S. m. terme de Chirurgie, bandelette de linge qui sert à entretenir la communication entre deux plaies.

Ce mot vient du latin seta, parce que l'on se servait anciennement de crins de cheval pour la même intention.

Fabrice d'Aquapendente employait un cordon de soie. J'ai Ve plusieurs chirurgiens qui se servaient de ces meches de coton qu'on met dans les lampes ; mais on doit préférer une petite bande de toile, parce que le linge convient mieux aux plaies. On a soin d'effiler cette bandelette sur les bords, pour qu'elle passe plus facilement, et qu'elle s'applique plus mollement aux parois de la plaie.

Le seton est d'un grand secours pour porter les médicaments tout le long du trajet d'une plaie contuse qui a une entrée et une sortie, comme cela arrive ordinairement dans les plaies d'armes à feu. Quelques praticiens objectent que le seton est un corps étranger qu'on entretient dans la plaie, et qu'ainsi l'usage doit en être proscrit ; mais on ne peut lui refuser d'avoir de grandes utilités ; il empêche que les entrées et les issues des plaies se renferment avant le milieu ; il sert à porter les remèdes convenables dans toute leur profondeur, et à conduire aisément au dehors les matières nuisibles. Si le seton a quelquefois produit des accidents, que l'on a Ve cesser par la suppression qu'on en a faite, c'est que la plaie n'était point assez débridée, ou que le seton tiré d'un mauvais sens, accrochait quelque esquille, laquelle en picotant les parties extrêmement sensibles, excitait des douleurs cruelles, comme je l'ai remarqué plusieurs fais. Lorsque le seton est à l'aise dans la plaie, il ne produit aucun mauvais effet, il procure au contraire de très-grands avantages. Lorsque la plaie est mondifiée, on ôte le seton, et alors elle se guérit fort aisément, s'il n'y a aucun obstacle d'ailleurs.

Pour poser le seton au-travers de la plaie, il faut avoir une aiguille destinée à cet usage. Voyez AIGUILLE.

Le seton doit être fort long, parce qu'à chaque pansement il faut retirer ce qui est dans la plaie, et en faire suivre une autre partie, que l'on aura couverte d'onguent dans toute l'étendue qui doit occuper la longueur de la plaie. On coupe ensuite ce qui en est sorti, et qui est couvert de pus. Quand tout le seton est usé, et que l'on a encore besoin de s'en servir, il ne faut pas en passer un nouveau avec l'aiguille, mais on l'attachera au bout de celui qui finit, en observant autant qu'il est possible de faire entrer le seton par le côté supérieur de la plaie, et de le faire sortir par celui qui en est l'égout.

Quand on supprime le seton, on met assez ordinairement de la charpie brute sur toute la longueur de l'endroit sous lequel le seton a passé, et par-dessus une compresse assez épaisse. En rapprochant par ce moyen les parois du sinus, on procure une prompte réunion.

SETON, opération de Chirurgie par laquelle on perce d'un seul coup la peau en deux endroits, avec un instrument convenable, pour passer une bandelette de linge d'une ouverture à l'autre, afin de procurer une fontanelle, ou ulcère dans une partie saine. Voyez FONTANELLE. Le seton se pratique le plus ordinairement à la nuque.

Il y a bien des auteurs qui ne sont point partisans de cette opération. On fait contre elle des objections qui lui sont particulières ou communes avec les cautères. Plusieurs personnes, fort éclairées d'ailleurs, ne croient pas qu'un trou fait à la peau et à la graisse puisse servir d'égoût aux humeurs vitiées qui produisent des maladies habituelles ; telles que les maux de tête invétérés, les ophtalmies opiniâtres, etc. Cette opinion est contredite par un grand nombre de faits qui assurent l'utilité de ces sortes d'évacuations ; elles peuvent même servir de préservatif : on a l'expérience que les personnes qui portent des cautères ne sont point attaquées de la peste. Voyez Ambraise Paré et autres auteurs, qui rapportent des observations positives à ce sujet.

Les raisons particulières qu'on trouve dans les livres contre l'opération du seton, ont pour fondement la méthode cruelle dont on le pratiquait. Les anciens pinçaient la peau avec des tenailles percées, et passaient un fer ardent au-travers de ces ouvertures pour percer la peau.

Pour faire cette opération par une méthode plus simple et moins douloureuse, le chirurgien pince la peau et la graisse longitudinalement avec les pouces et les doigts indicateurs des deux mains ; il fait prendre par un aide le pli de peau qu'il pinçait de la main droite, et de cette main il perce la peau avec un petit bistouri à deux tranchants ; après avoir retiré son instrument, il passe la bandelette par le moyen de l'aiguille à seton, et on panse les deux petites plaies avec de la charpie, une compresse, et quelques tours de bande. On peut avoir un bistouri avec une ouverture ou oeil vers la pointe : par ce moyen on passera la bandelette en même temps qu'on fait les incisions.

La suite des pansements est la même que nous l'avons décrite au mot SETON, pièce d'appareil.

Cette espèce de fontanelle a sur le cautère les avantages d'être faite dans le moment : la suppuration y est établie dès le second jour ; et dans l'application du cautère, il faut attendre la chute de l'escare, qui ne se fait souvent qu'au bout de douze ou quinze jours. L'ulcère produit par le seton est tellement soumis à la volonté du chirurgien, qu'on l'entretient tant de temps qu'on le désire, et qu'on le guérit de même dès qu'on le souhaite, en ôtant la bandelette. L'ulcère qu'on a fait avec le cautère, se guérit quelquefois malgré qu'on en ait ; et souvent on désirerait le guérir sans pouvoir y réussir, du-moins aussi promptement que le seton ; dans ce dernier cas la guérison est une affaire de vingt-quatre heures, et l'ulcère du cautère doit être mondifié, détergé et cicatrisé, ce qui demande un temps plus long. (Y)