terme de Chirurgie, plaie faite par un instrument piquant. Les panaris ont presque toujours pour cause une piquure d'aiguille ; les piquures sont ordinairement plus dangereuses que les plaies plus étendues faites par instrument tranchant. Le séjour du sang dans le trajet de la division, peut donner lieu à des abscès ; s'il y a quelque partie nerveuse de piquée, il en résulte quelquefois les accidents les plus graves, tels que la douleur, la tension inflammatoire, le spasme de la partie, les convulsions de tout le corps : la fiévre s'allume, et l'étranglement de la partie la fait tomber en gangrene. Ainsi la réunion des parties divisées, qui est le but auquel l'art doit tendre dans toute solution de continuité contre l'ordre naturel, ne peut être obtenue primitivement dans les piquures qui sont accompagnées de quelque accident ; il faut pour y remédier faire cesser le désordre local qui consiste dans la tension et le tiraillement des fibres blessées, une incision suffit dans les cas simples. Les anciens brulaient toute l'étendue d'une plaie où un nerf avait été piqué, avec de l'huîle de térébenthine bouillante ; cette cautérisation faisait cesser les accidents, comme on détruit la douleur de dents, en brulant avec un fer rouge, le nerf qui est à découvert par la carie : lorsque la cautérisation ne réussissait pas, on n'hésitait point à faire des incisions transversales pour couper absolument les parties dont la tension était l'origine de maux formidables.

La piquure ou morsure des animaux venimeux a des suites très-funestes, tant par la qualité délétère du poison, que par la blessure des parties nerveuses. Dans les pays où la morsure des animaux venimeux est la plus dangereuse, comme en Afrique, les habitants ne se guérissent que par des applications extérieures ; les secours de l'art ont toujours été dirigés dans la vue d'empêcher le venin de s'étendre, et de lui ouvrir une issue au-dehors ; c'est ce qui a fait prescrire de fortes ligatures au-dessus de la blessure ; et de laver promptement la plaie avec de l'urine ou de l'eau salée, de l'eau-de-vie, du vin chaud, du vinaigre, dans laquelle lotion on faisait dissoudre de la plus vieille thériaque qu'on pouvait trouver ; le malade y tiendra la partie piquée assez de temps, et la liqueur doit être la plus chaude qu'il pourra la supporter : on applique ensuite de la thériaque. Ambraise Paré dit qu'il n'a jamais manqué de guérir ceux qu'il a traités ainsi, à moins que le venin n'eut déjà gagné les parties nobles. Pour attirer le venin, il recommande l'application des animaux ouverts tout vivants, et enfin la cautérisation pour consumer et détruire la partie infectée. Les cordiaux alexipharmaques étaient prescrits pour l'intérieur, dans l'intention de pousser le virus au-dehors.

Ce traitement a sans doute eu souvent le succès qu'on en espérait : des personnes très-robustes ont pu résister à l'action des remèdes chauds pris intérieurement, d'autres s'en sont très-mal trouvé ; il faut suivre les indications particulières que l'état des choses présente, et être instruit par l'expérience qui conduit dans ces cas mieux que le raisonnement.

La morsure des chiens enragés cause rarement des accidents primitifs, et les plaies qui en résultent se guérissent aisément : cela n'empêche pas que vers le quarantième jour de la blessure, ceux qui ont été mordus, ne soient attaqués d'hydrophobie, maladie cruelle, dont on guérit par les antispasmodiques. Voyez HYDROPHOBIE et RAGE. Le venin qui cause ces accidents a une nature particulière, et ses effets sont différents de tout autre venin connu. Des observations assez bien constatées semblent faire croire que si on eut dilaté et cautérisé les plaies, on aurait pu prévenir l'hydrophobie ; les frictions mercurielles, dans l'intervalle du temps qui se passe entre la morsure et la manifestation des symptômes de la rage, peuvent détruire le principe venimeux ; et les antispasmodiques ont réussi à guérir la rage caractérisée. Voyez un essai sur l'hydrophobie, par le docteur Nugent, traduit en français, et qu'on trouve chez Cavelier.

La morsure des viperes ne donne pas tant de délai ; en peu d'heures les personnes mordues souffrent des anxiétés mortelles, le teint devient jaune, elles vomissent de la bîle verte ; le membre piqué devient douloureux, se gonfle prodigieusement et devient noir.

L'alkali volatil a été découvert par M. de Jussieu, comme un spécifique contre le venin de la vipere, mais on n'a pas de meilleur remède que de faire tremper promptement la partie blessée dans de l'huîle d'olive chaude : c'est un spécifique éprouvé, qui guérit comme par enchantement, en faisant cesser les accidents qui paraissent être produits par l'action du venin sur les parties vitales. Voyez les observations de M. Ponteau, célèbre chirurgien de Lyon, dans un ouvrage qu'il a publié en 1760. sous le titre de Mélanges de Chirurgie. (Y)

PIQUURE, terme d'Ouvrières ; ornements que l'on fait sur une étoffe par compartiment et avec symétrie, en la piquant et coupant avec un emporte-pièce de fer tranchant. C'est aussi un corps de femme piqué par le tailleur, avant qu'il soit couvert d'étoffe. (D.J.)

PIQUURE, terme de Couturière ; corps de toîle garni de baleine et piqué, qu'on met aux enfants pour leur conserver la taille ; mais pour y réussir, il faut tourner tous les jours ces sortes de corps.