S. m. (Jardinage) arbrisseau qui est fort commun dans tous les climats tempérés, et qui est si robuste, qu'il se trouve jusque dans les pays les plus septentrionaux. C'est une espèce de ronce, qui s'élève à cinq ou six pieds, qui n'est vivace que dans la racine, et dont les tiges se dessechent toujours au bout de deux ans : elles sont remplacées par de nouveaux rejetons, qui ne donnent des fleurs et des fruits que la seconde année, à la fin de laquelle ils périssent à leur tour, sans que la racine en soit endommagée. Ses feuilles, d'un verd tendre en-dessus et blanchâtre en-dessous, sont au nombre de trois ou cinq sur une même queue. La fleur, qui n'a nulle belle apparence, parait au mois de Mai ; et c'est en Juillet qu'arrive la maturité de son fruit, qui a beaucoup de parfum.

Cet arbrisseau vient naturellement dans les endroits sombres, pierreux, et humides des forêts ; ainsi on doit dans les jardins les placer à l'ombre et à la fraicheur des murs exposés au nord, où il se plaira et réussira mieux qu'à toute autre exposition. Il lui faut une terre meuble, limoneuse, et mêlée de sable, mais qui ne soit ni trop humide ni trop seche ; ces deux extrémités lui sont également contraires.

Ses racines, qui s'étendent au loin à fleur de terre, poussent quantité de rejetons qui servent à le multiplier ; c'est le seul moyen qui soit en usage, parce qu'il est le plus sur et le plus prompt. On peut cependant le faire venir de semence, de branches couchées, et même de bouture ; ou bien encore en plantant simplement des brins de la racine.

L'automne est la saison la plus propre à la transplantation du framboisier ; et si on s'y prend dès le mois d'Octobre, les plants feront de bonnes racines avant l'hiver, et acquerront assez de force pour produire l'année suivante quelques fruits passables, et des rejetons suffisans pour donner l'année d'après des fruits à l'ordinaire : au lieu que si on ne les transplantait qu'au printemps, outre que la reprise en serait incertaine ; il faudrait s'attendre à deux années de retard. Il faut planter les framboisiers à deux pieds de distance, dans des rayons éloignés de quatre pieds les uns des autres ; les réduire pour cette première fois à un ou deux pieds de hauteur ; retrancher les racines trop longues ; et ménager les yeux qui se trouveront au pied de la tige, parce qu'ils sont destinés à produire de nouveaux rejetons.

Toute la culture que cet arbrisseau exige, c'est de lui ôter chaque hiver le vieux bois qui a porté du fruit l'été précédent ; de tailler les nouveaux rejetons à trois pieds au-dessus de terre ; de supprimer tous ceux qui seront faibles ou surabondants ; et enfin de les renouveller tous les quatre ou cinq ans, si l'on veut avoir de beau fruit.

L'excellent parfum des framboises en fait avec raison multiplier les usages. On en peut faire du vin, du ratafiat, et du syrop ; des compotes, des confitures, des conserves, des dragées, et jusqu'à du vinaigre.

On connait sept espèces ou variétés du framboisier.

Le framboisier à fruit rouge ; c'est celui auquel on doit appliquer ce qui vient d'être dit en général.

Le framboisier à fruit blanc : la couleur du fruit en fait la seule différence, qui n'est pas avantageuse, parce que les framboises blanches ont moins de parfum que les rouges.

Le framboisier d'automne : il ne diffère du premier que parce que son fruit est tardif.

Le framboisier sans épines ; c'est une petite variété dont la rareté fait le seul mérite.

Le framboisier à fruit noir : cet arbrisseau est originaire de l'Amérique septentrionale, du Canada surtout ; ses feuilles ressemblent à celles de notre framboisier ordinaire, si ce n'est qu'elles sont lanugineuses en-dessous : mais les framboises qu'il produit sont aigres et de moindre qualité que les nôtres.

Le framboisier de Canada. Il est très-différent des autres espèces : ses feuilles sont grandes, d'un verd gai, découpées en cinq parties fort ressemblantes à celles du groseiller sans épines, et elles ont un peu d'odeur ; ce qui a fait donner à cet arbrisseau le nom de ronce odoriférante. Ses fleurs, d'une vive couleur de pourpre violet, sont de la forme d'une rose sauvage ; elles paraissent au commencement de Juin, et elles se succedent pendant deux mois : ce qui doit mériter à ce framboisier d'avoir place parmi les arbrisseaux fleurissants ; d'autant mieux que ses tiges sont sans épines. Son fruit est plus gros que nos framboises, mais il a peu de parfum ; il n'est pas à beaucoup près de si bon gout, et ce framboisier en donne très-rarement. Si cependant on voulait lui en faire porter, il faudrait le planter dans une terre forte et limoneuse : mais s'il y avait trop d'humidité, l'arbrisseau ne s'y soutiendrait pas longtemps.

Le framboisier de Pensylvanie. Cet arbrisseau prend plus de hauteur que les précédents ; il a peu d'épines, et les extrémités de ses rejetons sont bleuâtres : c'est aussi pour sa feuille qu'on le cultive plutôt que pour son fruit, qui ressemble parfaitement à celui de nos ronces communes : il a pourtant un goût différent, mais qui n'approche pas de celui de nos framboises ; il ne mûrit que sur la fin de l'automne.

Toutes ces espèces étrangères de framboisiers se multiplient et se conservent comme ceux d'Europe. Voyez RONCE. (c)

FRAMBOISIER, et FRAMBOISE, (Mat. med. et Diete) Les feuilles et les sommités du framboisier sont légèrement détersives et astringentes, et peuvent être substituées à celles des ronces pour les gargarismes qu'on emploie dans les maux de gorge et de gencives, lorsqu'il s'agit de procurer un leger resserrement à ces parties. C'est à-peu-près là tout l'usage qu'on tire de l'arbrisseau.

Son fruit rouge et blanc est plus employé sur les tables qu'en Médecine. Les belles framboises pleines de suc, et nouvellement cueillies, ont un goût et une odeur aromatique, également fine et flatteuse ; ce qui provient du sel essentiel de ce fruit, joint et uni avec quelques parties huileuses un peu exaltées ; lesquelles picotant légèrement les nerfs du goût et de l'odorat, excitent une sensation agréable. Comme les framboises contiennent à-peu-près les mêmes principes que les fraises ; elles sont humectantes, raffraichissantes, et contraires à l'acrimonie bilieuse.

On prépare avec ce fruit, du sucre, et de l'eau, une boisson appelée eau de framboise très-bonne pour apaiser la soif dans les maladies aiguës. Le nitre dissous et crystallisé avec le suc de framboise, remplira le même but.

On fait aussi avec le suc de ce fruit, des gelées et des syrops très-convenables dans les fièvres et les diarrhées putrides. On trouve le syrop de framboise tout préparé dans les boutiques d'Apoticaires, sous le nom de syrupus rubi-idaei. Le vin rouge framboisé, c'est-à-dire dans lequel on a infusé des framboises, parait assez propre pour le vomissement causé par la faiblesse et l'atonie de l'estomac.

On tire des framboises, comme de tous les fruits rouges, une eau spiritueuse. (D.J.)