S. f. (Histoire naturelle, Minéralogie) carneolus, corneolus ; pierre fine demi-transparente de même nature que l'agate, mais de couleur plus vive et de pâte plus fine. Le caractère distinctif de la cornaline est le rouge vif, de sorte qu'on peut aisément la distinguer des autres pierres rouges, telles que certaines agates et certains jaspes. La cornaline en diffère autant par sa couleur, que le carmin diffère du minium. D'ailleurs on ne pourrait pas confondre la cornaline avec le jaspe, quelque rouge qu'il fut, puisque la première est demi-transparente, et que l'autre est opaque. Il y aurait plus de difficulté à distinguer la cornaline de certains morceaux d'agates qui sont rouges ou rougeâtres, parce que ces deux pierres ont à-peu-près le même degré de transparence ; mais le rouge de l'agate n'est jamais qu'un rouge lavé et éteint, en comparaison de celui de la cornaline, qui est toujours net et vif. La cornaline est susceptible de toutes les teintes de rouge pur ; et elle est d'autant plus belle et plus estimée, que l'intensité de sa couleur est plus grande. Les cornalines les plus parfaites approchent, pour ainsi dire du grenat pour la couleur, et même en quelque sorte pour la transparence, après les avoir placées entre l'oeil et la lumière : mais ces belles cornalines sont bien rares. On dit que ce sont des cornalines de la vieille roche, et on prétend qu'elles se trouvaient en Perse, et qu'on n'en connait plus à présent les carrières : ce qu'il y a de certain, c'est que la plupart des cornalines, et peut-être toutes sont orientales. La netteté de la couleur suppose toujours dans les pierres une pâte fine ; celle de la cornaline ne diffère guère de la pâte de l'agate que par la couleur ; et il y a des cornalines dont le rouge, quoique vif, est si pâle, qu'on le reconnait à peine ; il est délayé dans cette matière blanche et laiteuse qui fait la pâte de l'agate, de la calcedoine, de la sardoine, et de la cornaline ; et lorsque la teinte de rouge est très-foible, il est difficile, et quelquefois impossible, de distinguer si elle est composée de rouge ou d'orangé ; et quelquefois la teinte n'est en effet ni rouge ni orangée ; de même que dans le spectre solaire il se trouve tel espace qui n'est ni rouge ni orangé, mais qui participe également au rouge et à l'orangé. Il y a donc telle pierre dont la teinte faible est équivoque, entre le rouge de la cornaline et l'orangé de la sardoine ; on ne sait si cette pierre est cornaline ou sardoine, et réellement elle n'est ni l'une ni l'autre relativement à ces dénominations ; mais on pourrait dire qu'elle serait l'une et l'autre, puisqu'elle a les caractères spécifiques de la cornaline et de la sardoine à égal degré. Voyez SARDOINE.

Ce défaut de la nomenclature est commun à tous les systèmes de distributions méthodiques en histoire naturelle, voyez METHODE ; aussi les Nomenclateurs sont rarement d'accord ensemble pour l'application des noms ; les uns donnent des noms différents à une même chose, les autres réunissent plusieurs choses différentes sous le même nom. Par exemple, la cornaline et la sardoine sont deux pierres différentes par la couleur, puisqu'il est certain que l'une est rouge et que l'autre est orangée ; et si on ne reconnaissait pas la différence de couleur pour un caractère spécifique dans les pierres fines, on viendrait à confondre non-seulement la cornaline avec la sardoine, mais encore ces deux pierres avec l'agate et la calcedoine, car elles sont toutes de même pâte, et elles ne diffèrent les unes des autres, d'une manière apparente, que par la couleur. Cependant M. Wallerius dans sa Minéralogie, fait de l'agate blanche, de l'agate ordinaire, de la calcedoine et de la cornaline, quatre espèces différentes, tandis qu'il confond la sardoine avec la cornaline dans une même espèce, sous les noms de carneolus, sardion, sarda, sardus. Il est évident que le premier appartient à la cornaline, et les trois autres à la sardoine ; mais cet auteur n'est pas le seul qui ait fait cette équivoque : la plupart des nomenclateurs ont plus étudié les noms que les choses. Dans la distribution des noms on erre souvent, lorsqu'on ne consulte que des descriptions incomplete s, telles que le sont le plus grand nombre de celles que nous avons en histoire naturelle ; et la multiplicité des noms pour une même chose, rend toujours l'application de ces noms très-difficîle et fort incertaine, même pour ceux qui connaissent parfaitement les choses. L'ouvrage de M. Wallerius était très-pénible et supposait une grande érudition, pour rassembler tous les noms synonymes que les anciens, et même les modernes, ont donné à chacun des minéraux en particulier. Ce travail sera très-utîle et épargnera bien des recherches aux naturalistes ; mais nous en étions privés, avant que M. le baron d'Holbach eut pris la peine de traduire de l'allemand en français le livre de M. Wallerius, Minéralogie ou description générale des substances du règne minéral, etc. Paris, 1753. 2 vol. in -8°. M. d'Holbach a fait plus, il a ajouté les noms français aux noms grecs, latins, etc. il faut s'être occupé des détails de l'histoire naturelle, pour connaître toute l'utilité de cette nomenclature française, et pour sentir toute la difficulté qu'il y avait à l'établir. Il a fallu suppléer des noms qui manquaient dans notre langue, et déterminer la signification et les acceptions de ceux dont on ne connaissait que les sons. Ce travail ne peut être que le fruit d'une grande connaissance des minéraux, et d'un zèle constant et éclairé pour l'avancement de la Minéralogie.

Cornaline onyce, cornaline oeillée, cornaline herborisée. Les caractères et les différences de ces espèces de cornalines sont les mêmes que dans l'agate, en supposant le rouge vif et toutes ses nuances sur un fond blanc ou blanchâtre. La cornaline herborisée est plus belle et plus estimée que l'agate herborisée, parce que le rouge vif sur un fond blanc a plus d'éclat que le noir ; d'ailleurs les différentes teintes de rouge sont fort agréables dans les cornalines herborisées. Il arrive quelquefois que la matière étrangère qui forme les ramifications, a plus d'épaisseur dans le tronc et dans le corps des tiges de ces espèces de branchages qu'à leurs sommets, alors le degré de couleur est proportionné à l'épaisseur de la matière colorante ; ainsi le tronc et le corps des tiges des ramifications est d'un rouge brun, et même tirant sur le noir, tandis que les sommets, c'est-à-dire les extrémités des rameaux sont d'une couleur roussâtre, et même d'un rouge vif. Les gens qui aiment le merveilleux, s'imaginent reconnaître par cette différence de couleur au sommet des ramifications, les fleurs de la petite mousse ou de la petite plante qu'ils supposent être dans la pierre.

Les cornalines servent aux mêmes usages et se trouvent dans les mêmes endroits que les agates orientales. Voyez AGATE, PIERRES FINES. (I)