S. m. (Chimie) lieu clos et couvert ; salle, pièce de maison, boutique qui renferme tous les ustensiles chimiques qui sont compris sous les noms de fourneaux, de vaisseaux, et (d'instruments voyez ces trois articles) et dans lequel s'exécutent commodément les opérations chimiques. Voyez nos Pl. de Chimie, Pl. I.

Le laboratoire de chimie doit être vaste, pour que les différents fourneaux puissent y être placés commodément, et que l'artiste puisse y manœuvrer sans embarras : car il est plusieurs procédés, tels que les distillations avec les ballons enfilés, les édulcorations d'une quantité de matière un peu considérable, les préparations des sels neutres avec les filtrations, les évaporations, les crystallisations qu'elles exigent, etc. Il est, dis-je, bien des procédés qui demandent des appareils embarrassants, des vaisseaux multipliés, et par conséquent de l'espace.

Le laboratoire doit être bien éclairé ; car le plus grand nombre de phénomènes chimiques sont du ressort de la vue, tels que les changements de couleur, les mouvements intestins des liquides, les nuages formés dans un liquide auparavant diaphane par l'effusion d'un précipitant, l'apparition des vapeurs, la forme des crystaux, des sels, etc. or ces objets sont quelquefois très-peu sensibles, même au grand jour ; et par conséquent ils pourraient échapper à l'artiste le plus exercé, ou du moins le peiner, le mettre à la torture dans un lieu mal éclairé.

Le laboratoire doit être pourvu d'une grande cheminée, afin de donner une issue libre et constante aux exhalaisons du charbon allumé, à la fumée du bois, et aux vapeurs nuisibles qui s'élèvent de plusieurs sujets, comme sont l'arsenic, l'antimoine, le nitre, etc. Il ne serait même pas inutîle que le tait entier du laboratoire fût une chape de cheminée terminée par une ouverture étroite, mais étendue tout le long du mur opposé à celui où serait pratiquées la porte ou les portes et les fenêtres, afin que par le courant d'air établi naturellement de ces portes à cette ouverture, par la chaleur intermédiaire du laboratoire, toutes les vapeurs fussent constamment dirigées d'un seul côté. Il serait pourtant mieux encore que cette cheminée n'occupât que la moitié et un côté du laboratoire partagé dans sa longueur, afin qu'il n'y eut point d'espace dans lequel l'artiste peut passer, agir, avoir affaire entre les fourneaux, exhalant les vapeurs dangereuses, et l'ouverture de la cheminée.

Le laboratoire doit être surmonté d'un grenier, et être établi sur une cave ; ou du moins avoir à portée une cave et un grenier, pour placer dans l'une et dans l'autre certaines matières qui demandent pour leur conservation l'un et l'autre de ces lieux, dont le premier est sec, et alternativement froid ou chaud, et le second humide, et constamment tempéré : voyez CONSERVATION, (Pharmacie) et encore pour appliquer à certains sujets l'air ou l'atmosphère de ces lieux, comme instrument chimique, l'air chaud du grenier pendant l'été, pour dessécher certaines substances, la fraicheur de la cave pour favoriser la crystallisation de certains sels, son humidité pour obtenir la défaillance de certains autres, etc. Le grenier ou la cave sont aussi des magasins de charbon, de bois, de terre à faire des luts, et d'autres provisions nécessaires pour les travaux journaliers.

J'ai rapporté à l'article FROID (Chimie) voyez cet article, les avantages qu'un chimiste pourrait trouver à établir son laboratoire entre un fourneau de verrerie, et une glacière.

Le voisinage d'un ruisseau dont on pourrait employer l'eau à mouvoir certaines machines, comme les moussoires, ou machine à triturer de la garaye, les moulins à porphiriser et à piler, des soufflets, etc. et qu'on pourrait encore détourner et distribuer dans le laboratoire pour rafraichir des chapiteaux, des serpentins, des ballons, et pour exécuter plusieurs lavages chimiques, pour rincer les vaisseaux, etc. Le voisinage d'un ruisseau, dis-je, serait un vrai trésor. On peut y suppléer, mais à grands frais, et d'une manière bien moins commode, et seulement pour le rafraichissement et les lavages, en portant dans le laboratoire l'eau d'un puits.

Il est aussi nécessaire d'avoir, joignant le laboratoire, un lieu découvert tel qu'une cour, ou un jardin, dans lequel on exécute plus commodément certaines opérations, et l'on tente certaines expériences, telles que celles que les explosions et déflagrations violentes, les évaporations de matières très puantes, les dessications au soleil, qui peuvent cependant aussi se faire sur les toits ; les besognes grossières, comme briser la terre, et la pétrir pour en faire des luts, faire des briques, des fourneaux, scier le bois etc. Voyez dans nos Planches de Chimie, la coupe d'un laboratoire. On a étendu par métaphore l'acception du laboratoire à d'autres lieux destinés au travail : ainsi on dit des entrailles de la terre, qu'elles sont le laboratoire de la nature ; un homme de lettres dit dans le style familier, de son cabinet, qu'il se plait dans son laboratoire etc. (b)