S. m. pl. terme de Pêche. Les duits sont des pêcheries de pierre. Il y en a de construits à l'embouchure de la Loire. Ce sont des chaussées faites de pieux et de cailloux, sur une même direction tout-à-travers d'une rivière, mais surtout dans les lieux où le flot se fait sentir à chaque marée. Pour construire ces pêcheries, on enfonce des pieux, entre lesquels on place des pierres seches ; ces pierres surmontent ordinairement d'un pied au moins la tête des pieux. On se livre à ce travail pendant l'été, lorsque les eaux basses donnent la facilité de former aisément ces pêcheries. Il y a dans le temps de la pêche, sur ces pêcheries, jusqu'à dix, douze, quinze à vingt pieds d'eau ; il y en a quelquefois à peine deux ou trois pieds ; et si les maigres eaux viennent au commencement de l'été, on voit souvent paraitre le ventre des nasses. On a observé par-tout le tort qu'elles font à la pêche, et l'embarras qu'elles causent à la navigation. Le passage qu'elles laissent à une barque dans le milieu du canal de la rivière, ne s'étend pas au-delà de trois à quatre brasses au plus, et la négligence d'y tenir des balises occasionne de fréquents accidents.

La pêche des lamproies aux nasses sur les duits, commence à noèl, lorsque le temps est convenable, et qu'il n'y a point de glace.

Ces nasses ou paniers d'osiers ont environ 6 pieds de long ; l'ouverture en est large ; elle est en forme de gueule de four ou d'ouverture de verveux ; elles ont un gros ventre de la grosseur d'environ un tierçon, les tiges assez serrées pour qu'on ne puisse placer les doigts entre-deux sans les forcer un peu ; le dessous plat, et le goulet, qui commence dès l'entrée, Ve presque jusqu'au bout, où la nasse forme une petite gorge, et où il y a une espèce d'anse ou d'organeau aussi d'osier.

Il y a tout à fait au fond une ouverture bouchée, dans les unes d'un tampon de paille ou de foin, dans les autres d'une petite porte d'osier arrêtée avec une cheville ; c'est par cette ouverture que les Pêcheurs tirent hors des nasses les lamproies qui se sont prises.

Pour tendre les nasses et les placer sur les duits, les Pêcheurs passent dans l'anse d'osier ou l'organeau un lien de bois ou d'osier tors, qu'ils nomment tresseau ; ce lien est fait en forme de cordage ; il est de la longueur de cinq à six brasses et plus ; à l'autre bout du tresseau ils amarrent une grosse pierre de cent à cent cinquante livres pesant, et qu'une seule personne ne saurait relever. Cette espèce d'ancre est posée à mont du duit ; chaque nasse a son tresseau et sa pierre ; on l'arrête sur le duit de manière que l'ouverture en est inclinée vers le fond de la rivière, et qu'il n'y a que le bout de la nasse élevé sur la pierre du duit ; l'ouverture en est aval ou exposée à la mer ; et comme pendant le temps de cette pêche il n'y a point de marée dans la rivière, au-dessus du pelerin, qui puisse refouler le courant, le cours de l'eau laisse sur le duit les nasses de la même manière que les Pêcheurs les y ont placées. Ces instruments restent trois ou quatre mois à l'eau : si ces pêcheurs n'imitaient pas ceux qui font la pêche des éperlans à la nasse, en se servant de tresseau, les cordages de chanvre qu'ils emploieraient seraient bien-tôt pourris.

Ils ont une toîle ou un petit bateau lorsqu'ils relèvent des nasses, et retirent les lamproies qui y sont entrées : ils accrochent avec une hampe ou gaffe le tresseau de la nasse, sans être obligés d'en remuer la pierre ; et après qu'ils en ont tiré les lamproies, ils les replacent de même. Le nombre des nasses sur un duit est proportionné à sa longueur, elles se joignent l'une à l'autre côte à côte, et l'on en compte sur un même duit, quarante, cinquante, soixante, et plus.

Les Pêcheurs visitent leurs nasses une fois toutes les 24 heures.

Les lamproies qui proviennent de cette sorte de pêche, ne sont pas si estimées que celles qui se pêchent avec les rets coulants nommés lampresses, parce que le poisson est retiré de ces derniers filets sur le champ ; au lieu que celui qui se prend dans les nasses peu de temps après qu'elles ont été visitées, s'y fatigue beaucoup par les efforts qu'il fait pour sortir, ce qui le maigrit extrêmement. Voyez les explications de nos Planches de Pêche, et dans ces Planches la construction, la figure, et la disposition des duits.