tumor, oris, s. f. terme de Chirurgie, c'est une élévation contre nature qui survient à quelque partie du corps. Ce mot vient du latin tumère, s'enfler, se gonfler.

Les tumeurs sont formées 1°. par l'accumulation et le séjour de quelque humeur ; ce sont alors des tumeurs humorales, nommées apostèmes, lorsqu'elles attaquent les parties molles, voyez APOSTEME ; et EXOSTOSE, lorsqu'elles affectent les parties dures, voyez EXOSTOSE. Il y a des tumeurs qui sont causées par le déplacement de quelques parties organiques. Ce sont des hernies lorsque la tumeur est faite par des parties molles, voyez HERNIES ; et des luxations, lorsque les parties dures ont souffert quelque dérangement. Voyez LUXATION.

La troisième classe de tumeurs reconnait pour cause la présence de quelque corps étranger. On entend par corps étrangers toutes les choses qui n'entrent point actuellement dans la composition de notre corps. Les uns sont formés au-dedans de nous, les autres viennent du dehors ; les uns et les autres peuvent être animés ou inanimés.

Ceux qui sont formés chez nous sont de deux espèces. Les uns se sont formés d'eux-mêmes : telles sont la pierre dans les reins, dans les uretères, dans la vessie, dans la vésicule du fiel, ou dans toute autre partie du corps ; la môle dans la matrice, les vers et autres insectes dans les intestins, ou dans quelqu'autre partie. Les autres sont devenus corps étrangers, parce qu'ils ont séjourné trop longtemps dans le corps : tel est un enfant mort dans la matrice ; ou parce qu'ils se sont séparés du tout, telles sont les esquilles des os, une escare, etc.

Les corps étrangers venus de dehors, sont entrés dans le corps en faisant une division, ou sans faire de division. Un dard, une balle de fusil, un éclat de bombe, et tous les corps portés avec violence sont dans le premier cas. Ceux qui entrent sans division, sont les corps de toute espèce qui s'introduisent dans les ouvertures naturelles ; telles que le nez, les yeux, le gosier, les oreilles, l'anus, le vagin, l'uretère, la vessie.

Quelques-uns mettent au rang des corps étrangers l'air qui, en s'insinuant dans l'interstice des parties, forme des tumeurs qui tirent différents noms, suivant les différentes parties qu'il occupe. Voyez EMPHYSEME.

Tous les corps étrangers doivent être tirés dès qu'il est possible de le faire, de crainte que ceux qui sont engendrés dans le corps, tels que les pierres de la vessie, n'augmentent en volume, ou que ceux qui sont venus de dehors n'occasionnent, par leur pression, des accidents qui empêchent leur extraction, ou qui la rende difficile.

Il y a différentes manières d'extraire les corps étrangers. On ne peut tirer les uns que par une ouverture qu'on est obligé de faire, comme la lithotomie, pour l'extraction de la pierre urinaire. Voyez TAILLE. On peut tirer les autres sans faire aucune division.

Si on tire un corps étranger par l'endroit par lequel il est entré, cette manière s'appelle attraction ou expulsion. Si au contraire on le fait sortir par une ouverture opposée à celle où il est entré, cette manière s'appelle impulsion.

La diversité des corps étrangers qui peuvent entrer, les différents endroits où ils se placent, les moyens singuliers qu'il faut quelquefois inventer pour en faire l'extraction, enfin les accidents que ces corps étrangers occasionnent, demandent quelquefois de la part des chirurgiens beaucoup de génie et d'adresse. On trouve, dans le premier volume des mémoires de l'académie royale de Chirurgie, un grand mémoire très-intéressant sur les différents moyens de procurer la sortie des corps étrangers de l'oesophage, par M. Hevin, secrétaire de cette académie pour les correspondances, et premier chirurgien de madame la dauphine.

Avant que de faire l'extraction d'un corps étranger de quelque espèce qu'il sait, on doit se rappeler la structure de la partie où il est placé ; s'informer et s'assurer, s'il est possible, de la grosseur, de la grandeur, de la figure, de la matière, de la quantité, de la situation du corps étranger, et de la force avec laquelle il a été poussé dans le corps, s'il est venu de dehors : il faut outre cela mettre le malade et la partie dans une situation commode, et telle que les muscles soient dans un état de relâchement, et enfin faire choix des instruments les plus convenables pour en faire l'extraction.

Les corps étrangers entrés et engagés dans quelque ouverture naturelle, doivent être tirés promptement. On doit auparavant faire des injections d'huîle d'amande-douce pour lubrifier le passage, et faciliter par ce moyen la sortie du corps. Quant aux corps étrangers qu'on ne peut tirer sans faire de division, ou sans agrandir l'ouverture déjà faite par le corps, voyez INCISION, CONTRE - OUVERTURE et PLAIE avec corps étranger.

Les instruments dont on se sert pour faire l'extraction des corps étrangers sont les curetes, pour tirer ceux qui sont engagés dans l'oreille ou dans l'urethre ; les différentes espèces de repoussoir et de pincettes pour tirer ceux qui sont engagés dans le gosier ; les tenettes, les pinces de différentes espèces pour tirer les pierres, les balles, et autres corps semblables. Voyez TIREBALLE. Lorsque le corps étranger peut être saisi avec les doigts, ils sont préférables à tout autre instrument. Voyez CORPS ETRANGERS, et sur ceux qui sont dans la trachée artère, l'article TRACHEOTOMIE. (Y)