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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Pêche
ou GORRE, s. m. (Pêche) espèce de pêcherie composée de plusieurs parties, dont la première s'appelle gord ; ce sont deux rangs de perches ou palissades convergentes d'un côté, et par conséquent divergentes de l'autre ; elles conduisent le poisson qui entre par le côté le plus large, dans un verveux ou guidau fixé au bout le plus étroit. L'embouchure du gord est quelquefois à-mont et quelquefois à-val, suivant le mouvement de la marée. Il suit de ce qui précède, que la palissade sert comme d'entonnoir au guideau qui la termine, et que les gords ressemblent beaucoup aux bouchots.

Il y a des gords d'osier avec pieux sédentaires ; ils sont en usage à Touque et à Dive ; ils ont, comme les bouchots de Cancale, quatre à cinq pieds de hauteur, sur sept à huit de long ; le treillis est soutenu par six pieux, et l'extrémité en est entonnée dans une petite nasse arrêtée par deux pieux en-devant, et un troisième à la queue : l'ouverture en est exposée à l'ebbe ; la pêche se fait au reflux. Comme cette pêcherie n'exige ni panne ni aile, ni clayonnage serré, l'usage n'en saurait être pernicieux ; car il est sédentaire et assez ouvert pour laisser échapper le frai. Voyez nos Pl. de Pêche.

On établit aussi des gords dans les rivières. Voici la description de celui de la rivière d'Elé, dans l'amirauté de Quimper en Bretagne : cette pêcherie où l'on prend du saumon, est placée entre deux montagnes, et traverse en entier le lit de la rivière ; les tonnes sont de maçonnerie, et non de pieux serrés ou de pieux clayonnés. Il y a sept tonnes ; l'intervalle de celle qui est à l'ouest est clos de tous côtés par des rateliers garnis d'échelons ; et c'est le réservoir de la pêcherie. Quand on fait la pêche et qu'il n'y a encore rien de pris ; pour faire servir cette tonne comme les autres, on lève deux de ces rateliers, et l'on met à leur place deux guidaux qui arrêtent les saumons qui cherchent à remonter : lorsqu'ils descendent, ces poissons qu'on ne pêche jamais alors, trouvent une ouverture pour s'échapper et retourner à la mer. Voyez SAUMONS.

Les gords de la gironde n'ont rien de particulier ; ce sont deux palissades de bois qui forment un angle dont la pointe est exposée à la basse eau : ces palissades sont assises sur un terrain de terre franche et de rapport. Quand la marée y est montée, la pointe du gord se trouve garnie d'une tonne ou gonne que les Pêcheurs nomment une gourbeille, au bout de laquelle ils ajoutent encore deux nasses qu'ils appellent des bouteilles. Ces bouteilles sont soutenues sur de petits piquets enfoncés dans le terrain ; c'est-là que se prend le poisson qui est monté avec la marée dans le gord, et il s'en prend beaucoup, car les tiges des bouteilles sont si serrées que rien ne peut échapper : le frai d'alose et d'autres poissons y est quelquefois en si grande quantité, qu'on ne pourrait sans infection l'y laisser plus d'une marée à une autre. Les bouteilles se démontent et s'élèvent quand le pêcheur ne veut point exploiter son gord.

Ces gords ont leurs ailes ou clayonnages d'environ quatre pieds de haut sur vingt-cinq, trente, quarante, cinquante, jusqu'à soixante-dix brasses de long. Il n'y en a qu'à l'ouest de la gironde, sur les côtes de Médoc, où la côte est plate et fort différente de la côte de Xaintonge qui lui est opposée. Voyez nos figures.