S. f. (Chimie) état d'un corps quelconque, échauffé par un degré de chaleur qui le rend éclatant et brulant, c'est-à-dire capable de porter l'incendie dans plusieurs matières combustibles.

On emploie quelquefois aussi le mot d'ignition, pour désigner l'action de porter un corps à l'état que nous venons de décrire.

Le mot latin candefactio exprime assez bien le degré extrême d'ignition, car la plupart des corps qui sont échauffés par le plus grand degré de chaleur qu'on puisse leur communiquer sont véritablement éblouissants, jettent une lumière très-vive et très-abondante, et par conséquent paraissent blancs. Le degré moyen d'ignition qui fait paraitre les corps rouges, pourrait s'appeler en français rougissement.

L'usage ordinaire du mot d'ignition exclut la flamme de l'idée du phénomène qu'il exprime. Cette acception est assez arbitraire ; le mot ignition pourrait très-bien exprimer l'état générique de tout corps en feu, en sorte qu'il est une ignition avec flamme, et une ignition sans flamme ; mais c'est toujours la dernière espèce que cette expression désigne, et la première est toujours nommée inflammation.

L'ignition proprement ou communément dite peut résider ou dans un corps combustible, ou dans un corps incombustible ; dans le premier cas elle s'appelle aussi embrasement, et elle ne subsiste dans l'air libre qu'aux dépens du corps même dans lequel elle existe, elle y consume un des principes de ce corps, sa matière combustible ; le même degré de chaleur peut y être entretenu longtemps par le dégagement et l'ignition successive de cette substance, qui fournit, ce qu'on appelle dans le langage vulgaire des écoles, un aliment au feu ; et selon la théorie de ce phénomène, que j'ai proposée à l'art. Calcination, (Voyez CALCINATION) la matière d'une flamme sensible ou insensible. L'ignition des corps combustibles n'a pas besoin par conséquent, pour être excitée, de l'application d'un feu extérieur aussi fort que celui qui la constitue elle-même, et encore moins de l'application continuelle d'une chaleur extérieure quelconque. L'ignition des corps incombustibles peut subsister au contraire très-longtemps, même à l'air libre, sans altération du corps qu'elle échauffe, et demande nécessairement pour être excitée et entretenue dans ces corps, l'application antécédente et continuelle d'une chaleur extérieure, au moins égale à celle du corps mis en ignition, que l'usage ne permet pas encore d'appeler igné.

Ces deux phénomènes sont si réellement distincts, et cependant si généralement confondus par les plus grands Physiciens, par Newton lui-même, (voyez son idée sur l'ignition ou sur le feu, rapportée et réfutée, art. CHIMIE, p. 419, col. ij.) qu'il me parait nécessaire de les désigner par deux noms différents ; de consacrer le mot d'ignition pour les corps incombustibles, et de n'employer que celui d'embrasement pour les combustibles.

La consommation ou consomption de l'aliment du feu, ou du principe combustible par l'ignition, demande le concours de l'air, du moins n'a point lieu lorsque ces matières sont à l'abri de l'abord libre de l'air de l'atmosphère. Voyez CALCINATION et CHARBON. L'espèce de soufre formé par l'union de l'acide nitreux et du phlogistique, parait seul excepté de cette loi. Voyez NITRE. Les matières combustibles mises en ignition dans les vaisseaux fermés, sont donc exactement alors dans le cas des corps incombustibles. Toutes ces notions qui sont vraiment fondamentales dans la théorie du feu combiné, ou du phlogistique, seront ultérieurement développées à l'art. PHLOGISTIQUE. Il faut encore consulter les articles déjà cités, CHIMIE, CHARBON et CALCINATION, et les articles CHAUX METALLIQUE, CENDRES, CHIMIE, COMBUSTION, FEU, FLAMME, INCOMBUSTIBLE. (b)