S. f. (Médecine) est un terme employé par quelques anciens auteurs français, comme synonyme du symptôme pestilentiel, connu sous le nom de charbon. Voyez les œuvres d'Ambr. Paré, liv. XXII. chap. xxxiij. Voyez CHARBON, PESTE.

FUSEES DE BOMBES ET GRENADES, (Art militaire) sont dans l'Artillerie des espèces de fusées remplies d'une composition lente, qui brule assez de temps pour que la bombe ou grenade ne crève ou n'éclate qu'en tombant sur les lieux où elle est jetée.

Les fusées pour les bombes de douze pouces de diamètre sont de bois de tilleul, saule ou aulne bien sec, et sans aucune fistule. Quoique dans ces sortes de bois il se trouve quantité de nœuds ou de petits pertuis qui les rendent défectueux, ces bois ont d'autres propriétés qui obligent de s'en servir. Il faut que les fusées soient nettes et bien percées dehors et dedans ; car ordinairement il se trouve dans les lumières, quand elles ne sont pas bien percées par un bon ouvrier, qui ait des outils faits exprès, des filanges qui sont fort nuisibles ; parce qu'en chargeant la fusée elles se mêlent avec la composition, et la rendent défectueuse et sujette à s'éteindre.

M. de Saint-Hilaire ayant assemblé en 1713 plusieurs officiers d'artillerie et de bombardiers, pour régler avec eux les proportions des fusées des bombes, il fut convenu que pour les bombes de douze pouces, les fusées en auraient huit de longueur, vingt lignes de diamètre au gros bout, qui serait terminé par une concavité ou enfoncement, à-peu-près en demi-sphère creuse, pour recevoir la composition de la fusée ; qu'à un pouce de la tête, le diamètre de la fusée serait diminué de deux lignes, et que le petit bout en aurait seulement quatorze de diamètre. A l'égard de l'âme de la fusée, elle doit avoir seulement cinq lignes de diamètre. Pour les bombes de huit pouces, il fut convenu de donner six pouces de longueur à leurs fusées, seize lignes de diamètre au gros bout, douze au petit, et quatre à l'âme.

Pour faire la composition des fusées à bombes et à grenades, selon les bombardiers, il faut battre de bonne poudre et la réduire en pulvrin, et de bon soufre qui ne soit point verdâtre, et le réduire en fleur, et de bon salpetre en farine, aussi purifié de toutes matières nuisibles, car c'est le corps de toutes compositions et de tous artifices.

Ces trois choses étant bien battues et bien pulvérisées, il faut les passer dans un tamis très-fin et couvert, l'une après l'autre ; et quand on en aura suffisamment, il faut prendre une mesure de soufre, deux de salpetre, et cinq de pulvrin, que l'on mêlera et assemblera l'un après l'autre, et l'on passera ces mixtions dans un tamis de crin commun ; après quoi l'on chargera les fusées.

Quand on aura bien visité les fusées à charger, qu'elles seront aussi bien conditionnées comme on l'a dit ci-devant, et qu'on aura plusieurs fois passé la grande baguette dans la lumière, pour en sortir et chasser tout ce qui pourrait s'y trouver de nuisible, on pose le petit bout sur un billot, ou sur un fort madrier, avec un chargeoir fait comme une petite lanterne à charger du canon ; on prend de la composition environ plein un petit dé à coudre, que l'on met dans la fusée, et la grande baguette dessus, sur laquelle on frappe quatre ou cinq coups égaux, de moyenne force, avec un maillet de moyenne grosseur, et l'on continuera de mettre ainsi la composition dans la fusée, sans en mettre plus grande quantité chaque fois : mais il faudra à mesure que la fusée s'emplira, augmenter la force de frapper, et le nombre des coups jusqu'à douze ; car plus la composition sera serrée, plus elle fera d'effet.

Proportion des fusées à grenades. Celles du calibre de 33, 24, 16, 12, 8, 4, sont grosses au gros bout de 12 lig. 11, 10 1/2, 10, 9 1/2, 8 1/2.

Au petit bout de 9 lig. 8 1/2, 8, 8, 7, 6.

Diamètre des lumières, 4 lig. 4, 3, 3, 3, 2.

Les fusées sont longues en tout de 5 pou. 1/2, 5 pou. 4 pou. 1/2, 4 pou. 3 pou. 1/2, 2 pou. 1/2.

Et comme les grosses grenades sont faites pour jeter dans les fossés, ou avec de petits mortiers, il leur faut des fusées de différentes longueurs : celles-ci sont pour les petits mortiers. Celles pour les fossés doivent être plus courtes. Mémoires d'Artillerie de Saint-Remy, troisième édition. (Q)

FUSEE, s. f. (Artificier) espèce de feu d'artifice qui s'élève dans l'air : c'est un petit cylindre de carton, étranglé par les deux bouts, rempli de matières inflammables, sur un moule dont la broche forme au-dedans de la fusée une cavité qui pénètre plus ou moins profondément dans la matière inflammable. Ce cylindre est amorcé, et dirigé dans l'air par le moyen d'une baguette.

ART. I. Des moules pour charger les fusées volantes. Le moule sert à soutenir le cartouche lorsqu'on le charge, et à régler la hauteur du massif. Sa forme extérieure est celle d'une boite d'artillerie ; il est percé d'un bout à l'autre, et cette cavité dans laquelle on place le cartouche, doit être bien ronde et bien unie. On les fait communément de buis, ou de quelque autre bois dur.

La hauteur des moules doit diminuer à proportion que le diamètre intérieur grandit. La cause de cette diminution est que la force de la matière enflammée n'augmentant pas en même raison que le diamètre des fusées, elle ne pourrait enlever une grosse fusée, si on lui conservait la même longueur qu'à une petite.

Le moule est supporté par une base cylindrique de même matière, qu'on nomme le culot.

La hauteur du culot est d'un diamètre extérieur du moule, et sa largeur d'un diamètre et un quart.

Il porte une broche de fer dans son milieu. Cette broche, quoique d'une seule pièce, a quatre parties distinguées par leurs formes et par leurs noms.

La première, au-dessous du cylindre, est la queue de la broche ; elle est faite pour entrer dans le culot, où elle doit être fixée solidement.

La deuxième partie est le cylindre ; son diamètre est celui de l'intérieur du moule, et sa hauteur doit être égale à son diamètre.

La troisième partie est la demi-boule ; elle a de diamètre les deux tiers du diamètre intérieur du moule, et de hauteur moitié du même diamètre. Cette demi-boule qui s'engage dans la gorge du cartouche lorsqu'on le charge, sert à lui conserver sa forme.

La quatrième partie est la broche ; elle sert à ménager un vide dans l'intérieur de la fusée : c'est ce vide qu'on nomme l'âme de la fusée, qui la fait monter en présentant au feu une plus grande surface de matière inflammable, qui se réduisant en vapeurs dans ce vide, fait, dit M. l'abbé Nollet dans ses leçons de physique expérimentale, l'office d'un ressort qui agit d'une part contre le corps de la fusée, et de l'autre contre un volume d'air qui ne cede pas aussi vite qu'il est frappé.

La table qui suit donne les proportions entre le diamètre et la hauteur du moule, et entre sa hauteur et la longueur de la broche, dont la différence lorsque le moule est posé sur son culot, fait la hauteur du massif. L'expérience a fait connaître qu'il doit diminuer de hauteur, et la broche augmenter de longueur, à proportion que les fusées sont plus grosses.

Si l'on n'observait pas cette progression, et que prenant la proportion moyenne on donnât également aux grosses et aux petites fusées un diamètre et un quart de massif, il arriverait que le massif des petites serait trop tôt consumé, et qu'elles jetteraient leur garniture avant d'avoir fait vol, et que les grosses fusées ne jetteraient leur garniture qu'en retombant, attendu que le massif est plus épais (quoique dans la même proportion), et d'une composition plus lente, et qu'ainsi il serait plus de temps à se consumer.

Les petites fusées de cinq lignes de diamètre extérieur et au-dessous, n'ont pas besoin pour monter d'être percées, c'est-à-dire d'être chargées sur une broche ; il suffit de leur attacher une baguette : lorsqu'on les perce, elles montent si rapidement qu'on a peine à en voir l'effet.

ART. II. Des cartouches. On les forme en roulant le carton sur la baguette, qu'on nomme baguette à rouler. Elle doit être unie et sans manche. On lui donne de diamètre les deux tiers du diamètre intérieur du moule ; le tiers qu'elle a de moins est rempli par le cartouche, dont l'épaisseur est d'un sixième du même diamètre, ou du quart de celui de la baguette.

Le carton doit être entièrement collé, excepté le premier tour qui enveloppe la baguette. Il faut prendre garde que la colle ne la mouille, et la frotter de savon lorsqu'elle a été mouillée, crainte que le cartouche ne s'y attache. On trempe dans l'eau le dernier tour du carton avant de le coller, pour en ôter le ressort qui ferait dérouler le cartouche après qu'il est formé.

Les cartouches pour les lances et pour les conduites de feu se font de papier. On pose la baguette sur la feuille, au tiers de sa largeur ; on renverse ce tiers dessus, et on le fait bien joindre contre ; on roule un tour sans colle ; ensuite on colle tout ce qui reste de papier, tant la partie double formée par le tiers de la feuille renversé, que la partie simple ; et on acheve de rouler le cartouche. Ces cartouches se nomment porte-feux, lorsqu'on les emploie à communiquer le feu d'une pièce d'artifice à une autre, par le moyen d'une étoupille qui y est renfermée.

Les cartouches de serpenteaux, et autres petites fusées de quatre à six lignes de diamètre extérieur, sont faits de cartes à jouer. Il faut les tremper dans l'eau, et les employer à moitié seches ; elles en sont plus flexibles, et se roulent mieux. On commence par en rouler une ; on y en ajoute une seconde, et on termine le cartouche par deux tours de papier gris, dont le dernier est collé.

ART. III. De l'étranglement des cartouches. Il ne faut pas attendre que les cartouches soient entièrement secs pour les étrangler ; ils donneraient beaucoup de peine, et s'étrangleraient mal.

On commence par les rogner sur la baguette avec des ciseaux. Il ne s'agit dans cette opération que de retrancher la bavure du bout qui doit être étranglé, pour que les bords de cette partie, qui doit avoir la forme d'une calotte, soient à l'uni.

Pour les étrangler, on attache une corde ou une ficelle d'une grosseur proportionnée à celle de la fusée, d'un bout à un gond ou piton, vissé dans un poteau, ou scellé dans le mur, et de l'autre bout à sa ceinture, ou à un bâton que l'on place derrière et en-travers de ses cuisses, de manière qu'il soutienne le corps lorsque l'on fait effort pour étrangler. Dans cette situation, et la corde étant tendue, on pose le cartouche dessus ; puis on prend la partie de la corde qui est entre soi et le cartouche, et l'on en fait deux tours sur le cartouche, dans la partie que l'on veut étrangler à un demi-diamètre extérieur de son extrémité ; on enfonce une baguette dans cette partie, la tenant de la main droite, et le cartouche de la gauche, et l'on serre la corde en jetant le corps en-arrière, et tournant chaque fois le cartouche pour en bien arrondir l'étranglement, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un trou à pouvoir passer la broche avec peine : alors il est suffisamment étranglé.

Il faut frotter la corde de savon, pour empêcher que le cartouche qui est encore humide lorsqu'on l'étrangle, ne s'y attache et ne se déchire.

Quand on a étranglé un certain nombre de fusées, il ne faut pas différer à les lier, crainte que l'étranglement ne se relâche. On les lie en passant trois boucles de ficelle dans la gorge, et serrant à chaque boucle ; ce qui s'appelle le nœud de l'artificier.

ART. IV. Compositions pour les fusées volantes. Les cinq compositions mentionnées en la table ci-dessus, donnent des feux qui diffèrent assez les uns des autres pour faire une agréable variété.

La deuxième composition dont le feu est très-clair, fait particulièrement un contraste bien marqué avec la cinquième, dont le feu est fort rouge.

Les fusées de 11 et de 10 lignes se chargent en feu commun à 4 onces de charbon sur la livre de poussier ; celles de 9 à 7 lignes à 3 onces, et celles de 6 lignes et au-dessous à 2 onces.

Lorsque l'on a pesé les matières, on les verse dans le tamis de crin le plus clair, et on les passe trois fois pour mélanger : alors la composition est faite et prête à être employée.

Une composition trop vive fait crever les fusées, comme un massif trop mince ou mal recouvert par le carton que l'on rendouble dessus, les fait défoncer. C'est le terme dont les Artificiers se servent pour exprimer qu'il n'a pu résister à l'effort du feu, faute d'être assez épais, ou parce que le carton rendoublé ne présentait pas un point d'appui assez solide.

La composition des fusées volantes ne peut être employée trop seche, pour leur plus bel effet et pour les conserver bonnes ; si on l'humectait, l'humidité en se dissipant y laisserait des vides qui admettraient trop de feu, et feraient crever la fusée. On en excepte le feu chinois, dont il faut un peu mouiller le sable pour que le soufre s'y attache. On renvoye à l'article des JETS pour la manière de préparer cette composition.

ART. V. Manière de charger les fusées volantes. Il faut pour charger les fusées volantes :

1°. Une cuillière à charger, que les Artificiers nomment cornée ; son diamètre est celui de l'intérieur du cartouche ; elle doit contenir autant de composition qu'il en faut pour remplir la hauteur d'un demi-diamètre extérieur de la fusée étant refoulée.

2°. Trais baguettes creuses pour les moyennes fusées, et quatre pour les grosses. Leur cavité doit être telle que la broche puisse se loger en entier dans la première ; dans la seconde jusqu'aux deux tiers, et dans la troisième jusqu'au tiers ; et pour la facilité de les entrer et sortir librement du cartouche, lorsqu'on le charge on les fait tant-sait-peu moins grosses que la baguette à rouler.

3°. Une baguette fort courte et de même diamètre que celles à charger : on la nomme le massif ; elle sert à charger la composition qui excède la broche.

4°. Une baguette qui sert à rendoubler le carton sur le massif ; comme elle doit prendre et refouler la partie rendoublée du cartouche qui fait environ la moitié de son épaisseur, on lui donne de diamètre deux tiers et un sixième de celui du moule.

5°. Un maillet de bois dur, en le supposant de buis, le diamètre de son cylindre doit être de deux diamètres trois quarts de celui du moule, sa longueur de trois diamètres un tiers, et son manche de cinq diamètres, non compris la partie qui entre dans le cylindre.

Les cartouches étant rognés et réduits à la longueur du moule, on frotte la broche de savon pour qu'elle puisse entrer plus facilement dans le trou de l'étranglement, qui doit être plus petit que la partie la plus grosse de la broche, afin qu'en y entrant à force, elle le forme bien rond.

On remplit le vide extérieur de l'étranglement avec de la corde pour soutenir le cartouche, que les coups de maillet affaisseraient et feraient crever dans cette partie ; et malgré cette précaution, la même chose arriverait si l'on refoulait la composition plus fort qu'il ne convient.

Le cartouche étant sur la broche, et recouvert si l'on veut du moule, car on peut très-bien s'en passer lorsque le cartouche a l'épaisseur donnée, on place le culot sur un billot bien uni et solide, on enfonce la première baguette à charger dans le cartouche vide, et l'on frappe dessus dix ou douze coups pour en unir le fond et applanir les plis de l'étranglement, qui s'ils restaient pourraient occasionner quelque vide, où l'air venant à se dilater ferait crever le cartouche.

On verse ensuite une cornée de composition, on introduit doucement la baguette dans le cartouche, on l'appuie ferme sur la composition, et l'on frappe quelques petits coups pour l'asseoir ; après quoi, pour les fusées de 18 lignes, on frappe quarante coups égaux.

La baguette étant retirée du cartouche, on fait sortir la composition qui est entrée dans sa cavité, en frappant contre avec une autre baguette ; sans quoi restant engorgée, elle se fendrait à la seconde charge. On juge qu'elle est vide par la différence du son qu'elle rend.

L'opération de la seconde et de la troisième baguette se fait de même, excepté qu'à chaque changement de baguette on diminue de cinq le nombre des coups, et le massif ne doit être frappé que de vingt coups ; la raison de cette diminution est que la matière qui augmente d'épaisseur à mesure que la broche diminue, présentant au feu moins de surface, a moins besoin d'être refoulée.

Lorsque la fusée passe 18 lignes de diamètre, on augmente le nombre des coups à proportion qu'elle est grosse jusqu'à 50 pour la première baguette, et l'on en diminue de même le nombre jusqu'à 25 coups pour les plus petites.

Une fusée doit être chargée en 12 à 13 charges, 9 à 10 pour couvrir la broche, et 2 à 3 pour le massif.

Le massif étant chargé à niveau du moule, on met dessus un tampon de papier chiffonné, et on le frappe d'une douzaine de coups ; puis avec un poinçon dont la pointe soit un peu émoussée, on dedouble la partie du cartouche qui est restée vide au-dessus du massif jusqu'à la moitié de l'épaisseur du cartouche ; on la replie sur le tampon ; et posant dessus la baguette à rendoubler, on la frappe de vingt coups ; après quoi, sans ôter la fusée de dessus la broche, on perce le carton redoublé de deux à trois trous avec le poinçon à arête, en frappant dessus avec le maillet. L'arête sert à l'empêcher de pénétrer plus avant qu'il ne faut, il suffit qu'il atteigne la composition ; on conçoit que s'il pénétroit trop avant, il affoiblirait le massif, qui donnerait trop tôt feu à la chasse, ces trous étant faits pour y communiquer le feu.

Après cette opération, on retire la fusée de dessus la broche ; on délie la corde qui remplissait l'étranglement, et on rogne la partie du cartouche qui excède le carton rendoublé.

Si les fusées doivent être gardées, il faut coller un rond de papier sur un chacun des bouts, pour les garantir de l'impression de l'air et du feu ; en cet état elles se conserveront très-longtemps bonnes, si avec cette précaution on a eu celle de n'employer que des matières bien seches dans la composition.

ART. VI. Du pot et chapiteau, et comment on garnit les fusées volantes. Le pot doit être fait du même carton que la fusée ; on le roule sur un cylindre de bois que l'on nomme le moule à former le pot ; on lui donne d'épaisseur deux à trois tours de carton, suivant que la fusée est plus ou moins grosse.

Ce moule à former le pot, quoique d'une même pièce, a deux parties cylindriques de différents diamètres ; l'une sur laquelle on roule le pot, a de diamètre un et trois-quarts de celui de la fusée, pris extérieurement, et de longueur, trois diamètres.

Le diamètre de l'autre partie, sur laquelle on étrangle le pot, est de trois quarts un huitième, et sa longueur, de deux pareils diamètres.

On observera que, pour les fusées de douze lignes, on peut leur donner la hauteur des serpenteaux ordinaires, faits de cartes à jouer, que ces fusées peuvent porter pour garnitures ; et comme les paquets d'étoiles sont beaucoup moins hauts, on réduira le pot à la proportion ci-dessus, lorsque ces fusées en seront garnies.

Le pot étant étranglé à la mesure susdite, on rogne bien droit la partie étranglée, ne lui laissant de longueur que ce qu'il en faut pour le lier commodément sur la fusée : on trempe dans l'eau cette partie, pour la rendre flexible ; et après avoir fait la ligature, on colle dessus une bande de papier brouillard, tant pour la cacher, que pour empêcher qu'elle ne se relâche.

Pour garnir la fusée, on commence à verser dans le pot une pincée de poussier ; et en frappant un peu contre, on la fait entrer dans les trous qui doivent communiquer le feu à la chasse : on verse ensuite dans le pot une cornée de la même composition dont on a chargé la fusée ; c'est ce qui s'appelle la chasse ; et on arrange dessus les serpenteaux ou étoiles qu'elle doit jeter, en observant de n'en pas mettre plus pesant que le corps de la fusée ; en sorte que la fusée de quatre onces n'en pese pas plus de huit, lorsqu'elle est garnie ; et ainsi des autres. Une fusée dont la garniture serait trop pesante, ne s'éleverait qu'à une médiocre hauteur, et retomberait à terre, en faisant un demi-cercle. On dit d'une telle fusée, qu'elle a arqué, pour exprimer la ligne courbe qu'elle a décrite.

On place quelques petits tampons de papier chiffonné dans les interstices des serpenteaux ou des paquets d'étoiles, pour empêcher qu'ils ne balottent ; et on ferme le pot avec un rond de papier collé dessus : il faut le taillader par les bords pour empêcher qu'il ne fasse des plis.

Avant de mettre les paquets d'étoiles dans le pot, on les passe dans du poussier, pour leur faire prendre feu plus subitement.

Le chapiteau est ce qui termine la fusée en forme de cône ; il est fait d'une simple épaisseur de carton. Pour lui donner la grandeur qui convient, on trace sur du carton un rond au compas, dont l'ouverture doit être d'un diamètre un tiers du pot ; on divise ce rond en deux ; et chaque moitié donne de quoi former un chapiteau ; on la mouille, pour en ôter le ressort ; on en colle les extrémités ; et en la contournant, on lui fait prendre la forme d'un cône.

Lorsqu'il est sec, on donne des coups de ciseaux sur les bords de sa circonférence, pour que cette partie joigne mieux sur le pot où elle doit être collée ; et on la mouille pour en ôter le ressort.

Le chapiteau étant placé bien droit sur le pot, on colle sur la scissure une bande de papier brouillard, tant pour la cacher, que pour empêcher qu'elle ne se décolle en séchant.

Cette bande de papier doit être mouillée de colle des deux côtés : on observera la même chose pour tout le papier que l'on emploiera à couvrir les scissures ou jointures des fusées ou porte-feux : le papier en est plus maniable ; et les plis en paraissent moins.

On amorce ensuite la fusée, en prenant un morceau d'étoupille plié double et de grosseur proportionnée, que l'on fait entrer dans le trou qu'a formé la broche, à la hauteur d'un diamètre extérieur de la fusée ; et on la colle dans la gorge avec de l'amorce. Il ne faut mettre de l'amorce, que ce qui est nécessaire pour la tenir : une trop grande quantité, qui donnerait beaucoup de feu, pourrait faire crever la fusée.

On finit par coller un rond de papier sur la gorge ; ce que les Artificiers nomment bonneter : cela sert à empêcher, lorsqu'on tire les fusées, que celle qui part ne communique son feu aux autres, et aussi à les garantir de l'humidité.

Bien des Artificiers ne mettent point de pot aux petites fusées de caisse ; ils se contentent de rouler et de coller dessus un carré de papier gris, qui déborde la fusée de la hauteur de la garniture qu'ils veulent y placer. Après qu'ils y ont mis la chasse et la garniture, ils lient le papier dessus pour la renfermer. Les fusées ainsi garnies montent plus haut, parce qu'elles sont moins chargées : mais comme c'est aux dépens de leur garniture, qui est fort petite, il n'y a rien à gagner, si ce n'est pour l'artificier.

ART. VII. Des baguettes et du chevalet. La baguette que l'on attache aux fusées, sert à les maintenir droites, en contrebalançant leur pesanteur, contre laquelle le feu agit par l'un des bouts, qui doit toujours être tourné en-bas, et qu'elle force à garder cette situation.

Le bois le plus leger est le plus propre à faire des baguettes ; celles des fusées de dix-huit lignes et au-dessous, doivent être de sapin de sciage ; quant à celles d'au-dessous, le coudre, le saule, et l'orme, fournissent abondamment des baguettes qui leur sont propres.

Il faut leur donner au moins huit fois la longueur du moule. Son épaisseur en carré par l'un des bouts doit être d'un demi-diamètre extérieur de la fusée ; et depuis le bout auquel on attache la fusée, elle doit aller en diminuant jusqu'à l'autre extrémité, qui se termine à un huitième du même diamètre.

Plus les baguettes ont de longueur, plus les fusées montent droit ; elles ne sauraient en avoir trop, pourvu que n'ayant en tête que la grosseur ci-dessus, elles se trouvent en équilibre à une certaine distance, lorsque les fusées y sont attachées : cette distance se règle par le diamètre extérieur de la fusée ; on en donne deux et demi aux plus petites fusées, jusque et compris celles de 12 lignes ; pour celles d'au-dessus, jusque et compris celles de 2 pouces 2 diamètres, et à celles par-delà, un diamètre et demi ; suivant lesquelles proportions, la baguette d'une fusée d'un pouce doit être en équilibre à deux pouces et demi de la gorge. On cherche l'équilibre avec un couteau, sur le tranchant duquel on pose la baguette ; si elle est trop légère, il faut en changer ; lorsqu'il y Ve de peu de chose, on peut attacher la fusée d'un pouce ou deux plus haut ; cela donne plus de longueur et de poids à la baguette : si elle est trop pesante, il faut en ôter, soit en retranchant de sa longueur, si elle a plus de huit fois celle du moule, soit en ôtant de son épaisseur.

On fait une cannelure aux baguettes de sapin, dans l'endroit où la fusée doit être attachée, pour qu'elle soit plus stable. A l'égard des baguettes de branchages, il suffit d'unir avec un couteau et de rendre plane la surface du même endroit : l'extrémité du gros bout doit être coupée en talus, tant pour la propreté, que pour faire moins de résistance dans l'air.

La fusée étant placée dans la cannelure, jusque et non compris la ligature du pot, qui doit excéder la baguette, il faut la lier dans deux endroits du nœud de l'artificier ; premièrement, un peu au-dessous du talus qui termine la baguette ; et en second lieu, dans l'étranglement : on fait une entaille à la baguette à chacun de ces endroits, pour que la ficelle ne glisse point.

On a imaginé en Angleterre, pour éviter les accidents causés par la chute des grosses baguettes, d'en composer avec de petits saucissons faits de cartes à jouer. On les arrange de manière, qu'en débordant les uns sur les autres, et étant collés de colle forte, et recouverts de bandes de papier collées de colle de farine, ils puissent former une continuité unie et solide. Chacun de ces saucissons contient entre deux étranglements, la petite quantité de poudre nécessaire pour le faire crever. Une étoupille qui tire son feu du pot de la fusée, et qui communique à tous ces petits saucissons garnis chacun d'une étoupille, leur donne feu dans l'instant que la fusée jette sa garniture ; et la baguette se divise en autant de petites parties qui font une agréable escopetterie : la cherté de ces baguettes ne permet guère d'en faire que pour essais : on croit cependant que si elles étaient fabriquées par des ouvriers qui ne fissent que cela, ils parviendraient en peu de temps à un point d'habileté qui les mettrait en état de les donner à un prix modique.

Le chevalet est un poteau que l'on plante en terre, ou qui est soutenu sur terre par un pied en forme de croix : il est traversé en haut par une barre de fer plate posée sur tranche, sur laquelle on place les fusées l'une après l'autre pour les tirer.

Il y en a de plusieurs formes ; mais le plus simple de tous, et qui est d'autant plus commode qu'on le transporte aisément où l'on veut, est une perche armée par l'un de ses bouts d'un fer pointu qui sert à la piquer dans terre. On visse dedans à la hauteur que l'on veut, une vrille un peu longue, sur laquelle on tire les fusées.

Il faut débonneter la fusée, en crevant le papier d'un coup d'ongle, dans l'instant qu'on la pose sur le chevalet ; on y donne feu avec une lance placée au bout d'un porte-feu, qui est un leger bâton d'environ cinq pieds, et qui est terminé par une espèce de porte-crayon de fer, dans lequel entre la lance, et que l'on y retient en la serrant avec un anneau coulant.

ART. VIII. Des serpenteaux, pluie de feu, marrons, saucissons, et étoiles dont on garnit les fusées volantes. Les serpenteaux destinés à garnir les fusées volantes et les pots à feu, sont faits de cartes à jouer : on donne à ceux d'une carte qu'on nomme vétille, trois lignes de diamètre intérieur ; à deux cartes, trois lignes et demie ; et à trois cartes, quatre lignes : ceux d'un plus grand diamètre doivent être faits en carton.

On charge ceux de trois lignes dans une espèce de boisseau un peu moins haut de bord que les cartouches, de la manière qui suit.

Les cartouches étant étranglés et liés, on les arrange tous droits dans le boisseau, autant qu'il en peut tenir ; on frappe dans chacun un petit tampon de papier, pour boucher le trou de l'étranglement, et on y verse une mesure de poudre qui doit le remplir jusqu'à la moitié. Les ayant ainsi tous chargés en poudre, on répand dessus de la composition ; et on l'épanche avec une carte sur tous les cartouches. Lorsqu'ils en sont remplis, on prend la baguette à charger, et on les frappe avec un petit maillet, de huit coups chacun. On refait la même opération jusqu'à ce qu'ils soient remplis, à quatre lignes près, que l'on réserve pour les étrangler : on les retire ensuite du boisseau ; et après qu'ils sont étranglés, on ouvre leur gorge avec la pointe du culot, qui leur est propre ; on y place un bout d'étoupille, et on les amorce.

Les serpenteaux à deux et à trois cartes se chargent sur un culot qui porte une pointe dont la longueur est d'un diamètre un quart de l'intérieur du cartouche, et la grosseur d'un tiers du même diamètre ; on les frappe de dix coups à chaque charge. On commence par les charger jusqu'à moitié en composition : on met ensuite la poudre grainée et un tampon par-dessus ; puis on les étrangle et on les amorce, et ainsi qu'il vient d'être dit pour la vétille.

Lorsque l'on veut que les serpenteaux s'agitent beaucoup en l'air, on les charge sur une broche qui a de hauteur trois diamètres et demi de l'intérieur du touche et un tiers d'épaisseur ; on les nomme alors serpenteaux brochetés. On en fait particulièrement usage pour les pots à aigrettes.

Pour la pluie de feu, on moule de petits cartouches de papier sur une baguette de fer de deux lignes et demie de diamètre ; on leur donne deux pouces et demi de longueur ; on ne les étrangle point : il suffit, ayant mis la baguette dedans, de tortiller le bout du cartouche, et de frapper dessus pour lui faire prendre son pli. On les remplit en les plongeant dans la composition : ils en prennent autant qu'il en faut pour chaque charge ; et après qu'ils sont chargés, on les amorce sans les étrangler. L'effet de cette garniture est de remplir l'air de feux ondoyans.

Les marrons sont faits de poudre grainée renfermée dans un cartouche de carton de forme cubique, et recouvert d'un ou de deux rangs de ficelle collée de colle forte : on perce un trou dans un de leurs angles ; et on y place une étoupille avec de l'amorce, pour y donner feu.

Pour tracer et couper juste le carton, qui doit former d'une seule pièce un cube régulier, on a une planchette divisée en quinze carrés, cinq sur une face et trois sur l'autre, et percée d'un trou à chaque angle, pour les marquer sur le carton : le parallélogramme qu'ils forment étant tracé et coupé, on divise avec des ciseaux les cinq carrés qui le bordent de chaque côté dans la longueur : on les plie ensuite, on leur fait prendre la forme d'un cube.

On proportionne à leur grosseur celle du carton dont ils sont formés, et celle de la ficelle qui les couvre.

On fait assez souvent usage des marrons, pour les tirer en place de boites de métal, pour le prélude d'un feu d'artifice.

Les marrons luisans ne diffèrent des autres, que parce qu'ils sont recouverts de pâte d'étoiles, et roulés sur du poussier pour leur servir d'amorce : deux petites bandes de papier, que l'on colle en croix dessus, retiennent cette pâte, et l'empêchent de s'écailler en séchant.

Les saucissons ne diffèrent des marrons que par la forme ; l'effet en est le même : leurs cartouches sont ronds, et seulement de la hauteur de quatre de leurs diamètres exterieurs, après les avoir étranglés. On frappe un bon tampon de papier dedans ; on les charge ensuite de poudre grainée sur laquelle on met un pareil tampon que l'on presse seulement à la main avec la baguette, pour ne point écraser la poudre : on étrangle par-dessus, et on rogne ce qui excède les deux étranglements ; après cela, on les couvre de deux rangs de ficelle collée de colle forte, comme il vient d'être dit pour les marrons : on les perce par un des bouts, et on les amorce de même. On les emploie aussi pour terminer avec bruit certains artifices, comme lances, jets, et autres, qui par leur petit volume et le peu d'épaisseur de leur cartouche, ne pourraient contenir assez de poudre, ni faire assez de résistance pour éclater avec autant de bruit.

On forme les étoiles avec une pâte composée de

On détrempe ces matières avec de l'eau, après les avoir passées 3 fois au tamis pour les mêler ; et quand elles sont en consistance de pâte un peu solide, on coupe cette pâte avec un moule qui forme dans une virole de fer-blanc une pastille ronde et plate, de la force d'une dame à jouer, et percée au milieu : ce trou est formé par une petite broche de fer placée au centre du manche qui porte la virole : si cette virole a huit lignes de hauteur, le manche ne doit entrer dedans que de quatre lignes ; les quatre autres lignes de vide font le moule, dans lequel se forme l'étoile.

Chaque fois que l'on moule une étoile, il faut ôter la virole ; et avec l'autre bout du manche, on pousse la pastille dehors, et on la fait tomber doucement sur une feuille de papier.

Lorsque les étoiles sont seches, on les enfîle dans de l'étoupille ; et les ayant un peu séparées de six en six, on coupe l'étoupille dans ces séparations, et on en colle les bouts avec de l'amorce, sur la première et sur la sixième étoîle de chaque paquet.

On donne communément aux étoiles sept lignes de diamètre sur quatre lignes d'épaisseur ; lorsqu'elles sont plus grosses, l'effet n'en est pas si beau, parce qu'elles retombent trop bas.

Les étoiles à pets, sont de petits saucissons auxquels on laisse une gorge longue d'un diamètre et demi, que l'on remplit de pâte d'étoiles. Il ne faut pas oublier, après qu'ils sont chargés en poudre et percés, de remplir le trou de la gorge de poussier, pour que le feu de l'étoile, en finissant, se communique à la poudre grainée. Voyez FEU D'ARTIFICE. Voyez aussi nos Pl. d'Artificier, et leur expl. Cet art. est tiré du manuel de l'artificier, par M. PERRINET D'ORVAL.

FUSEE D'AVIRON, (Marine) c'est un peloton d'étoupe goudronnée, avec un entrelacement de fil de carret, qui se fait vers le menu bout de l'aviron, pour empêcher qu'il ne sorte de l'étrier et ne tombe à la mer quand on le quitte le long de la chaloupe. (Z)

FUSEE DE TOURNEVIRE, (Marine) ce sont des entrelacements de fil de carret ; on les fait sur la tournevire de distance en distance, pour retenir les garcettes, et les empêcher de glisser sur la corde. (Z)

FUSEE DE VINDAS ou DE CABESTAN VOLANT, (Marine) c'est la pièce ou l'arbre du milieu du vindas, dans la tête duquel on passe les barres. (Z)

FUSEE, c'est en terme de Cardeur, la quantité de fil que l'on retire de dessus la broche du rouet.

FUSEE, (Horlogerie) pièce d'une montre ; c'est cette partie conique sur laquelle s'enveloppe la chaîne, et qui sert à transmettre son action au rouage. Voyez nos Planches d'Horlogerie.

Son utilité est très-grande ; car au moyen de sa figure elle remédie aux inégalités du ressort, qui étant plus bandé lorsque la montre est nouvellement montée, et moins lorsqu'elle est presque au bas, la ferait avancer dans le premier cas, et retarder dans le second. Les premiers horlogers qui firent des montres, tâchèrent de remédier à cet inconvénient du ressort au moyen d'une machine qu'ils appelaient stochfred. Mais ses défauts les engagèrent bien-tôt à la perfectionner, ou à y suppléer par une autre. Ainsi on l'abandonna dès qu'on eut inventé la fusée. Quelqu'ingénieuse que soit cette découverte, on n'en connait point l'auteur ; ce qu'il y a de sur, c'est qu'elle est fort ancienne.

Pour bien concevoir de quelle manière la fusée compense les inégalités du ressort, il faut faire attention que dans une montre au bas, la chaîne est entièrement sur le barillet ou tambour, et que lorsqu'on la remonte, on ne fait autre chose que la faire passer sur la fusée. Mais par-là on fait la même chose que si l'on tirait la chaîne jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus sur le barillet. Or ce mouvement ne se peut faire sans qu'on fasse tourner le barillet, et cela précisément autant de fois que la chaîne ferait de tours dessus. De plus on a Ve à l'art. BARILLET, que par la disposition des pièces, en le tournant on bande le ressort. Il sera donc bandé d'autant de tours exactement que le barillet aura tourné de fais, ce qui sera de trois tours et demi, qui est la quantité des tours qu'une chaîne fait ordinairement autour du barillet.

Ceci bien entendu, on voit manifestement que la plus grande bande du ressort, et par conséquent sa plus grande force, a lieu lorsque la montre est montée jusqu'au haut ; et que cette force Ve toujours en diminuant à mesure que la fusée tourne ; et qu'elle est la plus petite de toutes lorsque la montre est presqu'au bas. Pour faire donc que malgré cette inégalité de force son action soit toujours égale sur le rouage, on diminue le diamètre de la fusée en haut, et on lui donne une forme telle que lorsque le ressort a le plus de force, le bras de levier de la fusée par lequel la chaîne tire, est aussi le plus petit, de façon que dans un point quelconque de la fusée, le produit formé de ce bras de levier multiplié par la force du ressort dans ce même point, est toujours égal. Par ce moyen l'action du ressort transmise au rouage, est constamment le même ; et il est pour ainsi dire mu presque aussi uniformément que s'il l'était par un poids.

C'est un problème parmi les Géomètres, que de trouver la figure précise que doit avoir la fusée d'une montre, c'est-à-dire quelle est la courbe qui tournant autour de son axe, produirait le solide dont cette fusée doit être formée. M. de Varignon a déterminé cette courbe, pag. 198. des mémoires de l'académie royale des Sciences, année 1702, pour toutes sortes d'hypothèses de tensions du ressort. Ce qu'il y a de singulier dans la solution, c'est que la base de la fusée, au lieu de s'étendre à l'infini, comme il semblerait que cela devrait être, pour que le ressort tirât également lorsque sa force serait infiniment plus petite ; cette base, dis-je, est déterminée, et d'une certaine grandeur. Enfin pour parler plus géométriquement, la courbe qu'il trouve, et dont la révolution autour de son axe donnerait la figure de la fusée, n'a qu'une asymptote, au lieu qu'elle devrait en avoir deux ; parce que d'un côté elle doit s'approcher de plus en plus de son axe, sans jamais le toucher, et de l'autre côté s'en éloigner toujours à l'infini. Au reste la détermination de cette courbe ne serait pas d'un grand secours dans l'Horlogerie, car quelque parfaits que soient les ressorts, ils ne seront jamais assez uniformément élastiques, et par la nature de l'acier, et par le défaut d'exécution, pour qu'on puisse se servir d'une fusée formée selon une courbe trouvée d'après une hypothèse quelconque des tensions du ressort. Les Horlogers ont trouvé un moyen plus sur de lui donner la forme requise, en se servant d'un instrument nommé levier, voyez LEVIER ; par lequel ils vérifient à chaque point de la fusée, si la force du ressort est la même en la mettant toujours en équilibre avec un même poids.

Les horlogers en Angleterre se servent de fusées dans les pendules à ressort, mais ici on ne les emploie pas. 1°. Parce qu'on fait faire le ressort un peu plus long, et que l'on ne se sert que des tours qui sont les plus égaux ; et 2°. parce qu'on peut toujours construire l'échappement de façon que malgré que la force du ressort diminue à mesure qu'il se débande, la pendule aille toujours avec la même justesse. Voyez les articles PENDULE, ÉCHAPPEMENT, RESSORT, etc.

Après avoir parlé de la forme que doit avoir la fusée, nous allons expliquer sa construction. Elle est composée d'un arbre (voyez les Pl.) avec lequel elle ne fait qu'un seul corps. Cet arbre a deux pivots C et P à ses deux extrémités ; le pivot P doit être assez gros et assez long pour pouvoir déborder un peu le cadran, et pour qu'on y puisse faire un carré sur lequel entre la clé. Lorsqu'on veut monter la montre, le pivot C doit être beaucoup plus menu, parce que le rayon de la fusée étant beaucoup plus petit à son sommet qu'à sa base, le frottement sur ce pivot en est beaucoup augmenté ; inconvénient auquel on remédie en quelque façon par la petitesse de ce pivot. Parmi tous les avantages que les montres à la française ont sur celles qui sont à l'anglaise, celui-ci n'est pas un des moindres ; car dans celles-ci le carré se trouvant du côté du sommet de la fusée, oblige à faire le pivot de ce côté fort gros, ce qui en augmente beaucoup le frottement ; frottement déjà assez considérable par la petitesse des bras de leviers de la fusée de ce côté, et par l'augmentation de la force du ressort.

Du même côté est le crochet C (voyez les Pl.) qui sert à empêcher qu'on ne remonte la montre plus qu'il ne faut. Voyez GUIDE-CHAINE.

Du côté de sa base elle a un petit rebord, où il y a des dents dont la figure ressemble à un triangle ; ces dents composent ce que l'on appelle le rochet, on en verra l'usage plus bas.

La grande roue ou première roue (V. les Pl.) portée sur l'arbre de la fusée, vient s'appliquer contre sa base. Elle est mobîle circulairement sur cet arbre, qui pour cet effet est rond. Pour qu'elle pose continuellement contre la base de la fusée, elle est retenue par la goutte 2''' qui tient à frottement sur cet arbre, et qui entrant dans la petite creusure de la roue, la presse toujours contre cette base. Voyez GRANDE ROUE, GOUTTE, etc. voyez les Planches, et leur explication.

Lorsque la fusée et la grande roue sont montées ensemble, le cliquet C de la grande roue entre dans les dents du rochet, et il s'y engage de façon que la fusée tournant dans le sens où elle est entrainée par la chaîne la montre allant, ses dents s'appuient sur le cliquet ; en sorte que la fusée et la grande roue tournent ensemble du même côté ; et qu'au contraire quand on tourne la fusée dans le sens opposé, elle se meut indépendamment de la grande roue, le cliquet ne s'opposant plus à son mouvement. Cette mécanique est nécessaire pour qu'en remontant la montre, la fusée tourne sans la grande roue ; car un point d'appui étant nécessaire, si la grande roue tournait avec la fusée, il serait impossible de remonter la montre.

Il y a des fusées qui sont disposées de façon qu'en tournant leur carré d'un sens ou de l'autre, on remonte également la montre. On appelle les montres qui ont de ces sortes de fusées, montres à l'ivrogne ; comme il est rare que l'on en fasse usage, nous n'en parlerons point, d'autant plus que ces sortes de fusées sont fort inutiles. Voyez MONTRE. (T)

FUSEE, (Machine à tailler les) Mécanique, Horlogerie, etc. c'est un outil dont se servent les Horlogers pour former les rainures qui sont sur les fusées des montres.

On sait par ce qui précède, 1°. que la fusée est une espèce de cone tronqué, sur lequel s'enveloppe une chaîne dans une rainure faite en ligne spirale, sur son contour, de la base au sommet. Un bout de la chaîne tient au barillet, et l'autre à la fusée.

2°. Que la propriété de la fusée est de rendre égale l'action du ressort sur le rouage.

3°. Qu'au moyen de la grandeur différente de ses rayons, lorsque le ressort est à son premier tour de bande, et par conséquent lorsque sa force est moindre, la chaîne s'enveloppe sur la plus grande partie de la fusée (ou plus grand rayon), et agit avec la même force sur le rouage, que dans le cas où le ressort étant monté au plus haut, la chaîne s'enveloppe sur le plus petit rayon de la fusée ; et de même à tous les autres degrés de tension du ressort ; car à mesure qu'on le remonte, sa force augmente : mais en même temps aussi les diamètres de la fusée diminuent ; de sorte que l'action du ressort sur le rouage est toujours la même.

4°. Qu'une autre propriété de la fusée, et qui est une suite de cette égalité de force sur le rouage, est de faire marcher plus longtemps une montre, en se servant cependant d'un même ressort ; ce qu'il est aisé de concevoir. Le barillet qui contient le ressort et sur lequel s'enveloppe la chaîne, est cylindrique ; je le suppose du même diamètre que la plus grande partie de la fusée : dans ce cas si toutes les parties du premier tour de bande du ressort étaient égales entr'elles, lorsque la fusée fait un tour, le barillet en ferait aussi un ; mais comme cela n'est pas, et qu'à chaque degré de tension du ressort sa force augmente, et que, comme nous l'avons dit, les rayons de la fusée diminuent dans la même proportion, il s'ensuit de-là que pour le développement de la chaîne sur un tour de barillet, la fusée fera plus d'un tour ; et elle en fera d'autant plus que le ressort deviendra plus fort, jusqu'au point qu'étant au-haut, et dans ce cas supposant que sa force devint double de celle de son premier tour, la partie de la fusée sur laquelle la chaîne s'enveloppe, sera de la moitié plus petite qu'au premier tour, et par conséquent un tour de barillet en fera faire deux à la fusée.

5°. Qu'afin que les diamètres de la fusée soient moins inégaux entr'eux, on n'emploie dans les montres qu'environ quatre tours du ressort, quoiqu'ils en puissent cependant faire davantage : qu'on ne prend que les tours qui ont le plus d'égalité entr'eux en ne remontant pas ce ressort jusqu'au-haut, et en ne le laissant pas développer jusqu'au-bas ; d'où l'on voit par ce qui vient d'être dit, que les formes des fusées ne sont pas exactement les mêmes, et qu'elles sont relatives aux différentes forces des ressorts. Ainsi on ne les détermine que par l'exécution ; car ce qui se ferait par la théorie, quoique satisfaisant, serait en pure perte. On a acquis par l'habitude une forme approchante de celle qui convient aux fusées ; de sorte qu'on les tourne d'abord de cette forme qui approche assez de celle d'une cloche ; ensuite on les taille avec les outils que nous allons décrire ; enfin on les égalise par le moyen d'un levier qui s'ajuste sur le carré de la fusée. Ce levier porte un poids mobile, que l'on met d'équilibre avec la moindre force du ressort, et l'on diminue les parties de la fusée qui sont trop grosses. Voyez LEVIER A EGALER LES FUSEES.

Je ne connais ni l'auteur de la fusée, ni celui de la première machine pour les tailler. Il y a apparence que comme les premières montres ont été faites en Angleterre, de même cette partie essentielle pour la justesse des montres y a été trouvée. Au reste ces machines n'ont pas été composées d'abord telles qu'elles sont à-présent. Je donnerai la description des deux constructions de machine à tailler les fusées. La première est tirée du traité d'Horlogerie de M. Thiout, pag. 66. Je ne fais que transcrire sa description ; sa planche même a servi.

On dit que la seconde est de la composition de feu M. le Lièvre, horloger fort habile. M. Proselle son neveu, a bien voulu me communiquer cette machine.

Description de la machine à tailler les fusées à droite et à gauche, avec la même vis, par M. Regnauld de Chaalons, p. 66. du traité d'Horlogerie de M. Thiout. " Les pièces U et X (voyez nos Planches) marquent le châssis qui porte les pièces depuis Z jusqu'en V. Z V est un arbre, que l'on peut tarauder à droite ou à gauche ; cela ne fait rien, quoique celui-ci le soit à gauche, et dans le sens que sont taillées les fusées à l'ordinaire. Cet arbre est fixé sur la pièce X par les deux tenons g g, qui sont la même pièce que X, en le faisant entrer par g. On passe ensuite une pièce en forme de canon, taraudée en-dedans y, sur le même pas que la vis. On place sur la même vis une autre pièce taraudée X, qui sert à déterminer le nombre de tours que l'on veut mettre sur la fusée. On passe l'arbre dans le tenon g, et après avoir placé la manivelle T dessus en m, dont le bout est carré, on le fixe par le moyen de l'écrou n. A la pièce y est jointe celle f ou petit bras, par la cheville z qui fait charnière avec elle ; et comme cette pièce f est fixée au châssis par une autre cheville au point k, ce point lui sert de centre lorsque l'on tourne l'arbre. Par le moyen de la manivelle, la vis fait avancer ou vers g, ou vers X. La pièce y ne peut tourner avec la vis, et se promener seulement dessus. Ce mouvement d'aller et de venir est répété sur le grand bras e, par le moyen de la traverse a a, que l'on fixe sur l'un et sur l'autre bras par les chevilles b, que l'on met dans les trous dont on a besoin, à proportion des hauteurs de fusée. Ce grand bras a vers son milieu un emboitement L percé carrément, dans lequel passe la pièce L, dont une partie de la longueur est limée carré ; elle remplit l'emboitement L : l'autre partie est taraudée et passée dans un écrou N ; elle sert à faire avancer ou reculer la pièce L, qui à l'autre extrémité porte une tête fendue, dans laquelle on fixe à charnière la pièce H, par la cheville L ; laquelle pièce H porte à l'autre bout l'échope G, qui passe au-travers de la tête de cette pièce, où elle est fixée par la vis 7. L'arbre Z V porte une allonge ou assiette C, percée en canon, laquelle entre dans l'arbre, et y est fixée par une cheville à l'endroit Z. C'est dessus cette assiette que l'on fait porter la base de la fusée A, dont la tige entre dans le canon B du tasseau ou assiette. Cette fusée est fixée à cet endroit par l'autre vis D, pour y être taillée.

Tout étant ainsi disposé, il faut considérer deux mouvements différents au grand bras e ; par exemple, si on le fixe au châssis par une de ses extrémités, et par la cheville R ; et que l'on tourne la manivelle T, tellement que la pièce y avance vers G, et qu'alors on baisse la barre H qui porte l'échope G jusqu'à ce qu'elle touche la superficie de la fusée A ; cette fusée se taillera dans le sens que la vis de l'arbre z v est taraudée, qui est à gauche. Si au contraire on ôte la cheville R, qui servait à fixer le grand bras e ; et que l'on donne à ce grand bras pour centre de mouvement le point P, en y plaçant la vis p dont l'assiette O arrête le grand bras : alors, si vous tournez la manivelle dans le même sens que vous avez fait ci-devant, le haut du grand bras e ira vers W ; au lieu qu'auparavant il allait vers d : la pièce H, par conséquent, ira aussi dans un sens contraire à celui qu'il avoir auparavant. Ainsi on ne taillera la fusée que lorsque l'on tournera la manivelle de l'autre côté. Il faut observer de retourner le bec de l'échope G de l'autre côté, quand on veut tailler à droite. La portion de cercle Q Q est pour contenir le grand bras par le bout, et passe dans un empatement fait à la pièce S qui tient au châssis. On voit que le bout supérieur du bras e est fendu en fourche dans laquelle passe la barre d, pour lui servir de guide, lorsque l'on a ôté la vis p et remis la cheville R, pour tailler à gauche.

Il faut aussi que la pièce F soit fendue, afin de servir d'appui à la pièce H lorsqu'on la fait descendre, pour que l'échope touche à la fusée ".

Dans toutes les machines à tailler les fusées, on a toujours eu en vue de former des espèces de pas de vis sur la fusée, pour contenir la chaîne, ainsi que nous l'avons dit. Or il y avait deux moyens pour produire cet effet ; l'un de faire mouvoir la fusée sur la longueur de son arc, comme on le fait pour former des pas de vis autour ; l'autre, qui est la meilleure et la plus simple, c'est de faire mouvoir le burin qui doit former les pas de la fusée : c'est en effet le dernier principe dont on a toujours fait usage. Pour faire mouvoir le burin ou échope, il y a encore différents moyens ; et c'est par-là particulièrement que diffère la machine de M. le Lièvre, dont nous allons parler. On a Ve dans la description précédente, que l'arbre qui porte la fusée, ainsi que la manivelle, est une vis qui fait mouvoir un levier qui porte l'échope ; et que suivant les différents points d'appui que l'on donne à ce levier, il fait parcourir à l'échope des espaces plus ou moins grands par rapport à un tour de la vis ; espaces qui déterminent le nombre de tours de vis ou rainures de la fusée, pour les différentes hauteurs de la fusée. Dans cette construction de M. le Lièvre, l'axe qui porte la manivelle de la fusée, porte un pignon qui engrene dans une espèce de cramaillière ou longue règle : cette règle se meut sur le châssis ; elle en porte une seconde de même longueur, qui forme un angle ou plan incliné avec elle : celle-ci agit contre un levier qui porte le burin : ainsi en faisant tourner la manivelle, et par conséquent le pignon et la fusée, la règle qui porte le plan incliné se meut sur la longueur, et fait mouvoir le burin, et suivant que l'on donne plus ou moins d'inclinaison au côté de la règle, le burin fait plus ou moins de chemin pour un tour de manivelle : venons à la description de cet outil de M. le Lièvre.

On voit dans nos Planches d'Horlogerie cette machine représentée en entier. A A, B B, est la pièce principale ou châssis, lequel est d'une seule pièce et de cuivre fondu : il porte un talon T, qui sert à tenir cette machine dans l'étau lorsque l'on veut s'en servir. L'axe V V, qui porte le pignon p de 12, se meut dans les parties saillantes C C du châssis. R R est la règle dentée ; elle se meut sur la partie 1, 2, 3, 4, du châssis, creusée de sorte que cette règle y entre juste : son mouvement se fait perpendiculairement à l'axe du pignon p.

L L est une seconde règle attachée après la règle R R ; elle est de même longueur que la première, et mobîle au point m ; on la fait mouvoir par son extrémité h, au moyen de la vis Q ; en sorte qu'on lui fait faire des angles différents qui servent, comme je l'ai dit, à faire les pas de la fusée plus près ou plus distants ; chose relative à la hauteur des montres et au temps qu'on veut les faire marcher. La pièce i, g, mobîle en g, porte un talon qui appuie continuellement contre la règle L L : un ressort r qui agit sur le levier p p, qui se met au point o, sert à cet effet, et par conséquent à faire parcourir à cette pièce i g, et au levier où elle tient, des espaces relatifs aux différents angles, que fait la règle L L avec celle R ; c'est ce mouvement qui sert à promener le burin, et à former les pas de la fusée. La pièce D D sur laquelle est ajouté le coulant qui porte le burin, est mobîle au point l du levier p ; elle se meut donc ainsi que le levier p sur la longueur de l'axe du pignon p (ou de la fusée, ce qui est le même). La pièce D se meut encore dans un autre sens, qui est en s'approchant et s'éloignant de l'axe de la fusée f ; ce mouvement sert pour faire suivre au burin la forme de la fusée déterminée par les courbes faites à la pièce H, sur laquelle vient poser la vis U qui tient au coulant qui porte le burin ; cela règle la forme de la fusée et la profondeur des pas. Cette pièce D D exige un ajustement fait avec soin, une grande solidité ; celle-ci passe dans des fentes faites aux pièces K K, comme on le voit dans nos figures ; à l'endroit K cette pièce est vue de profil.

Une autre figure montre l'ajustement du levier p p Ve dans un autre sens, et la façon dont se meuvent les pièces g i et D D, et comment il se meut lui-même sur la pièce ou châssis A A B B, aux points o o. La pièce D est mobîle aux points l l, hauteur de l'axe du pignon et de la fusée ; elle tient à celle D D ; la pièce g i est mobîle aux points g g du levier p ; q est le prolongement du pignon p ; il est carré et entre dans la manivelle, en sorte que par son moyen on fait tourner la fusée, les règles R R, L L, et par conséquent le burin.

La machine que je viens de décrire ne taille les fusées que du même sens de la base au sommet, et il est cependant nécessaire de pouvoir en tailler de l'autre, pour servir dans le cas où on ajoute une roue de plus dans une montre, ou dans tout autre qui exige que la montre se remonte du sens contraire, ce qui s'appelle remonter à droite ou à gauche. Pour remédier à cette difficulté, M. Gédeon Dudal horloger, a construit une machine à tailler les fusées, à-peu-près dans les mêmes principes de celle-ci, mais qui en diffère par cette propriété de tailler les fusées à droite et à gauche ; pour cet effet il a rendu le levier L L mobîle au milieu de sa longueur, comme au point Xe au lieu de l'être en m ; en sorte qu'on fait faire des angles à la règle L L dont les sommets sont situés ou au bout I de la règle R, ou à celui E, suivant le côté que l'on veut tailler sa fusée ; pour cet effet il ne faut que faire approcher ou éloigner le point K de I, au moyen de la vis C.

M. Admyrauld a aussi construit un outil qui a les mêmes propriétés de tailler à droite et à gauche ; c'est en rendant le levier L L mobîle alternativement au point m comme à celle-ci, ou à un autre point m placé dans l'autre bout I ; il s'est aussi servi d'une cramaillière et des autres principes de celle que j'ai décrite. Je ne m'arrête donc qu'à ce qui différencie ces trois machines à tailler les fusées. Passons à quelques observations.

Pour tailler une fusée, il faut commencer par la fixer aux pièces t t que porte l'arbre ou pignon p Ve ces pièces se rejoignent au centre de cet arbre, et y forment un trou carré dans lequel on fait entrer la partie carrée de l'axe de la fusée, et en serrant les visses 6, 6, cela fixe la fusée ; l'autre bout de la fusée qui se termine en pointe, pose au centre de la broche E qui passe dans le canon G de la pièce G K ; il y a une vis de pression 7 qui fixe cette broche. Présentement si on veut tailler une fusée qui puisse contenir six tours de chaîne, je suppose, il faut tourner la manivelle de droite à gauche pour ramener le point F de la cramaillière près de l'arbre p V, en sorte que le burin se trouve situé à la base de la fusée, à l'endroit où doit commencer le premier filet ou rainure : alors faisant tourner la manivelle de gauche à droite, on comptera le nombre de tours que fait la manivelle, et par conséquent la fusée, tandis que le burin parcourt la hauteur du cone ; s'il fait plus de six tours demandés, il faut, au moyen de la vis Q, éloigner le point h de celui I, ou ce qui est le même, faire que l'angle h I L soit plus ouvert, et au contraire le diminuer si la manivelle ne fait pas six tours pendant que le burin parcourt la fusée de la base au sommet, et ainsi jusqu'à ce que les six tours demandés se fassent exactement. Il faut ensuite retourner la manivelle en ramenant le burin à la base de la fusée, où, comme j'ai dit, doit commencer le premier point de la rainure ; faire appuyer le burin en pressant la pièce D D au point O, et ainsi tourner la manivelle de gauche à droite jusqu'à ce qu'elle ait fait six tours. Le burin ou échope est fixé sur le coulant W, la vis g v règle sur la courbe H l'enfoncement du burin dans la fusée. 8 est une vis pour fixer le coulant W sur la pièce D D ; cette rainure de la fusée se fait en ramenant à plusieurs reprises le burin à la base de la fusée, et en continuant à appuyer pour que le burin coupe lorsqu'il Ve de la base au sommet, etc.

Ce que je viens de dire pour tailler une fusée ordinaire, servira à donner une idée d'opération que la pratique même étendra. Il faut employer les mêmes raisonnements pour tailler de l'autre côté, et recourir à la description de la machine. Article de M. FERDINAND BERTHOUD.

* FUSEE, en terme de Fileurs d'or, est une pièce de leur rouet, qui sort du corps de la machine par-devant, et qui est soutenu par un boulon de fer qui passe dans un support attaché aux deux piliers de devant. Elle est partagée en huit, douze, seize parties, qui sont tournées en plusieurs crants, en forme de vis, excepté qu'ils ne communiquent point l'un dans l'autre. Ces crants sont encore de différentes grandeurs, pour donner aux roues la quantité de mouvement que l'artiste juge nécessaire pour son ouvrage. Cette fusée est terminée à droite par une roue de bois en plein, qui a elle-même plusieurs de ces crants inégaux pour la même raison.

FUSEE, (Manège et Maréchalerie) nous appelons de ce nom deux ou plusieurs suros continus, et les uns sur les autres. Voyez SUROS.

FUSEE, terme de Rivière, voyez VINDAS.

FUSEE, terme de Blason, qui dénote une figure rhomboïde, plus allongée que la losange ; ses angles supérieurs et inférieurs sont plus aigus que ceux du milieu. Voyez nos Planches de Blason.

On regarde la fusée comme la marque de la droiture et de l'équité. Quelques-uns veulent cependant que les fusées en Blason soient des marques de flétrissure pour ceux qui les portent. Ils en donnent pour raison qu'après que les croisades eurent été publiées, nos rois condamnèrent les gentilhommes qui se dispensèrent d'aller à la guerre contre les infidèles, à changer leurs armes, et à charger leurs écus de fusées, comme reconnaissant qu'ils méritaient d'être mis au nombre des femmes. Dict. de Trév. et Chamb.