrée.

I, masse, vue de deux côtés.

K, massette, vue de deux côtés.

L, marteau de maçon, Ve de deux côtés.

M, grelet de travers.

N, grelet, Ve de deux côtés.

O, marteau à deux pointes, Ve de deux côtés.

P, pic-hoyau, Ve de deux côtés.

Q, pic à roc, Ve de deux côtés.

R, hoyau.

S, feuille de sauge, vue de deux côtés.

T, ciseaux plats.

V, poinçon à grain d'orge.

X, ciseau demi-plat, Ve de deux côtés.

Y, louchet à faire les rigoles pour les auges : ces louchets servent aussi à faire du gason.

Z, plomb avec son fouet et son chat.

&, équerre de mineur.

a, boussolle.

b, chandelier.

Les galeries que font les Mineurs pour aller jusque sous les endroits que l'on veut faire sauter, ont communément quatre pieds et demi de hauteur, et deux pieds et demi ou trois de largeur.

Pour que la galerie puisse opposer la résistance nécessaire pour empêcher la mine d'y faire son effet, il faut qu'elle soit plus longue que la ligne de moindre résistance du fourneau de la mine.

Car si l'on suppose que B, Pl. X de fortif. fig. 1. soit le fourneau d'une mine construite dans le contrefort A, et C l'entrée de la galerie, vis-à-vis le fourneau B ; comme sa longueur B C est beaucoup moindre que la hauteur des terres et de la maçonnerie au-dessus du fourneau, quelqu'exactement que cette galerie puisse être remplie et bouchée, elle n'opposera point le même effet que ces terres et cette maçonnerie : ainsi, dans ce cas, la plus grande partie de l'effet de la mine se fera dans la galerie, ou, comme le disent communément les Mineurs, la mine soufflera dans sa galerie.

Mais si, pour faire sauter la partie du rempart vis-à-vis le point L et au-dessus, on fait l'ouverture de la mine en D assez loin de cette partie, et qu'on y conduise la galerie, en la coudoyant, comme de D en E, de E en F, de F en G, Pl. X. de fortif. fig. 2. et enfin de G en I, il est évident qu'on pourra alors emplir ou boucher une partie de cette galerie suffisamment grande, pour opposer plus de résistance à la poudre enfermée dans le fourneau, que la ligne de moindre résistance de ce fourneau ; et qu'ainsi, dans cet état, on peut faire faire à la mine tout l'effet qu'on en désire.

Il suit de-là que pour faire sauter une partie de rempart ou de revêtement par le moyen d'une mine, il faut ouvrir la galerie loin de cette partie, et l'y conduire par différents endroits ou retours. Ces retours ont encore un objet bien essentiel, c'est qu'ils donnent plus de facilité à bien boucher la galerie ; mais comme ils allongent le travail, on n'en fait qu'autant qu'il en est besoin, pour que la galerie soit capable d'une plus grande résistance que la ligne de moindre résistance que la mine.

Pour donner une idée de la manière dont on remplit la galerie à chaque coude, soit A B C D, Pl. X. de fortif. fig. 3. un coude quelconque ; on commencera par planter des madriers verticalement le long de D C, et de même le long de A B, que l'on recouvrira d'autres madriers posés horizontalement, dont les extrémités porteront, savoir, ceux de D C vers C et vers D, et ceux de A B vers A et vers B. On adossera verticalement à ces madriers des pièces de bois appelées piés-droits, que l'on serrera de part et d'autre sur les madriers D C et A B, par de fortes pièces de bois mises en-travers, qui se nomment arcsboutants ou étrésillons ; et pour que ces pièces de bois pressent les madriers auxquels sont adossés les piés-droits avec tout l'effort possible, on les fait entrer à force, et l'on met de forts coins entre les extrémités des étrésillons et les piés-droits sur lesquels posent les extrémités des étrésillons. On remplit après cela le vide du coude de même matière, dont on remplit celui du dessus de la chambre de la mine.

Il faut remarquer que la longueur de tous les contours de la galerie pris ensemble, n'expriment pas la résistance qu'elle peut opposer à l'effet de la mine ; car la poudre agissant circulairement, une galerie à plusieurs retours ne lui offre de résistance que suivant la ligne droite imaginée, tirée de son ouverture à la chambre de la mine, laquelle ligne pouvant être considérée comme la longueur de la galerie, c'est par elle que nous exprimerons cette longueur.

Sait B, Pl. X. de fortif. fig. 4. le fourneau d'une mine dont la ligne de moindre résistance est A B. Si les parties B C et C D de la galerie sont prises ensemble égales à la ligne A B, et si l'on suppose la galerie remplie de matériaux qui résistent autant que les terres de la ligne de moindre résistance, la mine fera son effort par la galerie ; car la poudre agira vers l'ouverture D de la galerie, suivant ce que nous venons de dire, selon la ligne BD, qui est plus petite que les lignes B C et C D, prises ensemble, et par conséquent moindre que la ligne de moindre résistance : donc, etc.

Il suit de-là qu'il faut évaluer la partie de la galerie qu'il faut remplir, non par la longueur des parties de cette galerie, mais par une ligne droite, tirée du centre du fourneau à un point déterminé de la galerie.

Des différentes espèces de mines. Une mine qui n'a qu'une simple chambre ou fourneau, comme la mine A, Pl. X. de fortif. fig. 2. se nomme mine simple. Si elle a deux fourneaux, comme la figure B, fig. 5. le fait voir, la galerie en ce cas forme une espèce de T, et la mine est appelée mine double. Si elle a trois fourneaux comme la mine C, fig. 6. elle est appelée mine triplée ou trefflée ; et enfin, si elle en a quatre, mine quadruplée, et ainsi de suite, en prenant le nom du nombre de ses chambres ou fourneaux.

L'objet des mines à plusieurs fourneaux, est de faire sauter à la fois une plus grande étendue de rempart ou de terrain. On observe un tel arrangement dans leur distance que leurs efforts se communiquent, et on leur donne à tous le feu en même temps, par le moyen d'un saucisson qui communique à tous les fourneaux ; on détermine l'endroit où l'on doit mettre le feu au saucisson, de manière que le feu arrive en même temps dans toutes les chambres. Il ne s'agit pour cela que de lui faire parcourir des parties égales du saucisson, depuis le point où l'on met le feu, lequel se nomme foyer, jusqu'au centre de chaque chambre. En sorte que s'il s'en trouve quelques-uns plus près du foyer que les autres, il faut faire différents coudes ou zigzags au saucisson, afin qu'il y en ait la même quantité du foyer à ces chambres qui en sont proches, qu'il y en a du même foyer à celles qui en sont les plus éloignées.

Les mines simples et les doubles sont le plus en usage dans les sieges. On ne se sert guère des autres que lorsqu'on veut démolir ou détruire totalement des ouvrages.

L'usage de charger les mines avec de la poudre est moins ancien que sa découverte. Le premier essai qu'on en fit fut en 1487. Les Génois assiégeant Serezanella, ville qui appartenait aux Florentins, un ingénieur voulut faire sauter la muraille du château avec de la poudre dessous ; mais l'effet n'ayant pas répondu à son attente, on ne pensa plus à perfectionner l'idée de cet ingénieur, jusqu'à ce que Pierre de Navarre qui servait alors dans l'armée des Génois, et qui s'étant depuis mis au service des Espagnols, en fit usage en 1503 contre les François au siege du château de l'Oeuf, espèce de fort ou de citadelle de la ville de Naples. Le commandant de ce fort n'ayant point voulu se rendre à la sommation que lui en fit faire Pierre de Navarre, celui-ci fit sauter en l'air la muraille du château, et le prit d'assaut.

Ceux qui voudront plus de détails sur ce sujet pourront avoir recours au traité d'Artillerie, seconde édition des éléments de la guerre des sieges.

Voyez, Planche X de fortification, fig. 7, 8, 9, 10, 11 et 12, les différents effets d'une mine qui joue.

La fig. 7 est le profil de la chambre de la mine et de la galerie.

a, est la chambre ou le fourneau de la mine.

b, est un lit de paille et de sacs à terre sur lesquels on met la poudre.

c, sont les arcs-boutants avec lesquels on ferme la chambre.

l, est l'auget qui contient le saucisson ; e, est le saucisson.

f, est une cheville qui perce le saucisson, et qui le retient dans la chambre.

A B C D, fig. 8. exprime la partie du revêtement qu'on se propose de détruire par la mine.

La fig. 9. fait voir le profil de cette partie du revêtement et de la chambre de la mine.

La fig. 10. est la vue par-devant d'une mine qui joue.

La fig. 11. est la vue par le côté de l'effet de la mine.

Et la fig. 12. le profil du revêtement après que la mine a joué. Les lignes ponctuées font voir la partie que la mine a fait sauter.

MINE, (Monnaie romaine) la mine valait cent drachmes attiques selon l'estimation de Pline, liv. XXI. sur la fin. Mna, dit-il, quam nostri minam vocant, pendit drachmas atticas centum. Le même historien nous apprend quelques lignes auparavant, que la drachme était du poids d'un denier d'argent. Comme nous pouvons estimer le denier romain d'argent au-moins à quinze sols de notre monnaie actuelle, il s'ensuivra que la mine qui valait cent drachmes, ferait au-moins 70 de nos livres. Je sais que ce calcul ne s'accorde pas avec celui de plusieurs français, qui ont évalué la mine attique à 50 livres ; mais c'est qu'alors notre marc d'argent était à environ 36 livres. Voyez MINE DES HEBREUX. (D.J.)

MINE DES HEBREUX, (Monnaie Hébraïque) La mine hébraïque nommée en hébreux, min, valait soixante sicles, qui font selon le docteur Bernard, neuf livres sterling, mais la mine attique dont il est parlé dans le nouveau-Testament valait cent drachmes, et & monnaie d'Angleterre, trois livres sterling, huit shellings, neuf sols. (D.J.)

MINE, (Commerce) est aussi une mesure de France. Voyez MESURE.

Mine, est une mesure estimative qui sert à mesurer les grains, les légumes secs, les graines, comme le froment, le seigle, l'orge, les fèves, pais, lentilles, etc.

La mine n'est pas un vaisseau réel tel que le minot qui sert de mesure de continence, mais une estimation de plusieurs autres mesures.

A Paris, la mine de grains, de légumes, de graines, est composée de six boisseaux ou de deux minots radés et sans grain sur le bord. Il faut deux mi nes pour le septier, et vingt-quatre mines pour le muid.

A Rouen, la mine est de quatre boisseaux : à Diepe, les dix-huit mines font le muid de Paris, et dix-sept muddes d'Amsterdam.

A Péronne, la mine fait la moitié du septier. Voyez SEPTIER et MUID.

Mine est une mesure de grains dont on se sert en quelques lieux d'Italie, particulièrement à Gènes, ou vingt-cinq mines du pays font le last d'Amsterdam. Voyez LAST.

Mine est aussi une mesure de charbon de bois, qui n'est pas un vaisseau particulier, mais un composé de plusieurs mesures.

La mine de charbon, qu'on nomme aussi quelquefois sac ou charge, parce que le sac de charbon qui contient un muid est la charge d'un homme, contient deux minots ou seize boisseaux.

Mine se dit pareillement de la chose mesurée : une mine de blé, une mine d'avoine, une mine de charbon, etc. Dictionnaire de commerce.