adj. pris subst. (Chimie) Ce nom a été donné à certains dissolvants, dont on a évalué l'action par leur effet sur le corps animal, qu'ils affectent à-peu-près de la même façon que le feu, ou les corps actuellement ignés ou brulans. Cette action est une vraie dissolution. (Voyez MENSTRUE) ; car les caustiques proprement dits, sont de vrais dissolvants des substances animales. Les alkalis fixes, surtout animés par la chaux (Voyez PIERRE A CAUTERE), les alkalis volatils, la chaux vive, attaquent ces substances très-efficacement, et se combinent avec elles. Les acides minéraux concentrés, et les sels métalliques surchargés d'acide, comme le sublimé corrosif, le beurre d'antimoine, le vitriol, les crystaux de lune, etc. les attaquent et les décomposent. Voyez LYMPHE.

Quelques sucs résineux, comme ceux de quelques convolvulus, du toxicodendron, des tithymales, et quelques baumes très-visqueux, comme la poix de Bourgogne, les huiles essentielles vives, ne sont pas des caustiques proprement dits. Ces substances n'agissent sur l'animal vivant que par irritation ; elles peuvent enflammer les parties, les mortifier même assez rapidement ; mais c'est comme sensibles que ces parties sont alors affectées, et non pas comme solubles.

C'est appliquer un cautère sur une jambe de bois, dit-on communément pour exprimer l'inutilité d'un secours dont on essaye. Un médecin dirait tout aussi volontiers, et plus savamment, sur la jambe d'un cadavre, puisque la bonne doctrine sur l'action des remèdes est fondée sur le jeu des parties, sur leur mobilité, leur sensibilité, leur vie ; les remèdes n'opéreraient rien sur le cadavre, disent la plupart des auteurs de matière médicale. Ces auteurs ont raison pour plusieurs remèdes, pour la plupart même : mais ils se trompent pour les vrais caustiques. On ferait aussi-bien une escare sur un cadavre que sur un corps vivant.

L'opération par laquelle on prépare ou tane les cuirs, n'est autre chose que l'application d'un caustique leger à une partie morte, dont il dissout et enlève les sucs lymphatiques, les humeurs, en épargnant les fibres ou parties solides ; mais qui détruirait ces solides même à la longue, si on augmentait la dose ou l'intensité du dissolvant.

La préparation des mumies d'Egypte ne différait de celle de nos cuirs, que par le dissolvant que les embaumeurs Egyptiens employaient. Nos Tanneurs se servent de la chaux ; c'était le natron qui était en usage chez les Egyptiens. Voyez l'extrait du Mémoire de M. Rouelle sur les mumies, lu à l'assemblée publique de l'académie des Sciences du mois de Novembre 1750, dans le Mercure de Janvier 1751. Cet article est de M. Venel.

L'usage des caustiques, en Médecine, est de manger les chairs fongueuses et baveuses ; ils pénètrent même dans les corps durs et calleux, fondent les humeurs, et sont d'un usage particulier dans les abcès et les apostumes, pour consumer la matière qui est en suppuration, et y donner une issue ; et servent aussi quelquefois à faire une ouverture aux parties, dans le cas où l'incision serait difficîle à pratiquer ou dangereuse.

Les principaux médicaments de cette classe sont l'alun brulé, l'éponge, les cantharides et autres vésicatoires, l'orpiment, la chaux-vive, le vitriol, les cendres de figuier, le frêne, la lie de vin, le sel de la lessive dont on fait le savon, le mercure sublimé, le précipité rouge, etc. Voyez chacune de ces substances à leur article propre.

Les crystaux de la lune et la pierre infernale, composés d'argent et d'esprit de nitre, deviennent caustiques par ce mélange. Voyez CRYSTAL, ARGENT, etc. (N)

CAUSTIQUE, s. f. dans la Géométrie transcendante, est le nom que l'on donne à la courbe que touchent les rayons réfléchis ou réfractés par quelqu'autre courbe. Voyez COURBE. Si une infinité de rayons de lumière infiniment proches tombent sur toute l'étendue d'une surface courbe, et que ses rayons soient supposés réflechis ou rompus suivant les lois de la réflexion et de la réfraction, la suite des points de concours des rayons réfléchis ou rompus infiniment proches, formera un polygone d'une infinité de côtés ou une courbe qu'on appelle caustique ; cette courbe est touchée par les rayons réfléchis ou rompus, puisque ces rayons ne sont que le prolongement des petits côtés de la caustique.

Chaque courbe a ses deux caustiques, ce qui fait diviser les caustiques en catacaustiques et diacaustiques ; les premières sont formées par réflexion, et les autres par réfraction.

On attribue ordinairement l'invention des caustiques à M. Tschirnhausen ; il les proposa à l'académie des Sciences en l'année 1682 ; elles ont cette propriété remarquable, que lorsque les courbes qui les produisent sont géométriques, elles sont toujours rectifiables.

Ainsi la caustique formée des rayons réfléchis par un quart de cercle, est égale aux 3/4 du diamètre. Cette rectification des caustiques a été antérieure au calcul de l'infini, qui nous a fourni celle de plusieurs autres courbes. Voyez RECTIFICATION. L'académie nomma un comité pour examiner ces nouvelles courbes ; il était composé de MM. Cassini, Mariotte, et de la Hire, qui révoquèrent en doute la description ou génération que M. Tschirnhausen avait donnée de la caustique par réflexion du quart de cercle : l'auteur refusa de leur découvrir sa methode, et M. de la Hire persista à soutenir qu'on pouvait en soupçonner la génération de fausseté. Quoi qu'il en sait, M. Tschirnhausen la proposait avec tant de confiance, qu'il l'envoya aux actes de Leipsic, mais sans démonstration. M. de la Hire a fait voir depuis dans son traité des Epicycloïdes, que M. Tschirnhausen s'était effectivement trompé dans la description de cette caustique. On trouve dans l'Analyse des infiniment petits de M. le marquis de l'Hopital, une méthode pour déterminer les caustiques de réflexion et de réfraction d'une courbe quelconque, avec les propriétés générales de ces sortes de courbes, que le calcul des infiniment petits rend très-aisées à découvrir et à entendre.

Le mot caustique vient du Grec , je brule ; parce que les rayons étant ramassés sur la caustique en plus grande quantité qu'ailleurs, peuvent y bruler, si la caustique est d'une fort petite étendue. Dans les miroirs paraboliques, la caustique des rayons parallèles à l'axe est un point qu'on nomme le foyer de la parabole.

Dans les miroirs sphériques d'une étendue de 20 à 30 degrés, la caustique des rayons parallèles à l'axe est d'une très-petite étendue, ce qui rend les miroirs sphériques et paraboliques capables de bruler. Voyez ARDENT, PARABOLE, FOYER, etc.

Si plusieurs rayons partent d'un point, et tombent sur une surface plane, les rayons réfléchis prolongés se réuniront en un point ; et pour trouver ce point, il n'y a qu'à mener du point d'où les rayons partent, une perpendiculaire à la surface plane, prolonger cette perpendiculaire jusqu'à ce que la partie prolongée lui soit égale, et le point cherché sera à l'extrémité de cette partie prolongée. Voyez MIROIR.

Cette proposition peut faire naître sur les caustiques une difficulté capable d'arrêter les commençans et qu'il est bon de lever ici. On sait que dans la Géométrie des infiniment petits, une portion de courbe infiniment petite est regardée comme une ligne droite dont la tangente est le prolongement. Supposons donc un petit côté de courbe prolongé en tangente, et imaginons deux rayons infiniment proches, qui tombent sur ce petit côté ; il semble, d'après ce que nous venons de dire, que pour trouver le point de concours des rayons réfléchis, il suffise de mener du point d'où les rayons partent, une perpendiculaire à cette tangente, et de prolonger cette perpendiculaire d'une quantité égale. Cependant le calcul et la méthode de M. de l'Hopital font voir que l'extrémité de cette perpendiculaire n'est pas un point de la caustique. Comment donc accorder tout cela ? Le voici. En considérant la petite portion de courbe comme une ligne droite, il faudrait que les perpendiculaires à la courbe, tirées aux deux extrémités du petit côté fussent exactement parallèles, comme elles le seraient si la surface totale au lieu d'être courbe était droite ; or cela n'est pas : les perpendiculaires concourent à une certaine distance, et forment par leur concours ce qu'on appelle le rayon de la développée. Voyez DEVELOPPEE. Ainsi il faut avoir égard à la position de ces perpendiculaires concourantes pour déterminer la position des rayons réfléchis, et par conséquent leur point de concours, qui est tout autre que si la surface était droite. En considérant une courbe comme un polygone, les perpendiculaires à la courbe ne doivent pas être les perpendiculaires aux côtés de la courbe ; ce sont les lignes qui divisent en deux également l'angle infiniment obtus que forment les petits côtés ; autrement au point de concours de deux petits côtés il y aurait deux perpendiculaires, une pour chaque côté. Or cela ne se peut, puisqu'à chaque point d'une courbe il n'y a qu'une perpendiculaire possible. Les rayons incidents et réfléchis doivent faire avec la perpendiculaire des angles égaux. D'après cette remarque sur les perpendiculaires, on peut déterminer les caustiques en regardant les courbes comme polygones ; et on ne trouvera plus aucune absurdité ni contradiction apparente entre les principes de la Géométrie de l'infini. Voyez DIFFERENTIEL, INFINI, etc. (O)