ou PETUNSE, s. m. (Histoire naturelle, Minéralogie et Arts) c'est le nom que les Chinois donnent à une pierre, qui, pulvérisée et mêlée avec une terre qu'ils appellent kaolin, fait une véritable porcelaine. Voyez PORCELAINE.

Le pétuntse est une pierre dure et opaque, d'un gris clair, tirant un peu sur le jaunâtre ou sur la couleur de chamoi : il y en a aussi qui est un peu verdâtre. Il se trouve par couches dans le sein de la terre, et est assez souvent chargé de dendrites ou de figures semblables à des arbrisseaux ou à des buissons. Cette pierre fait feu lorsqu'on la frappe avec le briquet, mais elle ne donne que peu d'étincelles, et elles sont assez faibles.

Le célèbre M. de Reaumur a cru que le petuntse était une espèce de caillou, et que c'était comme pierre vitrifiable, qu'il se trouvait propre à entrer dans la composition de la porcelaine, qu'il regardait comme une espèce de vitrification ; mais la description qu'on vient de donner de cette pierre, suffit pour faire voir qu'elle diffère du caillou. D'ailleurs la propriété qu'elle a de donner du corps à la composition de la porcelaine, et de se durcir au feu, caractérise une pierre argilleuse.

Les Chinois après avoir réduit le petuntse en une poudre fine, lui donnent la forme d'une brique, afin de s'en servir pour faire la porcelaine. Voyez cet article.

Comme depuis plusieurs années on a cherché les moyens de perfectionner les porcelaines qui se font en Europe, on a tâché de se procurer les matières employées par les Chinois. Dans cette vue, feu M. le duc d'Orléans qui s'occupait dans sa retraite, d'expériences utiles à la société, fit venir de la Chine du petuntse et du kaolin. Après en avoir reçu des échantillons suffisans, ce prince n'eut rien plus à cœur, que de faire examiner si ces substances ne se trouvaient point en France. Ses soins ont été assez infructueux, et de son vivant on n'a pas pu trouver de pierre qui ressemblât en tout point au pétuntse des Chinois ; mais depuis on a trouvé que cette matière était très-abondante dans quelques provinces du royaume. Quant au kaolin, on en avait déjà trouvé depuis assez longtemps ; ainsi il ne nous manque plus rien pour faire de la porcelaine, qui ait toutes les qualités de celle de la Chine, et qui ne soit point une vitrification, comme sont toutes les porcelaines de Saxe, de Chelsea, de Chantilly, etc. En un mot, comme toutes celles qui ont été faites en Europe jusqu'à présent. Voyez l'article PORCELAINE.

On croit devoir avertir qu'il se trouve fort communément une espèce de pierre à chaux, dure, compacte, d'un grain fin et un peu luisante, qui au coup d'oeil extérieur, ressemble beaucoup au pétuntse dont nous parlons ; mais on découvrira bientôt qu'elle en diffère, Ve qu'elle ne donne point d'étincelles lorsqu'on la frappe avec de l'acier, et qu'elle se dissout avec effervescence dans les acides, ce qui caractérise une pierre calcaire, tandis que ces acides n'agissent en aucune manière sur le vrai pétuntse.

On trouve dans les mémoires de l'académie royale des Sciences de Suède, année 1763, une dissertation de M. Henri Théod. Scheffer, dans laquelle il prend pour le pétuntse des Chinois, une pierre feuilletée, luisante, demi-transparente, d'une couleur verdâtre et fort pesante, qui lui avait été donnée comme venant de la Chine. Il conclud d'après les expériences qu'il a faites sur cette pierre, qu'elle est de la nature du gypse ; mais la description que nous avons donnée du pétuntse, suffit pour faire voir que ce sentiment n'est point fondé. (-)