pass. (Physiologie) une personne noyée est celle qui a été suffoquée par l'eau, et qui y a perdu la vie.

Les noyés meurent par le défaut d'air et de respiration ; il suit de-là que leur mort est prompte et vraisemblablement assez douce, parce que le sang qui s'amasse dans le cerveau, d'où il ne peut descendre dans les poumons, presse l'origine des nerfs, et éteint aussi-tôt le sentiment. Leur mort ressemble à celle de ceux qu'on étrangle avec une grande promptitude.

On a cru pendant longtemps que c'était à force d'avaler de l'eau que les noyés périssaient ; mais Becker, dans une dissertation intitulée de submersorum morte sine potu aquae, a le premier réfuté cette opinion par les faits. Il a ouvert deux hommes noyés, et ne leur a point trouvé d'eau dans l'estomac, les intestins, ni les poumons. Après Becker, MM. Littre, Sénac et autres, ont confirmé la même vérité par l'ouverture de cadavres de gens et d'animaux qui avaient été submergés.

L'usage commun de suspendre par les pieds ceux qui ont été noyés, dans l'espérance de les rappeler à la vie, en leur faisant rendre l'eau qu'on suppose qu'ils ont avalé, n'est donc qu'une erreur populaire. On ne voit point que cette suspension produise rien de favorable, et elle ne fait rendre, à ceux qui viennent de se noyer, que le peu d'eau qui était dans leur bouche ; cependant cette pratique subsiste toujours, parce qu'il est ordinaire que les préjugés tiennent bon non-seulement contre les raisonnements, mais contre l'expérience. Il y a plus, quand même les noyés auraient avalé de l'eau, ils ne la rendraient pas par la suspension des pieds, et l'eau ne sortirait point de leur estomac ou de leurs poumons, en vertu de la situation renversée.

Un accident ordinaire aux noyés, c'est que leurs corps se gonflent. Rendus par-là plus légers, ils surnagent à la surface de l'eau. Quelle est la cause de ce gonflement ? Dans les corps vivants l'air est comprimé, et par la pression de l'air extérieur, et par la tension naturelle des parties, et par l'action du cœur, qui pousse continuellement dans ces espaces fort étroits et le sang, et cet air qui l'accompagne. Dans les cadavres, il n'y a que la première cause de compression qui subsiste, et c'est le défaut de la seconde qui produit dans les noyés ce gonflement qui leur est particulier ; toutes leurs parties sont abreuvées d'eau, relâchées, incapables de tenir l'air resserré, comme elles faisaient ; et il se dilate autant que lui permet l'air extérieur.

Les cadavres noyés ainsi gonflés, semblent être sans ressource ; mais quelques cas heureux nous apprennent à tenter tout ce que la Médecine peut employer de plus propre pour ranimer ceux qui viennent d'être submergés, en tâchant de rétablir leur respiration, soit par l'esprit de sel ammoniac, qu'on soufflerait dans leurs narines, soit par des choses irritantes, soit même par la trachéotomie. Déthardingius conseille ce dernier moyen, et dit l'avoir éprouvé avec succès. Il prescrit de souffler fortement avec la bouche, ou quelque tuyau que ce sait, une grande quantité d'air dans le poumon, d'abord après l'ouverture promptement faite.

L'amour de l'humanité devrait inspirer aux académies l'idée de choisir de ces sortes d'objets utiles pour être le sujet de leurs prix, et les expériences heureuses en ce genre mériteraient des récompenses du souverain.

L'histoire de l'académie des Sciences, années 1719, 1725 et 1744, parle beaucoup des noyés, mais avec plus de dépense d'esprit, que de recherches un peu approfondies. (D.J.)

NOYE, se dit de la batterie-basse d'un vaisseau qui est trop près de l'eau, et enfonce de façon que la mer peut entrer par les sabords. Ce qui provient quelquefois d'un défaut de construction, ou de trop charger le bâtiment.

NOYE, adj. (Docimastique) se dit d'un essai recouvert de ses scories, qui, ayant perdu toute communication avec l'air, et étant plongé sous ses scories, ressemble à un noyé qui est sous l'eau, d'où lui est venue la dénomination. Il a pour synonyme étouffé. Voyez à cet article ce qui rend l'essai noyé, et de quelle façon on remédie à cet inconvénient. Voyez aussi l'art. ESSAI. M. DE VILLIERS.