sub. m. (Médecine) ce terme est employé pour signifier la diminution de la faculté d'exercer le sentiment attaché à toute la surface du corps ; dans ce sens l'engourdissement est particulièrement une lésion du tact, torpor.

Il peut être causé par le froid, qui resserre tellement la peau et les houpes nerveuses, que le fluide qui coule dans les nerfs des parties affectées, ne peut pas parvenir jusqu'à leurs extrémités, en sorte que le tact semble se faire avec l'interposition d'un corps étranger. L'engourdissement de cette espèce est aussi quelquefois l'effet de la compression des nerfs qui se distribuent à un membre, comme dans le cas où on est assis sur une cuisse dans une situation gênée ; elle empêche le cours libre du fluide dans ces nerfs, d'où doit résulter nécessairement le défaut, ou au moins la diminution du sentiment et même du mouvement de cette partie. C'est par cette raison que l'inflammation des reins cause aussi quelquefois l'engourdissement des cuisses.

Si l'engourdissement est général, et que l'exercice du sentiment et du mouvement ne puisse se faire que très-imparfaitement, c'est alors l'effet d'un vice dans le cerveau, qui diminue la distribution du fluide nerveux ; c'est souvent un avant-coureur de l'apoplexie dans les personnes qui n'étaient pas malades auparavant. Hippocrate, VIIe coac. praes. sect. 2. Voyez APOPLEXIE. Ce peut être aussi une paralysie imparfaite. Voyez PARALYSIE.

L'engourdissement et la surdité qui surviennent dans les maladies aiguës, sont un très-mauvais signe, selon l'auteur des présages de cos, à moins qu'ils ne soient causés par un dépôt critique de la matière morbifique sur le principe des nerfs, et dans ce cas-là même c'est un symptôme fâcheux.

L'engourdissement, torpor, peut aussi être accompagné d'une sorte de sentiment douloureux, comme on l'éprouve par l'attouchement d'un corps élastique actuellement agité par de très-promtes et très-nombreuses vibrations ; l'effet que l'on attribue à la torpille est aussi de cette nature, et provient vraisemblablement d'une cause approchante. Voyez TORPILLE.

ENGOURDISSEMENT, se dit aussi de l'esprit, stupor, et dans ce sens il peut presque signifier la même chose que l'anastene de Boerhaave, instit. med. symptomatolog. §. 859. il en est comme le premier degré. C'est une affection du sensorium commune, qui le rend moins propre à recevoir les impressions qui constituent les sensations internes, ou à les transmettre à l'âme les ayant reçues ; l'engourdissement de l'esprit est aussi un symptôme très-funeste dans les maladies aiguës, selon Hippocrate dans les coaques, 374. d'autant plus qu'elles deviennent mortelles, sans qu'on s'en aperçoive pour ainsi dire, le malade paraissant simplement être dans un état tranquille. Voyez SENSATION. (d)