S. f. (Culture des fleurs) fleur du giroflier. C'est à sa gloire que les amateurs cultivent la plante qui la donne ; elle lui a même enlevé son nom dans la plupart des langues modernes ; le giroflier ne se dit plus en français, que de celui des masures : les Anglais ne l'appellent également que walflower, tandis que celui de leurs jardins se nomme par excellence la fleur de Juillet, stock July flower : enfin les Flamands laissant à la plante sauvage la dénomination de violier, violier-boomtje, caractérisent celle des jardins par le beau nom de nagel-bloem.

Il y a des giroflées simples et des doubles de toutes couleurs, blanches, jaunes, bleues, pourpres, violettes, rouges, écarlates, marbrées, tachetées, jaspées. Les unes et les autres viennent de graine, de marcottes ou de boutures : elles ne durent que deux ans ; mais la meilleure méthode est de les multiplier toutes de graine.

On les seme sur couche au commencement d'Avril, et à claire-voie, dans une terre fraiche, légère, graveleuse, non fumée et à l'exposition du soleil levant. Quand les jeunes plantes ont gagné quelques feuilles, on les transplante dans des planches de terre pareille, exposées de même au soleil levant, et à six pouces de distance. On les abrite et on les arrose de temps à autre, jusqu'à ce qu'elles aient pris racine. Sur la fin d'Aout on les transplantera de nouveau dans des plates-bandes du parterre, où elles fleuriront le printemps suivant, et l'on choisira, s'il se peut, un temps humide pour cette transplantation. On garantira les jeunes plans des frimats de l'hiver, en les couvrant avec des cloches, paillassons, grande paille, ou fumier sec.

On présume que les giroflées seront doubles, et c'est ce qu'on recherche, par leur bouton gros et camard, qui pointe.

Lorsque les giroflées se trouvent doubles, plusieurs personnes les mettent en pots garnis de terre à potager, ou dans des caisses larges de seize pouces en tout sens. Pour bien faire, on lève les giroflées en motte ; on les place ainsi dans les pots ou les caisses ; on les arrose dans le besoin, et on les tient à l'ombre.

On plante les giroflées en pots ou en caisses, afin de pouvoir les transporter où l'on veut, et les garantir du froid pendant l'hiver, en les mettant dans une serre, dans une chambre, ou dans une cave seche. Ces mêmes giroflées sauvées du froid, se transporteront dans les plates-bandes de parterre, où on les rangera avec symétrie, et à l'abri du soleil, s'il est possible.

Quand on veut multiplier les giroflées doubles par marcottes, on en choisit les plus beaux brins ; on les couche en terre, et on les arrête par de petits crochets de bois ; on jette un peu de terre par-dessus, et ensuite on les arrose, pour en faciliter la reprise. On marcotte la giroflée sitôt que la fleur est passée, ce qui arrive au plus tard dans l'été. Les marcottes resteront en terre jusqu'en Septembre ou Octobre, qu'on les levera pour les mettre en pots, en caisse ou en pleine terre ; car il y a des espèces qui sont plus ou moins sensibles au froid : quelques-unes fleurissent la première année, et d'autres la seconde.

Dans le nombre de giroflées doubles, il y en a qui sont principalement recherchées des amateurs : telle est la grande giroflée de couleur d'écarlate, leucoium incanum, majus, coccineum, de Morisson, nommée à Londres la giroflée de Brompton, the Brompton stockjuly flower ; les fleuristes l'aiment beaucoup à cause de sa grandeur et de son éclat : elle a cependant le désavantage de produire rarement plus d'un jet de fleurs.

En échange, la giroflée des Alpes à feuilles étroites et à doubles fleurs, d'un jaune pâle, nommée leucoium angustifolium alpinum, flore pleno, sulphureo, et par les anglais, the straw-colour'd wall-flower, est très-curieuse par le touffu de ses jets de fleurs, qui néanmoins sont étroites et d'une faible odeur.

Il semble que la grande giroflée double, jaune en-dedans, rougeâtre en-dehors, leucoium majus, flore majore, pleno, intùs luteo, extùs ferrugineo, que les Anglais nomment the double ravenal-flower, l'emporte sur toutes par le contraste des deux couleurs opposées, la grandeur des fleurs et leur odeur admirable.

Presque tous les fleuristes prétendent que la plus sure méthode pour multiplier les giroflées doubles, est de le faire par marcottes ou par boutures ; et cela est très-vrai : mais les giroflées doubles qui s'élèvent de marcotte, sont toujours moins apparentes que de graine, et ne produisent jamais ni de si belles ni de si grandes fleurs : c'est pourquoi le bon moyen est d'en semer chaque année de nouvelles, et de troquer en même temps ses graines avec celles d'un autre amateur qui cultive ailleurs de semblables giroflées. Cette découverte dû. au hasard et dont on a longtemps douté, mais qui est actuellement reconnue de tout le monde, nous prouve combien le changement d'air et de sol peut contribuer à perfectionner plusieurs espèces de plantes. (D.J.)