S. m. (Physiologie) c'est un instrument ou un moyen artificiel qui sert à digérer ou à dissoudre les mets hors de l'estomac, et suivant une voie analogue à celle de la digestion des animaux.

Dans les transactions philosophiques M. Leigh nous donne un digesteur artificiel, fort propre à répandre du jour sur la manière dont se fait la digestion naturelle. Sa préparation consiste dans de l'esprit de soufre, de l'esprit de corne de cerf, du chyle d'un chien, et de sa salive. Si l'on met dans une dragme de cette préparation un morceau de veau, de mouton, de bœuf, ou quelque chose de semblable, de l'épaisseur d'une noix, et qu'on le mette pendant deux heures sur un fourneau de digestion, il en sortira un jus qui aura la couleur et le goût du chyle, et la chair deviendra légère, seche, insipide.

Le digesteur de Clopton Havers est composé d'huîle de térébenthine mêlée avec de l'huîle de vitriol : que l'on mette dans cette préparation de la viande crue et des miettes de pain, et que l'on fasse digérer le tout pendant quatre heures au bain-marie, on trouve la chair dissoute, et tout le mélange forme une pulpe très-épaisse : d'où ces auteurs concluent chacun de son côté, que les aliments se digèrent dans l'estomac par quelque dissolvant. Voyez DIGESTION. Voyez aussi AUTOMATE.

Mais le plus célèbre de tous les digesteurs est celui de Papin, et celui dont les effets ont plus de rapport à l'opération de l'estomac. C'est une sorte de vaisseau dans lequel on met de la viande, avec autant d'eau qu'il en faut pour le remplir exactement ; après quoi on le ferme à vis avec un couvercle, de manière que l'air extérieur ne puisse s'y communiquer : mettant ensuite cette machine sur deux ou trois charbons rouges, ou même l'exposant simplement à l'action d'un petit feu de lampe, la viande en six ou huit minutes se trouve réduite en une pulpe, ou plutôt en une liqueur parfaite : en poussant un peu le feu, ou seulement en le laissant agir tel qu'il est quelques minutes de plus, les os les plus durs se transforment en pulpe ou en gelée. On attribue cet effet à l'exactitude avec laquelle cette machine est fermée ; comme elle ne permet ni l'entrée ni la sortie de l'air, les secousses occasionnées par la dilatation et les oscillations de l'air renfermé dans la chair, sont uniformes et très-vigoureuses : celles de l'air qui en est sorti, jointes à celui qui était dans le vase autour de la viande dans le temps qu'on l'a fermé, sont aussi très-fortes ; et plus il est échauffé, plus sa raréfaction empêchée par les parois qui ne cedent point, le fait réagir en manière de pilon sur la matière résistante contenue ; moyennant quoi la dissolution s'en fait et s'acheve : tout se trouve converti en un fluide qui parait homogène, et en un mélange de particules aqueuses, salines, huileuses et autres, si intimement adhérentes qu'elles ne sont presque plus séparables. Quand ce mélange est chaud, il ressemble à une liqueur et à une gelée ; lorsqu'il est froid, sa consistance est proportionnée à la quantité de viande ou d'os que l'eau a dissous. Voyez l'article DIGESTOIRE.

Cette expérience parait avoir une parfaite analogie avec l'opération de l'estomac ; car quoique la dissolution de ce viscère ne soit pas ordinairement si vive et si pénétrante, néanmoins à proportion de sa chaleur et de sa construction, M. Drake pense que l'effet est tout à fait semblable ; car par son action il broie et il réduit en très-petites particules les corps qu'il renferme, en les pénétrant des humeurs qui lui sont propres. Ces corps ainsi réduits en une substance fluide, et intimement mêlés avec la boisson et les sucs stomachiques, composent cette liqueur laiteuse que l'on appelle chyle. Voyez CHYLE. Chambers. (b)