S. f. en Médecine, action par laquelle les humeurs superflues du corps sont poussées dehors par les pores de la peau. Voyez ÉVACUATION, PORE et PEAU.

Il y a dans la peau une infinité de ces pores de la transpiration, dont les plus considérables sont les orifices des conduits qui viennent des glandes miliaires. Voyez GLANDE et MILIAIRE.

Quand la transpiration est assez abondante pour être aperçue par les sens, comme dans la sueur, on l'appelle la sensible transpiration ; quand elle échappe aux sens, comme dans l'état ordinaire du corps, elle prend le nom d'insensible transpiration. Voyez SUEUR.

Lorsqu'on se sert simplement, et sans aucune addition ou adjectif, du mot transpiration, il s'entend toujours de l'insensible transpiration.

Transpiration s'emploie aussi par quelques auteurs pour signifier l'entrée de l'air, des vapeurs, etc. dans le corps par les pores de la peau. Voyez AIR.

Cardan explique par le moyen de cette transpiration le phénomène prodigieux d'une femme, dont les urines de chaque jour pesaient 27 livres ; quoique tous les aliments qu'elle prenait, tant secs que liquides, n'allassent pas au-delà de quatre livres. Le docteur Baynard croit qu'il y a dans les hydropiques quelque transpiration semblable. Voyez HYDROPISIE.

Les anciens, Hippocrate, Galien, etc. connaissaient cette espèce d'évacuation ; mais Sanctorius fut le premier qui la réduisit à quelques règles déterminées. On lui est redevable de l'invention et de la perfection de la doctrine de l'insensible transpiration.

Les vaisseaux par lesquels se fait la transpiration, s'ouvrent obliquement sous les écailles de l'épiderme ou de la surpeau, ils sont d'une petitesse inconcevable. Suivant un calcul de Leuwenhoeck, il parait que l'on peut couvrir avec un grain commun de sable, cent vingt-cinq mille embouchures ou orifices extérieurs de ces vaisseaux. Voyez CUTICULE ou ÉPIDERME, GLANDE MILIAIRE, etc.

De chaque point du corps, et par toute l'étendue de la cuticule, il transsude continuellement une humeur subtîle qui sort de ces vaisseaux.

Des expériences bien confirmées ont appris que la quantité de matière poussée au-dehors par cette voie, était plus considérable que celle qui se rendait par toutes les autres. Voyez SELLE, URINE, etc.

En supposant une diete modérée, un âge moyen, et une vie commode, Sanctorius a trouvé en Italie que la matière de l'insensible transpiration était les 5/8 de celle que l'on prenait pour aliment ; de sorte qu'il n'en restait que les 3/8 pour la nutrition, et les excréments du nez, des oreilles, des intestins, de la vessie. Voyez EXCREMENT.

Le même auteur démontre, que l'on perd en un jour par l'insensible transpiration autant qu'en quatorze jours par les selles ; et en particulier, que pendant la durée de la nuit, on perd ordinairement seize onces par les urines, quatre par les selles, et plus de quarante par l'insensible transpiration.

Il observe aussi qu'un homme qui prend dans un jour huit livres d'aliments, en mangeant et en buvant, en consume cinq par l'insensible transpiration : quant au temps, il ajoute que cinq heures après avoir mangé, cet homme a transpiré environ une livre ; depuis la cinquième heure jusqu'à la douzième, environ trois livres ; et depuis la douzième jusqu'à la seizième, presque la moitié d'une livre.

La transpiration insensible surpasse donc de beaucoup toutes les évacuations sensibles prises ensemble. Et il suit des expériences de Sanctorius, qu'on perd davantage en un jour par la transpiration, qu'en quinze jours par tous les autres émonctoires. Voyez ÉMONCTOIRE.

Borelli dit que les avantages de l'insensible transpiration sont si considérables, que sans elle les animaux ne pourraient pas conserver leur vie.

La transpiration est absolument nécessaire dans l'économie animale, pour purifier la masse du sang, et le débarrasser de quantité de particules inutiles et hétérogènes, qui pourraient le corrompre. De-là vient que quand la transpiration ordinaire est arrêtée, il survient tant de maladies, particulièrement de fièvres, de gratelles, etc.

La transpiration est nécessaire à l'organe du toucher, parce qu'elle empêche les mamelons de la peau d'être desséchés, soit par l'air, soit par l'attouchement continuel des corps extérieurs.

Le froid empêche la transpiration en resserrant les pores de la peau, et épaississant les liqueurs qui circulent dans les glandes cutanées. La chaleur au-contraire augmente la transpiration, en ouvrant les conduits excrétoires des glandes, et en augmentant la fluidité et la vélocité des humeurs. Voyez FROID, etc.

Les grands symptômes d'un état parfait de santé et les principaux moyens de la conserver, sont d'entretenir beaucoup de subtilité, d'uniformité et d'abondance dans la matière de l'insensible transpiration, et aussi, quand elle augmente après le sommeil, etc. au-contraire, le défaut de ces qualités est le premier symptôme assuré, et peut-être la cause des maladies. Voyez SANTE et MALADIE.

La transpiration se fait, s'entretient, s'accrait par les viscères, les vaisseaux, les fibres ; par le mouvement ou un exercice qui aille jusqu'aux premières apparences de la sueur, par un usage modéré des plaisirs, en dormant sept ou huit heures, se couvrant bien le corps, et néanmoins ne le chargeant pas de couverture : la gaieté, une nourriture légère fermentée et néanmoins solide, et qui n'est pas grasse, un air pur, froid, pesant, etc. contribuent beaucoup à la transpiration. Le contraire de toutes ces choses, de même que l'augmentation des autres excrétions, la diminuent, l'empêchent, l'altèrent.

On voit donc la cause, les effets, etc. de cette matière de la transpiration, de son usage pour conserver la souplesse et la flexibilité des parties, en leur rendant ce qu'elles ont perdu ; mais principalement en conservant l'humidité des mamelons nerveux, en les entretenant frais, vigoureux, propres à être affectés par les objets, et à transmettre à l'âme leurs impressions. Voyez NERF, SENSATION, etc.

Une trop grande transpiration occasionne des faiblesses, des défaillances, des morts subites ; une trop petite, ou même une suppression totale de cette action fait que les vaisseaux capillaires se desséchent, se flétrissent et périssent : il arrive aussi que les plus grands émonctoires en sont obstrués, ce qui trouble la circulation, et rend les humeurs caustiques : de-là viennent la putridité, la crudité, les fièvres, les inflammations, les apostemes ou les abscès. Voyez MALADIE.

Pour déterminer l'état et les qualités de la transpiration nécessaires à juger de la disposition du corps, Sanctorius inventa une chaise à peser, avec laquelle il examinait la quantité, les degrés de transpiration, dans différentes circonstances du corps, sous différentes températures de l'air, dans différents intervalles qu'il mettait à boire, à manger, à dormir, etc. Voyez CHAISE de Sanctorius.

Quelques-uns des phénomènes les plus extraordinaires, qu'il a observés par ce moyen, sont que quelque temps après avoir mangé, la transpiration est moindre qu'en tout autre temps : que la transpiration est la plus grande entre la cinquième et la douzième heure après les repas ; que l'exercice soit en allant à cheval, en carrosse, en bateau, etc. soit en jouant à la paume, en patinant, et surtout les frictions vives sur la peau, sont des moyens merveilleux pour provoquer la transpiration ; que lorsqu'on sue elle est moindre qu'en tout autre temps ; et que les femmes transpirent toujours beaucoup moins que les hommes.