S. f. (Matière médicale ancienne) cadmia fornacum ; Dioscoride et Pline, surtout le premier, se sont fort étendus sur la tuthie, et s'accordent ensemble à la définir un récrément de métaux qui s'attache aux parois et à la voute des fourneaux où l'on fond le métal ; ils regardent l'un et l'autre la cadmie comme un remède astringent, propre à déterger les ulcères sanieux, à les dessécher et à les cicatriser. Mais ils différent dans l'énumération des espèces de cadmie. Pline dit que la cadmie botryitis rouge, était la meilleure de toutes les cadmies. Dioscoride ne fait aucune mention de cadmie rouge, et nomme une cadmie bleue dont Pline ne dit mot, comme la plus excellente de toutes. Il se peut bien néanmoins que la cadmie rouge de Pline, et la bleue de Dioscoride soient une seule et même substance. Les Grecs avaient coutume de nommer tout ce qui était bleu du mot cyanizusa, c'est-à-dire, ressemblant au cyanus (bluèt des prés) en couleur ; ce mot , un peu mal écrit, pourrait être celui que Pline ou son secrétaire aura trouvé dans quelques auteurs grecs ou dans Dioscoride, et pour , il a traduit rouge, au lieu de bleu. Comme nous avons plusieurs inexactitudes de cette espèce dans Pline, à l'égard des drogues mentionnées dans les autres naturalistes grecs, il me semble qu'il vaut encore mieux concilier ainsi son récit de la cadmie, que de supposer qu'il en connaissait une espèce particulière, dont aucun autre écrivain n'a parlé. (D.J.)

TUTHIE, s. f. (Préparat. métallurg.) tuthia vulgaris, offic. cadmia fornacum, Agricol. C'est une crasse de la pierre calaminaire fondue avec le cuivre, au lieu que la cadmie des anciens ne venait que du cuivre seulement. Ainsi la tuthie des boutiques est la pierre calaminaire, qui dans la fusion du cuivre se sublime à la partie supérieure du fourneau, où elle s'attache à des piques de fer, et forme une croute dure compacte, que l'on fait tomber en morceaux, semblables à des morceaux d'écorces d'arbres, sonores, polis intérieurement, d'une couleur tirant sur le jaune, parsemés extérieurement de beaucoup de petits grains, et de couleur de cendre, qui tire un peu vers le bleu.

Cette tuthie dont nous nous servons, est peut-être la même que celle des Arabes, puisque Serapion décrit une sorte de tuthie qui se fait et qui se ramasse dans des fourneaux, dans lesquels on jaunit le cuivre. Peut-être aussi que par le mot de tuthie, ils entendent la pierre calaminaire elle même ; tout cela n'est pas trop clair dans leurs livres.

On place la tuthie parmi les plus excellents remèdes ophtalmiques ; car elle déterge, et desseche sans mordre. C'est pourquoi on la prescrit heureusement dans les ulcères de la cornée et des paupières, dans la démangeaison des yeux, dans les ophtalmies invétérées, et pour guérir les yeux larmoyans.

On emploie rarement la tuthie sans être préparée. On la prépare en la mettant au feu, en l'éteignant trois ou quatre fois dans de l'eau rose, et en la pulvérisant sur le marbre, selon l'art. On en fait un collyre avec de l'eau-rose ; ce collyre est beaucoup meilleur que d'employer cette drogue dans les onguents qu'on nomme ophtalmiques. (D.J.)