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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Médecine
FIEVRE, (Médecine) c'est une fiévre aiguë, continue, exanthémateuse, dans laquelle la nature, en augmentant ses mouvements secrétoires et excrétoires, s'efforce de pousser au-dehors sur la surface du corps une matière morbifique subtile, dont elle a besoin de se délivrer.

Cette fièvre se divise en deux espèces, l'une qu'on nomme fièvre pourprée rouge, et l'autre par une étrange manière de s'exprimer fièvre pourprée blanche. La fièvre pourprée rouge est celle où les boutons, tubercules, taches sont rouges comme dans la rougeole. La fièvre pourprée blanche est celle dont les vésicules rendent une sérosité lymphatique, dépravée, sans couleur. On nomme autrement ces deux espèces de fièvres pourpre rouge et pourpre blanc.

La fièvre pourprée blanche est assez communément maligne et compliquée avec la fièvre pétéchiale. La pourprée rouge est beaucoup plus douce et presque toujours peu dangereuse. Ces deux espèces semblent différer autant que la petite-vérole et la rougeole diffèrent l'une de l'autre pour le danger ; et comme il y a des cas où la petite-vérole est douce et benigne, et où la rougeole est dangereuse, de même dans le pourpre il arrive quelquefois contre le cours de la nature, que le blanc se guérit aisément, tandis que le rouge devient fatal.

Signes de ces maladies. Dans le pourpre blanc, le malade éprouve le frisson par tout le corps, auquel succede une forte chaleur avec langueur et débilité. Les parties précordiales sont serrées, et la poitrine est oppressée. Le malade pousse de profonds soupirs ; il est tourmenté d'anxieté, d'inquiétude, d'insomnie ; il sent une chaleur et une douleur pongitive au dos, ensuite la surface du corps se couvre de petites éminences, telles que celles qu'on aperçoit aux oyes, avec une espèce de démangeaison inquiétante sous la peau. Au quatrième jour, quelquefois plus tard, la peau devient généralement rouge, et cette rougeur se rassemble en taches, au milieu desquelles on aperçoit des pustules blanches, qui quelquefois se touchent et se répandent sur tout le corps. Ces pustules sont pellucides, et ne contiennent qu'une eau claire ; elles paraissent communément d'abord au col, ensuite à la poitrine, au dos, et enfin aux bras et aux mains ; leur éruption est accompagnée d'une fièvre aiguë ; mais lorsqu'elle est faite, les symptômes qui étaient auparavant violents, surtout l'anxieté des parties précordiales, la cardialgie, l'inquiétude, l'oppression de poitrine et la difficulté de respirer diminuent considérablement. Le pouls qui était auparavant dur et prompt, devient mol, libre et lent ; l'esprit n'est plus abattu, la sécheresse de la peau cesse, le ventre se dégage, et le malade est surpris de se trouver si bien. Au bout de quatre ou cinq jours, les pustules se sechent, les places où elles étaient paraissent écailleuses et la maladie se termine ; les sueurs ordinairement fétides dans cette maladie sortent en abondance après l'éruption. La fièvre pourprée a les mêmes symptômes, mais moins graves.

Deux espèces de fièvres sont beaucoup plus fréquentes dans les pays du Nord que dans nos climats. La pourprée blanche est souvent épidémique en Saxe où elle emporte beaucoup de monde, et en particulier les femmes en couche.

Leurs causes. Les principales sont la mauvaise constitution de l'air, la dépravation des humeurs, la suppression de la transpiration, les sueurs forcées par des remèdes chauds, l'omission des exercices ou des saignées ordinaires, la suppression des règles, du flux hémorrhoïdal, la vie oisive et luxurieuse, etc.

Prognostic. Lorsqu'à la sortie des éruptions la violence des symptômes ne s'adoucit point, la maladie devient plus dangereuse. Le pourpre blanc accompagné de la fièvre pétéchiale est plus dangereux quand les éruptions paraissent de bonne heure, et l'est moins quand elles paraissent plus tard. Les éruptions qui disparaissent tout-d'un-coup dans le pourpre rouge ne sont guère moins à craindre que dans le pourpre blanc, parce qu'il en résulte souvent l'inflammation de la gorge, une toux seche, des ardeurs d'urine, des douleurs arthritiques, et autres symptômes semblables qui cessent aussi-tôt que les éruptions reparaissent.

Méthode curative. Elle est la même dans les deux espèces de pourpre, et ne diffère point de celle qui convient dans les fièvres inflammatoires, pétéchiales, milliaires, et dans la rougeole. Il faut se contenter d'entretenir la transpiration continuelle sans exciter la sueur. Les poudres de nitre, d'antimoine diaphorétique sont bonnes pendant le cours du mal. Quand il est passé, on doit employer de doux purgatifs pour nettoyer les premières voies. Les personnes qui sont sujettes au retour du pourpre rouge et blanc doivent en rechercher les causes pour les prévenir, parce qu'elles dépendent ordinairement de fautes dans le régime ou de la suppression de quelque évacuation habituelle.

Réflexions particulières. Cette maladie mérite encore quelques réflexions particulières par rapport aux pays où elle règne le plus, je veux dire dans le Nord, en Allemagne, en Saxe, en Hollande. Dans tous ces endroits elle participe beaucoup du scorbut, tantôt le pourpre y est accompagné d'une fièvre aiguë et maligne, tantôt il est benin et sans fièvre, mais il trouble assez longtemps l'économie animale.

Les taches pourpreuses diffèrent aussi beaucoup plus entr'elles pour l'étendue, la figure et la couleur que parmi nous ; la rentrée de la matière peccante y est plus commune et suivie de plus grands accidents. Si cette matière peccante logée dans les parties intérieures y produit une chaleur excessive, tandis que les parties extérieures sont en constriction et couvertes d'une sueur froide ; s'il y a dans les tendons un mouvement tremblotant ; si les forces s'anéantissent ; si le trouble s'empare de l'esprit ; si le pouls est dur, inégal et convulsif, la défaillance succede promptement et annonce la destruction de la machine.

Le pourpre accompagné de toux, de difficulté de respirer, de vomissements ou de diarrhée, est dans les pays froids une suite assez fréquente des fièvres catarreuses des enfants, il faut traiter la fièvre, et ces symptômes disparaitront.

Nous avons dit que le pourpre était souvent un effet de scorbut, et pour-lors sa cause matérielle consiste ainsi que celle du scorbut dans la dépravation du sang ; il faut donc rétablir cette dépravation, pour prévenir les fièvres pourprées qui lui doivent leur origine ; il n'y a pas d'autre méthode contre le pourpre chronique qui attaque les scorbutiques, les vieillards, ceux qui sont accoutumés à un régime vicieux et salin, et ceux dont la constitution est lâche et qui mènent une vie trop sédentaire. Rien ne démontre mieux la présence d'un principe salino-sulphureux dans le pourpre chronique que le soulagement que les malades reçoivent de tous les remèdes qui émoussent les pointes salines des humeurs, comme le jus d'orange et de citron, le petit lait, le lait de chèvre ou d'ânesse, mêlé avec les eaux de selter, et les décoctions tempérées prises en boissons ordinaires. Quand ces pourpres sont invétérés, les bains, après l'usage du lait et des eaux minérales, dissipent le picotement, la chaleur, la démangeaison et les irruptions ; ainsi, pour guérir ce mal, il ne s'agit que de corriger l'acrimonie des humeurs, et d'expulser les recrements âcres logés sous la peau ; c'est ce qu'on exécute en ouvrant les pores par le bain.

Ceux qui abondent en sérosités, comme les enfants, les personnes phlegmatiques, les femmes d'un tempérament lâche, sont plus sujets que d'autres au pourpre chronique et de longue durée.

On observe encore que les femmes en couche dont les vuidanges ont été supprimées ou défectueuses, et les femmes attaquées de fleurs-blanches ou de suppressions de règles, sont plus fréquemment et plus violemment attaquées des pourpres, tant aigu que chronique, que les hommes ne le sont.

Aux remèdes que nous avons indiqués dans les pourpres chroniques, il faut ajouter l'exercice, les voyages, le changement d'air, le séjour sur les lieux élevés, et l'usage d'une poudre diaphorétique amie des nerfs préparée, par exemple, de corne de cerf, d'yeux d'écrevisse, d'ambre, de nitre purifié, et de cinabre. Enfin dans tous les pourpres et fièvres pourprées, bénignes ou malignes, aiguës ou chroniques, il est préjudiciable d'irriter les symptômes par les excès de la chaleur ou du froid ; on augmente aussi le mal par les remèdes échauffans, les liqueurs spiritueuses, les substances sudorifiques, repercussives et alexipharmaques. Les purgations fréquentes et excessives, les remèdes âcres et stimulants, les saignées faites mal-à-propos ne sont pas moins nuisibles. Tous ces remèdes ne tendent qu'à débiliter les forces, exciter des constrictions spasmodiques, et faire rentrer subitement les éruptions exanthémateuses. (D.J.)