S. f. COLORER, (Pharmacie) On colore, en Pharmacie, différentes préparations, soit pour leur donner de l'élegance, soit pour les déguiser ou cacher leur composition ; c'est dans la première vue qu'on colore plusieurs ratafiats, et surtout ceux qu'on ne saurait avoir parfaitement limpides (voyez RATAFIAT) ; plusieurs remèdes extérieurs, comme huiles, onguents, et surtout ceux qui sont destinés à l'embellissement du corps, comme la pommade pour les lèvres qu'on colore avec l'orcanette, la poudre dentrifique qu'on colore avec la cochenille ou le carmin.

Le peu de cinnabre qui entre dans la poudre tempérante de Stahl, et dans quelques autres poudres rougies par ce minéral, ne parait pas avoir été employé dans leur composition dans la vue d'en augmenter la vertu, mais plutôt dans celle de masquer les ingrédiens.

C'est apparemment parce que quelques médecins ou le public ont imaginé que l'huîle ou l'onguent rosat devait avoir la couleur des roses avec lesquelles on les prépare, et qu'il a été facîle de les contenter à cet égard, que les Apoticaires se sont mis dans l'usage de colorer avec l'orcanette ces préparations, dans lesquelles il ne passe presque rien de la partie colorante des roses.

La coloration des matières seches, comme des poudres, se fait par un simple mélange ; mais celle des préparations liquides ou molles se fait par la dissolution de différentes parties colorantes : c'est ainsi que la partie colorante de l'orcanette soluble dans toutes les substances huileuses passe dans l'onguent ou dans l'huîle rosat dont nous venons de parler ; que la fécule ou partie colorante verte des plantes colore certains emplâtres et onguents, tels que l'emplâtre de ciguè, l'onguent martiatum, etc.

La coloration se fait aussi quelquefois par cette action des acides et des alkalis, par laquelle ils exaltent certaines couleurs végétales, ou les changent même entièrement ; c'est ainsi qu'on exalte la couleur de la conserve de roses rouges par quelques gouttes d'acide vitriolique, celle de l'infusion de rhubarbe par l'addition d'une très-petite quantité d'alkali fixe ; qu'on pourrait donner un julep rouge préparé avec le syrop de violettes rougi par deux ou trois gouttes d'acide, etc. (b)