S. f. (Maladie) maladie appartenante au sexe. Elle dépend de plusieurs causes que l'on peut réduire au vice des solides, à celui des fluides et à un vice combiné de ces deux premiers.

La plupart des femmes conçoivent, et portent leur fruit jusqu'au neuvième mois ; mais beaucoup d'entr'elles ne peuvent concevoir, c'est ce que l'on nomme stérilité. C'est une maladie qui afflige les familles, leur faisant perdre l'espoir d'avoir des héritiers.

Le vice des solides consiste dans la conformation irrégulière des parties de la génération, dans l'affaissement et l'étroitesse du vagin, dans l'obstruction et le desséchement des ovaires, dans le relâchement et la faiblesse de la matrice, du vagin, des trompes et des autres parties. Souvent il se trouve que le vagin n'est pas ouvert, souvent les parois sont obliterées, et l'art ne peut remédier à leur coalition.

D'autres fois les éminences qui sont contenues entre les ailes, telles que le clitoris, les nymphes, sont si prodigieuses, qu'elles ne permettent pas l'introduction du membre viril dans le grand conduit de l'utérus. On a Ve des femmes en qui cette structure bizarre a donné lieu à de grands désordres, en leur facilitant un commerce illicite avec des personnes du même sexe.

Le vice des fluides consiste ou dans l'excès des fluides ou dans la petite quantité de ces fluides. C'est ainsi que les règles immodérées, les pertes continuelles, les fleurs blanches continuelles, en épuisant les humeurs, relâchent et humectent si fort les parois de l'utérus, que la liqueur séminale et l'embryon venu de l'ovaire ne peuvent y rester ni y être retenu : de-là vient que les femmes sujettes à ces incommodités, ou ne conçoivent point ; ou si elles sont assez heureuses pour concevoir, elles sont sujettes à de fréquents avortements. Ces sortes de femmes étant toujours mouillées, les parties solides des organes n'ont point assez de ressort pour échauffer les principes de l'embryon ; la sérosité qui les inonde et leur humidité étouffent les principes actifs de la semence qui auraient pu sans cette fâcheuse circonstance se développer, et porter dans l'œuf cet esprit vivifiant nécessaire pour former ou développer l'embryon.

La sanie ou plutôt les écoulements purulents des fleurs blanches lymphatiques, d'une gonorrhée virulente, produisent les mêmes effets, et disposent l'utérus aux ulcérations et à l'hydropisie. D'ailleurs tous ces vices des humeurs ci-dessus énoncés empêcheraient l'utérus de se fermer, et de garder le précieux dépôt dont ces parois ont été arrosés.

Souvent les vices des solides se combinent avec ceux des fluides. C'est à cette cause que l'on peut rapporter la suppression des règles, les pâles couleurs, ou la chlorose, qui sont toutes des causes et des signes de stérilité.

Or cette suppression dépend également du vice des solides comme de celui des fluides : la roideur, la sécheresse, l'aridité de l'utérus, la trop grande tension de ses fibres, sont des causes fréquentes de la diminution, de la suppression des règles ; comme aussi le sang trop épais, trop acre, trop abondant produit encore les mêmes effets. C'est l'ordinaire que les filles en qui la menstruation est pénible, ne conçoivent que difficilement ; et que celles en qui les règles coulent librement et régulièrement, sont plus heureuses dans la conception, dans la gestation comme dans l'accouchement. C'est ainsi que l'illustre Fernel procura à la France un dauphin, conseillant au roi d'approcher de la reine pendant l'éruption facîle des règles : ce sont aussi là les vues des grands praticiens de nos jours.

Mais outre ces causes, la chaleur de l'utérus est quelquefois si grande, qu'elle détruit et suffoque tous les principes les plus actifs de la liqueur séminale : d'ailleurs cela arrivera encore plus surement, si cette liqueur se trouve trop froide, respectivement à l'état présent de l'utérus, si les embrassements d'un époux sont froids, languissants ; ou si l'épouse ne sympathise et ne correspond que froidement aux embrassements de son époux, soit par la constitution froide et inactive de son tempérament, soit par le peu d'inclination ou d'amitié qu'elle se sent pour lui.

Enfin l'expérience fournit d'autres causes qui confirment ces premières : nous voyons tous les jours des femmes qui conçoivent avec un second mari, et qui en ont des enfants, tandis qu'elles n'avaient pu en avoir du premier. Nous voyons de même des maris avoir des enfants en secondes noces, qui n'ont pu en avoir du premier lit. Ces cas ne sont point rares ; ils tendent à prouver le rapport qui doit être entre les humeurs des deux époux, de-même qu'entre les organes destinés à l'ouvrage de la génération.

Voilà les causes de la stérilité qui peuvent avoir lieu du côté de la femme : il en est d'autres qui attaquent les hommes, dont la froideur, la langueur dans les embrassements vient des mêmes causes du vice des solides, de leur mutilation, ou du peu d'activité des humeurs séminales. La cause la plus commune est le libertinage, l'habitude des plaisirs qui a épuisé les secours de la santé et les marques de la virilité. Car la vraie cause prochaine de la conception est l'immission de la liqueur séminale vivifiante dans l'utérus pour y développer les rudiments de l'embryon contenu dans l'ovaire.

Traitements. Si l'on nous demande les remèdes nécessaires pour détruire ces causes, et donner à tant de familles cette douce consolation qui serre et affermit les nœuds des alliances, qui entretient la concorde et l'union dans la société conjugale ; nous répondrons que la plupart des causes énoncées ci-dessus sont sans remèdes, et que l'on voit rarement les médecins réussir dans l'administration des remèdes pour une telle fin.

La difficulté vient de l'embarras où l'on est de connaître les vices réels que l'on doit combattre. On voit bien les vices des solides dans l'un et l'autre sexe, qui dépendent de la conformation extrinseque ; mais on ne voit pas de même ceux qui dépendent du vice interne des fibres, de la sécheresse, de la roideur ; ou des fluides, soit qu'ils péchent par excès, soit qu'ils soient en trop petite quantité. L'excès des liquides, et leur médiocrité peuvent provenir de causes également capables de produire l'un et l'autre : d'ailleurs les différences des tempéraments et des affections mettent encore un obstacle invincible à la connaissance de la cause et du remède.

Nous allons cependant donner quelques points de vue généraux.

Dans la tension et la sécheresse trop grandes, on doit relâcher par les remèdes émolliens, humectants et adoucissants, par un régime délayant, tempérant et rafraichissant : cette indication générale a lieu dans les deux sexes.

Les eaux légèrement acidules, les limonades aigrelettes, les cordiaux acides et doux, les viandes de jeunes animaux, leurs bouillons, sont donc ici spécialement indiqués : les émulsions, les bains d'eau froide ou légèrement tiéde, les frictions douces sur les parties avec les huiles, les infusions ou décoctions émollientes, les demi-bains, les embrocations sont très-bien indiqués dans ce cas.

Dans la souplesse, l'humidité et le relâchement des parties, on doit employer les remèdes astringens et toniques : tels sont les injections, les pessaires, les bains ; les demi-bains, les fomentations, et autres remèdes composés ou préparés des médicaments astringens, fortifiants et toniques. Voyez ASTRINGENS et TONIQUES.

Les fomentations avec les infusions de plantes aromatiques, telles que l'armoise, la matricaire, la millefeuille, la tanésie, la sauge, la cataire, les menthes, les marrubes, les absynthes, et autres de même vertu, sont fort recommandées.

Les opiates faites de plantes aphrodisiaques, de leur suc, des gommes aromatiques, les teintures de myrrhe, d'aloès, de castoréum, les différents élixirs, la teinture d'ambre, de musc, employés en fomentation, en injection ; ces substances même employées en liniments, ont quelquefois réussi ; on doit commencer par leur usage intérieur.

Les emménagogues sont les remèdes indiqués dans le cas de suppression de règles ; mais il faut, avant toute chose, bien considérer les causes, sans quoi on ne ferait qu'irriter le mal. En général, ces remèdes doivent être donnés longtemps et par intervalle. Voyez EMMENAGOGUES.