S. m. (Pharmacie) remède topique d'une consistance solide, capable d'être ramolli par une très-légère chaleur, et qui dans cet état peut s'étendre aisément sur une peau ou sur une toile, s'appliquer exactement à la peau, et y adhérer plus ou moins. Voyez EMPLATRE, (Chirurgie)

Les matériaux des emplâtres sont différentes matières grasses et visqueuses, les graisses de divers animaux, les huiles, les résines, les baumes, la cire, la poix, les gommes résines. Les chaux de plomb qui sont solubles par les huiles, auxquelles elles donnent de la consistance, sont des matériaux fort ordinaires des emplâtres. On a fait entrer aussi dans la composition de quelques-uns diverses substances végétales pulvérisées, et même quelques matières minérales, comme le mercure, le magnes arsenicalis, la pierre calaminaire, la pierre hématite, les vitriols, le bol, les fleurs d'antimoine, le safran de Mars, la tuthie, le pompholix, etc.

Le manuel de la préparation des emplâtres diffère considérablement, selon la diverse nature des matériaux de chacun.

Les emplâtres qui ne contiennent que des graisses, des huiles, des résines, de la cire, des baumes, en un mot des matières très-analogues entre elles, et éminemment miscibles, sont ceux dont la préparation est la plus simple ; car il ne s'agit pour ceux-là que de faire fondre tous les ingrédiens à un feu leger, au bain-marie pour le plus sur, et de les mêler intimement. L'emplâtre d'André de la Croix nous fournira un exemple pour cette première espèce.

Emplâtre d'André de la Croix, selon la pharmacopée de Paris : Prenez de poix-résine une livre, de gomme élémi quatre onces, de terebenthine de Venise, d'huîle de laurier, de chacun deux onces ; faites fondre le tout au bain-marie pour en faire un emplâtre, que vous garderez dans un vaisseau.

Nota. Qu'on demande ici que cet emplâtre soit gardé dans un pot, parce qu'il se ramollit facilement ; on peut cependant le rouler en magdaléons. Voyez la fin de cet article.

On prépare encore par une manœuvre très-simple, les emplâtres qui ne contiennent que des substances miscibles par la simple liquéfaction, auxquelles on ajoute certaines poudres qui ne sont point solubles par les matières fondues, et qui ne se mêlent avec que par confusion. Voici la manière de procéder à la préparation d'un emplâtre de cette seconde espèce.

Emplâtre de mucilages, selon la pharmacopée de Paris : Prenez de l'huîle de mucilages (qui n'est autre chose que de l'huîle d'olive cuite : voyez HUILE), de l'huîle de mucilages, dis-je, sept onces et demie, de la poix-résine trois onces, de la terebenthine une once ; faites fondre dans l'huîle la résine et la terebenthine sur un feu leger. Ce mélange étant presque refroidi, ajoutez de gomme ammoniac, de galbanum, d'opopanax, de sagapenum en poudre, de chacun demi-once ; de safran en poudre deux gros, de cire jaune fondue suffisante quantité pour donner la consistance d'emplâtre.

Les gommes-résines qui ne se liquéfient pas au feu, et qui ne sont pas solubles par les huiles, sont solubles par le vinaigre ; et on a tiré de cette qualité une autre méthode de les introduire dans les emplâtres : méthode à laquelle on a surtout recours pour les gommes-résines, qui ne se pulvérisent que très-difficilement, comme le sagapenum et le bdellium.

On dissout donc les gommes-résines dans du vinaigre, on filtre, on les rapproche à consistance d'emplâtre, ou seulement en consistance de miel, selon qu'il est requis pour la consistance même de l'emplâtre, et on mêle prestement ces gommes ainsi dissoutes et rapprochées, aux matières grasses fondues, et un tant-sait-peu refroidies.

On fait entrer quelquefois dans le même emplâtre des gommes-résines sous la forme de dissolution épaissie, et sous celle de poudre ; on en a un exemple dans l'emplâtre suivant.

Emplâtre de safran, selon la pharmacopée de Paris : Prenez de colophane, de poix de Bourgogne, de cire jaune, de chacune quatre onces ; de gomme ammoniac, de galbanum, de terebenthine, de chacun un once et trois gros : dissolvez les gommes (c'est-à-dire la gomme ammoniac et le galbanum, qui sont des gommes résines qu'on appelle simplement gommes dans le langage ordinaire des boutiques) : dissolvez, dis-je, les gommes dans le vinaigre, cuisez à consistance de miel, mêlez les gommes épaissies avec la terebenthine ; d'un autre côté faites fondre à feu doux la colophane, la poix, et la cire. Ces dernières matières étant retirées du feu, et un tant-sait-peu refroidies, unissez-les promptement à votre premier mélange, et ajoutez y sur le champ les poudres suivantes : de l'oliban, du mastic, qui sont des résines ; de la myrrhe qui est une gomme-résine, de safran, de chacun une once et trois gros, que vous répandrez sur la masse avec un tamis, et que vous incorporerez avec soin, à mesure qu'elles tomberont.

On peut faire une troisième espèce d'emplâtre de ceux dans la composition desquels on fait entrer des fécules ou parties colorantes vertes des plantes. Dans ce cas, ou on met une plante pilée dans une huile, ou une graisse qu'on fait cuire jusqu'à la dissipation de l'humidité, qu'on passe et qu'on emploie ensuite dans l'emplâtre, comme on le pratique dans la préparation de l'emplâtre de mélilot (voyez MELILOT) où l'on emploie de la même façon le suc non déféqué d'une plante, comme on le fait pour l'emplâtre de cigue (voyez au mot CIGUE) ; les emplâtres qui contiennent cette fécule sont verts : cette partie est vraiment soluble dans les substances huileuses.

Il faut bien distinguer à cet égard les sucs non déféqués des plantes d'avec leur décoction, qui ne contient point la partie colorante verte des plantes, mais seulement une partie extractive qui n'est pas soluble par les matières huileuses, et qui ne peut se mêler avec elles, qu'à la façon des poudres, ou plus imparfaitement encore. La cuite du vieux linge ou du charpis dans de l'huile, demandée même dans les pharmacopées modernes, pour la préparation d'un emplâtre qui doit son nom à ce ridicule ingrédient ; la cuite de ce vieux linge, dis-je, est une opération dont la fin, si même elle a jamais été exécutée pour une fin, n'est plus un objet réel pour les artistes de ce siècle. On peut en dire à-peu-près autant des décoctions des substances animales. Une décoction chargée de parties animales et de parties végétales, demandée dans l'emplâtre de grenouilles ou de Vigo, est donc un ingrédient très-défectueux de cet emplâtre (voyez sa composition au mot VIGO) ; aussi les meilleurs artistes emploient-ils de l'eau pure (qui est d'ailleurs nécessaire dans la préparation de cet emplâtre) à la place de la décoction.

Les extraits rapprochés ou réduits en consistance solide, se mêlent très-difficilement encore avec les matériaux huileux des emplâtres ; aussi l'union des extraits avec les autres ingrédiens de l'emplâtre diabotanum, ne cause-t-elle pas un des moindres supplices des artistes dans l'exécution de cette pénible et fastueuse composition pharmaceutique.

Les emplâtres dans la composition desquels entrent les chaux de plomb, constituent une quatrième classe. La manœuvre par laquelle l'artiste dispose ces substances à la combinaison est très-chimique ; et il n'est point de chimiste qui ne put être flatté de la découverte de cette pratique, qui est sans-doute dû. au hasard ou au tâtonnement, comme tant d'autres de la même classe, ou pour le moins dont l'inventeur est absolument inconnu.

Pour unir une chaux de plomb à une huîle ou à une graisse ; la litharge, par exemple, à l'huîle d'olive ou au saindoux (voyez DIAPALME dans lequel entrent ces trois ingrédiens), on prend de l'une et de l'autre de ces substances dans une proportion connue, environ une portion de litharge pour deux portions d'huîle ; on les met dans une bassine destinée à cet usage, dont le fond dégenere en un cone renversé et obtus, avec une bonne quantité d'eau, à-peu-près autant que d'huîle ; on fait bouillir en brassant exactement, c'est-à-dire remuant en tout sens avec une spatule de bois, jusqu'à ce que la combinaison soit achevée. On connait qu'elle l'est, ou que la litharge est cuite, pour parler le langage des boutiques, lorsqu'on n'aperçoit plus de grains de litharge, et que la masse de l'emplâtre est égale et liée. Si l'eau manque avant qu'on ait obtenu ce point, ce qu'on connait à ce que la masse de l'emplâtre se boursouffle et s'élève plus qu'auparavant, et qu'elle tombe et s'affaisse ensuite presque tout-d'un-coup, on ajoute de l'eau bouillante qu'on doit avoir sous la main, ou qu'on doit faire chauffer, retirant la bassine du feu pendant ce temps-là. On ne saurait employer de l'eau froide, parce que ce liquide s'introduisant sous la masse de l'emplâtre, qui est actuellement chaude au degré de l'eau bouillante, comme nous allons l'observer, et étant mis soudainement en expansion, ferait monter brusquement l'emplâtre, le répandrait, pourrait blesser l'artiste, et même occasionner un incendie.

Le merveilleux, ou plutôt le beau simple de cette opération, consiste en ceci : on traite proprement l'huîle et la litharge au bain-marie, et cela, quoique l'eau qui fait le bain soit contenue dans le même vaisseau que les matières qu'elle échauffe ; et il est inutîle en effet de la placer dans un vaisseau séparé, parce qu'elle n'a aucune action chimique sur ces matières. Or il est utîle de ne les exposer, ces matières, qu'à ce degré de chaleur, parce qu'une partie de l'huîle pourrait être brulée à un degré de feu supérieur, et fournir par conséquent du charbon, et la chaux de plomb être réduite, ou du moins noircie : l'un et l'autre inconvénient ôterait à l'élégance de l'emplâtre, supposé toutefois que l'élégance ne dépendit pas de la noirceur ; car les lois sont ici fort bizarres et fort arbitraires. Un emplâtre de la classe de ceux dont nous parlons ici serait manqué, si on brulait le plomb ; l'emplâtre noir ou de céruse brulée, et l'onguent de la mère (qui est un emplâtre), seraient manqués au contraire, si on ne le brulait pas. Voyez ONGUENT DE LA MERE, et la suite de cet article.

Je suppose que mes lecteurs n'ignorent pas que l'huîle ne bout point au degré de l'eau bouillante, et que toutes les fois que deux liquides immiscibles se trouvent confondus en quelque proportion que ce sait, et exposés au feu, la chaleur ne peut jamais s'élever dans la masse entière au-dessus du plus haut degré dont est susceptible le liquide le plus volatil, ou celui des deux dont le degré de chaleur extrême est le plus faible, caeteris paribus ; que par conséquent dans le cas dont il s'agit, l'huîle ne peut contracter que le degré de chaleur de l'eau bouillante.

Secondement, il vaut mieux appliquer l'eau bouillante immédiatement, que d'interposer un vaisseau entre ce liquide et les corps à unir ; parce qu'outre que cette méthode est plus commode et plus courte, elle sert encore, en ce que le bouillonnement de l'eau agite la masse de l'emplâtre dans toutes ses parties, et concourt très-efficacement au mouvement qu'on se propose d'exciter en brassant ; mouvement qui hâte toutes les dissolutions. Voyez MENSTRUE.

Si on se propose de rendre noir ou brun un emplâtre qui contient une chaux de plomb, on n'a qu'à cuire à un feu fort et sans eau ; c'est ainsi qu'on le pratique pour l'emplâtre suivant :

Emplâtre noir ou de céruse brulée, selon la pharmacopée de Paris : Prenez de plomb blanc, c'est-à-dire de céruse, une livre ; d'huîle d'olive, deux livres : cuisez ensemble à feu fort, ajoutant de temps en temps quelques gouttes de vinaigre (pratique qui parait assez inutile), jusqu'à ce que vous ayez obtenu la consistance d'emplâtre et la couleur noire : ajoutez enfin de cire jaune, quatre onces.

Il entre des huiles essentielles dans la composition de quelques emplâtres. On ne doit ajouter ces ingrédiens volatils, que lorsque la masse de l'emplâtre est presque refroidie.

Les emplâtres se gardent dans les boutiques sous la forme de petits cylindres longs d'environ trois pouces, et du poids d'une once, qui sont connus dans l'art sous le nom de magdaléon. Voyez MAGDALEON.

Les Chirurgiens demandent quelquefois des emplâtres composés, ou des onguents dans la composition desquels entrent un ou plusieurs emplâtres. Ces préparations sont extemporanées ou magistrales ; on les exécute sur le champ en mêlant les divers emplâtres par la fusion sur un feu doux.

On fait une sorte d'emplâtre avec la cire blanche, le blanc de baleine, et l'huîle d'amandes douces, ou des semences froides majeures, qu'on doit regarder comme une préparation magistrale, parce qu'elle n'est pas de garde, et qu'on ne doit l'exécuter qu'au besoin.

De toutes les compositions pharmaceutiques, aucune n'a été si inutilement multipliée que les emplâtres. Outre le peu de secours qu'on en tire en général, et le manque absolu d'observations qui établissent les vertus particulières dans quelques-uns (voyez EMPLATRE, Chirurgie) ; outre ces raisons tirées de l'expérience medicinale, on peut se convaincre de ce qu'on avance ici, en jetant simplement les yeux sur la dispensation des emplâtres, qu'on trouvera presque toujours la même, surtout si on examine celle des emplâtres les plus composés. (b)

EMPLATRE, (Matière médicale interne) L'application de certains emplâtres passe pour un secours qu'il ne faut pas négliger dans certaines affections intérieures, comme dans les tumeurs du foie et de la rate ; dans cette élévation rénitente de tout le bas-ventre des enfants, connue à Paris sous le nom de carreau, etc. ce sont surtout les emplâtres de ciguè, de bétoine et de vigo, qui sont renommés à ce titre. Voyez BETOINE, CIGUE, VIGO, PIQUEIQUE. (b)

EMPLATRE, en Chirurgie, c'est la composition pharmaceutique de ce nom, étendue sur du linge plus ou moins fin, sur du taffetas ou sur de la peau, suivant les différentes vues qu'on peut avoir dans son application, ou pour des raisons de propreté ; tels sont ceux qu'on met au visage, et qui sont ordinairement de taffetas noir.

Les emplâtres sont d'un très grand usage dans la pratique de la Chirurgie ; on s'en sert aussi fort utilement dans plusieurs maladies internes.

On n'applique pas toujours les emplâtres, par rapport à la vertu des médicaments dont ils sont composés. La seule qualité glutineuse les fait employer dans plusieurs cas, comme dans la suture seche pour la réunion des plaies. Voyez SUTURE. Un bandage fait avec méthode, peut tenir les lèvres de certaines plaies dans l'état d'approximation nécessaire pour qu'elles se réunissent ; mais il y a des plaies qu'il est impossible de contenir par les bandages : telles sont la plupart des plaies obliques et transversales. Si elles sont superficielles, il sera inutîle de les coudre avec les aiguilles et les fils. Cette suture est une opération douloureuse, qu'il n'est permis de faire que dans le cas de l'insuffisance démontrée des autres moyens qu'on aurait dû employer. Des emplâtres agglutinatifs grillés, ou des bandelettes emplastiques, peuvent être disposées de façon à tenir les lèvres de la plaie dans le contact nécessaire, et empêcher qu'elles ne puissent s'éloigner l'une de l'autre. On se sert communément pour cela de l'emplâtre d'André de la Croix ; il est composé avec la résine, la gomme-élemi, la terebenthine et l'huîle de laurier, mêlées et cuites selon l'art. L'emplâtre de bétoine est aussi un très-bon agglutinatif. Si ces compositions sont nouvelles, elles se fondent par la chaleur de la partie, et alors les lèvres de la division ne sont plus maintenues. Presque tous les emplâtres tiennent très-bien s'ils sont anciens, et si l'on a la précaution de les étendre très-minces, et sur du gros linge presque neuf. Il faut aussi avoir soin que le linge soit coupé à droit fil.

La situation de la plaie et sa figure doivent déterminer la figure de ces emplâtres, et si un seul sera suffisant, ou s'il en faudra plusieurs. Les bandes emplastiques doivent être assez longues pour pouvoir soutenir la peau de loin : trop courtes, elles contiendraient mal les lèvres de la plaie, surtout si elle avait un peu de profondeur. Quand on est obligé par quelque raison que ce soit de lever ces emplâtres, il faut avoir la précaution de ramollir le médicament par l'application d'une serviette chaude, ou avec un peu d'huîle chauffée à un degré convenable, afin de ne déranger l'ouvrage de la nature par aucun tiraillement. On a soin aussi de lever l'emplâtre directement dans toute son étendue ; d'abord par un côté, en le tirant vers la plaie, près de laquelle on s'arrête pour en faire autant du côté opposé, afin d'être en garde contre le déchirement d'une cicatrice récente, que le moindre effort opposé à la réunion pourrait rompre.

Les emplâtres purement contentifs ne servent aussi que par la qualité glutineuse du médicament ; on les applique sur les plumaceaux qui recouvrent les plaies ou les ulcères afin de les maintenir. On abuse un peu de ce moyen, qui a des inconvéniens. L'adhérence de l'emplâtre aux environs de l'ulcère, bouche les pores, occasionne quelquefois un prurit érésypélateux, rend la suppuration plus abondante par rapport à la transpiration supprimée, et retient les matières purulentes dans l'ulcère ou aux environs. Quoiqu'il soit démontré que rien n'est si sain que la propreté, cependant rien n'est si commun dans la plupart des hôpitaux, surtout dans ceux où il y a un très-grand nombre de malades ; rien, dis-je, n'y est si commun que de voir la circonférence des plaies et des ulcères fort mal-propres, par le peu d'attention des élèves auxquels les pansements sont confiés, et par l'abus des emplâtres. Leur usage rend ces mêmes élèves plus négligens sur la meilleure manière d'appliquer les bandes pour contenir l'appareil en situation d'un pansement à l'autre. Cette mal-propreté, contre laquelle on ne peut s'élever avec trop de force, contribue plus que toute chose à rendre les ulcères sordides et de difficîle guérison, et peut-être même à les rendre par la suite tout à fait incurables, quoiqu'on eut pu avec un peu de propreté, les guérir par l'application des remèdes les plus simples, tels que le vin miellé, etc. j'en ai fait plus d'une fois l'expérience. L'emplâtre de diapalme est celui dont on se sert le plus communément, comme contentif.

On peut couvrir d'un médicament emplastique le côté d'une compresse expulsive qui touche la partie, afin de la fixer invariablement sur le fond du sinus dont on veut faire sortir la matière. On lit dans les observations communiquées par Formi célèbre chirurgien de Montpellier, à Lazare Rivière doyen des professeurs royaux de Médecine en l'université de cette ville, qu'un abcès considérable sur le sternum avait été ouvert sans méthode à la partie supérieure. Suivant les règles de l'art, l'incision aurait dû être faite à la partie déclive (voyez ABCES, COMPRESSE, COMPRESSION, CONTRE-OUVERTURE) ; mais pour éviter une seconde opération, Formi conseilla l'application d'une compresse épaisse et agglutinative, sur laquelle un bandage serré convenablement procura le recolement des parois du sec, en déterminant le pus à sortir par l'ouverture supérieure.

Il peut y avoir des indications qui exigent que la compresse expulsive soit enduite d'un médicament approprié au cas. Je me suis servi avec le plus grand succès d'une compresse expulsive maintenue par un mélange d'emplâtre de ciguè et de vigo, sur un sinus accompagné de dureté et de callosités dans un ulcère scrophuleux.

Les emplâtres les plus efficaces contre la teigne n'agissent que par la qualité agglutinative ; et l'on a la précaution de les étendre sur de la toîle neuve, pour qu'ils adhèrent plus fortement, afin d'arracher les cheveux jusqu'à leurs racines. Voyez TEIGNE.

Eu égard à la vertu des médicaments dont les emplâtres sont composés, il y en a d'émolliens, comme ceux de mucilages et de mélilot. D'autres sont résolutifs et fondants ; tels sont les emplâtres de savon, de ciguè, de diabotanum, de vigo, etc. Les premiers sont plus émolliens et discussifs ; ceux-ci sont plus stimulants. L'effet des emplâtres est relatif aux dispositions des fluides et des solides. Si l'humeur qui est en stagnation dans la tumeur qu'on veut résoudre est fort épaisse ; si les émolliens ne l'ont pas préparée à la résolution, les remèdes résolutifs procureront une plus forte induration. Si au contraire il y a un commencement de chaleur dans la tumeur, les résolutifs, par leur qualité stimulante, accéléreront le jeu des vaisseaux, et la tumeur suppurera avec des résolutifs, qui deviennent alors les meilleurs maturatifs et attractifs dont on puisse se servir. On n'est guère trompé dans son attente lorsqu'on procede par principes et par raison, c'est-à-dire par une experience réfléchie et raisonnée, bien différente de l'empirisme que le vulgaire honore du nom d'expérience, et qui n'est qu'une routine aveugle.

Le diachilon gommé est un des meilleurs emplâtres maturatifs dans les furoncles, les clous, et autres tumeurs de cette nature qui ont de la disposition à suppurer. Pour mondifier et déterger, l'emplâtre divin est fort recommandé ; et ceux de céruse, de minium, de Nuremberg, et principalement celui de pierre calaminaire, ont la vertu de dessécher et de cicatriser.

Il y a des préparations emplastiques destinées particulièrement à certaines maladies et à certaines parties. L'emplâtre de bétoine est céphalique, et consacré pour la guérison des plaies de tête. Mais ne mondifierait-il pas également les plaies des autres parties ? Les mêmes pharmacopées qui en vantent les propriétés pour les plaies de tête, ajoutent qu'on s'en sert aussi pour ramollir les cors des pieds.

L'emplâtre de blanc de baleine, dans lequel entre la gomme ammoniaque dissoute dans du vinaigre, est un bon remède pour les mammelles des femmes, qui ne peuvent ou ne veulent pas alaiter leurs enfants ; il dissipe le lait, apaise les douleurs qui en proviennent, et en résout les grumeaux et les duretés qui en résultent. Je ne crois pas qu'on puisse penser aussi favorablement des effets que peut produire l'application de l'emplâtre de nicotiane et de ciguè dans les indurations et les skirrhes du foie et de la rate. Suivant les auteurs de la pharmacopée d'Augsbourg, Montanus et Bellacattus, célèbres médecins de Padoue, faisaient un grand usage d'un emplâtre contre l'hydropisie, et l'on assure qu'il n'est pas sans efficacité. Il est composé de fiente de pigeon, de suc d'hyeble, de miel, de soufre vif, de nitre, de poudre d'iris, d'énula, de baies de laurier, d'aneth, de fleurs de camomille, de semence de cresson, de farine de feve, de suif de cerf, de terebenthine, et d'une suffisante quantité de cire. Quand on connait la nature de l'hydropisie, et les différentes causes qui peuvent donner lieu à cette maladie, comment peut-on imaginer qu'on puisse la guérir par des applications extérieures ? Nous osons faire la même réflexion sur l'emplâtre fébrifuge, fait avec des araignées vivantes et leurs toiles, mêlées dans de la terebenthine avec du sel armoniac, etc. pour être appliqué sur le poignet. Il y a cependant des remèdes qu'on applique extérieurement, et dont la vertu peut changer toute la disposition de la masse du sang. Tel est l'emplâtre vésicatoire. Son effet ne se borne pas à l'élévation des phlictaines sur l'endroit où on l'a appliqué, ni à l'évacuation de la matière lymphatique qui coule de ces vessies ; le sang en est altéré, les sels des cantharides qui y sont portés en détruisent la viscosité. Tout le monde sait que l'emplâtre d'opium appliqué sur l'artère temporale, calme efficacement la douleur des dents ; et le docteur Nugent, dans une savante dissertation qu'il vient de donner sur l'hydrophobie, à la suite de l'histoire d'une personne mordue par un chien enragé, qui eut l'hydrophobie, et qui fut heureusement guérie par l'usage des antispasmodiques ; le docteur Nugent, dis-je, a prouvé très-solidement que dans toutes les affections qui dépendent de l'irritation des solides et de l'émotion spasmodique des fibres, il ne pouvait y avoir de remède plus efficace que l'usage régulier des applications topiques, capable de calmer ces agitations.

On donne différentes figures aux emplâtres, suivant les parties sur lesquelles on doit les appliquer ; il y en a de ronds, de carrés, d'ovales : on les taille en croissant ou en demi-lune pour la fistule à l'anus. On en fait de très-petits de la même figure pour les paupières ; ceux qu'on applique dans le pli de l'aine sont triangulaires ; on les coupe en croix de Malte pour l'extrémité des doigts, et on les fend plus ou moins profondément dans leur circonférence, afin qu'on puisse les appliquer également sur les parties inégales. On roule des languettes d'emplâtres en forme de baguettes ou de verges, connues sous le nom de bougies, pour le traitement des maladies du canal de l'urethre. Voyez BOUGIE et CARNOSITE. (Y)