(Anatomie, Physiologie, Chirurgie, Médecine) partie externe de la tête ; le philosophe dirait, c'est le miroir de l'esprit ; mais nous ne sommes ici que physiologistes, anatomistes, il faut se borner à son sujet.

Le visage ou la face comprend ce qui dans toute l'étendue superficielle de la tête se présente contre la partie chevelue et le cou ; savoir, le front, les sourcils, les paupières, les yeux, le nez, les lèvres, la bouche, le menton, les joues et les oreilles. Voyez tous ces mots.

Cicéron remarque dans son traité des lois, liv. I. ch. ix. qu'on ne trouve dans aucun animal de face semblable à celle de l'homme ; il n'y en a aucun sur la face duquel on puisse observer tant de signes de pensées, et de passions internes. Nous comprenons tous quels sont ces signes, quoique nous ne puissions guère les caractériser en détail ; mais pour en dire quelque chose en général, nous savons que la rougeur monte au visage dans la honte, et que l'on pâlit dans la peur ; ces deux symptômes qui dépendent de la structure et de la transparence du réseau cutané, ne se trouvent dans aucun autre animal, et forment dans l'homme une beauté particulière.

C'est encore sur le visage que paraissent les ris et les pleurs, deux autres symptômes des passions humaines, dont l'un est fait pour assaisonner les douceurs de la société, et l'autre pour émouvoir la compassion des caractères les plus durs. Combien de différents mouvements des muscles qui aboutissent aux yeux et au reste du visage, lesquels muscles sont mis en action par les nerfs de la cinquième ou de la sixième paire, et qui par conséquent ont une étroite communication avec le plexus particulier à l'homme ?

Cette diversité prodigieuse des traits du visage, qui fait qu'entre plusieurs milliers de personnes, à peine en voit-on deux qui se ressemblent, est une chose admirable en elle-même, et en même temps très-utîle pour l'entretien des sociétés ; ainsi, tous les hommes pouvant être aisément distingués sur leur simple physionomie, chacun reconnait sans méprise ceux avec lesquels il a quelqu'affaire ; c'est par-là qu'on peut rendre un témoignage certain de ce que quelqu'un a dit, fait ou entrepris ; toutes choses dont il n'y aurait pas moyen de s'assurer, s'il se ne trouvait sur le visage de chaque personne quelque trait particulier qui empêchât de la confondre avec toute autre.

Que penserons-nous de Trébellius Calca, dit un historien romain, Valere Maxime, c. XVe avec quelle assurance ne soutint-il pas qu'il était Clodius ? Lorsqu'il voulut entrer en possession de son bien, il plaida sa cause avec tant d'avantage devant les centumvirs, que le tumulte du peuple ne laissait presque aucun lieu d'espérer une sentence équitable ; cependant dans cette cause unique, la droiture et la religion des juges triomphèrent de la fourberie du demandeur, et de la violence du peuple qui le soutenait.

Les parties du visage étant du nombre de celles qui sont les plus exposées à la vue, il faut avoir égard à deux choses dans le pansement des plaies qui leur arrivent. Premièrement de conserver à chaque partie respective, l'usage auquel elle est destinée ; en second lieu, de tâcher qu'il n'y reste point de cicatrices capables de les défigurer. Mais comme le visage est composé de plusieurs parties différentes, chacune demande un traitement particulier, qui doit être indiqué à l'article de chacune de ces parties, front, sourcils, paupières, oeil, nez, joues, etc.

La petite vérole est de toutes les maladies celles qui fait le plus grand tort au visage ; mais on prévient ses outrages par l'inoculation, qui est la plus belle et la plus utîle découverte de toute la médecine.

Les autres difformités plus ou moins grandes de cette partie de la tête, sont la goutte-rose, dont on peut voir l'article, les taches de naissance, celles de rousseur, et la grosseur du teint.

Les taches de naissance sont sans remèdes. Les taches de rousseur se dissipent souvent d'elles-mêmes, et quelquefois sont profondément enracinées dans les petits vaisseaux de la peau. L'esprit-de-vin mêlé avec un peu d'huîle de behen, et appliqué tous les soirs sur le visage, par le moyen d'un petit pinceau, dissipe les taches de rousseur, qui viennent du hale du soleil.

La grosseur du teint a souvent pour origine le rouge qu'on met sur le visage ; car il est certain qu'il gâte le teint, desseche la peau, et la ronge.

On lit dans les mémoires de l'académie des Sciences, que le moyen de conserver la fraicheur du visage, est d'en empêcher la transpiration par des drogues dont l'huîle soit la base ; mais cet avis serait dangereux, loin d'être utile.

Le grand air, le grand vent, et la sueur longue et fréquente grossissent le teint. Il y a des femmes qui se ratissent le visage avec des morceaux de verre pour se rendre la peau plus fine, mais elles la rendent encore plus grosse, et plus disposée à se racornir. Il ne faut jamais passer rien de rude sur le visage ; il faut se contenter de le laver fort simplement avec un peu d'eau de son, qui ne soit ni froide, ni chaude, ou avec du lait d'ânesse tout fraichement trait. Quant à la flétrissure du teint qui nait des années, Horace savait ce qu'il en faut penser quand il écrivait à Posthumus.

Labuntur anni ; nec pietas moram

Rugis adfert, indomitaeque senectae.

(D.J.)

VISAGE, (Séméiotique) on peut tirer des pronostics du visage dans la plupart des maladies, et surtout dans celles qui sont aiguës, comparées avec l'état où elles étaient lorsque le malade se portait bien ; car, c'est un bon signe d'avoir le visage d'un homme qui se porte bien, et tel que le malade l'avait lui-même en santé. Autant le visage s'éloigne de cette disposition, autant y a-t-il proportionnellement de danger.

Le changement du visage qui ne vient pas de la maladie, mais de quelques causes accidentelles, comme du défaut de sommeil, d'un cours de ventre, du défaut de nourriture, ne forme aucun pronostic fâcheux, qu'autant que ces choses subsistent longtemps.

A l'égard de la couleur, la rougeur du visage est quelquefois un bon signe, comme lorsqu'elle indique un saignement de nez ; et l'on doit encore plus s'y fier, lorsqu'elle est jointe avec d'autres signes qui prognostiquent le même événement, suivant ce que dit Hippocrate, coac. praenot. 142, que lorsqu'une personne qui a la fièvre a une grande rougeur au visage, et un violent mal de tête, accompagné d'un pouls fort, elle ne manque guère d'avoir une hémorrhagie ; mais il faut en même temps ajouter à ces signes ceux de coction.

C'est un mauvais signe, lorsqu'au commencement d'une maladie, surtout d'une maladie aiguë, le visage est différent de ce qu'il était dans l'état de santé ; et le danger est d'autant plus grand qu'il s'éloigne de ce premier état.

Telle est l'habitude du visage dans laquelle, comme dit Hippocrate, au commencement des pronostics, le nez est aigu, les yeux enfoncés, les tempes creuses, les oreilles froides, retirées, leurs lobes renversés, la peau du front dure, tendue, seche, et la couleur du visage tirant sur le pâle, le verdâtre, le noir, le livide, ou le plombé ; c'est ce que les médecins appellent avec raison une face cadavéreuse ; et lorsqu'elle est telle au commencement, c'est-à-dire, les trois premiers jours d'une maladie, c'est un signe de mort.

Lorsque dans quelques maladies chroniques, comme dans la phtisie et dans l'empyéme, le visage s'enfle, c'est un vice de la sanguification, et qui est d'un très-fâcheux pronostic.

La couleur vermeille des joues dans les fièvres lentes, indique une péripneumonie ou un empyème, qui dégénere en consomption lorsque la toux s'y rencontre.

Voilà quelques pronostics généraux qu'Hippocrate tire du visage. Il faut le lire attentivement sur cette matière, et y joindre les excellentes réflexions de ses commentateurs. (D.J.)

VISAGE, maladies du, (Médecine) le visage dans les maladies présente un grand nombre d'indications, que la plupart des auteurs n'ont pas décrites avec assez d'exactitude ; mais dans notre plan, nous devons nous contenter des principaux phénomènes qui concernent ces maladies.

Les couleurs du visage sont très-visibles. La naturelle qui imite si bien la blancheur du lys, et le rouge vif de la rose est une marque que la matière morbifique n'a point passé dans les voies de la circulation ; la couleur pâle est toujours suspecte. La noire est un symptôme de mélancolie et de bîle corrompue ; celle qui est d'un rouge constant, est une preuve que le sang se porte au cerveau avec trop d'impétuosité ; celle au contraire qui se dissipe et revient, ordinaire aux scorbutiques, à ceux qui sont attaqués de maladies chroniques et de cacochimie, est dangereuse pour les phtisiques et ceux qui crachent le pus ; la couleur livide produite par l'embarras du sang à retourner au cœur, par la stagnation des humeurs et leur corruption, annonce du danger. Il est ordinaire de voir un cercle livide sur les yeux des cacochymes, des femmes enceintes, et de celles qui sont attaquées de suppression de règles ou de fleurs blanches. La couleur jaune est un signe d'ictère ou de cacochimie ; les changements de couleur sont fréquents dans les sujets attaqués de convulsions ; les taches présentent différentes indications, suivant la différence de la couleur du visage qui les accompagne.

Un visage cadavéreux est celui qu'un grand nombre d'auteurs appellent hippocratique, parce qu'Hippocrate en a fait la peinture suivante. Les yeux sont concaves, le nez éfilé, les tempes affaissées, les oreilles froides et resserrées, la peau dure, la couleur pâle ou noire, les paupières livides, ainsi que les lèvres et le nez ; le bord de l'orbite de l'oeil devient plus éminent ; on remarque des ordures autour des yeux, le mouvement des paupières est languissant, l'organe de la vue est à demi fermé, la pupille se ride et ne rend point la peinture des objets ; tous ces accidents annoncent la mort : s'ils sont la suite d'une diarrhée, ils marquent une extrême faiblesse, le ralentissement de la circulation, la colliquation de la graisse et des bonnes humeurs, leur corruption et leur défaut.

La convulsion et la paralysie du visage, le spasme cynique, la contorsion de la bouche, le grincement des dents, le tremblement de la mâchoire et autres choses semblables sont extrêmement dangereuses, parce que ces symptômes proviennent de l'affection des nerfs qui partent du cerveau. Cet état exige l'application des topiques nervins sur la tête et les narines, outre les remèdes opposés aux causes.

L'enflure du visage présente différents pronostics ; car quand elle vient de la trop grande impétuosité du sang, ce qu'on nomme alors visage refrogné, elle prognostique dans les maladies aiguës le délire, la phrénésie, la convulsion, les parotides, l'hémorrhagie. Dans l'esquinancie, elle est très à craindre : elle est un signe favorable dans la petite vérole. Mais dans les maladies chroniques, pituiteuses, dans les hydropisies, elle présage l'augmentation du mal. Il y a beaucoup à craindre quand elle accompagne la toux et le vomissement. Si cette enflure diminue à proportion de la cause, c'est une bonne marque ; mais si cette diminution est une suite de l'affoiblissement des forces et d'une métastase qui s'est faite intérieurement, on doit tout appréhender.

Les blessures du visage ne permettent pas qu'on fasse une suture sanglante ; dans ce cas, comme dans la brulure et la petite-vérole, il faut éviter, s'il est possible, que le traitement de la blessure ne cause de la difformité.

Les pustules, la rougeole, les dartres ont leur traitement particulier. Une sueur abondante qui se forme autour du visage offre dans les maladies un symptôme dangereux.

Les différents changements de couleur du visage produite par diverses passions de l'âme, donnent leurs différents pronostics ; la cure regarde celle des passions mêmes. (D.J.)