S. m. (Médecine) , singultus ; c'est une sorte de lésion de fonction, qui est de la nature des affections convulsives ; elle consiste donc dans une contraction subite et plus ou moins répétée des membranes musculaires de l'oesophage, qui se raccourcit par cet effet et soulève l'estomac et le diaphragme ; tandis que celui-ci entrant en même temps en convulsion, opère une prompte et courte inspiration, avec une sorte de vibration sonore des cordes vocales, se porte par conséquent en em-bas avec effort violent, et comprime d'autant plus fortement l'estomac qu'il couvre, que celui-ci est plus tiré en en-haut par le raccourcissement de l'oesophage : en sorte qu'il se fait là des mouvements opposés, qui tendent à rapprocher et à éloigner les deux extrémités de ce conduit ; entant que l'orifice supérieur de l'estomac auquel il se termine, et le haut de la gorge, deviennent comme les deux points fixes de l'oesophage tiraillé douloureusement dans toute son étendue, qui éprouve d'une manière simultanée un raccourcissement dans toutes ses membranes, par sa contraction convulsive, et une violente tension en sens contraire de toutes ces mêmes membranes, par la dépression de l'estomac qu'opère la contraction du diaphragme.

Le hoquet n'est donc autre chose qu'un mouvement convulsif de l'oesophage et du diaphragme, qui se fait en même temps dans ces deux organes, avec une prompte inspiration courte et sonore.

La cause efficiente du hoquet est moins connue que ses effets, qui sont très-sensibles et très-manifestes, selon l'exposition qui vient d'en être faite. Mais dans quelque cas que ce sait, on ne peut le regarder que comme un effort de la nature, qui tend à faire cesser une irritation produite dans quelque partie du diaphragme, ou dans l'orifice supérieur de l'estomac, qui donne lieu à l'action combinée des fibres musculaires, dont les secousses peuvent détacher ou expulser la matière irritante. Voyez EFFORT.

Le hoquet est à l'estomac ou au diaphragme ce qu'est l'éternument par rapport à la membrane pituitaire, la toux pour les voies de l'air dans les poumons, le ténesme pour le boyau rectum, etc. Voyez ETERNUMENT, TOUX, TENESME.

Cet effort de la nature dans le hoquet peut être symptomatique ou critique, selon que la cause irritante est de nature à pouvoir être emportée ou non : mais il dépend toujours d'une irritation dans quelques uns des organes principalement affectés ; et il doit être attribué essentiellement à celle du diaphragme, qu'il soit affecté immédiatement ou par communication.

L'irritation peut être produite dans l'estomac par la trop grande quantité d'aliments, qui distend douloureusement les parois de ce viscère, surtout à son orifice supérieur, lorsque le reste de ses tuniques ont assez de force pour résister à la distension qu'ils éprouvent. L'irritation de l'estomac peut aussi être l'effet de l'acrimonie des matières qui y sont contenues, ou de celles des médicaments évacuans d'une nature trop violente ; des poisons qui dépouillent les tuniques nerveuses du glu naturel, de la mucosité dont elles sont enduites, et les exposent à des impressions trop fortes ; ou de l'action mécanique du cartilage xiphoïde enfoncé ; ou de toute autre qui peut avoir rapport à celle-ci.

La cause irritante peut aussi être appliquée aux parties nerveuses du diaphragme, par une suite de l'inflammation, de l'engorgement de ce muscle, ou par un dépôt, une métastase d'humeurs acres dans sa substance, c'est-à-dire dans le tissu cellulaire qui pénètre dans l'interstice de ses fibres, ou entre les membranes dont il est comme tapissé, ou par extension de l'inflammation du foie, de l'estomac, et de l'irritation de ce dernier.

Un grand nombre d'observations concernant les différentes causes qui donnent lieu au hoquet, ne laissent pas douter que le diaphragme ne soit l'organe qui est principalement mis en jeu dans cette lésion de fonctions ; tant lorsqu'il est affecté immédiatement, que lorsqu'il ne l'est que par communication. Ce qui le prouve d'une manière convaincante, c'est que l'on peut contrefaire le hoquet à volonté ; ce qui ne peut avoir lieu qu'autant qu'il est l'effet d'un mouvement musculaire que l'on peut exciter volontairement. Mais il n'est pas moins vrai que l'estomac est le plus souvent le siège de l'irritation qui se communique aisément au diaphragme, surtout lorsque c'est l'orifice supérieur, c'est-à dire le cardia, qui est principalement aflecté ; d'autant plus que ces deux parties reçoivent des nerfs de la même distribution, qui est celle de la huitième paire.

Les enfants éprouvent assez fréquemment le hoquet à cause de l'irritabilité du genre nerveux, qui est plus grande dans le bas âge que dans les adultes, et de la disposition qu'ils ont à ce que les aliments contractent une acrimonie acide dans leur estomac. Les remèdes délayans, adoucissants, les absorbans, de légers purgatifs, peuvent suffire pour emporter la cause du hoquet dans ces différents cas, ou le changement de nourrice, s'il y a lieu de soupçonner la mauvaise qualité du lait.

Pour trouver un grand nombre d'observations sur les différentes causes du hoquet et sur des causes singulières et rares de cet accident, il faut consulter les œuvres de Marcel Donat, hist. mirab. lib. II. celles de Schenckius, observ. lib. III. Bartholin, observ. cent. 2. fait mention d'un hoquet entr'autres, qui n'avait pas discontinué pendant quatre ans.

Le hoquet qui survient dans les maladies aiguës est toujours un signe fâcheux ; dans les fièvres ardentes, dans les fièvres malignes, il est le plus souvent l'avant-coureur de la mort. Il est toujours très-funeste, lorsqu'il est causé par les vices du diaphragme, surtout lorsque c'est par communication de l'inflammation du foie. Il est fort à craindre pour les suites, lorsqu'il survient dans la passion iliaque, dans les violentes coliques, dans les hernies, et après les grandes hémorrhagies, les évacuations excessives de toute espèce ; parce que dans tous ces cas il annonce des attaques de convulsions, qui sont presque toujours un très-mauvais symptôme. Voyez SPASME.

La manière de traiter le hoquet doit être réglée selon la nature de sa cause connue ; lorsqu'il dépend de quelque irritation légère dans l'estomac, occasionnée par la trop grande quantité d'aliments, ou par leur dégénération en matières acrimonieuses, le lavage, comme l'eau seule froide ou chaude, qui favorise le passage des aliments dans les intestins, qui aide l'estomac à se vider des matières qui pechent par leur quantité ou par leur qualité, en les détrempant, en les entrainant, en émoussant leur activité, suffit pour faire cesser le hoquet, qui est très-souvent d'un caractère si benin, qu'il ne dure que quelques moments, et ne peut pas être regardé comme un symptôme morbifique ; en sorte qu'il ne demande aucun traitement, parce que la nature se suffit à elle-même, par les secousses convulsives en quoi il consiste, pour faire cesser ce qui produit l'irritation. L'éternument spontané ou excité à dessein, délivre souvent du hoquet, par la même raison.

Mais si sa cause est plus rébelle et qu'il fatigue beaucoup, lorsqu'il ne peut être attribué qu'à la quantité ou à la qualité des matières qui sont dans l'estomac, on est souvent obligé d'avoir recours aux vomitifs ou aux purgatifs, pour les évacuer et faire cesser par ce moyen l'impression irritante, dans les cas où le lavage, les boissons adoucissantes comme le petit-lait, les huiles douces prises pures, ou que l'on rend miscibles avec beaucoup d'eau, (Voyez HUILE) les émulsions et tisanes émulsionnées, antispasmodiques, ou tous autres secours de cette nature, qui sont très-bien indiqués, ont été employés sans le succès désiré.

S'il y a lieu de juger que le hoquet dépend de quelque affection spasmodique de l'estomac ou de quelqu'autre partie voisine du diaphragme, ou que le diaphragme lui-même soit atteint d'une pareille affection, les juleps, les émulsions hypnotiques, les narcotiques, sont alors les remèdes convenables. Le laitage, les mucilagineux, les huileux, sont employés utilement pour corriger le mauvais effet des matières acres, corrosives, des poisons qui ont dépouillé de sa mucosité, de son enduit naturel la surface interne des tuniques de l'estomac, et l'ont rendu trop irritable. Voyez POISON. Les cordiaux, toniques, astringens, comme la thériaque, le diascordium, le kina, la diete analeptique, sont indiqués lorsque le hoquet survient après une évacuation trop considérable, telle qu'une hémorrhagie, une diarrhée, etc.

Mais s'il doit être attribué à quelque disposition inflammatoire des organes affectés dans ce cas, ou des parties voisines, on doit le combattre par les moyens indiqués, c'est-à-dire par les saignées, et en général par le traitement anti-phlogistique avec les nitreux. Le hoquet est alors du nombre des symptômes que produit l'inflammation de l'estomac, du foie, ou du diaphragme. Voyez ESTOMAC, FOIE, etc. INFLAMMATION.

Enfin, si le hoquet dépend d'une cause mécanique qui irrite l'estomac ou le diaphragme, comme l'enfoncement du cartilage xiphoïde de quelque côté, l'effet ne cesse pas que l'on n'ait corrigé la cause par les moyens indiqués selon les règles de l'art, on travaille en conséquence à relever le cartilage par des emplâtres, des ventouses, des crochets, etc. (Voyez XIPHOÏDE), et on calme l'irritation par la saignée et les autres moyens appropriés déjà mentionnés. On corrige le vice des côtes par la réduction de la luxation ou de la fracture. Voyez COTE, REDUCTION, LUXATION, FRACTURE.