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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chirurgie
S. f. (Chirurgie) solution de continuité ou division des parties molles, récente et sanglante, faites aux parties molles par quelque cause externe.

Toutes les choses extérieures capables de faire quelque division, peuvent être cause de plaies. Les unes piquent, d'autres tranchent, d'autres contondent, d'autres enfin cautérisent. Par exemple, les plaies faites par une épée, une bayonnette et autres instruments piquans, sont appelées piqûres. Voyez PIQUURE. Celles qui sont faites par un sabre, un couteau, qui sont des instruments tranchans, sont appelées incisions. Les instruments contondants tels qu'un bâton, une pierre et autres corps durs, orbes, etc. comme éclats de grenades, de bombes, balles de fusil, font des plaies contuses : les déchirements que cause la morsure des animaux venimeux ou enragés, forment des plaies venimeuses : enfin le feu et toutes les espèces d'eau-forte produisent des plaies connues sous le nom de brulures.

Ces différences de plaies viennent de leur cause : elles diffèrent encore par rapport à leur grandeur, à leur figure et à leur direction, et par les parties qui sont intéressées.

Par rapport à la grandeur, à la figure et à la direction, les plaies s'étendent en longueur, en largeur et en profondeur ; elles sont en T, en +, en x ou à lambeaux ; leur direction est droite, oblique ou transversale par rapport à la ligne verticale du corps, ou par rapport à la rectitude des fibres des muscles ; il y en a enfin qui sont accompagnées de perte de substance.

La différence des plaies qui vient des parties où elles se trouvent, exige bien des considérations. Les plaies sont aux extrémités ou au tronc : celles-ci peuvent arriver à la tête, ou au col, ou à la poitrine ou au bas ventre ; elles peuvent pénétrer jusqu'aux parties internes, ou se borner aux parties extérieures : celles des extrémités, ou celles qui ne sont qu'aux parties externes du tronc, peuvent intéresser les téguments, les muscles, les tendons, les vaisseaux, les glandes, les articulations, etc.

Toutes ces différences ne sont qu'accidentelles. Celles qui sont essentielles, consistent dans la simplicité des plaies, dans leur composition et dans leur complication.

La plaie simple n'est qu'une solution de continuité des parties molles faite par quelque cause externe, et qui ne demande que la réunion. Voyez REUNION.

La plaie composée est celle qui se trouve jointe à quelqu'autre indisposition qui ne demande pas un traitement différent de celui de la plaie simple. Telle est, par exemple, une plaie faite aux parties molles par un instrument tranchant, qui en la divisant, a aussi divisé les os.

La plaie compliquée est celle qui se trouve jointe à quelqu'autre indisposition, ou à laquelle il survient des accidents qui demandent un traitement différent de celui de la plaie simple.

La plaie est compliquée avec la cause, ou avec quelque maladie, ou avec quelque accident.

Lorsque l'instrument qui a fait la plaie, est resté dans la partie blessée, la plaie est compliquée avec sa cause. Voyez TUMEUR par la présence des corps étrangers.

Si quelque apostème survient à la partie blessée, ou qu'il y ait fracture, en même temps la plaie est compliquée avec maladie.

Enfin la douleur, l'hémorragie, la convulsion, la paralysie, l'inflammation, la fièvre, le dévoiement, le reflux de matière purulente, sont des complications accidentelles des plaies. Voyez ces mots.

La douleur, la convulsion, l'inflammation et la fièvre viennent assez ordinairement de la division imparfaite de quelques parties aponévrotiques, nerveuses ou tendineuses : le moyen le plus efficace pour faire cesser ces accidents, consiste à débrider les étranglements formés par le tiraillement des fibres de ces parties.

Le reflux des matières purulentes, soit qu'on le regarde comme un vrai retour des matières épanchées, soit qu'il vienne de l'érétisme ou retrécissement des orifices des vaisseaux, qui empêche les sucs de s'échapper ; ce reflux, dis-je, peut être occasionné par l'exposition d'une plaie à l'air, par le mauvais régime, par les passions de l'âme, par l'application des remèdes qui ne conviennent pas à l'état de la plaie, par un pansement dur et peu méthodique. Voyez BOURDONNET.

Les signes qui caractérisent le reflux des matières purulentes, sont la diminution de la suppuration, l'affaissement des bords de la plaie, sa pâleur, la mauvaise qualité du pus trop liquide ou trop épais, jaune et de mauvaise odeur, les frissons irréguliers suivis de fièvre et de sueur froide, la petitesse du pouls, enfin les symptômes d'un dépôt à la tête, à la poitrine ou au foie. Voyez DEPOT, DELITESCENCE, METASTASE.

Les signes des plaies peuvent être divisés en commémoratifs, en diagnostics et en pronostics.

Les signes commémoratifs des plaies sont les circonstances qui ont accompagné la blessure lorsqu'elle a été faite, comme la situation du blessé, et celle de la personne ou de la chose qui l'a blessé ; la grosseur et la figure de l'instrument qui a fait la plaie.

Les signes diagnostics des plaies sont sensuels ou rationnels. Par la vue on reconnait la grandeur extérieure d'une plaie, et si elle est avec perte ou sans perte de substance ; par le toucher, soit avec le doigt, soit avec la sonde, on en découvre la direction, la profondeur et la pénétration ; par l'odorat on sent les excréments qui peuvent sortir par les plaies de certaines parties ; par le goût on peut s'assurer de la qualité des liqueurs qui sortent de certaines plaies.

Les sens ne font pas toujours apercevoir ce qu'il y a à connaître sur une plaie ; la raison nous fait juger qu'une plaie s'étend jusqu'à certains endroits, par la lésion de l'action d'une certaine partie, par la situation de la plaie et de la douleur, par les excréments qui sortent de la plaie, ou qui ne s'évacuent pas comme à l'ordinaire. Avec des connaissances anatomiques on trouvera très-facilement dans les plaies l'application de toutes ces choses.

Les signes pronostics des plaies se tirent des parties où elles sont situées, de leur cause, et de leur différence essentielle.

En considérant les parties où les plaies se trouvent, on les regarde comme légères, ou comme graves, ou comme mortelles. Les plaies légères sont celles de la peau, de la graisse, et des muscles ; elles ne demandent que la réunion, lorsque d'ailleurs elles ne sont point compliquées d'accidents. Voyez REUNION.

Les plaies graves sont celles des parties membraneuses, tendineuses, aponévrotiques, et en particulier celles des articulations. Le succès de leur cure est quelquefois douteux, à cause des accidents dont elles sons souvent accompagnées.

On appelle plaies mortelles celles des gros vaisseaux et des parties intérieures, quoique certaines puissent guérir. On entrera dans un plus grand détail du pronostic des plaies des parties intérieures, en parlant des plaies en particulier.

Les plaies faites par instrument tranchant sont moins fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument piquant ; celles qui sont faites par un instrument contondant sont plus fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument tranchant ou piquant. Les plaies simples ne sont point dangereuses, les composées le sont davantage ; mais les compliquées sont toujours fâcheuses, plus ou moins, suivant la nature de la complication.

On distingue quatre états ou temps dans la durée des plaies. Le premier est celui où elle saigne ; le second est celui où elle suppure ; le troisième est celui où se fait la régénération des chairs ; et le quatrième est celui où se fait la cicatrice.

La cure des plaies consiste dans la réunion des parties divisées par les moyens dont on traite au mot REUNION. Mais lorsqu'une plaie est avec une perte de substance si considérable qu'on ne peut en rapprocher les lèvres, on fait suppurer légérement cette plaie dans le premier et dans le second temps avec des suppuratifs doux ; dans le troisième temps, on la déterge avec des sarcotiques ; enfin, dans le quatrième temps, on la desseche et on la cicatrise avec les dessicatifs et les cicatrisans.

Une chose essentielle dans la cure des plaies est d'éloigner les accidents qui pourraient empêcher la nature de procurer la guérison de la plaie : on met la partie dans une situation qui favorise le retour des liqueurs, et l'on garantit la plaie et la partie des impressions de l'air par l'appareil et les médicaments convenables. La saignée et le régime empêchent l'engorgement et l'embarras des liqueurs aux environs de la plaie ; enfin, on remédie aux accidents par l'usage des remèdes convenables à leur espèce.

Des plaies en particulier. Les plaies sont divisées par rapport aux parties où elles arrivent, en celles de la tête, du col, de la poitrine, du ventre, et des extrémités.

Des plaies de tête. Les plaies de la tête diffèrent entr'elles en ce que les unes sont faites aux parties contenantes, et les autres aux parties contenues.

Celles de la peau du crâne sont avec division ou sans division. Les premières sont l'effet de l'action d'un instrument tranchant ou piquant. Celles qui sont sans division forment une tumeur qu'on appelle vulgairement bosse, elles sont faites avec des instruments contondants. Voyez CONTUSION.

Les plaies faites au péricrâne par des instruments tranchants simples, sont ordinairement simples comme celles qui sont faites à la peau par les mêmes instruments. Mais celles qui sont faites par un instrument contondant ou piquant, sont quelquefois suivies d'accidents fort violents.

La contusion du péricrâne s'annonce par les signes suivants : une douleur fort vive, mais extérieure ; l'assoupissement du malade qui se réveille néanmoins quand on le touche à quelque endroit de la tête, et surtout à celui où il a reçu le coup ; la rougeur du visage, le gonflement et la tension oedémateuse, et quelquefois inflammatoire de toute la tête, qui s'étendent jusqu'aux paupières, mais qui se bornent aux attaches des muscles frontaux et occipitaux, et dont les oreilles sont exemptes.

Tous ces symptômes que la fièvre accompagne, sont des signes de l'inflammation du péricrâne, et des effets consécutifs de la contusion que cette membrane a soufferte. Ces accidents consécutifs doivent être très-exactement discernés ; car s'ils ne venaient point de l'affection du péricrâne, ils indiqueraient l'opération du trépan, quand même il n'y aurait point de fracture au crâne. Voyez l'article TREPANER, où nous exposons les cas douteux qui déterminent à faire ou à éviter cette opération.

On prévient l'inflammation du péricrâne par la saignée et par le régime ; et l'on remédie à l'inflammation par une incision qu'on fait à cette membrane dans toute l'étendue de la contusion, en observant d'en scarifier les bords, et de couper plus de cette membrane que de la peau, pour éviter le tiraillement. Par ces moyens on dégorge les vaisseaux, on détend cette membrane, et on rétablit la circulation du sang dans son état naturel.

Les blessures au crâne par un instrument piquant, de quelque façon qu'elles aient été faites, n'ont pas de noms particuliers ; mais celles qui sont produites par un instrument tranchant ont trois noms, selon la manière dont l'instrument a été porté sur la partie. Voyez ÉCOPE, DIACOPE et APOKEPARNISMOS.

Les instruments contondants, portés avec violence sur le crâne, peuvent produire la contusion, l'enfoncement, la fente, et l'enfonçure.

La contusion proprement dite est l'affaissement des fibres osseuses, qui par la violence du coup se sont approchées.

L'enfoncement est l'affaissement de la première table sur la seconde, ou de toutes les deux ensemble sur la dure-mère. Cela arrive principalement au crâne des enfants dont les os sont mols, et peuvent s'enfoncer comme un pot d'étain frappé par un coup violent.

La fente n'est qu'une simple division qui est quelquefois imperceptible. Voyez TRICHISMOS. La fente se fait quelquefois à un autre endroit du crâne que celui où le coup a porté. Voyez CONTRE-FISSURE.

L'enfonçure est un affaissement de plusieurs pièces du crâne qui a été faussé.

Les principaux effets que les coups violents puissent produire sont la commotion et la compression. La commotion est toujours un accident primitif ; il n'indique pas l'opération du trépan. Voyez COMMOTION et TREPANER. La compression est tantôt un accident primitif, et tantôt un accident consécutif. Celle qui vient du déplacement des os est du premier genre ; mais celle qui est l'effet de l'épanchement du sang ou de quelque autre liqueur sur la dure-mère, entre cette membrane et la pie-mère, entre celle-ci et le cerveau, ou dans la propre substance de ce viscère, est un accident consécutif qui exige l'opération du trépan. L'inflammation des méninges par la contusion du péricrâne, est aussi une cause de la compression du cerveau ; mais l'assoupissement léthargique consécutif, signe de toute compression, se dissipe bien-tôt quand il vient du vice du péricrâne, lorsqu'on a débridé cette membrane comme nous l'avons dit plus haut. Il faut lire sur cette matière les ouvrages des maîtres de l'art : tels que Berengarius Carpensis, de fracturâ cranii ; le traité des plaies de la tête de M. Rohault, etc. et principalement les mémoires qui traitent de cette matière, dans le premier volume de l'académie royale de Chirurgie.

Les signes diagnostics des fractures du crâne sont quelquefois soumis aux sens, quand ces fractures se font voir ; lorsque les os frappés rendent un son obscur tel que celui d'un pot fêlé (ce signe est équivoque) ; mais principalement lorsqu'on rencontre avec le doigt ou avec la sonde quelque inégalité, qu'on juge bien n'avoir pas été formée par les artères dans le temps que les os étaient encore mous.

Si les sens n'aperçoivent aucune marque de fracture, la raison peut suppléer à leur défaut, en s'informant des circonstances qui ont accompagné la blessure, en examinant les endroits du crâne qui ont été frappés, et en faisant attention aux accidents qui surviennent.

Les signes pronostics des plaies de tête se tirent de l'instrument qui a fait la blessure, de la partie blessée, des symptômes et des accidents. En général, les grandes fractures des os du crâne sont moins fâcheuses que les fortes contusions. La commotion est ce qu'il y a de plus à craindre ; on y remédie par le régime et les saignées.

Les plaies de la langue méritent une considération particulière : on en parle au mot REUNION.

Des plaies de la poitrine. Les causes des plaies de poitrine sont les mêmes que celles des autres parties.

Les plaies de poitrine sont pénétrantes ou non-pénétrantes. Ce que nous avons dit des plaies en général donne une idée suffisante de ces dernières.

Au sujet des plaies pénétrantes, il faut examiner si le coup qui les a fait n'a percé qu'un côté, ou s'il a traversé jusqu'à l'autre. Elles peuvent être sans lésion des parties renfermées, auquel cas elles sont simples ; ou avec lésion de quelques-unes de ces parties, et alors elles peuvent être compliquées d'épanchement ou d'inflammation. Le corps qui a fait la plaie reste quelquefois engagé dans les chairs ou dans les os, ou tombe dans la cavité de la poitrine. On a Ve aussi les parties contenues dans le bas-ventre former hernie dans la poitrine, en passant par l'ouverture d'une plaie de cette partie qui avait percé le diaphragme et pénétroit dans le ventre.

Les signes diagnostics des plaies de poitrine font connaître si la plaie est pénétrante, si les parties contenues sont lésées, quelles sont les parties lésées, et s'il y a épanchement.

L'emphysème qui se forme autour d'une plaie (Voyez EMPHYSEME), l'air et le sang qui en sortent, l'introduction de la sonde dans la poitrine, font connaître que cette plaie est pénétrante : mais l'impossibilité d'introduire la sonde ne prouve pas toujours que la plaie ne pénètre pas. La direction oblique de la plaie, le changement de position des muscles, le gonflement des lévres de la plaie, du sang caillé, un corps étranger, ou quelque partie arrêtée dans le trajet de la plaie, sont des obstacles à l'introduction de la sonde. Il faut s'abstenir de sonder les plaies de poitrine, car la sonde ne peut découvrir que la pénétration, sans faire connaître s'il y a quelque partie lésée : or la simple pénétration d'une plaie ne la rend pas fâcheuse. Le danger des plaies pénétrantes consiste dans la lésion des parties intérieures, lésion qui occasionne l'épanchement ou l'inflammation ; et ce ne sont que les symptômes qui nous font connaître ces accidents.

Les signes de la lésion du poumon sont la grande difficulté de respirer, la sortie d'un sang vermeil et écumeux, le crachement de sang, la douleur intérieure que le blessé sent en respirant, la fièvre, etc.

Les plaies du cœur et des gros vaisseaux sont toujours suivies d'une mort ordinairement subite, mais retardée quelquefois par quelques circonstances. Un petit caillot de sang, l'instrument resté dans la plaie, la situation de la plaie derrière une des valvules du cœur, etc. ont quelquefois prolongé la vie des personnes blessées au cœur ou aux gros vaisseaux. On en a Ve vivre quelques jours, quoique les ventricules fussent percés de part en part.

Les signes des plaies du diaphragme sont différents, suivant la différence des endroits de cette partie qui peuvent être blessés. La difficulté de respirer, la toux, la douleur violente, la situation et la direction de la plaie, la fièvre, etc. fournissent les signes des plaies du corps charnu du diaphragme. La phrénésie, le ris sardonique, les défaillances, le hoquet, etc. sont les signes des plaies du centre aponévrotique de cette partie.

Nous avons détaillé les signes de l'épanchement au mot EMPYEME, parce que ce mot signifie également la collection de la matière, et l'opération qui convient pour donner issue aux matières épanchées. Voyez EMPYEME.

Le pronostic des plaies de la poitrine se tire des accidents. Le danger consiste dans l'inflammation et dans l'épanchement. On rémédie à l'inflammation par les saignées et le régime (Voyez INFLAMMATION, PLEURESIE, PERIPNEUMONIE), et on évacue les matières épanchées par l'opération de l'empyème. Nous ne parlons pas de la cure des plaies du cœur et des gros vaisseaux, parce qu'elles dispensent de l'usage de tout remède.

L'ouverture de l'artère intercostale est un accident assez grave des plaies de poitrine : nous en avons parlé à l'article LIGATURE.

Des plaies du bas-ventre. Les causes des plaies du bas-ventre sont les mêmes que celles des plaies de poitrine.

Les plaies du bas-ventre diffèrent les unes des autres par rapport aux régions où elles se trouvent, et aux parties qu'elles intéressent : on les distingue encore en celles qui ne sont pas pénétrantes, et en celles qui le sont.

Les plaies pénétrantes dans la capacité de l'abdomen diffèrent entr'elles, en ce que les unes sont avec lésion des parties contenues, et les autres sans lésion ; les unes avec issue, et les autres sans issue desdites parties. Celles qui sont avec issue des parties peuvent être avec étranglement des parties sorties : l'instrument perdu dans la cavité, engagé dans les chairs, ou enclavé dans les os, complique certaines plaies de bas-ventre.

Les signes diagnostics des plaies de l'abdomen font connaître si elles sont pénétrantes, et quelle est la partie lésée.

La sortie de l'épiploon ou de l'intestin par la plaie, la différente largeur de l'instrument comparée avec celle de la plaie, l'introduction du doigt dans la plaie si son étendue le permet, ou celle d'une sonde, en font connaître la pénétration. Pour sonder le blessé, il faut le mettre dans une situation semblable à celle où il était quand il a reçu le coup. Il faut se rappeler ici ce que nous avons dit de l'introduction de la sonde pour les plaies de la poitrine. Les mêmes obstacles se présentent pour les plaies du bas-ventre, et l'usage de la sonde n'y est pas plus utîle ; les symptômes suffisent pour nous faire juger des uns et des autres.

La difficulté de respirer, la petitesse et la dureté du pouls, son intermission, la pâleur et la rougeur du visage, la tension et les douleurs de ventre, l'amertume et la secheresse de la bouche, le froid des extrémités, la suppression de l'urine, les nausées, les vomissements, etc. sont les symptômes de la lésion de quelques parties intérieures du bas-ventre.

La situation et la direction de la plaie, la situation de la douleur, celle où était le blessé, ou celui qui a blessé lorsque la plaie a été faite, la distension de l'estomac et des intestins par les aliments, et celle de la vessie par l'urine, leur affaissement au moment de la blessure, donnent lieu de conjecturer quelle est la partie offensée.

La sortie d'une grande quantité de sang assez vermeil, et une douleur piquante qui s'étend jusqu'au cartilage xiphoïde, font connaître la lésion du foie ; la sortie d'une moindre quantité de sang que l'on dit devoir être fort noire, est un signe de la lésion de la ratte : le hoquet, les vomissements, les sueurs, le froid des extrémités, et l'issue des aliments dénotent la lésion de l'estomac : la sortie de la bîle est un signe bien certain de la lésion de la vésicule du fiel : les nausées, les fréquentes faiblesses, des inquiétudes continuelles, une douleur extrême, une soif insupportable, et principalement la sortie d'une substance blanchâtre et chyleuse, font connaître la lésion des intestins grèles : la sortie des matières fécales, annonce la lésion des gros boyaux : la difficulté d'uriner, le mélange d'un sang avec l'urine, ou la sortie d'un sang par l'urethre, et une douleur à la verge, font connaître que les reins, ou les uretères, ou la vessie sont attaqués.

Il faut remarquer que quand les intestins sont blessés, il sort quelquefois par l'anus un sang plus ou moins fluide et plus ou moins rouge.

S'il vient des intestins grèles il est de la couleur du caffé ; s'il vient de l'iléon ou du commencement du colon, il est caillé, et on rend fluide celui qui vient de l'extrémité du colon ou du rectum.

Le pronostic des plaies du bas-ventre se tire de la partie blessée, de la grandeur de la division, des symptômes et des accidents qui surviennent.

Les plaies non pénétrantes qui piquent les aponévroses des muscles obliques, et traversent les intersections tendineuses des muscles droits, sont accompagnées d'accidents fort graves, qui ne cessent que par les incisions et les débridements, comme nous l'avons dit aux plaies de tête par la lésion du péricrâne, et il y a des plaies qui pénétrent dans le bas-ventre, qui le percent même de part-en-part, lesquelles ne sont suivies d'aucun accident.

Les plaies des parties contenues ne sont fâcheuses que par l'inflammation et par l'épanchement.

Les grandes plaies du foie, de la ratte, de l'estomac, des intestins, des reins, des uretères, de la vessie, de la matrice, sont mortelles, mais elles ne le sont pas toujours ; l'épanchement de la bile, de l'urine, et des matières stercorales dans la capacité du bas-ventre, attirent fort promptement une inflammation gangreneuse aux intestins : les plaies des gros vaisseaux et les grandes plaies des viscères sont mortelles par l'épanchement du sang.

On prévient ou on calme l'inflammation dans les plaies du bas-ventre par le régime, les saignées, les fomentations émollientes, etc.

Les plaies avec issue des parties intérieures, demandent qu'on fasse la réduction de ces parties : l'épiploon et les intestins sont pour l'ordinaire les seules parties qui sont à la suite des plaies du bas-ventre ; quelquefois elles sortent ensemble et quelquefois séparément. Quand l'épiploon se trouve altéré, si la portion est considérable on en fait la ligature dans la partie saine, on retranche la partie gâtée, et on a soin de tenir le fil assez long pour qu'après la réduction il pende un bout de la ligature en dehors : lorsque l'épiploon et l'intestin sont sortis ensemble, et qu'ils ne sont point endommagés, on les réduit en observant de faire rentrer le premier celui qui est sorti le dernier.

Quand il est impossible de faire la réduction des parties, parce que la plaie forme un étranglement qui fait tomber les parties en mortification, on range les parties en les tirant doucement vers l'angle de la plaie opposée à celui où on doit l'agrandir ; on les couvre d'une compresse trempée dans du vin chaud ; on glisse une sonde cannelée, ou la sonde ailée (Voyez SONDE, et les Pl.) le long des parties jusque dans le bas-ventre ; on coule un bistouri dans la cannelure pour étendre la plaie, afin de pouvoir faire la réduction des parties, on fait ensuite l'opération de la gastroraphie. Voyez GASTRORAPHIE et SUTURE.

Lorsque l'épiploon et les intestins sont blessés, il faut examiner l'étendue et la situation de la lésion : si l'épiploon n'est que légèrement blessé, et dans la partie membraneuse, il faut le réduire : s'il est blessé dans ses bandes graisseuses, et que quelques-uns de ses vaisseaux sanguins soient ouverts, on fait ligature de cette partie au-dessus de l'ouverture du vaisseau, et on le coupe au-dessous de la ligature. Voyez LIGATURE DE L'EPIPLOON.

Si l'intestin n'est que légèrement blessé, on le ré duit : si la blessure est grande, on recommande d'arrêter à la plaie des parties contenantes l'extrémité du boyau qui répond à l'estomac, ce qui se fait par trois points d'éguille qui partagent la circonférence de l'intestin en trois parties égales ; il reste en cet endroit un anus artificiel. Quand les plaies des intestins sont moyennes, on propose la suture du pelletier, c'est-à-dire de coudre les deux lèvres de la plaie du boyau comme les Pelletiers cousent leurs peaux. Ceux qui conseillent cette suture disent qu'il faut observer de tenir les bouts du fil qui a servi à la suture, assez longs pour pouvoir approcher l'intestin du bord interne de la plaie des parties contenantes, afin de lui faire contracter adhérence dans cet endroit, et de pouvoir retirer le fil après la réunion des parties divisées. Sur la suture des intestins et du bas-ventre, voyez SUTURE.

Quand l'estomac et les intestins grèles sont blessés, on ne fait prendre au malade des aliments qu'en très-petite quantité, et souvent même que des bouillons nourrissants en lavements : quand les gros intestins sont blessés, on ne doit point donner de lavements.

Nous parlerons plus amplement des plaies, et surtout de celles des extrémités, au mot SUTURE. Sur les plaies des artères. Voyez ANEVRISME.

Les plaies d'armes à feu mériteraient un article assez étendu, si les bornes où nous sommes réduits le permettaient : ce sont des plaies contuses, dont les grands accidents viennent du déchirement imparfait des parties membraneuses et tendineuses aponévrotiques, etc. Quand on débride bien ces plaies, on en fait cesser ordinairement les accidents : on les met en suppuration comme les ulcères afin d'en faire tomber les chairs meurtries et contuses ; on les panse ensuite comme des plaies ordinaires : on fait usage avec beaucoup de succès des saignées, des cataplasmes, et autres moyens capables de relâcher les parties tendues, etc. Voyez le Traité des plaies d'armes à feu par Paré, par M. le Dran, par M. Desport, et autres, et les Mémoires de l'académie royale de Chirurgie. Nous avons parlé de l'extraction des corps étrangers au mot CORPS ETRANGER, EXTRACTION. (Y)

PLAIES D'ÉGYPTE, (Histoire sacrée) on appelle ainsi les châtiments dont Dieu punit par les mains de Moïse et d'Aaron, le refus obstiné de Pharaon roi d'Egypte, qui ne voulait pas permettre le retour des Israèlites. La première plaie fut le changement des eaux du Nil en sang. La seconde fut la quantité innombrable de grenouilles dont le pays fut rempli. La troisième fut l'abondance de moucherons, qui tourmentèrent cruellement les hommes et les bêtes. La quatrième plaie fut une multitude de mouches qui infecta la contrée. La cinquième fut une peste subite qui tua les troupeaux. La sixième fut des ulcères pestilenciels qui attaquèrent les Egyptiens. La septième fut une grêle épouvantable, qui n'épargna que la terre de Gessen, habitée par les Israélites. Par la huitième les sauterelles ravagèrent tout le pays. La neuvième fut des ténèbres épaisses qui couvrirent l'Egypte pendant trois jours. La dixième et dernière plaie fut la mort des premiers nés frappés par l'ange exterminateur. Cette plaie terrible toucha le cœur endurci de Pharaon, qui se détermina finalement à laisser partir les Israèlites. Pour retenir plus aisément ces dix plaies, on les a exprimées dans les cinq vers suivants.

Prima rubens unda est ; ranarum plaga secunda

Inde culex terris ; post musca nocentior istis.

Quinta pecus stravit ; anthraces sexta creavit.

Post sequitur grando ; post bruchus dente nefando ;

Nona tegit solem ; primam necat ultima prolem.

(D.J.)