S. m. (Manège) courir ou courre le faquin, rompre des lances, jeter des dards contre la quintaine ; espèce de jeu fort en usage chez les Romains qui y exerçaient avec soin la jeunesse qu'ils destinaient à la guerre. Il fut du nombre de ceux que l'empereur Justinien distingua des jeux de hasard qu'il défendit, et idem ludere liceat quintanam hastâ sine cuspide, L. III. tit. xliij. cod. de alcat. Suivant cette même loi, il parait que Quintus en fut l'inventeur, et de-là l'origine du mot quintaine, à quoddam Quinto, ita nominatâ hâc lusus specie. Balsamon dans ses notes sur le Nomocanon de Photius, a embrassé ce sentiment, d'ailleurs contraire à l'opinion de Pancirole, de Ducange, et de Borel. Le premier, j. var. cap. IVe estime que cet exercice a tiré son nom à quintanâ viâ quae à castris romanis in quintanam portam exibat : le second, dissert. sur Joinville, des banlieues dans lesquelles on se rendait à cet effet, ces banlieues étant appelées quintes ou quintaines : Borel enfin avance qu'il n'est ainsi nommé, qu'attendu que l'on a imité ce jeu de ceux des anciens qui avaient lieu de cinq en cinq ans.

Quant au terme de faquin, qui dans cette circonstance est le synonyme de celui de quintaine, sa source n'est point obscure. On peut y remonter, sans craindre de prendre une conjecture bizarre et imaginaire pour une analogie régulière. En effet ce mot n'a été appliqué ici, que parce que l'on substitue au pal ou au pilier, contre lequel on rompait des lances, un homme fort et vigoureux, ou un porte-faix, en italien facchino, armé de toutes pièces. Ce porte-faix était tantôt habillé en turc, tantôt en maure ou en sarrasin ; aussi les Italiens nommèrent-ils ce jeu la course à l'homme armé, la course du sarrasin, l'huomo armato, il saraceno, il stafermo. A notre égard nous l'avons appelé la course du faquin ; terme qui peut à la vérité dans le sens figuré désigner nombre de personnes, mais qui dans son acception naturelle signifie proprement un crocheteur, nn homme de la lie du peuple.

Dans la suite, et principalement dans les manéges, on plaça au lieu du pal et de l'homme, un buste mobîle sur un pivot, tenant un bouclier de la main gauche, et de la droite une épée, ou un sabre, ou un bâton, ou un sac rempli de sable ou de son. Il s'agissait de lancer des dards et de rompre des lances contre le buste, qui atteint par l'assaillant muni de la lance, au front, entre les yeux, dans l'oeil, sur le nez, au menton, demeurait ferme et inébranlable ; mais qui frappé par-tout ailleurs, tournait avec une telle rapidité, que le cavalier esquivait avec une peine extrême le coup auquel la mobilité du buste, dont la main droite était armée, l'exposait, dès qu'il avait mal ajusté : on conserve à ce buste le nom de faquin. Cette course et celle des bagues sont de toutes celles qui ont été pratiquées à cheval, les plus agréables et les moins dangereuses. On ne peut disconvenir qu'il n'y ait beaucoup d'adresse à faire les dedans, et à rompre de bonne grâce ; on acquiert dans ces sortes de jeux une grande aisance, beaucoup de facilité, beaucoup de liberté ; mais on ne me persuadera point qu'ils doivent être préférés à la science du maniement des armes dont nous nous servons aujourd'hui, et que celle de mesurer des coups de lance soit assez utile, pour négliger et pour abandonner totalement la première. Voyez EXERCICES. Du reste la course du faquin est déjà en quelque manière délaissée ; il n'en est plus question dans nos écoles. En ce qui concerne celle de la quintaine, nous dirons qu'elle a lieu encore dans quelques coutumes locales, soit à l'égard des meuniers, bateliers, etc. soit à l'égard des nouveaux mariés, qui, s'ils n'ont point eu d'enfants dans l'année, sont obligés de rompre en trois coups, sous peine d'une amende, une perche contre un pilier planté dans la rivière : le tout en présence du seigneur, tandis que les femmes sont tenues de présenter au procureur du roi un chapeau de roses, ou d'autres fleurs, et de donner à goûter au greffier du juge. Il est fait mention de ce droit dans le liv. III. du recueil des arrêts du parlement de Bretagne. Nous y lisons qu'un certain prieur de Livré, soutenant que ce droit lui appartenait, prétendait en user dès le lendemain de pâques ? ce qui lui fut spécialement défendu, au moins dans le cours de ces fêtes solennelles. (e)