S. m. (Anatomie) on entend par un squelete tous les os d'un animal dépouillé des téguments, des muscles, des vaisseaux, des glandes et des viscères, et rangés dans leur situation naturelle. On peut étendre l'acception de ce terme à toute préparation seche ; mais le gros des anatomistes l'a restreint à la préparation des os.

Il y a deux sortes de squeletes, le squelete naturel, dans lequel les os tiennent ensemble par leurs ligaments ; le squelete artificiel, où ils sont attachés avec du fil - d'archal, ou quelqu'autre substance qui ne faisait point partie de l'animal à qui les os appartiennent.

On prépare de la première manière les petits sujets, et ceux dont les os ne sont pas entièrement ossifiés, parce que si toutes leurs parties étaient séparées, leur petitesse et leur peu de solidité ne permettraient pas au plus habîle artiste de les réunir, au lieu que les os des adultes sont proprement et commodément nettoyés lorsqu'ils sont séparés, et il n'est pas difficîle de les replacer ensuite, et de les fixer dans leur état naturel.

On suit quelquefois les deux méthodes dans la préparation d'un même squelete ; on laisse les petits os unis par leurs ligaments naturels, et l'on sépare les gros, on les nettoie, et on les attache ensuite avec du fil - d'archal, ou quelqu'autre matière semblable.

Une remarque singulière, c'est que quand les os du squelete sont réduits dans leur situation naturelle, il n'y en a presque pas un seul qui soit placé perpendiculairement sur un autre, quoique la machine entière qu'ils composent, soit construite de manière, que quand elle est droite, la ligne perpendiculaire, tirée de leur centre de gravité commun, passe par le milieu de leur base commune. C'est par ce moyen que nous nous tenons fermes sur nos jambes, comme si l'axe de tous les os était une ligne droite perpendiculaire à l'horizon. Cette propriété facilite en même temps les différents mouvements que nous avons à faire.

Il est vrai que toutes les fois que les os destinés à supporter quelque partie de notre corps, s'écartent de leur direction naturelle, la force requise dans les muscles, pour balancer la pesanteur de cette partie, devient plus grande qu'elle ne serait sans cela. Et il n'y a aucun endroit de notre corps où le nombre et la force des muscles, ne puisse suffire à cet effet.

Tant que nous demeurons dans la même posture, il y a un nombre considérable de muscles qui sont dans un état de contraction, ce qui doit à la longue produire une sensation désagréable ; la raison et l'expérience sont d'accord en ceci. Voilà ce que nous appelons être las de la même posture, inconvénient que nous n'éprouverions point droits, si tous les os étaient perpendiculaires les uns aux autres. Mais ce défaut, si c'en est un, est bien compensé, par la facilité, la promptitude, et la force avec laquelle nous exécutons une infinité de mouvements.

Les os des femmes sont plus petits, relativement à leur grandeur, que ceux des hommes, parce que la force de leurs muscles n'est pas assez grande, ni le poids qui leur est appliqué perpendiculairement assez grave pour les empêcher de s'étendre.

Les enfoncements, les rebords, les aspérités, et les autres inégalités causées par les muscles, sont encore moins sensibles en elles qu'en nous, parce que leurs muscles étant moins forts, moins épais et moins exercés, font des impressions moins considérables sur leurs os.

Elles ont plus fréquemment l'os du front divisé par la continuation de la suture sagittale, ce qui provient des causes générales de la différence de leurs os d'avec les nôtres ; ainsi qu'on s'en apercevra, en considérant la structure de leur épine interne et moyenne.

Leurs clavicules sont moins recourbées, parce que leurs bras ont été moins violemment tendus en devant ; car l'ajustement de nos européennes, surtout de celles qui ont de la naissance, est contraire à ce mouvement.

Leur sternum est plus élevé par de longs cartilages inférieurs, afin que la poitrine s'étende en proportion de ce qu'elle est retrécie, par la compression du diaphragme qui se fait dans la grossesse.

Elles manquent assez souvent d'un os, ou ont un trou dans le milieu du sternum, qui sert de passage aux vaisseaux des mamelles ; ce qu'il faut peut-être attribuer à leur constitution lâche, dans laquelle l'ossification ne se fait pas aussi promptement que dans les sujets en qui l'action des solides a de la vigueur, et la circulation des fluides de la vitesse ; car un trou beaucoup plus petit suffisait à cet effet ; les branches des vaisseaux internes des mamelles destinées aux parties extérieures de la poitrine passent entre les cartilages des côtés, avant qu'elles passent au sternum.

Le cartilage xiphoïde est plus souvent fourchu dans les femmes que dans les hommes ; ce qui provient de la même cause que nous venons d'apporter dans l'article précédent, savoir la lenteur de l'ossification.

Les cartilages supérieurs des côtes qui ont à supporter les mamelles, s'ossifient plus promptement.

Le poids des mamelles leur rend les cartilages moyens plus plats et plus larges.

Les cartilages inférieurs sont plus longs, et leur rendent la poitrine plus large.

Elles ont l'os sacrum plus tourné en arrière ; ce qui contribue à la grandeur du bassin.

Les femmes faibles qui ont mis au monde plusieurs enfants dans leur jeunesse, ont quelquefois les vertèbres du dos courbées en-dedans, et leur sternum enfoncé, ou deviennent, comme Cheselden l'observe, voutées, et ont la poitrine enfoncée, à cause du poids et de la pression de l'utérus, et de l'action violente des muscles épigastriques.

Le coccyx est plus mobîle et plus reculé en-arrière, pour fortifier la sortie de l'enfant.

Les os des îles sont plus creux, se portent plus en-dehors, et sont par conséquent fort écartés l'un de l'autre, pour donner plus de capacité à la partie inférieure du bas ventre, et procurer plus de place à la matrice durant la grossesse.

L'arcade ou partie supérieure de l'os pubis, est beaucoup plus ample dans les femmes qui ont eu des enfants, que dans les autres, étant dilatée par l'action du muscle droit du bas ventre.

Le cartilage qui joint les deux os du pubis, est extrêmement épais, ce qui donne beaucoup plus de capacité au bassin.

Les surfaces conjointes des os pubis, des os innominés et de l'os sacrum, ont peu d'étendue, afin de procurer avec l'os sacrum qui est fort étroit, un passage plus libre à l'enfant dans l'accouchement.

La grosse tubérosité de l'os ischion est plus plate dans les femmes que dans les hommes, à cause de la pression continuelle qu'il souffre, par la vie sédentaire que les premières mènent.

La grande capacité du bassin dans les femmes est cause que les articulations des os des cuisses sont plus éloignées que dans les hommes ; ce qui laisse, comme Albinus l'observe très-bien, un plus grand espace à la matrice pendant la grossesse. Cet éloignement des cuisses est peut-être une des causes qui fait que les femmes panchent plus d'un côté que de l'autre en marchant que les hommes, pour empêcher le centre de gravité de leur corps, de trop se jeter sur l'articulation de la cuisse qui pose à terre, tandis que l'autre est levée, ce qui les exposerait à tomber. Tous ces faits prouvent que la destination des femmes est d'avoir des enfants et de les nourrir. (D.J.)