S. m. (Chirurgie) matière liquide, épaisse, blanchâtre, qui s'engendre dans les abscès, ou qui sort des playes et des ulcères. La formation du pus, et son écoulement sont connus sous le nom de suppuration. Elle est louable lorsque le pus est de bonne qualité, d'une couleur uniforme, et sans mauvaise odeur. La suppuration est putride lorsque les sucs qui forment le pus sont viciés par quelque cause que ce sait. Voyez PUTRIDE et PURULENT.

Il n'y a que les tissus cellulaires qui suppurent. La suppuration est une terminaison d'un engorgement inflammatoire. Voyez INFLAMMATION. C'est l'action violente des artères qui conjointement avec la chaleur extraordinaire qu'elle excite dans la partie, qui brise les vaisseaux, et mêle le sang, la lymphe et les sucs graisseux qui se produisent sous la forme de pus. A l'égard de celui qui est fourni par les playes et les ulcères, il n'est pas difficîle de voir comment la nature produit cette liqueur, qu'on dit ne ressembler à aucune de celles du corps. Son excrétion me parait un effet tout simple et tout naturel de la solution de continuité.

Le pus est produit par l'action organique des chairs qui forment le fonds de la playe ; mais ce n'est qu'un simple écoulement proportionné à la quantité des cellules graisseuses qui sont ouvertes dans la surface de la plaie. Ce n'est pas une sécrétion nouvelle dans la partie, comme on a pu le croire ; mais une excrétion des sucs qui, sans la solution de continuité, seraient déposés dans les cellules de la membrane adipeuse, et y auraient été modifiés différemment. On ne connait, dira t-on, dans nos humeurs aucun suc qui soit de la nature du pus ? mais nous ne connaissons pas plus dans la masse générale la plupart des liqueurs particulières qui sont filtrées dans différents couloirs. Y reconnaissons-nous la salive et la mucosité du nez ; y distinguons-nous le suc pancréatique et l'humeur spermatique, &c ? On ne connait ces humeurs qu'après qu'elles ont été formées et séparées dans les couloirs que la nature a destinés pour leur fonction. Le fond d'une plaie ne peut pas former un nouveau genre d'organe secrétoire, c'est-à-dire un organe composé et destiné à un genre particulier de secrétion. Le pus n'est donc que la liqueur qui aurait été filtrée et déposée dans les cellules de la membrane adipeuse, et qui s'écoule à-peu-près sous la même forme qu'elle aurait eue dans l'état naturel. Des sucs huileux mêlés intimement à une humeur séreuse qui leur sert de véhicule, et avec des sucs muqueux et lymphatiques, dont on ne peut savoir la proportion, forment le mélange que nous appelons pus dans les playes et dans les ulcères. Voyez les indications curatives des plaies qui suppurent et des ulcères au mot DETERSIF, et au mot ULCERE ; sur la régénération des chairs, voyez l'article INCARNATION. (Y)