S. m. (Manège) mouvement convulsif produit par l'irritation de la membrane pituitaire, soit en conséquence de l'acrimonie du mucus, soit ensuite de l'impression de certaines odeurs fortes, ou de certains médicaments que nous nommons errines.

Il ne peut et ne doit être véritablement comparé qu'à ce que nous appelons, relativement à l'homme, éternuement.

Aristote a recherché pourquoi de tous les animaux, celui qui éternue le plus souvent est l'homme. Probl. sect. Xe probl. 49. ibid. sect. xxxiij. probl. 11.

Cette même question a excité la curiosité d'Aphrodisée, liv. I. prob. 144.

Schoock, après avoir réfléchi sur la difficulté de désigner positivement les animaux dans lesquels cette sorte de convulsion a lieu, nomme les chiens, les chats, les brebis, les bœufs, les ânes, les renards, et les chevaux.

Quoi qu'il en sait, la comparaison de l'ébrouement et de l'éternuement me parait d'autant plus juste, que le mécanisme de l'un et de l'autre n'a rien de dissemblable. D'abord la poitrine de l'animal est fortement dilatée, il inspire une grande quantité d'air ; mais cet air bientôt chassé, sort avec véhémence et avec impétuosité, en balayant les fosses nazales, et en emportant avec lui la mucosité qu'il rencontre sur son passage. Or je dis que les particules âcres du mucus, des ptarmiques, ou des corps odorants qui suscitent ce mouvement convulsif, appliquées sur le nerf nazal, y font une impression dont participent l'intercostal et le vague, et conséquemment tous les nerfs qui se distribuent aux muscles de la respiration. Ces nerfs agités, les uns et les autres de ces muscles se contractent, les inspirateurs entrent les premiers en contraction ; de-là la dilatation subite et extraordinaire du thorax, dilatation qui est promptement suivie d'un resserrement violent : car les expirateurs, dont les nerfs toujours irrités augmentent la résistance, l'emportent bientôt sur les premiers, pressent le diaphragme, et compriment tellement les poumons, que l'air est expulsé avec une violence considérable. Il est vrai que la contraction et l'effort ne sont pas toujours aussi grands ; mais l'une et l'autre sont proportionnés à l'action des corps qui ont sollicité les nerfs : suivant la vivacité de cette action, le jeu des muscles sera plus ou moins sensible.

On ne doit pas confondre, au surplus, avec l'ébrouement proprement dit, cette expiration plus marquée qu'à l'ordinaire, et qui se manifeste dans certains chevaux à la vue de quelques objets qui les effraient, à l'approche de quelques odeurs qu'ils craignent, ou lorsqu'ils sont enfin extrêmement animés ; ce qui est parfaitement exprimé dans la traduction et dans le commentaire de Castalio sur le texte du livre de Job, ch. xxxjx. de la conduite admirable de Dieu dans les animaux : cùm terror fit ejus nasibus decorus ; à quoi il ajoute, ad formidabilia fumat generosè nasibus, nihil formidants. Munster et Mercer n'ont admis aucune différence entre l'ébrouement et l'expiration dont il s'agit. Le premier, que quelques-uns envisagent comme un des hommes les plus versés dans la langue hébraïque, traduit de cette manière le même passage hébreu, virtus narium ejus, et il l'explique ensuite en disant, id est fremitus et sternutatio ejus. Le second l'interprete dans sa glose, de façon à nous prouver qu'il ne distingue pas seulement l'ébrouement du hennissement : vehements sonitus quem sternutants edit, terrorem affert omnibus qui audiunt. Il est certain néanmoins que plus un cheval est recherché, plus il a de l'ardeur, plus la respiration est forte et fréquente en lui ; et cette fréquence occasionnant dans les nazaux une plus vive collision de l'air, il expire avec bruit, il souffle : mais l'ébrouement n'est point réel. L'expiration est-elle plus remarquable à la vue d'un objet qui lui inspire de la crainte, l'émotion donnera lieu à une contraction dans laquelle on trouvera la raison de cette expiration augmentée : que si certaines odeurs l'occasionnent, ce n'est que parce que l'animal, par un instinct naturel, cherche à éloigner de lui les choses qui peuvent lui procurer une sensation nuisible ou desagréable.

L'ébrouement est un signe favorable dans un cheval qui tousse, voyez POUSSIF ; et dans les chevaux qui jetent, voyez GOURME, FAUSSE GOURME, MORVE. (e)