S. f. de , nature, et , discours, partie de la Médecine, qui considère ce en quoi consiste la vie, ce que c'est que la santé, et quels en sont les effets. Voyez VIE et SANTE. On l'appelle aussi économie animale, traité de l'usage des parties ; et ses objets se nomment communément choses naturelles ou conformes aux lois de la nature. Voyez NATUREL et NATURE.

Or toutes les actions et les fonctions du corps humain sont ou vitales, ou naturelles, ou animales. Voyez VITAL, NATUREL et ANIMAL. Les actions et les fonctions vitales dépendent de la bonne constitution du cerveau, du cœur, et du poumon : les naturelles, de celle de tous les organes qui concourent à la nutrition ; tels sont ceux de la mastication, de la déglutition, de la digestion, de la chylification, de la circulation, des secrétions, etc. et enfin les animales dépendent de la bonne disposition des organes à l'action desquels l'âme parait concourir d'une manière particulière ; tels sont ceux des sensations, de la vue, de l'odorat, de l'ouïe, du gout, du toucher, du mouvement musculaire, du sommeil, de la veille, de la faim, de la soif, etc. Voyez toutes ces choses à leur article particulier, CERVEAU, RESPIRATION, DIGESTION, SENSATION, etc.

Tout ce qui est purement corporel dans l'homme, ne nous offre que des principes tirés des mécaniques et des expériences de Physique ; et c'est par-là seulement qu'on peut connaître les forces générales et particulières des corps. La Médecine, comme l'observe le grand Boèrhaave, a donc des démonstrations distinctes et même si claires, si faciles à saisir, si évidemment vraies, qu'il faut être insensé pour les nier. Voici un exemple tiré de la respiration. Tout animal vivant respire sans cesse, c'est-à-dire inspire, ou prend l'air, ou l'expire, ou le rend tour-à-tour. Dans l'inspiration, les vésicules du poumon se dilatent, les vaisseaux distribués entr'elles se relâchent, et laissent un plus libre passage au sang : dans l'expiration, ces vaisseaux sont comprimés, le sang est fortement chassé du cœur aux poumons par une artère élastique, conique, convergente, contre les parois de laquelle toute la partie du liquide qui y est contenu, doit nécessairement heurter, et conséquemment se dilater en raison de son action. Ainsi le sang est tantôt plus mollement poussé par le cœur, et tantôt poussé avec force dans les petits vaisseaux par la compression des vésicules qui ne manquent pas de ressort. De cette mécanique démontrée par la dissection des animaux vivants, on déduit clairement tous les effets de la respiration, et l'on sait pourquoi dans toutes les maladies dans lesquelles le poumon ne laisse pas librement passer le sang, comme dans l'asthme, dans la péripneumonie vraie ou fausse, etc. le visage est si rouge, ses vaisseaux et ceux du col si gonflés, la tête entreprise jusqu'au vertige et au délire, le sang qui reflue par les veines jugulaires se mêle à celui de la veine-cave, de-là dans le ventricule droit et dans l'artère pulmonaire ; mais c'est à son extrémité qu'est la digue qui empêche le trajet du sang : il retournera donc sur ses pas, et produira toutes sortes d'accidents fâcheux, si on ne dissipe ces obstacles ; et il est également évident que la saignée et les délayans peuvent en venir à bout. La définition du cercle n'est pas plus claire en Géométrie, que les lumières qui guident souvent un savant praticien. Il ne s'occupe que du corps, et il ne connait que les lois mécaniques que suivent tous les corps, et par lesquelles il est facîle d'expliquer leur action ; ainsi il peut appliquer au corps de l'homme, sans se tromper, tout ce qui est vrai de tout autre corps. Le frottement de deux parties solides produit de la chaleur dans le corps humain comme par-tout ailleurs.

Quant au commerce mutuel de l'âme et du corps, c'est non-seulement la chose du monde la plus inconcevable, mais même la plus inutîle au médecin. La chaleur produite dans le corps peut bien se concevoir quand même l'homme ne serait qu'un, comme parle Montaigne, puisque les pierres s'échauffent par le frottement. Le mouvement ne peut s'expliquer ni par les affections du corps, ni par les propriétés de l'âme ; il n'y a rien dans l'idée de l'âme qui se trouve dans celle du mouvement. C'est pourquoi la chaleur et le mouvement ne peuvent s'expliquer par l'âme ; et si, voulant expliquer le mouvement volontaire, vous dites qu'il consiste en ce que l'âme veut le mouvement, vous n'éclaircissez rien, parce qu'il n'y a rien dans l'idée du mouvement que vous puissiez trouver dans l'idée de l'âme ; car éclaircir ou rendre raison d'une chose, c'est faire voir clairement qu'il y a dans l'idée d'A quelque chose contenue aussi dans celle de B, mais encore une fois le médecin ne doit s'embarrasser que de rétablir la santé. Or cette curation est un changement qui se fait dans le corps humain par l'action d'autres corps. Mais l'âme n'est pas susceptible de pareils changements, ainsi tous les systèmes sur son commerce avec le corps sont inutiles. Qui a guéri le corps, ne doit pas s'inquiéter de l'âme ; elle revient toujours surement à ses fonctions, quand le corps revenant aux siennes, lève tous les obstacles qui semblaient l'empêcher d'agir. La cataracte se forme dans l'oeil, et empêche l'âme de voir ; abattez le crystallin, les rayons reprendront leur ancienne route, l'âme verra et vous aurez fait toute votre charge. Quelqu'un tombe en défaillance, comment rappeler son âme avec laquelle la vôtre n'a aucun commerce ? irritez les nerfs de l'odorat, les fonctions de l'âme reparaitront, comme si elle se fût réveillée au bout de ces nerfs, ou comme si la correspondance des organes avec cette substance spirituelle vous était parfaitement connue. Boèrhaave, comment.

Boèrhaave a été le plus grand théoricien que nous ayons jamais eu, et il passait aussi pour un grand praticien : en effet, combien de découvertes en Anatomie avaient jusqu'à lui paru sans utilité ? on en peut juger par l'explication admirable de l'action du voîle du palais, qu'on trouve dans quelques-unes des éditions de ses institutions de Médecine, dont le docteur Haller a enrichi le commentaire d'un nombre infini d'observations, par lesquelles on peut juger autant de son profond savoir dans l'Anatomie, que dans toutes les autres parties relatives à la Physiologie. Outre les ouvrages que nous avons de lui dans d'autres genres, comme dans la Botanique, dans l'Anatomie, etc. il vient de nous donner une Physiologie intitulée, primae lineae Physiologiae, qui le fera d'autant plus estimer parmi les connaisseurs, qu'il était extrêmement épineux d'en donner une qui parut encore nouvelle, après le précieux commentaire qu'il venait de communiquer.