en Anatomie, est une espèce de lentille solide, sphérique devant et derrière, composée d'une infinité de segments sphériques, fibreux étroitement unis, fort transparents ; il est plus près de la cornée que la rétine, et il est composé d'une infinité de vaisseaux, comme nous l'apprennent le dessechement, la diminution du poids, la contraction de ce corps. Il est destiné à rompre les raiyons, de manière qu'il les rassemble sur la rétine, et y forme l'image des objets qu'y doit produire la vision. Voyez OEIL, REFRACTION, VISION, RETINE, etc.

Le crystallin est placé à la partie antérieure de l'humeur vitrée, comme un diamant dans son chaton, et il y est retenu par une membrane qui l'environne, et qui pour cette raison est appelée capsule du crystallin. Cette membrane est aussi appelée quelquefois crystalloïde, et par d'autres arachnoïde, à cause de sa finesse, qui la fait ressembler à une toîle d'araignée. Voyez ARACHNOÏDE.

On trouve antérieurement sous cette membrane une eau fixe, fort transparente ; après cette eau, une substance molle qui entoure un noyau plus dur, plus compacte dans les poissons, où il est presque comme de la corne, et plus solide dans l'homme. C'est de ce noyau que commence la cataracte : après la mort il est aussi le premier à s'obscurcir : il est d'une grande transparence dans le jeune âge ; il commence peu à-peu vers l'âge de trente ans à devenir jaune, et dans les vieillards il ressemble aux topases pour la couleur : en même temps il s'endurcit.

Le diamètre du crystallin dans l'homme a pour l'ordinaire 4 lignes, 4 lignes 1/4 ou 1/2. Son épaisseur 2 lignes, ou 2 lignes 1/4 ; sa convexité antérieure est une portion de sphère dont le diamètre est de 6 lignes 6 lignes 1/2 ; la convexité postérieure est une portion de sphère dont le diamètre est de 5 lignes ou 5 lignes 1/2. Voyez les mémoires de l'académ. année 1730, mém. page 5.

C'est la configuration particulière du crystallin qui fait qu'une personne est myope ou presbyte, c'est-à-dire qu'elle a la vue courte ou longue. Voyez MYOPE et PRESBYTE.

Plusieurs auteurs pensent que sa figure peut changer, et ils supposent que ce changement est l'effet du ligament ciliaire ; ainsi le docteur Grew et quelques autres, donnent à ce ligament la faculté de rendre le crystallin plus convexe, aussi-bien que de l'approcher ou l'éloigner de la rétine, selon qu'il est nécessaire par les lois de l'Optique, pour que la vision soit distincte. En effet, comme les rayons des objets éloignés sont moins divergens que ceux des objets proches, il est nécessaire, pour que ces rayons se réunissent tous sur la rétine, ou que le crystallin change de figure, ou que le globe de l'oeil en change, et puisse s'allonger ou s'aplatir au besoin ; ou au moins que le crystallin puisse changer de place par rapport à la retine. Voyez LIGAMENT CILIAIRE et VUE.

Quand le crystallin est desséché, il parait composé, comme nous l'avons dit, d'un grand nombre de lames sphériques très-minces, appliquées les unes sur les autres ; Lewenhoeck en compte 2000. Selon cet auteur, chacune de ces lames consiste en une simple fibre, ou en un fil très-fin, dont les parties ont différentes directions et se rencontrent en différents centres, sans néanmoins se croiser les unes sur les autres. Trants. philos. n. 165. et 293.

Les anciens croyaient que c'était le crystallin même, opaque, qui formait les glaucomes ; ils attribuaient les cataractes à une petite pellicule nageant dans l'humeur aqueuse. Le crystallin était uniquement regardé comme l'organe de la vision jusqu'à Kepler et Scheiner, qui corrigèrent cette grossière erreur : mais les Médecins et les Philosophes du siècle passé, tels que Carré, Rolfinck, diss. anat. l. c. XIIIe page 179. les Chirurgiens, principalement Lasnier, dont Gassendi fait mention ; Palfyn, Anat. chir. p. 68. et des auteurs célèbres tels que Rohault, Phys. I. c. xxxvj. et Mariotte dans ses nouvelles découvertes sur la vision ; les observateurs enfin trouvèrent que le crystallin seul était affecté dans les cataractes, sans qu'elles fussent produites par quelque pellicule. Sténon trouva le crystallin endurci dans deux aveugles, l. c. pag. 104. et Borelli adopta la même opinion, cent. obs. III. p. 279. et act. Hafn. vol. V. observat. VI. D'autres disent qu'après avoir abattu la cataracte, on ne trouva plus de cristallin, Zod. Gall. ann. 4 p. 160. Plempius avait déjà observé que la vision pouvait toujours se faire, le crystallin abattu, au moyen de l'humeur vitrée p. 109. la plupart des modernes l'ont remarqué. M. Mery est le premier de MM. de l'académie des sciences qui changeant ingénuement d'avis, a trouvé le crystallin opaque dans deux cataractes, mém. de l'acad. 1708. pag. 313. et hist. de l'acad. 1709. obs. II. M. Petit le médecin l'a aussi trouvé tel deux fois ; Voyez Brisseau, p. 164. M. Maréchal trois fais, p. 153. La célèbre observation faite sur les yeux, de Bourdelot, le confirme aussi, p. 164. et enfin le jeune la Hire chantant la palinodie, a avoué, pag. 258 du même livre, qu'on pouvait abattre le crystallin sans danger. La vérité s'est encore mieux montrée de nos jours. Le célèbre Brisseau, 6 Avril 1705, trouva le crystallin obscurci dans un oeil qui avait la cataracte, l. c. p. 3. Maitre-Jean dans son livre sur les maladies des yeux rapporte qu'il fit en 1682 et 1685 des expériences qui le conduisirent à la même vérité, et qu'il publia en 1707. Boerhaave fut des premiers à suivre Maitre-Jean, dans la première édition de ses Instituts, 1707. n°. 607. Heister trouva la même idée vérifiée dans la dissection d'un cadavre, qu'il fit en 1707, et la soutint dans plusieurs écrits. Le célèbre Petit a rendu cette opinion presqu'aussi certaine qu'une proposition de Mathématique, si bien qu'il ne se trouve presque personne qui pense autrement, surtout présentement qu'il est démontré que la chambre postérieure de l'oeil est très-petite, et n'a pas assez d'espace pour une membrane libre et flottante. Duverney, Littre et la Hire, dans l'académie, et parmi les médecins oculistes, Woolhouse, ont en vain voulu ruiner cette opinion. On sait assez par expérience que les cataractes membraneuses sont très-rares ; telles sont celles de Geisler, p. 380. et act. Breslav. 1718. mense Mart. de Woolhouse, pag. 23. 237. 245. de Walther, transact. philos. n. 399. de Hovius, p. 86. de Galtald, act. Breslav. 1718. p. 20. 52. et d'autres dont Palfyn fait mention, Anat. chirurg. p. 69.

S. Yves dit que c'est le pus qui les forme, d'autres veulent que ce soit l'opacité de la capsule ; mais il y a une infinité de cas où le crystallin, même obscurci, est la cause et le siège de la maladie. Haller, comment. Boerhaav. Voyez CATARACTE. (L)

CRYSTALLIN, (extraction du) opération de Chirurgie, par laquelle on rend la vue à ceux qui l'ont perdue par la formation de la cataracte ; et que M. Daviel, qui a toujours fait sa principale occupation des maladies des yeux, a pratiqué avec succés, voyez CATARACTE. L'ancienne opération consiste à placer ou ranger au fond de l'oeil le crystallin, devenu par son opacité un obstacle à la pénétration des rayons lumineux. Cette méthode a des inconvénients ; la cataracte peut remonter après l'opération la mieux faite, et répandre encore ses voiles sur l'organe de la lumière : cette opération n'est pas praticable, lorsque la cataracte n'a pas acquis assez de solidité pour soutenir l'effort de l'aiguille ; on déchire le corps vitré, et il en résulte quelquefois des inflammations intérieures qu'aucun secours ne peut calmer. M. Mery célèbre chirurgien de Paris, a connu ces inconvéniens, et il a proposé l'extraction du crystallin, dès qu'on a été généralement convaincu que la cataracte n'était point une pellicule formée dans l'humeur aqueuse de l'oeil. Il était naturel qu'après qu'il a été démontré par l'opération même, qui a pour but d'abaisser la cataracte, qu'il est possible de voir sans cristallin ; il était, dis-je, naturel qu'on songeât, non-seulement à déplacer ce corps quand il était devenu opaque, mais à l'extraire totalement, et délivrer l'oeil d'une partie désormais inutile. C'est ce que M. Mery avait proposé de faire dès l'année 1707, dans les mémoires de l'académie royale des Sciences. Nous nous contenterons de rapporter ici le résultat des observations de cet habîle chirurgien, d'après le secrétaire de l'académie, hist. p. 24.

" Sur ce que la cornée ayant été coupée se reprend aisément, et sur ce que la perte de l'humeur aqueuse se répare avec la même facilité, M. Mery croit qu'on pourrait tirer les cataractes hors de l'oeil par une incision faite à la cornée ; et que cette manière, dont il ne parait pas qu'il y ait rien à appréhender, préviendrait tous les périls et les inconvénients de l'opération ordinaire. Il est bien sur que la cataracte ne remonterait point, et ne causerait point les inflammations qu'elle peut causer lorsqu'on la loge par force dans le bas de l'oeil ".

Malgré les avantages qu'on vient d'exposer, les chirurgiens qui faisaient l'opération de la cataracte, la pratiquaient suivant l'ancienne méthode, et M. Daviel lui-même n'a pas opéré autrement jusques dans ces derniers temps. Ce n'est pas qu'on objectât rien au projet de M. Mery, il n'était peut-être entré dans la tête d'aucun praticien d'examiner si cette opération pouvait avoir des inconvénients ; et ce qu'on peut penser de plus avantageux sur leur compte, pour les disculper d'un servîle attachement à la routine, c'est qu'ils ne connaissaient pas l'exposé de M. Mery. Si M. Daviel était dans ce cas, on ne peut lui refuser la gloire d'être l'inventeur de l'extraction du crystallin ; et dans la supposition même où il aurait été guidé par les lumières de M. Mery, il ne mériterait pas un moindre éloge pour avoir pratiqué une méthode aussi utile, à la perfection de laquelle il aurait toujours essentiellement contribué, par l'invention des divers instruments qui servent à son opération. Le malade mis dans la situation convenable, comme nous l'avons dit au mot CATARACTE, M. Daviel incise la cornée transparente inférieurement près de la conjonctive, avec une aiguille pointue, tranchante et demi-courbée, ayant la forme d'une lancette ; une aiguille pareille, mais mousse, sert à agrandir cette incision. On acheve de couper demi-circulairement la cornée transparente à droite et à gauche, jusqu'au dessous de la prunelle, avec de petits ciseaux courbes et convexes. Il faut avoir recours à ces instruments, parce que la cornée qui devient lâche par l'effusion de l'humeur aqueuse, ne pourrait être coupée avec un instrument tranchant. M. Daviel décrit une autre petite aiguille pointue et tranchante des deux côtés, pour ouvrir la membrane qui recouvre antérieurement le crystallin ; et une petite curete d'or pour faciliter quelquefois l'issue du crystallin, ou tirer les fragments de ce corps, s'il en restait dans le trou de la prunelle : enfin une petite pincette pour emporter les portions de membrane qui pourraient se présenter.

Dans les différentes opérations que j'ai Ve pratiquer à M. Daviel, ces trois derniers instruments n'ont point servi ; car dès que la cornée était incisée, le crystallin passait dans la chambre antérieure et tombait sur la joue, même sans le secours de la compression légère, que M. Daviel recommande de faire sur le globe de l'oeil. Par cette opération, dont la cure n'a rien de particulier, la cataracte ne peut remonter : l'on opére également dans le cas des cataractes molles ou solides ; il n'est plus nécessaire d'attendre ce qu'on appelait la maturité de la cataracte. Ce sont des avantages qui rendent la nouvelle méthode précieuse, et il est évident qu'on a beaucoup d'obligation au zèle et aux travaux de M. Daviel sur ce point de l'art. Son mémoire est inséré dans le second volume de l'académie royale de Chirurgie, et il n'y est annoncé que comme l'extrait de ce que l'auteur publiera sur cette matière, dans un traité complet des maladies des yeux. (Y)

CRYSTALLIN, (Emaill.) c'est une sorte de verre fait avec de la soude d'Alicant et du sablon vitrifiés ensemble ; les Orfèvres et les Rocailleurs s'en servent comme de corps et de matière pour composer les émaux clairs et les verres brillans qu'ils soufflent à la lampe, pour les mêler avec les émaux faits d'étain. Voyez ÉMAIL.