S. m. terme de Chirurgie, bandage dont on se sert pour envelopper la tête. Il y en a de deux sortes, le grand et le petit.

Le grand couvre-chef se fait avec une serviette plus longue que large : on la plie inégalement en-travers, en sorte qu'il y ait un bord plus long que l'autre de trois ou quatre travers de doigts. On la plie encore en deux pour en marquer précisément le milieu. On applique cette serviette par-dessus la tête, observant que le bord le plus long soit en-dessous ; que l'autre, qui est externe, descende jusqu'au bord des sourcils ; que le milieu de la serviette soit vis-à-vis le nez, et que les quatre coins pendent en-devant sur les joues. On fait tenir les deux coins externes sous le menton par un aide, ou par le malade s'il est en état de le faire. On prend ensuite les deux angles du bord de la serviette qui touche le front ; on renverse ce bord sur l'autre, et l'on conduit ces angles jusqu'à la nuque, où on les attache l'un sur l'autre avec une épingle forte posée transversalement. Ensuite on prend les deux bouts qui sont sous le menton, pour y faire un nœud plat, qui s'appelle le nœud de la cravate. On relève les bords de la serviette qui pendent sur les côtés, et on les attache proprement sur les côtés et derrière la tête avec quelques épingles ; et ce bandage forme un bonnet qui convient pour contenir l'appareil de l'opération du trépan et de toutes les grandes plaies de la tête. Voyez Pl. XXX. fig. 1.

Le petit couvre-chef se fait avec un mouchoir carré plié en triangle. On le prend avec les deux mains, les quatre doigts dessous, les pouces dessus ; on le met sur la tête, l'appliquant par le milieu au bas du front : on conduit les deux chefs à la nuque ; on les croise en les passant l'un sur l'autre par-dessus l'angle du milieu qui pend derrière le cou, et l'on en vient attacher les bouts en devant. On relève ensuite le derrière du mouchoir, et on l'attache sur la tête. Ce petit couvre-chef sert pour les plaies simples de la tête. (Y)

COUVRE-FEU, s. m. (Histoire moderne) nom de la cloche qu'on sonnait tous les soirs en Angleterre au commencement de la nuit, du temps de Guillaume le conquérant. Cette coutume, et le nom de cette cloche, vinrent de ce prince qui, après être monté sur le trône d'Angleterre, ordonna en 1068, qu'au son de la cloche qui sonnerait à sept heures du soir chacun se tint renfermé dans sa maison, qu'on éteignit la lumière, et qu'on couvrit le feu ; le tout à peine d'une grosse amende pour chaque contrevenant. Le son de cette cloche, qu'on appelle le couvre-feu, devint un sujet de grandes vexations, auxquelles les Anglais furent très-sensibles ; car pour peu qu'ils manquassent d'exactitude dans l'observation de cet ordre nouveau, ils étaient assurés d'en être punis rigoureusement.

Je conviens, avec M. de Voltaire, que la loi du couvre-feu était une police ecclésiastique en usage dans presque tous les anciens cloitres des pays du Nord ; mais ce n'était pas du moins une police civîle qui eut lieu en Normandie. Aussi Polydore Virgile remarque que l'une des polices dont Guillaume I. s'avisa, fut de desarmer les Anglais, de leur défendre de sortir de leurs maisons depuis les sept heures du soir, et de leur ordonner de couvrir leur feu, dont ils auraient avis par la cloche que l'on sonnerait. " Qu'il eut emprunté cette coutume de nous, dit Pasquier, je ne le vois ; que nous la tenions de lui, je ne le crois : mais il y a grande apparence, ajoute-t-il, que le couvre-feu fut introduit parmi nous du temps de Charles VI. lors de la faction des Bourguignons et des Armagnacs ; car cet usage subsistait sous le règne de Charles VII ". Quoi qu'il en sait, la cloche du couvre-feu établi avec rigueur chez les Anglais, était comme un signal qui se renouvellant tous les jours, ne leur permettait pas d'oublier l'état de leur esclavage. Mais cette oppression ne dura pas longtemps chez un peuple prêt à tout sacrifier pour sa liberté. Henri II. abolit le couvre-feu en 1100, c'est-à-dire trente-deux ans après son établissement. Les Anglais n'ont connu depuis que le son des cloches des églises, qui ne marquent aucune servitude. Art. de M(D.J.)