S. m. (Physiologie) espèce de sensation hermaphrodite qui tient du plaisir quand elle commence, et de la douleur quand elle est extrême. Le chatouillement occasionne le rire ; il devient insupportable, si vous le poussez loin ; il peut même être mortel, si l'on en croit plusieurs histoires.

Il faut donc que cette sensation consiste dans un ébranlement de l'organe du toucher qui soit leger, comme l'ébranlement qui fait toutes les sensations voluptueuses, mais qui soit cependant encore plus vif, et même assez vif pour jeter l'âme et les nerfs dans des agitations, dans des mouvements plus violents, que ceux qui accompagnent d'ordinaire le plaisir : et par-là cet ébranlement approche des secousses qui excitent la douleur.

L'ébranlement vif qui produit le chatouillement, vient 1° de l'impression que fait l'objet, comme lorsqu'on passe légèrement une plume sur les lèvres : 2° de la disposition de l'organe extrêmement sensible, c'est-à-dire des papilles nerveuses de la peau, très-nombreuses, très-susceptibles d'ébranlement, et fournies de beaucoup d'esprits ; c'est pourquoi il n'y a de chatouilleux que les tempéraments très-sensibles, très-animés, et que les endroits du corps qui sont les plus fournis de nerfs.

L'organe peut être encore rendu sensible, comme il faut qu'il soit pour le chatouillement, par une disposition légèrement inflammatoire : c'est à cette cause qu'il faut rapporter les démangeaisons sur lesquelles une légère friction fait un si grand plaisir ; mais ce plaisir, comme le chatouillement, est bien voisin de la douleur.

Outre ces dispositions de l'objet et de l'organe, il entre encore dans le chatouillement beaucoup d'imagination, aussi bien que dans toutes les autres sensations.

Si l'on nous touche aux endroits les moins sensibles avec un air marqué de nous chatouiller, nous ne pouvons le supporter ; si au contraire on approche la main de notre peau sans aucune façon, nous n'en sentirons pas une grande impression : aux endroits même les plus chatouilleux, nous nous y toucherons nous-mêmes avec la plus grande tranquillité. La surprise ou la défiance est donc une circonstance nécessaire aux dispositions des organes et de l'objet pour le chatouillement.

Ce sentiment de l'âme porte une plus grande quantité d'esprits dans ces organes, et dans tous les muscles qui y ont rapport ; elle les y met en action, et par-là elle rend et l'organe plus tendu, plus sensible, et les muscles prêts à se contracter à la moindre impression. C'est une espèce de terreur dans l'organe du toucher. Voyez les articles SENSATIONS, PLAISIR, DOULEUR, NERF, SYMPATHIE, TACT. Cet article est de M(D.J.)