adj. en Anatomie, se dit des parties relatives à l'ileon. Voyez ILEON.

L'artère iliaque est une des branches de la division de l'aorte inférieure. Voyez AORTE.

L'artère iliaque se porte obliquement vers la partie latérale et supérieure de l'os sacrum, là elle se divise en deux branches, l'une qu'on appelle artère iliaque interne, ou artère hypogastrique, qui se jette dans le bassin ; et l'autre artère iliaque externe, qui rampe le long des parties latérales et supérieures du bassin, sans jeter de branches considérables, et vient passer sous le ligament de Fallope, où elle fournit plusieurs branches, et prend le nom d'artère crurale. Voyez HYPOGASTRIQUE et CRURALE.

Le muscle iliaque vient de la face interne de l'os des îles de la crête, de ses épines antérieures, de leur intervalle ; en descendant sur la partie inférieure de ce même os, se joint au grand psoas, et s'insere avec lui au petit trochanter.

ILIAQUE passion, (Médecine) ileus, ; ce nom est dérivé du mot grec , qui signifie être replié, contourné ; circumvolvi, contorqueri, auxquels répondent les noms latins qu'on donne à cette maladie, de volvulus, passio volvulosa ; elle est décrite dans Caelius Aurelianus sous le nom de tormentum ; quelques auteurs grecs l'appellent aussi , pensant que les intestins sont alors tendus comme des cordes ; son nom vulgaire francisé est miserere, nom tiré sans-doute de la compassion qu'arrache l'état affreux des personnes qui en sont attaquées. Le symptôme qui caractérise cette maladie est un vomissement presque continuel avec constipation ; on vomit d'abord les matières contenues dans l'estomac, peu après on rejette la bile, des matières chileuses, même des excréments ; quelquefois aussi les malades ont rendu par la bouche les lavements, les suppositoires, s'il en faut croire quelques médecins observateurs : en même temps ils ressentent des douleurs aiguës dans le bas-ventre ; la soif est immodérée, la chaleur excessive, la faiblesse extrême, le pouls est dur, vibratil, serré, vite, la respiration est difficîle ; à ces accidents surviennent quelquefois, lorsque la maladie est à son dernier période, le hoquet, convulsion, délire, sueurs froides, défaillances, refroidissement des extrémités, etc. Cette maladie est quelquefois contagieuse, comme l'a observé Schenckius, lib. III. observ. Amatus Lusitanus (Observ. cap. viij.) assure l'avoir vue épidémique ; les malades qui en étaient attaqués rendaient beaucoup de vers par la bouche. Cette maladie est au rapport de Bartholin (Epistol. cap. iv. pag. 529.) endémique dans la Jamaïque, île d'Amérique. On lit dans Forestus une observation singulière de Dodonée, touchant une passion iliaque périodique, dont les paroxysmes revenaient tous les trois jours. Lib. XXI. observ. 19.

Les causes de cette maladie sont extérieures ou internes ; on ne peut connaître celles-ci que par l'ouverture du cadavre, l'observation nous découvre les autres ; c'est par elle que nous savons que la passion iliaque est souvent excitée par les poisons, les champignons, les émétiques, les violents purgatifs. Un nommé Guilandius, au rapport de Prosper Alpin (Method. medend.), fut attaqué d'une passion iliaque mortelle, pour avoir pris des pilules et demi-once d'hiera picra ; un accès de colere, un exercice violent ont quelquefois produit le même effet ; Zacutus Lusitanus a observé une passion iliaque déterminée par un arrêt subit de la sueur et de la transpiration dans un jeune seigneur qui venait de jouer à la paume ; l'abus et l'usage déplacé des astringens, a quelquefois occasionné cette maladie. Fernel raconte qu'une fille en fut atteinte pour avoir mangé trop abondamment des coings, et qu'on les trouva ramassés dans le coecum, qui en avait été resserré et retréci. On en a Ve survenir à la suite d'une blessure dans le bas-ventre ; mais les causes les plus fréquentes sont les hernies. L'ouverture des cadavres nous fait souvent apercevoir les causes internes, c'est-à-dire les vices, les dérangements qui produisent plus immédiatement cette maladie. Dans tous les cadavres de personnes mortes de passion iliaque, on voit le conduit intestinal fermé dans quelques endroits, tantôt par des excréments durs, des vers, des tumeurs, des ulcères, par des concrétions pierreuses, crétacées, plâtreuses, etc. tantôt par des inflammations considérables, très-souvent par l'étranglement des intestins descendus dans le scrotum dans les hernies ; quelquefois par des entrelacements, des nœuds, des replis, des déplacements de quelque portion d'intestin. Quelques auteurs ont refusé de croire que cette cause eut lieu, par la singulière et cependant très-ordinaire raison, qu'ils ne comprenaient pas comment les intestins attachés au mésentère, pouvaient ainsi se déranger ; mais ce raisonnement, quelque plausible qu'il puisse être, doit céder à une foule d'observations qui constatent ce fait : ces replis sont même quelquefois très-multipliés. Rivière en a observé trois dans l'intestin ileon ; Henri de Keers en a trouvé cinq, et Barbette dit en avoir Ve jusqu'à sept. On peut ajouter à cela les observations de Platter, de Panarole, d'Hyppolitus Boscus, et de plusieurs autres. Le vice le plus fréquent qu'on aperçoit dans les intestins des personnes qui sont mortes de cette maladie, est l'intussusception ou invagination d'une portion d'intestin dans un autre ; on a Ve quelquefois tout le coecum rentré et caché dans l'ileum. Cette cause est attestée par beaucoup d'observations de Columbus, de Sylvius de le Boè, de Plempius, de Frédéric Ruysch ; c'est celle qui produit le plus ordinairement l'ileus endémique de la Jamaïque. Voyez Bartholin. Peyer a observé jusqu'à trois semblables invaginations dans le même sujet ; Patin traite aussi ce redoublement de chimérique, parce qu'il ne l'a jamais vu. Quelquefois ces duplicatures se rencontrent sans qu'il y ait passion iliaque, comme je l'ai observé dans un homme qui mourut subitement après avoir pris l'émétique, au premier effort qu'il fit pour vomir. Il n'est pas rare de trouver aussi dans les cadavres les intestins retrécis et étranglés dans certains endroits, comme s'ils fussent serrés par une corde. Le skirrhe du mésentère ou des parties environnantes est une des causes découvertes par les inspections anatomiques. Le pancreas grossi et obstrué en comprimant l'intestin, en a occasionné l'inflammation, l'ulcère et la passion iliaque, Kerkringius, observ. anatom. 42. On trouve souvent l'épiploon et les intestins gangrenés et sphacelés ; la corruption est quelquefois si grande, qu'elle empêche d'enlever les viscères et de pouvoir examiner la cause du mal. Baillou, liv. II. épidem. Hilden, de gangren. cap. iv. Il parait pourtant par toutes ces observations, qu'il ne suffit pas que le conduit intestinal soit bouché, il faut encore qu'il y ait une irritation qui fasse sur les intestins le même effet que les émétiques font sur l'estomac. Ces causes peuvent agir dans les intestins greles ou dans les gros, ce qui produit quelque léger changement dans les symptômes ; lorsque les greles sont affectés, les douleurs sont plus vives, les vomissements plus fréquents ; les matières qu'on rend par le vomissement sont chimeuses ou chyleuses. Lorsque les gros intestins sont attaqués, les vomissements sont plus lents, les douleurs moins aiguës ; elles se font sentir principalement aux hypochondres et aux reins, le malade vomit les excréments, etc.

Le diagnostic de cette maladie n'est pas difficile, elle est très-bien caractérisée par le vomissement joint à la constipation totale ; mais il est très-important d'en bien distinguer les causes, surtout de reconnaître l'inflammation lorsqu'elle est présente ; alors les douleurs sont vives, la fièvre est plus violente, l'altération et l'agitation du corps plus grandes, le pouls est dur et fréquent. La connaissance de ce qui a précédé peut aussi fournir des éclaircissements ; on peut s'apercevoir facilement en examinant le malade si la maladie doit être attribuée à quelque hernie ; les autres causes sont trop cachées pour qu'on puisse même les soupçonner, on est obligé d'agir en aveugle, et ce n'est pas le seul cas où l'on soit réduit au tatonnement et à la divination souvent funestes, mais indispensables.

Prognostic. La passion iliaque est une maladie très-dangereuse, fort aiguë, qui est bientôt terminée plutôt en mal qu'en bien : lorsqu'elle dépend de l'inflammation, ou qu'elle en est accompagnée, il est rare qu'on en réchappe ; il y a plus à espérer si elle est la suite d'une hernie, parce qu'on peut rentrer l'intestin, ou du moins on a toujours le pis-aller de l'opération ; elle se guérit assez facilement lorsqu'elle est la suite d'une constipation opiniâtre, d'un rentrement d'intestin, etc. La guérison est prochaine lorsque le malade prend les lavements et qu'il les rend facilement, que les douleurs ne sont point fixes ni continues ; il n'y a plus de danger lorsque les remèdes laxatifs qu'on prend par la bouche, opèrent par les selles ; mais le péril est pressant, et il ne reste plus d'espérance, lorsque les douleurs qui étaient extrêmement aiguës, viennent à cesser tout-à-coup sans que les autres symptômes diminuent, alors l'abattement des forces est plus sensible, l'haleine est puante, la faiblesse et la vitesse du pouls augmentent, les syncopes sont fréquents, la gangrene est formée, et la mort est prochaine ; le hoquet, la convulsion, le délire survenans à la passion iliaque sont des signes d'un très-mauvais augure. Hippocr. aphor. 10. lib. VII.

Curation. Cette maladie est une de celles où la nature n'opère rien pour sa guérison ; elle exige les secours de l'art les plus prompts et les plus appropriés ; ils doivent être variés suivant les différentes causes : lorsqu'il y a inflammation ou qu'elle est à craindre, il est à propos de faire une ou deux saignées, de donner des lavements émolliens, anodins, d'appliquer sur le bas-ventre des fomentations de la même nature ; intérieurement on doit avoir recours aux remèdes rafraichissants, tempérants, anti-orgastiques, calmants ; tels sont les eaux de poulet, tisanes émulsionées, le nitre, la liqueur minérale anodine d'Hoffman ; si les douleurs sont trop vives, il faut donner les narcotiques, mais à petite dose ; on peut essayer quelques légers purgatifs en les associant aux calmants même narcotiques. S'il y a hernie, il faut en tenter la réduction, ou en venir de bonne heure à l'opération. Voyez HERNIE. Lorsqu'on n'a à craindre ni l'inflammation ni l'hernie, on peut donner des lavements plus actifs, plus stimulants ; la fumée du tabac injectée dans l'anus par l'instrument de Dekkers, est très-convenable ; Hippocrate conseille d'enfler les boyaux avec de l'air ; il y a des soufflets propres à cette opération : Celse recommande avec raison les ventouses. Les Chinois guérissent cette maladie par le cautère actuel. On a Ve quelquefois de bons effets de l'application des animaux tout chauds sur le ventre ; il ne faut pas trop perdre du temps à employer ces remèdes ; pour peu qu'ils tardent à produire de bons effets, il faut recourir au remède de van Helmont, aux balles de plomb, d'argent ou d'or ; avec ce remède, dit-il, neminem volvulo perire sivi ; ou ce qui est encore mieux, au mercure, dont il faut faire avaler une ou deux livres, et agiter, promener en voiture, s'il est possible, le malade ; mille observations constatent l'efficacité de ce remède. Ne serait-il pas à propos de faire marcher ces malades pieds nuds sur un terrain froid et mouillé ? Les personnes saines à qui il arrive de faire pareille chose, sont punies de cette imprudence par la diarrhée. Enfin tous ces secours inutilement employés, quelques auteurs proposent d'ouvrir le ventre, de dénouer et raccommoder les intestins ; cette opération est cruelle, elle peut être inutile, dangereuse ; mais c'est une dernière ressource dans des cas absolument désespérés. Article de M. MENURET.