S. f. (Médecine) est une maladie de la peau, appelée en grec , d'où on lui donne aussi quelquefois en français le nom d'herpe, en latin serpigo à serpendo, ramper ou se répandre.

Les dartres sont formées de pustules érésypelateuses qui affectent les téguments ; elles prennent différents noms, selon les différences sous lesquelles elles paraissent. Voyez ERESIPELE.

Si les dartres sont séparées les unes des autres, comme il arrive souvent à celles qui ont leur siège sur le visage, on les appelle discrettes ; elles s'élèvent en pointe avec une base enflammée, dont la rougeur et la douleur disparaissent après qu'elles ont jeté la petite quantité de matière qu'elles contenaient, et elles se sechent d'elles-mêmes.

Si les pustules sont réunies plusieurs ensemble, ordinairement en forme circulaire ou ovale, elles forment les dartres confluentes ; celles-ci sont malignes, corrosives, accompagnées de grandes demangeaisons, qui se changent quelquefois en douleurs très-vives : on ne doit cependant pas leur donner le nom de feu sacré, ignis sacer, d'après Celse, qui convient mieux à l'érésypele.

Lorsque les pustules sont petites, ramassées, accompagnées communément d'inflammation tout-autour, et quelquefois d'une petite fièvre, et que leurs pointes se remplissent d'une matière blanchâtre, à quoi succede une petite croute ronde, ce qui fait une ressemblance avec un grain de millet, la dartre ainsi formée prend le nom de miliaire.

Lorsque l'humeur des pustules dartreuses est si acre et si corrosive qu'elle pénètre dans la substance de la peau et la détruit, elle est appelée dartre rongeante, en grec , excédents, depascens ; c'est la plus maligne espèce, qui forme des ulcères profonds et de mauvais caractère, qui sont proprement du ressort de la Chirurgie.

Toutes ces différentes espèces de dartres sont toutes causées par une lymphe saline, acre, rongeante avec plus ou moins d'activité, arrêtée dans les vaisseaux et dans les glandes de la peau, jointe à la sécheresse et à la tension des fibres : ce vice topique est souvent une suite d'un vice dominant dans les humeurs, héréditaire ou accidentel ; il est souvent compliqué avec différents virus, comme le vérolique, le scorbutique, le cancereux, etc. il en est souvent l'effet immédiat ; il doit aussi quelquefois être attribué au défaut d'éruptions cutanées de différente espèce, qui ne sont pas bien faites, et qui n'ont pas parfaitement dépuré le sang, ou dont on a imprudemment arrêté les progrès ; à la suppression de l'insensible transpiration, des évacuations périodiques, des fleurs blanches, etc.

Les dartres qui se manifestent sur le visage par quelques pustules simples ont peu besoin du secours de l'art ; car quoiqu'elles causent un sentiment de cuisson, de brulure, ou de demangeaison pendant deux ou trois jours, elles viennent d'elles-mêmes à suppuration, se desséchent ensuite sous forme de farine, et disparaissent bien-tôt ; elles ne proviennent que d'un vice topique qui se corrige aisément.

La seconde espèce de dartre ne vient jamais à maturité, mais il en sort seulement une humeur claire quand on se gratte ; elle est très-difficîle à guérir ; car lorsqu'elle parait tout à fait éteinte, elle renait de nouveau en différentes saisons, défigurant les parties qu'elle attaque, et résistant à tous les remèdes : le peuple a coutume de se servir d'encre pour la guérir : mais dans une maladie si opiniâtre il faut avant toutes choses employer les remèdes généraux, et y joindre les mercuriels, surtout s'il y a le moindre soupçon de virus vérolique. Les eaux minérales purgatives font de très-bons effets dans cette maladie : on peut ensuite employer extérieurement des liniments, des lotions, détersifs, mondificatifs, légèrement astringens. Galien recommande les sucs de plantain, de morelle, mêlés avec l'oxicrat. La salive d'une personne saine à jeun, l'urine, peuvent aussi satisfaire aux indications selon Barbette ; parmi les remèdes simples utiles dans ce cas, il loue aussi avec plusieurs praticiens ; la litharge, entr'autres, le mastic, la tuthie, la céruse, le plomb calciné, le soufre, le mercure ; Turner y ajoute le vitriol et le nitre : les compositions qu'ils conseillent sont les onguents égyptiac, de pompholix, de minium, etc. et l'onguent gris. Dans certains cas d'une virulence extraordinaire et phagédénique, on a hasardé de toucher légèrement les dartres avec l'eau forte ou huîle de vitriol, qui en ont à la vérité ralenti les progrès, tandis que des remèdes moins actifs n'opéraient rien ; mais on ne peut en venir à cette extrémité qu'avec la plus grande précaution ; et tandis qu'on se sert de médicaments ainsi piquans et desséchans, il en faut appliquer de temps en temps d'autres adoucissants pour entretenir la souplesse de la peau, et consolider les excoriations : tel est en abrégé le traitement proposé pour le serpigo.

Celui des dartres miliaires est le même à l'égard des remèdes internes que pour l'érésypele ; voyez ERESYPELE ; les externes doivent être un peu différents des précédents, parce que l'espèce de dartre dont il s'agit, ne peut pas supporter les applications piquantes et dessicatives. On doit aussi, avant d'employer des topiques, travailler avec plus de soin à corriger le vice dominant des humeurs, à en tempérer l'acrimonie, et à empêcher qu'il ne se fasse de dépôt sur des parties importantes ; dans cette vue on ne peut trop se tenir sur ses gardes contre l'administration imprudente des répercussifs, par rapport à l'humeur qui est déjà fixée à l'extérieur. On peut aider à la sortie de la matière des pustules quand elle parait être parvenue à sa maturité, en ouvrant la pointe avec des ciseaux. On essuie et on déterge ces petits ulcères autant qu'il est possible : on y applique ensuite des linges enduits de cérat ordinaire. On se sert, sur le déclin, des onguents de pompholix, de minium, de chaux, de la pommade faite avec le précipité blanc ; ce dernier remède passe pour assuré. Extrait de Turner, maladies de la peau.

Pour ce qui est de la curation de la dartre rongeante qui forme des ulcères phagédéniques, voyez ULCERE et PHAGEDENIQUE. (d)

DARTRE, (Maréchallerie) ulcère large à-peu-près comme la main, qui vient ordinairement à la croupe, quelquefois à la tête, et quelquefois à l'encolure des chevaux, et qui leur cause une demangeaison si violente, qu'on ne peut les empêcher de se gratter, et d'augmenter par conséquent ces sortes d'ulcères. (V)