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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Pharmacie & Matière médicale
S. f. (Pharmacie et Matière médicale) c'est le fruit du grenadier. Voyez l'article GRENADIER. Des trois espèces de grenades, on n'emploie guère en Médecine que la grenade aigre.

Les graines ou semences contenues dans ce fruit, le suc qu'on en exprime, l'écorce du fruit et les fleurs qui l'ont précédé, sont en usage en Médecine.

Le suc des grains de grenade a une saveur aigrelette très-agréable ; il est moins acide que celui du citron, de la groseille, et de l'épine-vinette, avec lesquels il est d'ailleurs parfaitement analogue. Il faut les ranger avec ces autres sucs, dans l'ordre des muqueux acides. Voyez MUQUEUX.

Si l'on garde dans un lieu frais ce suc exprimé, clarifié, et enfermé dans un vaisseau convenable, il donne du sel essentiel d'une saveur acide.

Il est susceptible de la fermentation vineuse, ne donne point de gelée comme le suc de groseille, et peut être mis par conséquent sous la forme de sirop avec suffisante quantité de sucre. Ce sirop se prépare de la même manière que le sirop de limon. Voyez CITRON.

On prépare beaucoup de ces sirops dans les pays où les grenades croissent abondamment. Celui qu'on emploie à Paris vient du Languedoc.

Les grains de grenade mangés tout entiers sont regardés comme amis de l'estomac, comme en tempérant l'ardeur, calmant la soif, rafraichissant, arrêtant le flux hémorrhoïdal trop abondant, corrigeant l'acrimonie de la bile, arrêtant le vomissement et le hoquet. Les malades attaqués de fièvres ardentes et bilieuses, éprouvent un leger soulagement, et même un certain degré de plaisir, lorsqu'on leur permet de rouler de-temps-en-temps dans leur bouche et de sucer quelques grains de grenade.

On fait une eau de grenades dans le pays où elles sont communes, en étendant le suc exprimé de ses grains dans suffisante quantité d'eau, et l'édulcorant avec un peu de sucre, ou en dissolvant le sirop de grenade dans sept à huit parties d'eau. Cette boisson a les mêmes usages que la limonade ou l'eau de groseille ; elle est seulement un peu moins agaçante, et par conséquent moins sujette aux inconvénients des acides donnés mal-à-propos.

L'écorce de grenade prise intérieurement, passe pour un puissant astringent ; sa saveur amère et austère est une preuve suffisante de la réalité de cette vertu. Il est à présumer cependant que son action se borne à l'oesophage, à l'estomac et au canal intestinal ; que par conséquent ce remède n'est véritablement utîle que contre les diarrhées, qu'on peut arrêter sans danger, et qu'on ne doit pas beaucoup compter sur son efficacité dans le relâchement ou les hémorrhagies des autres parties, comme dans les écoulements immodérés des règles, les fleurs blanches, les gonorrhées, etc. On la donne en poudre depuis demi jusqu'à un gros pour chaque prise, et jusqu'à demi-once en décoction.

On emploie l'écorce de grenade extérieurement dans les décoctions, les gargarismes et les lavements astringens. La décoction très-chargée de cette écorce est surtout célèbre pour redonner le ton naturel et la capacité convenable au vagin, relâché et délabré par un accouchement laborieux, ou par toute autre cause.

Les fleurs de grenade, plus connues dans les boutiques sous le nom de balaustes, ont la même vertu que l'écorce ; mais dans un degré inférieur ; on en fait à-peu-près le même usage, tant extérieurement qu'intérieurement. Voyez BALAUSTE. (b)

GRENADE, (Art militaire) c'est une espèce de petite bombe, de même diamètre ou calibre qu'un boulet de quatre livres, laquelle pese environ deux livres, et qui est chargée de quatre ou cinq onces de poudre.

Les grenades se jettent avec la main par des soldats nommés à cet effet grenadiers. Elles ont une lumière comme la bombe, et une fusée de même composition. Le soldat met avec une meche le feu à la fusée, et il jette la grenade dans le lieu qui lui est indiqué. Le feu prenant à la poudre de la grenade, son effort la brise et la rompt en éclats, qui tuent ou estropient ceux qu'ils atteignent. Le soldat ne peut guère jeter de grenades qu'à la distance de quinze ou seize taises au plus. Il y a d'autres grenades qui ne se jettent point à la main, mais qui se roulent dans les fossés et dans les autres endroits où l'on veut en faire usage : ce sont proprement des espèces de bombes, qui ont de diamètre depuis trois pouces jusqu'à six. (Q)

GRENADE D'ARTIFICE, (Artificier) c'est une imitation du fruit appelé grenade, ou, si l'on veut, des grenades de guerre, par un petit globe de carton à-peu-près de même grosseur, qu'on remplit de poudre ou d'autre composition, pour le jeter à la main ou avec une fronde à l'instant qu'on y met le feu.

GRENADE, (le royaume de) Géographie province considérable d'Espagne, avec titre de royaume ; c'est proprement la haute Andalousie, qui fait partie de la Betique des anciens. Il est borné N. par la nouvelle Castille, E. par la Murcie, S. par la Méditerranée, O. par l'Andalousie. Les principales rivières qui l'arrosent sont le Xénil, le Guadalentin, le Riofrio et le Guadalquivireja. Il a environ 70 lieues de long sur 30 de large, et 80 de côtes.

Malgré le manque de culture, le terrain est fertîle en grains, en vins, en lin, en chanvre, en excellents fruits, et en passerilles ; il abonde en mûriers qui nourrissent quantité de vers à soie, et en forêts qui produisent des noix de galles, des palmiers et des glands de chêne d'un assez bon goût ; le sumac, si utîle pour l'apprêt des peaux de bouc, de chèvre et de maroquin, abonde dans les montagnes. La capitale du royaume s'appelle Grenade.

Ferdinand le Catholique prit cette province sur les Maures en 1492. Du temps qu'ils la possédaient, elle était le pays du midi le plus riche et le plus peuplé : il n'a fait depuis que dégénérer ; et sa destruction a été achevée par l'expulsion de tous les Maures qui restaient dans ce royaume, et que le conseil mal éclairé de Philippe III. roi d'Espagne, s'imagina devoir chasser en 1609. (D.J.)

GRENADE, (Géographie) grande ville d'Espagne, capitale du royaume de ce nom, avec un archevêché et une université, érigée depuis que Ferdinand V. conquit cette ville sur les Maures en 1492. Ils l'avaient fondé dans le dixième siècle, et c'était le dernier domaine qui leur restait dans cette partie de l'Europe. Ferdinand V. surnommé le Catholique, ne se fit point de scrupule d'attaquer son ancien allié Boabdilla, qui en était alors le maître. Le siège dura huit mois, au bout desquels Boabdilla fut obligé de la rendre. Les contemporains ont écrit qu'il versa des larmes en se retournant vers les murs de cette ville si peuplée, si riche, ornée du vaste palais des rois Maures ses ayeux, dans lequel se trouvaient les plus beaux bains du monde, et dont plusieurs sales voutées étaient soutenues sur cent colonnes d'albâtre. Quoique cette ville ait beaucoup perdu de sa splendeur, cependant les édifices publics y sont encore magnifiques, et il s'y fait un grand commerce de soie qui passe pour la meilleure de l'Europe.

Grenade est d'une situation très-riante et très-avantageuse, sur la rivière du Darro et du Xénil qui en baigne les murailles, à 50 lieues S. O. de Murcie, 25 N. E. de Malaga, 45 S. E. de Séville, 90 S. de Madrid. Long. 18. 19. lat. 37. 30.

Cette ville est la patrie de Louis de Grenade, de Suarez, et de Marmol. Le premier était dominicain, et publia deux volumes in folio sur la vie spirituelle. Il mourut en 1588, âgé de 84 ans. Le jésuite Suarez composa vingt-trois volumes de philosophie, de morale et de théologie scolastique. Marmol écrivit en espagnol une description générale d'Afrique, livre utîle et que M. d'Ablancourt n'a point dédaigné de traduire en français. (D.J.)

GRENADE, (Géographie) l'une des plus belles et des plus riches villes de l'Amérique espagnole, sur le bord de la Nicaragua, qu'on appelle aussi quelquefois le lac de Grenade, à 22 lieues E. de Léon, et à 28 de la mer du Sud. Les flibustiers français la pillèrent en 1665 et en 1675. Long. 292. 25. (D.J.)

GRENADE, (la nouvelle) Géographie pays de l'Amérique méridionale dans la Terre-ferme, d'environ 130 lieues de longueur, sur 30 dans sa plus grande largeur. Les Sauvages des vallées se nourrissent de mays, de pais, de patates. Il y a des mines d'or, de cuivre, d'acier, de bons pâturages, des grains, des fruits, du sel, et beaucoup de poisson dans les rivières de ce pays. Il appartient aux Espagnols. Sancta Fé de Bogota en est la capitale, que Ximenès a fait bâtir. Lat. 12. (D.J.)

GRENADE, (la) Géographie île de l'Amérique septentrionale dans la mer du Nord, et l'une des Antilles. Sa longueur du N. au S. est de 10 lieues ; sa plus grande largeur de 5, et sa circonférence d'environ 22. Elle est très-fertile, appartient aux François depuis 1650, n'est éloignée que d'environ 30 lieues de la Terre-ferme, et de 70 de la Martinique. Longit. 315. 35. lat. nord 12. 15. (D.J.)