S. m. (Médecine) délire continuel ou dépravation des fonctions du cerveau, causée par une inflammation dans les vaisseaux de ce viscère, accompagnée d'une fièvre synoche ou putride. La paraphrénésie se dit d'une maladie qui en approche, et qui est causée par l'inflammation du diaphragme.

La cause a toujours été régardée comme propre au cerveau et à ses membranes. Ces parties sont alors affectées d'une inflammation produite par un sang échauffé, desseché et bouillant, comme l'ont reconnu Hippocrate, les plus grands Médecins ensuite, et avec eux les plus simples d'entre le peuple ; ils ont pensé qu'elle venait d'un sang épais qui se portait à la tête, et que l'urine tenue et aqueuse dans un fébricitant, annonçait une phrénésie prochaine. Ainsi il semble que la phrénésie a pour cause une métastase qui se fait de quelque humeur d'une partie sur une autre, ou un transport de la matière fébrîle dans le cerveau.

Les dissections apprennent que la phrénésie n'est pas causée par l'inflammation des meninges, non plus que la paraphrénésie par celle du diaphragme, mais par l'engorgement variqueux des vaisseaux du cerveau et des meninges ; elle est quelquefois avec une inflammation dans les formes, et d'autres fois sans inflammation.

Ainsi toutes les causes qui disposent à l'engorgement de ces parties, sont celles de la phrénésie. Ainsi le chagrin, la force et continuelle application de l'esprit à un même sujet, la douleur, les passions vives, telles que la colere, la fureur, l'amour, les excès de la fureur utérine, sont autant de causes de la phrénésie.

Quelle que soit sa cause, elle se connait par les signes suivants, selon Lommius ; savoir, une fièvre aiguë et continue, accompagnée d'un délire continuel, concernant tantôt les unes, tantôt les autres des actions vitales, le malade est disposé à entreprendre tout ce qu'une audace effrenée peut lui inspirer ; il est travaillé tour-à-tour par des insomnies cruelles, ou par des sommeils fâcheux et turbulents ; en sorte qu'étant éveillé, il sort inopinément de son lit, il fait de grands cris, il agit en furieux, tantôt il pleure, tantôt il chante, ou fait des discours sans ordre et sans suite ; quand il est interrogé, il fait des réponses qui n'ont aucun rapport aux demandes qu'on lui fait ; ses yeux sont toujours en mouvement, étincelans, rouges et malpropres ; le malade les frotte sans cesse, et ils sont tantôt secs, et tantôt larmoyans ; sa langue est rude et noire, il grince les dents, et il lui sort souvent des narines une sérosité sanglante ; il ressent assez souvent de la douleur au derrière de la tête, il démêle entre ses doigts des flocons de laine qu'il tire de ses couvertures ; son urine est tenue et enflammée, et ce qui est de plus fâcheux, c'est qu'elle est quelquefois limpide, tenue, et souvent blanchâtre. La phrénésie se termine en peu de temps, conjointement avec la fièvre par le retour de la santé, ou par la mort du malade ; ou si elle dure longtemps, ou qu'elle subsiste après la fièvre, alors ou elle guérit, ou elle dégénere en d'autres maux, comme sont la léthargie, la manie, la mélancholie, ou les malades tombent dans une folie perpétuelle, leur cerveau étant, comme l'on dit, tout détraqué ; la phrénésie qui succede à la péripneumonie, ou au misereré, est mortelle, les hémorrhagies la guérissent quelquefois.

Curation. Si la fièvre accompagne la phrénésie dans le commencement, on a recours à la saignée, aux lavements, aux purgatifs et aux émétiques, aux bains et demi-bains, aux douches sur la tête ; on applique aux pieds des cataplasmes avec les feuilles de rue, de camomille, de verveine, la racine de brionne, les fleurs de pavot champêtre et le savon ; ou bien en leur place on peut appliquer aux mêmes parties des pigeons ou des poulets coupés selon leur longueur.

Pour apaiser la soif, que les malades boivent d'une tisane délayante et calmante, et de la potion divine de Palmarius, qui est proprement une limonade faite avec l'eau de fontaine, le suc de limon et le sucre ; ou bien qu'il prenne des émulsions ordinaires adoucies avec le sucre, ou bien les délayans nitreux et antiphlogistiques.

On peut appliquer sur la tête ou sur les tempes, le marc ou chapeau de roses, ou bien un bandeau chargé de fleurs de pavot, arrosé de vinaigre, et saupoudré de muscade.

Les lotions et le rasement de la tête, les vésicatoires et les ventouses appliquées aux parties inférieures.

Les saignées du pied et de la gorge, faites consécutivement, sont excellentes dans cette maladie, et dans la plupart des maladies de la tête.

Les emplâtres de poix, d'ail, de graine de moutarde, et de vieux fromage de Roquefort, sont aussi excellents pour procurer une révulsion de sang vers les parties inférieures.