PALISSAGE, (Jardinage) le palissage est l'art de placer et d'attacher sur des murailles, ou sur des treillages, dans un certain ordre, les branches des arbres qui sont plantés à leur pied.

Ce travail se fait au printemps, durant la taille et suivant les divers bourgeons qui ont poussé depuis cette taille ; on recommence en été d'attacher chaque branche et chaque bourgeon au treillage, qui couvre le mur, ou à la loque qu'on y a mise.

Le palissage n'est pas plus dans l'ordre de la nature, que la transplantation, la taille et l'ébourgeonnement ; cette opération demande que les arbres soient dans leur liberté, dardant en avant leurs rameaux pour suivre la direction et l'impression de l'air. En effet, on a beau retenir, arrêter, attacher avec du jonc ou de l'osier les bourgeons, ils s'écartent toujours du mur par leurs extrémités. L'air est autant l'élement des branches et des rameaux, que la terre est celui des racines. Les arbres en plein vent ne cherchent qu'à s'étendre ; on les voit passer horizontalement leurs rameaux allongés, en même temps qu'ils élèvent leurs cimes vers le ciel, quelques efforts même que l'on fasse, la nature revient à son premier principe. Juvenal, Satyre XIIIe Ve 239. tamen ad mores natura recurrit. Si vous laissez une année les arbres d'un espalier sans les tailler, les ébourgeonner et les palisser, ils deviendront aussitôt des buissons, ou des arbres de haute tige.

On a deux objets dans le palissage ; le premier, l'utilité ; le second, l'agrément de plaire aux yeux.

L'utilité se tire d'une bonne taille, et procure surement l'abondance, une plus prompte maturité, et une fécondité successive et perpétuée dans un arbre.

On n'a d'autre vue dans le second objet, que de bien étendre les branches d'un arbre, de manière qu'il couvre exactement toutes les parties d'un mur ; rien ne cause plus de plaisir aux yeux, que de voir la verdure mêlée avec le coloris charmant que prennent les fruits quand ils sont bien gouvernés.

Le palissage contribue à une plus prompte maturité des fruits, la branche étant plus exposée à l'air, aux rosées, et aux pluies fécondes. Au lieu que dans les arbres en buisson, ou à plein vent, l'air passe et traverse de toutes parts ; mais aux espaliers il est brisé, et il n'a point le même jeu ni la même action : ainsi le mur arrête la réverbération du soleil et en fixe la chaleur sur les fruits, qui prennent du goût et de la saveur pour peu qu'ils soient dégagés des touffes de feuilles et de bourgeons : si au contraire ces fruits étaient offusqués par un palissage trop garni, ils ne recevraient pas du soleil cette teinte brillante dont lui seul est capable de les peindre et de les colorer. Il est certain que plus le fruit approche de la muraille, plus il a de gout, et qu'il mûrit plus promptement.

On palisse les arbres ordinairement avec de l'osier ou du jonc, sur des treillages de bois, ou de fil-de-fer, en étendant les branches pour couvrir le mur où elles sont liées ; mais si le mur est enduit de plâtre, on se sert de clous où l'on arrête la branche passée dans un petit morceau d'étoffe appelé loque. De cette manière le bois ni le fil-de-fer ne blessent point la chair des fruits ; outre que par cet enduit du mur on ne voit point manger les fruits par les lésards, limaçons, perce-oreilles, courcillières, qui se retirent dans les trous et joints des pierres, inévitables dans les murs qui ne sont point gobetés.

On trouvera la manière de palisser et d'arranger les branches d'un arbre en espalier à l'article de la TAILLE, où cette méthode sera traitée à fond, suivant les nouvelles découvertes. Voyez TAILLE. (K)