S. m. (Anatomie) C'est sous ce nom que les anciens ont déïfié une membrane charnue, placée à l'origine du vagin, dont elle retrécit l'entrée.

Le mot grec , signifie proprement une pellicule, une membrane, et répond aux mots de la même langue et , desquels mots on fait usage suivant les parties du corps où ces membranes se trouvent placées.

Mundinus a le premier parlé de l'hymen comme d'un voîle mis constamment par la nature au-devant du vagin ; il l'appelle velamen subtîle quod in violatis rumpitur, cum effusione sanguinis, le voîle de la pudeur, qui se rompt dans la défloration avec effusion de sang. Picolhomini a pareillement nommé ce voile, le cloitre de la virginité, claustrum virginitatis. Les Italiens l'appellent en conséquence dans leur langue, la telletta valvola, sede della virginita. Les Latins, flos virginitatis, zona virginea ; et les matrones françaises, la dame du milieu. Tous ces noms indiquent assez le cas qu'on en a fait et l'idée qu'on s'en est formée.

Aussi est-il arrivé que cette membrane délicate, de figure indéterminée, qui se trouve ou ne se trouve pas dans le conduit de la pudeur, qui est visible ou invisible, a causé plus de maux dans le monde que la fatale pomme jetée par la Discorde sur la table des dieux aux nôces de Thétis et de Pelée.

Cependant on peut voir dans Riolan, Bartholin, de Graaf et autres, combien les anciens Anatomistes disputaient pour et contre l'existence de cette membrane, ainsi que sur sa situation et sa figure. Les modernes ont continué la même dispute, sans pouvoir mieux s'accorder que leurs prédécesseurs.

Falloppe, Vésale, Riolan, Carpi, Platerus, Teichmeyer, Morgagni, Diemerbroeck, Drake, Heister, Ruysch, Winslow et autres, regardent la membrane de l'hymen comme une partie non-seulement réelle, mais qu'on doit mettre constamment au nombre de celles de la génération des femmes. Ils assurent que cette membrane est charnue ; qu'elle est fort mince dans les jeunes vierges, et plus épaisse dans les filles adultes ; qu'elle est située au-dessous de l'orifice de l'urethre ; qu'elle ferme en partie l'entrée du vagin ; qu'elle est percée d'une ouverture ronde, oblongue, ovalaire, si petite néanmoins, qu'on pourrait à peine y faire passer un pois dans l'enfance, et une grosse feve dans l'âge de puberté.

M. Winslow entre dans les détails les plus propres à nous persuader de l'existence de l'hymen, comme d'une chose constante. C'est, dit-il, un cercle membraneux qui borde l'extrémité antérieure du vagin dans les vierges, surtout dans la jeunesse et avant les règles. Ce repli membraneux, plus ou moins large, plus ou moins égal, quelquefois semi-lunaire, laisse une très-petite ouverture dans les unes, plus grande dans les autres, mais rendant pour l'ordinaire l'orifice externe du vagin généralement plus étroit que le diamètre de sa cavité. Ce repli, continue-t-il, est formé par la rencontre de la membrane interne du vagin, avec la membrane ou la peau de la face interne des grandes ailes. Il peut s'effacer par des règles abondantes, par des accidents particuliers, par imprudence, par légèreté, par tempérament et par d'autres causes. Il se rompt presque toujours par la consommation du mariage, mais il se détruit immanquablement par l'accouchement ; et pour lors il n'en reste plus rien, ou seulement des lambeaux irréguliers, qu'on nomme caroncules myrtiformes, à cause de quelque ressemblance avec des feuilles de myrthe. On ne trouve point, ajoute-t-il, ces caroncules dans les jeunes filles véritablement pucelles ; on ne les trouve que dans les adultes, parce qu'elles sont formées par le déchirement du cercle membraneux.

Enfin, Spigelius, Panarolus, Swammerdam, Garengeot, Santorini, ainsi qu'Heister dans les éphémérides des curieux de la nature, cent. VII. et VIII. fig. 4, ont donné des figures de ce cercle membraneux, tel qu'ils l'ont trouvé en différents sujets.

Mais d'un autre côté, de très-grands maîtres de l'art, aussi fameux qu'accrédités, Ambraise Paré, Nicolas Massa, Dulaurent, Ulmus, Pineau, Bartholin, Mauriceau, Graaf, Palfyn, Dionis et plusieurs autres, soutiennent nettement et fermement que la membrane de l'hymen n'est point une chose constante ni naturelle au sexe, et qu'ils se sont assurés, par une multitude d'expériences, de recherches et de dissections, que cette membrane n'existe jamais ordinairement. Ils avouent seulement qu'ils ont Ve quelquefois une membrane qui unissait les protubérances charnues, nommées caroncules myrtiformes, mais ils sont convaincus que cette membrane était contre l'état naturel.

Cette contrariété d'opinions de maîtres de l'art dans un fait qui ne parait dépendre que de l'inspection, répand la plus grande incertitude sur l'existence ordinaire de la membrane de l'hymen, et nous permet au-moins de regarder les signes de virginité qu'on tire de cette membrane, non-seulement comme incertains, mais comme imaginaires et frivoles.

Cependant, si le partage des Anatomistes nous empêche de prononcer en faveur de l'existence constante de la membrane hymen, il est toujours vrai que ceux qui prennent cette membrane pour un vice de conformation, pour un accident, pour un jeu de la nature, doivent avouer que ce jeu n'est pas extrêmement rare. Aussi Paré, Bartholin, Wierus, Mauriceau, qui n'estimaient l'hymen que comme un vice de conformation, reconnaissent tous l'avoir Ve quelquefois. Colombus dit en particulier l'avoir observé dans trois filles. Kulm, en faisant une dissection publique, trouva ce cercle membraneux dans une fille de 17 ans. Mercurio, Spigelius, Plazzonus, Blasius, Rolfincius, attestent même avoir Ve plusieurs fois cette membrane au-devant du conduit de la pudeur.

En un mot, nous avons des nuées de témoignages d'Anatomistes, qui certifient que l'orifice du vagin est quelquefois si fort retréci par une membrane qui le bouche presque totalement, qu'il n'y reste qu'un petit trou, par lequel les menstrues s'écoulent ; et qu'il résulte de ce jeu de la nature un obstacle à la consommation du mariage, et quelquefois à l'écoulement des règles.

Le lecteur en trouvera des exemples dans Roonhuysen, lib. I. de clausura uteri, observ. 1. Benivenius, de abditis morborum causis, cap. xxviij. Cabrolius, observ. xxiij. Fabricius ab Aquapendente, obser. chir. de hymene imperforato. Hildanus, Cent. III. obser. lx. Schenckius, lib. IV. de partibus genitalibus. Sollingen, observ. Ve Meeckren, observ. chirurg. lv. Mauriceau dans ses observations sur les maladies des femmes grosses. Cowper dans son anatomie. Ruysch, obser. chirurg. xxxij. Saviard, observ. chirurg. iv. &c.

Dans les cas de l'existence de cette membrane, qui porte obstacle, soit aux devoirs du mariage, soit au cours des règles, il faut nécessairement, avec un bistouri, faire au cercle membraneux quatre petites incisions, en forme de la lettre X, et la guérison est immanquable.

Une chose bien plus étrange, c'est qu'il est arrivé que cette membrane bouchait le vagin, sans avoir empêché la conception. J'en ai lu deux exemples trop curieux pour les passer sous silence, et dans deux auteurs trop célèbres pour que leur témoignage ne soit de grand poids.

Ambraise Paré sera mon premier garant. Un orfévre, dit-il, qui demeurait à Paris sur le Pont-au-Change, épousa une jeune fille qu'il aimait beaucoup ; et parce que l'amour est d'ordinaire violent dans les premières approches, ils s'y livrèrent si fort l'un et l'autre, qu'ils vinrent tous les deux à se plaindre, l'un de ce que sa femme n'était point ouverte, et l'autre, de ce que dans les caresses de son mari, elle souffrait une douleur incroyable. Ils communiquèrent leurs plaintes à leurs parents, qui se conduisant avec prudence, firent appeler dans la chambre des mariés, Jérôme de la Noue et le savant Simon Pietre, docteurs en Médecine, avec Louis Hubert et François de la Laurie, chirurgiens. Tous, d'une commune voix, tombèrent d'accord qu'il y avait une membrane au centre du conduit de la pudeur : ils la trouvèrent dure et calleuse, avec un petit trou au milieu, par lequel les règles avaient accoutumé de couler, et par lequel aussi la femme était devenue grosse ; car six mois après qu'on eut coupé cette membrane, cette femme fit un bel enfant à son mari, qui ne manqua pas de se réconcilier avec elle.

Ruysch me fournira le second exemple que j'ai promis. Il fut un jour appelé pour secourir une femme en travail d'enfant, qui depuis longtemps souffrait beaucoup, et jetait de grands cris sans pouvoir accoucher. Après avoir examiné le fait, il découvrit que c'était l'hymen de la mère qui s'opposait à la sortie de l'enfant. Cette membrane était dans son entier, fort épaisse, et poussée par la tête de l'enfant. Ruysch y fit faire promptement une incision par un chirurgien. Cependant cette incision ne put suffire, parce qu'il se trouva derrière une seconde membrane, contre nature, dans l'intérieur du vagin, qui la première formait le passage à l'enfant : il fallut donc l'inciser de la même façon. L'opération faite, l'enfant vint au monde fort heureusement, et la mère, qui auparavant était à l'extrémité, fut délivrée de tous ses maux ; seulement à cause de la grande et longue tension que sa vulve et le sphincter de la vessie avaient soufferts, il lui survint une incontinence d'urine, dont elle guérit au bout de quelques semaines.

L'on trouve dans cette dernière observation quatre choses singulières réunies. 1°. Que cette femme avait une hymen à l'orifice du vagin, qui en bouchait l'entrée. 2°. Que cette hymen ne l'avait point empêché de concevoir. 3°. Qu'il s'était formé dans son vagin, depuis la conception, une seconde membrane, qui fermait le passage de la sortie de son enfant. 4°. Que cette seconde membrane, contre nature, provenait vraisemblablement d'une excoriation des parois du vagin, occasionnée par quelque ulcération, humeur âcre, ou autre cause semblable.

Je pourrais ajouter quelques autres remarques de Morgagni sur l'hymen, mais cet excellent auteur est entre les mains de tous les Anatomistes. Quant au gros ouvrage de Schurigius sur cette matière, intitulé Parthenologia, c'est une compilation sans choix et sans gout. (D.J.)

HYMEN, s. m. (Mythologie) ou HYMENEE, dieu qui préside aux mariages : Horace le nomme ingénieusement le gardien de la vie. On l'invoquait toujours dans les épithalames, par l'acclamation répétée, hymen, ô hymenée, qui lui était consacrée. Voyez EPITHALAME et HYMENEE. (D.J.)

HYMEN ou HYMENEE, (Iconograph.) On représente ce dieu sous la figure d'un jeune homme blond, couronné de fleurs, tantôt de roses, et tantôt de marjolaine : c'est pourquoi Catulle lui dit, cinge tempora floribus suave olentis amaraci. Il tient de la main droite un flambeau, et de la gauche un voîle de couleur jaune. Cette couleur était particulièrement affecté aux noces ; car on lit dans Pline que le voîle de l'épousée était jaune : les Poètes même donnent au dieu Hymen une robe jaune et des souliers jaunes. (D.J.)